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La myrrhe est une substance aromatique utilisée depuis l’Antiquité pour ses propriétés médicinales et parfumées. Cette résine odorante provenant du Commiphora renferme une histoire riche et raffinée. Dans cet article, nous allons découvrir les origines botaniques et géographiques de la myrrhe, sa place dans les religions, son utilisation en parfumerie, ainsi que ses caractéristiques olfactives.

Origines botaniques et géographiques de la Myrrhe

La myrrhe provient de l’écorce de plusieurs espèces d’arbres appartenant au genre Commiphora, de la famille des Burséracées. 

Ces arbres sont principalement cultivés en Afrique, notamment en Éthiopie, en Somalie et au Kenya, ainsi qu’au Moyen Orient. Les espèces de Commiphora diffèrent les unes des autres en termes de forme, de taille, de couleur et de composition chimique de la résine qu’elles produisent.

Les arbres de myrrhe sont des plantes ligneuses qui peuvent atteindre jusqu’à 4 à 5 mètres de hauteur. Ils ont des feuilles composées, qui sont souvent de couleurs vert clair ou argentée, et des fleurs qui peuvent être blanches, roses ou rouges. Les fruits sont des capsules qui contiennent des graines.

La récolte de la myrrhe se fait en pratiquant des incisions dans l’écorce de l’arbre, ce qui permet à la sève de s’écouler et de se solidifier en une résine odorante

Les arbres de myrrhe sont souvent cultivés dans des zones semi-arides, où les conditions environnementales sont difficiles, notamment en raison de la chaleur, du manque d’eau et de la pauvreté des sols.

La myrrhe est une substance précieuse et coûteuse, qui a été utilisée depuis l’Antiquité pour ses propriétés médicinales, cosmétiques et parfumées. En raison de sa rareté et de sa valeur, la myrrhe était considérée comme un produit de luxe et était souvent offerte en cadeau aux dirigeants et aux dignitaires.

La Myrrhe : entre histoire et religion

La myrrhe revêt également une forte signification religieuse, notamment dans le christianisme et dans les pratiques funéraires de l’Antiquité. Dans la Bible, la myrrhe est mentionnée à plusieurs reprises, et elle est souvent associée à la royauté et à la divinité.

L’un des passages les plus connus se trouve dans l’Évangile selon Saint Matthieu, où il est dit que les Rois Mages ont offert de la myrrhe, ainsi que de l’encens et de l’or, à Jésus à sa naissance. Ces cadeaux étaient représentés comme des signes de l’importance de Jésus et de sa destinée prophétique.

Cette résine précieuse était également utilisée dans les pratiques funéraires de l’Antiquité, en raison de ses propriétés de conservation et de son parfum agréable et envoûtant. 

Les Égyptiens l’utilisaient pour embaumer les corps des pharaons et des nobles, tandis que les Hébreux l’utilisaient pour parfumer les vêtements et les draps funéraires. 

Aujourd’hui, la myrrhe est toujours utilisée dans les rituels religieux de certaines cultures, notamment dans l’Église orthodoxe, où elle est brûlée sous forme d’encens pendant les services religieux. 

Utilisation de la Myrrhe en parfumerie

La myrrhe est une note olfactive prisée en parfumerie, qui apporte une touche chaleureuse et résineuse aux compositions. 

Elle est généralement distillée à la vapeur pour en extraire l’essence, qui sera ensuite utilisée comme matière première en parfumerie.

Dans les parfums orientaux, la myrrhe se marie parfaitement aux notes telles que l’ambre, le patchouli, la vanille et la fêve Tonka. Ces compositions, souvent opulentes et charismatiques, sont très appréciées pour leur sillage intense et mystérieux.

Elle apporte aussi une dimension épicée et boisée aux parfums, renforçant le caractère des notes boisées comme le cèdre, le vétiver ou le oud. Elle est souvent associée à des épices comme la cannelle, le poivre ou le clou de girofle pour créer des parfums puissants et raffinés, aux multiples facettes.

La myrrhe est disponible sous forme d’absolu ou d’huile essentielle, qui sont utilisées par les parfumeurs pour créer des compositions de parfum. 

L’absolude myrrhe est souvent utilisée pour ajouter de la profondeur et de la richesse aux parfums, tandis que l’huile essentielle de myrrhe est utilisée pour ajouter une touche résineuse et légèrement amère.

