Les cocottes du 19ème siècle
Les cocottes étaient des femmes au charme mystérieux qui occupaient une place singulière dans la société française. Ces courtisanes de renom jouaient un rôle crucial dans les cercles influents du 19ème, étant tantôt admirées, tantôt critiquées. Outre leur présence dans les salons huppés et leur influence sur les décisions politiques, elles étaient également liées à l’industrie florissante de la parfumerie.
Voyons qui sont ces cocottes de la France du 19ème siècle d’un point de vue socio-culturel, leur relation avec la parfumerie et comment la marque Les Cocottes de Paris célèbre leur héritage.
Les cocottes, qui sont-elles ?
Les demi-mondaines, les biches, les scandaleuses, les courtisanes, ou encore les cocottes : voici comment étaient surnommées les femmes dites de petites vertus.
Femmes de grande beauté, souvent issues de milieux modestes, elles se prostituaient afin de se hisser dans les sphères les plus élevées de la société grâce à leur charme, leur intelligence et leur talent d’artistes, de chanteuses ou encore de danseuses, pour séduire les hommes influents de la fin du 19ème et début du 20ème siècle.
Elles étaient courtisées par de puissants personnages tels que des écrivains, des artistes, des politiciens, des aristocrates et même des têtes couronnées. Mais ce sont bien elles qui choisissaient leurs amants!
Leur charisme ne se limitait pas seulement à leur capacité à charmer les hommes, mais elles étaient également des actrices sociales importantes. Certaines d’entre elles sont devenues les confidentes et les conseillères d’hommes politiques puissants, leur permettant d’avoir une influence indirecte sur les décisions du pays. Cependant, cette position privilégiée suscitait également la controverse et la critique morale, car elles étaient souvent associées à des comportements interprétés comme immoraux.
Pourquoi les appelle-t-on les cocottes ?
Le surnom « cocotte » a plusieurs origines possibles.
Il pourrait provenir du mot « coquille », faisant référence à leur beauté et à leur charme extérieur.
L’origine la plus probable résiderait dans le fait qu’elles se paraient de toilettes luxueuses, et aimaient ajouter des plumes sur les chapeaux, les éventails, les coiffures, ou même directement sur leurs robes et corsages. Ces plumes ajoutaient une touche de légèreté, d’élégance et de théâtralité à leurs vêtements, conformément à leur statut de femmes libres et indépendantes. Par ces plumes, elles se voient surnommées cocottes.
D’ailleurs le terme « cocotter » en découle, puisque ces femmes aux mœurs légères se parfumaient généreusement de fragrances opulentes. Cette expression familière, quelque peu démodée et dévalorisante, désigne quelqu’un qui s’est aspergé de parfum de manière excessive.
On raconte que les épouses des hommes infidèles les démasquaient parfois en sentant cette forte odeur de « cocotte » sur eux.
Les cocottes et le lien avec la parfumerie de l’époque
Au 19ème siècle, les cocottes ne se contentaient pas seulement d’attirer les hommes par leur charme et leur esprit brillant, elles étaient également reconnues pour leur élégance vestimentaire. Elles arboraient des vêtements venus d’Asie, comme des châles, des éventails, et des robes exotiques richement ornées. Ces vêtements, souvent importés d’Inde et d’autres pays asiatiques, étaient imprégnés de parfums émanant notamment des feuilles de patchouli séchées, antimite naturel, pour les protéger des insectes durant le long voyage de transport maritime depuis l’Orient.
Le patchouli, qui est une plante dont l’huile essentielle dégage une odeur puissante boisée, terreuse et enivrante, a rapidement conquis les cocottes qui l’adoptaient comme signature olfactive, participant ainsi à populariser son utilisation dans la parfumerie de l’époque.
Le patchouli était un symbole d’élégance exotique et d’audace, capturant l’esprit aventureux de ces femmes mystérieuses.
Outre le patchouli, on trouvait dans leur vestiaire olfactif des fragrances aux notes de musc puissantes et animales. Le musc évoque à la fois la passion et le mystère, renforçant leur aura de charmeuses énigmatiques.
Les fleurs narcotiques comme la tubéreuse, le datura, le narcisse marquent également un tournant dans le choix des parfums des cocottes, des senteurs capiteuses et envoûtantes qui deviennent une marque olfactive de ces femmes de caractère.