L’absolu de Myrrhe en parfumerie fine

myrrhe parfumerie

L’absolu de myrrhe, extraite aux solvants, préserve davantage les composants aromatiques de la résine de myrrhe, offrant ainsi une fragrance plus riche et plus profonde que l’huile essentielle. Cette caractéristique est particulièrement appréciée des parfumeurs lorsqu’ils travaillent sur des compositions sophistiquées et complexes.

De plus, l’absolu de myrrhe se marie harmonieusement avec d’autres ingrédients utilisés dans la parfumerie fine, tels que les notes florales, les bois précieux et les épices exotiques. L’absolu sera utilisé en note de fond, donnant une profondeur et un caractère unique aux créations olfactives, renforçant la tenue et la complexité des fragrances.

L’huile essentielle de Myrrhe en parfumerie

L’huile essentielle de myrrhe, bien qu’elle possède également des qualités olfactives appréciées, peut être considérée comme moins précieuse dans le contexte de la parfumerie. Sa méthode d’extraction par distillation à la vapeur peut entraîner une perte partielle des composants aromatiques, conduisant à un parfum moins riche et moins fidèle à l’odeur originale de la résine.

Cependant, l’huile essentielle de myrrhe reste un ingrédient important en parfumerie et peut être utilisée pour apporter une nuance balsamique épicée, ainsi que de mousse, et de champignon aux compositions.

En plus de son utilisation en parfumerie, la myrrhe est également utilisée dans les produits de soin de la peau. Elle est connue pour ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, ce qui en fait un ingrédient précieux dans les produits anti-âge. Elle est également appréciée pour ses propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Elle est également utilisée dans les parfums d’ambiance, les bougies parfumées et les encens.

Quelques exemples de parfums à base de Myrrhe

Chez Hermès en 2018, Christine Nagel ajoute une nouvelle création à la collection Hermessence. Myrrhe Eglantine est un parfum Ambré floral délicat et frais alliant la myrrhe et la rose sauvage.

 Myrrhiad créé en 2012 par Pierre Guillaume, combine la myrrhe avec des notes d’absolue de thé noir, de vanille et de réglisse pour créer un parfum aux facettes enveloppantes, gourmandes et cuirées.

Pour Serge Lutens, Christopher Sheldrake crée La Myrrhe en 1995, un parfum complexe frais, savonneux, légèrement amer. Une myrrhe miellée et florale, suave et épicée.

La Myrrhe, un ingrédient précieux et durable

De nos jours, la parfumerie accorde une importance croissante à la durabilité et à l’éthique dans la production des matières premières. La myrrhe, grâce à son procédé d’extraction non destructif et à la gestion durable des arbres Commiphora, est une matière première respectueuse de l’environnement et des communautés locales qui en dépendent.

Pour en savoir plus sur la myrrhe et les autres ingrédients iconiques de la parfumerie, découvrez notre quizz de culture parfum Master Parfums. 120 questions et réponses sur l’histoire et la culture du parfum, pour apprendre en s’amusant ! 

Les bains parfumés ont été une pratique courante dans de nombreuses cultures tout au long de l’histoire. Au Moyen Âge, ces bains étaient bien plus qu’un simple rituel de beauté. Découvrons ensemble leur histoire, leur rapport avec l’Église et les médecins de l’époque, leurs bienfaits thérapeutiques et leur rôle social.

Les origines des bains parfumés au Moyen âge

Les bains parfumés au Moyen Âge puisent leur inspiration dans les pratiques de l’Antiquité gréco-romaine. Les Grecs et les Romains étaient connus pour leur amour des bains et de l’hygiène corporelle. Ils ont développé des techniques élaborées pour parfumer l’eau de leurs bains, qui étaient souvent le centre de la vie sociale.

L’influence gréco-romaine

La Grèce antique a grandement contribué à la culture du bain au Moyen Âge. Les Grecs étaient particulièrement friands d’huiles essentielles et d’aromates pour parfumer leurs bains. Ils utilisaient des huiles extraites de plantes méditerranéennes telles que le romarin, la lavande et le thym. Les Grecs prenaient également des bains thérapeutiques avec des infusions de plantes pour divers maux.

Les Romains, quant à eux, ont perfectionné l’art du bain parfumé en construisant des thermes somptueux et en élaborant des rituels complexes. Les bains romains étaient équipés de systèmes de chauffage et d’aqueducs pour fournir l’eau propre et chaude en permanence. Les Romains utilisaient des parfums et des huiles essentielles pour créer une atmosphère agréable et relaxante dans leurs bains publics et privés.

Thermes romaines dans la ville de Bath, Angleterre – Licence Creative Commons

La culture arabo-ottomane

La tradition des bains parfumés au Moyen Âge a également été enrichie par les apports des cultures arabes et turques. Ces civilisations ont apporté leurs propres techniques et savoir-faire, influençant ainsi la culture européenne du bain.

Les Arabes ont joué un rôle majeur dans la transmission des connaissances antiques, y compris en matière de bains parfumés. Au cours de la période médiévale, les savants arabes ont traduit de nombreux textes grecs et romains sur l’art du bain. Ils ont également développé leurs propres techniques de parfumage, en utilisant des ingrédients tels que le bois de santal, le jasmin et le musc.

Les Turcs, notamment les Ottomans, étaient également connus pour leur culture du bain. Les hammams, ou bains turcs, étaient des lieux de détente et de purification, où l’eau était parfumée à l’aide d’huiles essentielles et d’aromates. Les bains turcs se caractérisaient par une architecture unique, avec des espaces distincts pour les bains chauds et froids, ainsi que des salles de repos.

Les Turcs utilisent des ingrédients locaux pour parfumer leurs bains, tels que l’eucalyptus, la rose et la menthe. Ils étaient également réputés pour leur savoir-faire en matière de savons parfumés, qui étaient utilisés pour nettoyer et exfolier la peau lors des séances de bain.

La transmission des savoirs et la fusion des traditions

Au fil des siècles, les échanges commerciaux et culturels entre l’Orient et l’Occident ont permis la diffusion des techniques de bains parfumés des Arabes et des Turcs en Europe. Ces influences ont enrichi la culture du bain médiéval, qui s’est ainsi développée en intégrant des éléments provenant de différentes civilisations. Les bains parfumés au Moyen Âge étaient donc le fruit d’un métissage culturel, témoignant de la richesse et de la diversité des traditions ancestrales.

L’Église et les bains parfumés : entre purification et réticences

Au Moyen Âge, l’Église était une institution omniprésente qui influençait la vie quotidienne et les comportements des individus. Les bains parfumés ont ainsi été soumis à une double perception : d’une part, celle de la purification spirituelle, et d’autre part, celle des réticences et des craintes liées à la débauche.

La purification spirituelle

Dans certains contextes, l’Église encourageait les bains parfumés en tant que rituel de purification. Les bains étaient alors associés aux rites religieux, comme les baptêmes, la préparation à la communion ou les ablutions avant la prière. L’eau parfumée était alors symbole de propreté et de pureté spirituelle, et les bains étaient perçus comme un moyen de se rapprocher de Dieu.

Les réticences de l’Église

Cependant, l’Église avait également des réserves quant aux bains parfumés, en particulier les bains publics, qu’elle considérait comme des lieux de débauche et de péché. Les bains étaient souvent associés à la luxure, ce qui était en contradiction avec les valeurs chrétiennes d’ascétisme. Les bains mixtes étaient perçus comme une source de tentation et un risque pour la morale.

Au fil du temps, l’Église a renforcé son emprise sur la société médiévale, et les bains publics ont progressivement perdu leur popularité. Les autorités ecclésiastiques ont même parfois interdit ou restreint l’accès aux bains publics, les considérant comme immoraux et nuisibles pour l’âme.

La médecine médiévale face aux bains : entre bienfaits et controverses

Facta et dicta memorabilia de Valerius Maximus (f. 244), c. 1470, Staatsbibliothek, Berlín-Preussischer Kulturbesitz (Depot Breslau 2)

Au Moyen Âge, les médecins avaient des avis divers sur les bains parfumés. Si certains reconnaissaient leurs bienfaits thérapeutiques, d’autres mettaient en garde contre les risques potentiels qu’ils pourraient représenter pour la santé.

Des bienfaits thérapeutiques reconnus

De nombreux médecins médiévaux étaient convaincus des vertus médicinales des bains parfumés. Ils estimaient que les huiles essentielles et les plantes utilisées dans ces bains avaient des propriétés curatives et pouvaient aider à traiter diverses affections.

Les bains parfumés avaient plusieurs bienfaits thérapeutiques. Les huiles essentielles et les plantes aromatiques utilisées avaient des propriétés apaisantes, relaxantes et anti-inflammatoires. 

Les médecins de l’époque prescrivaient des bains parfumés pour traiter diverses affections et améliorer le bien-être général de leurs patients tels que : 

Les points divergents et les controverses

Cependant, certains médecins du Moyen Âge étaient plus sceptiques vis-à-vis des bains parfumés et mettaient en avant les risques qu’ils pourraient présenter. Parmi les préoccupations, on retrouvait la crainte que les bains chauds aient affaibli le corps en dilatant les vaisseaux sanguins et en provoquant une perte excessive d’énergie vitale. De plus, les médecins craignaient que l’utilisation de certaines huiles essentielles ou plantes puisse provoquer des réactions allergiques ou des irritations cutanées chez certains patients.

D’autres médecins mettaient également en garde contre les risques d’infections dans les bains publics, où l’eau était parfois contaminée par des bactéries ou des parasites. Pire, l’eau chaude serait source  de propagation de maladies mortelles voire de pandemies. Ils préconisaient alors des bains privés, où l’hygiène et la propreté pouvaient être mieux contrôlées.

Le point de vue social des bains parfumés

Il y avait également une dimension sociale importante, servant de lieu de rencontre et d’échange entre les individus de différentes classes sociales. 

Lieux de convivialité et de détente

Les bains publics étaient des lieux de convivialité où les gens se retrouvaient pour se détendre et discuter. Les baigneurs pouvaient se délasser dans les eaux parfumées, tout en échangeant des nouvelles, des potins et des idées. Les bains publics étaient ainsi des espaces de socialisation où les individus tissaient des liens et renforçaient leur appartenance à une communauté.

Les bains étaient accessibles aux individus de différentes classes sociales, y compris les nobles, les marchands et les artisans. Bien que certains bains soient réservés à l’élite, de nombreux établissements étaient ouverts à un public plus large, permettant à diverses strates de la société de profiter de leurs bienfaits. Cette mixité sociale contribuait à la richesse des échanges et des rencontres dans ces lieux.

Les bains comme marqueurs de statut social

Dans certains cas, les bains parfumés pouvaient également servir de marqueurs de statut social. Les individus les plus fortunés et influents pouvaient se permettre des bains privés, souvent et richement décorés, où ils recevaient des invités de marque pour des bains parfumés exclusifs. Ces bains étaient l’occasion d’afficher sa richesse et son raffinement, en offrant à ses invités des parfums rares et précieux.

Les bains parfumés étaient également associés aux rituels de séduction. Les baigneurs prenaient soin de leur apparence et de leur hygiène, en utilisant des parfums et des savons pour se nettoyer et se parfumer. Les bains parfumés étaient ainsi un moyen de se présenter sous son meilleur jour et de susciter l’admiration des autres.

Le parfum occupe une place importante dans la culture et la pratique de l’Islam. Les parfums naturels sont souvent utilisés pour les vêtements et le corps. Les fumigations d’encens et de bois pour parfumer les lieux de cultes mais également les vêtements sont très appréciées.

Dans l’Islam, le parfum est considéré comme une forme de purification et d’embellissement.

Le parfum en Islam

Dans l’Islam, le parfum est souvent associé à la purification et à la piété, et il est considéré comme un moyen d’embellir l’apparence physique et de plaire à Allah. 

Ibn al-Qayyim, un célèbre savant musulman du 14ème siècle, a écrit : « Le parfum est la meilleure et la plus compatible des choses pour l’âme, et un lien proche existe entre le parfum et la bonne âme »1.

Il explique également que les parfums ont des effets curatifs sur les maladies mentales et émotionnelles telles que la dépression, l’anxiété et le stress. Il a recommandé l’utilisation de parfums naturels tels que le musc pour améliorer l’humeur et soulager les tensions mentales.

Il considérait le parfum comme un remède pour l’âme qui fortifie le corps, réjouit le cœur, égaye l’esprit et plaît à l’âme.

Le prophète Muhammad était connu pour son amour du parfum et il a souvent recommandé son utilisation. Il a également encouragé les croyants à utiliser du parfum avant de se rendre à la prière ou lors de fêtes religieuses.

Alambic et distillation

L’utilisation de l’alambic est une technique ancienne pour distiller qui a été largement utilisée dans la science islamique au Moyen Âge. Les premiers alambics étaient utilisés en Grèce antique pour la production de parfums, d’huiles essentielles et d’autres substances aromatiques. 

Les alchimistes et les savants musulmans ont perfectionné la technique de la distillation au point qu’elle est devenue une méthode standard pour la production de parfums.

Au fil du temps, de nombreuses sociétés arabes et persanes se sont spécialisées dans la production de parfums via cette technique. Aujourd’hui encore, la technique de distillation est utilisée pour la production d’attar, des parfums naturels traditionnels à base d’huiles essentielles, sans alcool.

Les rituels parfumés dans le culte musulman

Dans la culture musulmane, le parfum est souvent utilisé lors d’occasions spéciales, comme les mariages et les fêtes religieuses, et il est considéré comme un cadeau apprécié. 

Le parfum est également présent dans les pratiques funéraires islamiques, où le corps du défunt est lavé et parfumé avant l’enterrement. L’objectif est d’assurer une purification complète du corps avant la mise en terre, et également de permettre aux membres de la famille de se souvenir de leur être cher en portant le même parfum.

Un rituel autour de l’hospitalité régit par l’Islam recommande de parfumer ses hôtes avec de l’eau de rose ou de jasmin, grâce à un aspersoir spécifique, le qumqum.

Il y a également une tradition de parfumer les mosquées avec des huiles spécifiques, et des fumigations d’encens, pendant les prières pour créer une atmosphère spirituelle et purifiante. 

Il est recommandé de se parfumer après les rituels de purification islamiques, les ablutions, qui impliquent de se laver les mains, le visage et les pieds. 

L’utilisation du siwak, bâtonnet de bois issu de l’arak, un arbuste largement répandu en Afrique et en Asie, est utilisé pour ses propriété anti bactériennes pour l’hygiène bucco-dentaire dans la culture musulmane et est encouragée comme une pratique de purification, qui permet de se nettoyer la bouche et d’assainir l’haleine. Le prophète Muhammad utilisait le siwak régulièrement et recommandait également son utilisation avant la prière.

Le Musc et l’Ambre dans la culture musulmane

Outre l’importance des eaux de fleurs et des encens, le musc et l’ambre représentent une base importante dans la parfumerie du moyen âge islamique.

Le musc est une substance odorante qui provient de la glande musquée du cerf mâle, du chevrotain ou du castor. Son odeur est puissante et on l’utilise en parfumerie pour ajouter une note animale ou chaleureuse à un parfum.

Le musc est considéré comme un ingrédient luxueux et rare et est souvent utilisé pour les parfums les plus précieux et les plus raffinés. Le musc est également mentionné dans les textes sacrés de l’islam, le prophète Mohammed est connu pour avoir utilisé du musc pour parfumer sa barbe et ses cheveux.

L’ambre gris, quant à lui, est une est une substance organique provenant du cachalot, souvent utilisée en parfumerie pour ajouter une note chaude et animaleà un parfum et pour lui apporter une longue tenue. Les savants musulmans ont écrit des traités sur l’ambre et ont discuté de ses propriétés médicinales et de son utilisation en parfumerie.

La place des attars et du layering dans la culture musulmane

Un attar, également appelé ittar, est un type de parfum naturel traditionnel originaire de la culture indienne et largement utilisé dans la culture musulmane. Il est fabriqué à partir d’huiles essentielles naturelles, principalement extraites de plantes, de fleurs, et d’autres matières naturelles que l’on ajoute à une huile essentielle de “base”, traditionnellement de l’huile  de bois de santal .

L’attar est fabriqué à partir d’un processus de distillation à la vapeur d’eau, ou aux solvants volatils (pour les matières plus délicates), dans lequel les huiles essentielles sont extraites des matières premières naturelles. Le résultat est un parfum naturel pur et concentré.

L’utilisation de l’attar est très répandue dans la culture musulmane, où il est souvent utilisé pour des occasions spéciales telles que les célébrations de mariage et d’autres événements religieux. Il est également utilisé à des fins médicinales, car les huiles essentielles naturelles utilisées dans sa fabrication auraient des propriétés curatives.

Le layering, c’est-à-dire la superposition de différentes fragrances (fumigations, huiles, attar, parfum), pour créer un parfum unique, est courant dans la culture musulmane. Cependant, il est important de noter que le layering de l’attar est pratiqué avec précaution et avec parcimonie pour ne pas déranger les autres. 

En effet, les enseignements de l’Islam recommandent la modération et la simplicité dans tous les aspects de la vie, y compris dans l’utilisation de parfums.

On l’a vu, le parfum a une place importante dans le quotidien de la vie des musulmans. 

Le Prophète a dit : « Allah est Bon et aime le parfum, Propre et aime la propreté, Généreux et aime la générosité, Munificent et aime la munificence« 2

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1 – tiré de « L’Authentique de la médecine prophétique » de Ibn al-Qayyim, pages 221/222

2 – Sahih In Khuzaymah n°1761

Le terme « Petrichor » fait référence à l’odeur caractéristique de la terre après la pluie. C’est un phénomène complexe qui dégage une odeur fraîche et terreuse souvent associée à la nature. Comment le Petrichor se crée ? Comment les parfumeurs mettent-il en avant cette odeur ?

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Qu’est ce que le Petrichor ?

Le terme « Petrichor » a été inventé en 1964 par  Isabel Joy Bear et Richard Grenfell Thomas, tous deux minéralogistes australiens. Ils ont combiné les mots grecs « petra », désignant la pierre, et « ichor » correspondant au sang des dieux dans la mythologie grecque. Le terme Petrichor fait référence à l’odeur caractéristique de la terre après la pluie. C’est une combinaison de composés organiques volatils libérés par les plantes, les bactéries et les champignons lorsqu’ils sont mouillés par la pluie frappant le sol sec.

Le Petrichor fait référence à plusieurs éléments :  

L’huile végétale

Le premier concerne le liquide huileux secrété par les végétaux et qui permet de protéger les graines et les racines des plantes en les enrobant. En effet, grâce à cette huile végétale les plantes renforcent leurs défenses naturelles et résistent mieux aux périodes de sécheresse. Ce liquide est absorbé par les sols, et lors du choc thermique de la goutte de pluie fraîche tombant sur le sol sec et chaud, une réaction se produit. 

La géosmine

Le second phénomène concerne la géosmine, une molécule volatile produite par des bactéries du sol, les actinomycètes, quand elles se reproduisent. Les humains peuvent la détecter à des concentrations très faibles, ce qui signifie que même une petite quantité de géosmine peut donner une odeur très forte. 

Elle a une odeur très particulière, un peu comme de la terre mouillée ou de la terre fraîchement retournée. Bien que certains puissent trouver l’odeur de la géosmine désagréable, elle est en fait très importante pour l’environnement. Elle joue un rôle important dans la régulation de la croissance des plantes et dans la nutrition des animaux qui vivent dans les lacs et les rivières.

Lorsque le liquide huileux végétal entre en contact avec la géosmine, les deux odeurs peuvent se mélanger pour créer une odeur unique qui est souvent décrite comme étant très agréable et apaisante. Cette odeur est souvent associée à la fraîcheur et à la nature.

L’ozone

Pendant les orages, les éclairs produisent de l’ozone, qui peut rester dans l’air après l’orage, donnant une odeur fraîche et distinctive à l’air, chargée en ions négatifs. Ces ions peuvent se combiner avec des particules dans l’air, pour former des aérosols. Les molécules combinées de Petrichor en sont d’autant plus transportées dans l’air humide. 

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Pourquoi le Petrichor est-il si agréable ?

Il semblerait qu’il y ait très peu de gens qui n’aiment pas le Petrichor. Selon certains anthropologues, ce biais cognitif positif lié au Petrichor peut être en rapport avec à notre évolution. Au début de l’humanité, nous dépendions de la pluie pour assurer la croissance des cultures et la survie de la communauté. Lorsque la pluie tombait, c’était donc souvent une bonne nouvelle, et l’odeur de la pluie sur le sol sec pouvait évoquer des sentiments de soulagement et de joie.

De plus, dans de nombreuses cultures, la pluie est souvent considérée comme un symbole de fertilité et de renouveau. L’odeur du Petrichor peut donc également être associée à ces idées positives et être considérée comme un signe de bon augure.

En effet, c’est la pluie qui enrichit la faune et la flore. Il est donc normal que notre conscience collective associe le Petrichor à des événements positifs et l’interprète comme une odeur agréable.

La note de Petrichor en parfumerie

On l’a vu, Le Petrichor est l’odeur agréable qui se dégage de la terre après la pluie. 

En parfumerie, le Petrichor peut être utilisé pour ajouter une note naturelle et terreuse à un parfum.

Cependant, le Petrichor n’est pas souvent utilisé tel quel en parfumerie, car il est difficile de capturer cette odeur complexe. Au lieu de cela, les parfumeurs utilisent souvent des ingrédients synthétiques pour recréer l’odeur du Petrichor. Ces ingrédients peuvent inclure des notes de terre, de mousse, de bois et de feuillage.

Le Petrichor peut également être utilisé comme inspiration pour la création de parfums qui évoquent la pluie et les paysages après une averse. Ces parfums peuvent inclure des notes de plantes fraîches, de pétales de fleurs mouillées, de feuilles de thé et d’autres ingrédients qui évoquent une ambiance humide et rafraîchissante.

Le Petrichor peut également être utilisé comme une note de fond ou une facette subtile dans un parfum plus complexe. Il peut ajouter une profondeur et une dimension supplémentaire à un parfum, en particulier s’il est associé à d’autres matières premières naturelles telles que des huiles essentielles de plantes et de fleurs.

En termes de famille olfactive, le Petrichor est souvent décrit comme ayant des notes terreuses, minérales, végétales et musquées. Cependant, il n’y a pas de famille olfactive spécifique qui corresponde exactement à l’odeur du Petrichor.

En général, les parfums qui contiennent des notes terreuses et minérales, comme les parfums de la famille des chyprés ou des boisés, peuvent évoquer certaines nuances du Petrichor. 

Quelques références de parfums avec la note de Petrichor

Il existe plusieurs parfums qui contiennent la note de Petrichor ou qui s’en inspirent. Voici quelques exemples :

Ces parfums peuvent varier considérablement en termes de notes et d’intensité, mais tous cherchent à capturer l’essence de l’odeur de la pluie et du Petrichor.

Le Petrichor est une note olfactive intéressante et unique qui peut être utilisée de différentes manières en parfumerie. Qu’il soit utilisé tel quel ou comme inspiration, il ajoute une touche de nature et de fraîcheur à n’importe quelle fragrance.

Les matières premières sont des ingrédients clés dans la composition des parfums, qu’elles soient naturelles, obtenues par diverses méthodes d’extraction, ou synthétiques. Le compositeur-parfumeur les sélectionne pour leurs qualités olfactives et les combine pour créer des fragrances uniques et durables. 

Les matières premières naturelles végétales

Les matières premières naturelles en parfumerie sont des ingrédients obtenus à partir de végétaux.

Les plantes sont la première source des matières premières naturelles utilisées dans la composition des parfums : fleurs, tige, bois, fruits, feuilles, racines, graines… tout est utilisable et les méthodes d’extraction varient.

Les différents procédés d’extraction des matières premières naturelles

Diverses techniques sont utilisées pour capter de la meilleure façon l’essence de chaque matière.

Pour le Nature print, au lieu d’une cloche, on utilise une seringue pour capturer  les substances odorantes.

En plus d’être écologique ( le CO2 est recyclé) et respectueux de la matière, ce procédé innovant  permet d’obtenir des extraits d’une qualité et d’une pureté exceptionnelles. 

Chacune de ces techniques a ses avantages et ses inconvénients en termes de coût, de qualité et de quantité d’huile produite. 

Les sourceurs de matières premières

Le métier de sourceur en parfumerie consiste à trouver et à fournir des matières premières de qualité pour les parfumeurs. 

Cela consiste à établir des relations avec des fournisseurs de matières premières, à évaluer la qualité et la stabilité des matières premières, à négocier les prix et à garantir la conformité réglementaire des matières premières. Les sourceurs doivent également être en mesure de trouver des matières premières rares et difficiles à trouver pour les parfumeurs.

Les sourceurs ont une connaissance approfondie des matières premières en parfumerie, ainsi que des processus d’extraction et de transformation des matières premières. Ils doivent également être familiers avec les réglementations en matière de qualité et de sécurité pour les matières premières utilisées dans la parfumerie.

Un sourceur capable de travailler en étroite collaboration avec les parfumeurs pour comprendre leurs besoins en matières premières et pour les aider à trouver les ingrédients les plus appropriés pour leur projet.

En résumé, le métier de sourceur en parfumerie est un rôle clé pour les parfumeurs et les fabricants de parfums. 

Les matières premières naturelles animales

Les matières premières d’origine animale sont utilisées pour leurs caractéristiques odorantes depuis des centaines d’années. Elles sont généralement utilisées comme fixateur, que l