L’ambre, quant à lui, complétait harmonieusement cette composition olfactive. Avec ses notes chaleureuses, ambrées et suaves, l’ambre apportait une dimension opulente, magnétique et raffinée aux fragrances.
Elles s’appropriaient ces parfums uniques et sensuels pour marquer leur présence et laisser une empreinte mémorable dans l’esprit de ceux qu’elles rencontraient.
Les maisons de parfumerie ont rapidement pris note de cette tendance et ont commencé à insérer le patchouli et d’autres notes orientales dans leurs créations. Ces parfums étaient spécialement conçus pour les cocottes et les femmes élégantes de la haute société qui cherchaient à se distinguer par des fragrances uniques et sensuelles à une période où les eaux de Cologne et les eaux de toilette florales étaient prisées pour leur naturalité romantique.
Ainsi, le lien étroit entre les cocottes et l’industrie de la parfumerie s’est renforcé, façonnant l’évolution des goûts olfactifs.
Les cocottes mises à l’honneur avec la collection de parfums Les Cocottes de Paris
Parmi les cocottes célèbres du 19ème siècle, on compte des figures emblématiques.
Ces femmes ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire et ont marqué la société de leur époque.
Aujourd’hui, la marque Les Cocottes de Paris créée en 2015 par Anaïs Biguine rend hommage à 5 de ces cocottes légendaires en proposant des parfums qui leur sont dédiés. Chaque parfum est inspiré de la personnalité et du caractère unique de ces femmes remarquables, capturant leur essence et leur histoire dans un flacon.
La Castiglione fait référence à Virginia Oldoïni, comtesse de Castiglione, femme qualifiée comme étant la plus belle de son siècle. Énigmatique, La Castiglione est un parfum boisé ambré envoûtant et baumé. Armoise, cade, patchouli, ambre gris et myrrhe reflètent la personnalité de l’une des cocottes les plus désirées.
Caroline Otero, danseuse et chanteuse de cabaret est représentée à travers La Belle Otero (surnom qu’on lui donnait à l’époque). C’est un parfum aromatique poudré, romanesque à l’image de cette grande courtisane. L’absinthe, le gingembre, et la lavande se parent de notes poudrées et puissantes entre narcisse, musc et violette pour devenir, grâce au santal, infiniment sensuel.
Mlle Cleo est Cléopâtre-Diane, dite Cléo, de Mérode. Égérie et modèle, elle pose pour des sculpteurs et peintres. D’une beauté délicate, elle n’en est pas moins une cocotte indomptée.
Mlle Cléo est un parfum floral fruité ou la bergamote et le litchi répondent à la rose délicate et l’ylang-ylang envoûtant, et à une fleur de coton faussement sage.
Cora Pearl est un chypré floral évoquant la demi-mondaine Emma Crouch. Séductrice avérée, elle s’enrichit très vite grâce à ses nombreuses relations charnelles avec des hommes de la haute aristocratie. Cora Pearl s’articule autour de cardamome, de la violette, de l’ambre avec un accord chypré de bergamote, jasmin, mousse de chêne et vétiver. C’est une fragrance dont la féminité désinvolte et séductrice de cette cocotte est mise en avant.
La Dame aux Camélias est le parfum reflétant la courtisane Marie Duplessis, qui a inspiré Alexandre Dumas (fils) dans le roman éponyme. Celle qui ajoutait un camélia blanc à son décolleté pour dire sa disponibilité est représentée par une fragrance florale poudrée et musquée. La violette, la bergamote, le pamplemousse se confondent dans un bouquet de rose miellé qui s’étire dans des notes d’ambre gris et de musc gourmands, sensuels et addictifs.
Les cocottes du 19ème siècle étaient bien plus que de simples courtisanes ; elles étaient des femmes influentes et fascinantes qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire.
Leur lien étroit avec l’industrie florissante de la parfumerie de l’époque a gagné à façonner le monde des parfums tel que nous le connaissons aujourd’hui.
L’héritage des cocottes, bien que controversé à continué à intriguer et inspirer grand nombre d’écrivains, et ces femmes singulières sont à jamais gravées dans la littérature française.
Crédits photos bannière : Loge im Sofiensaal, Josef Engelhart (1903). Vienna Museum, Austria. File licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported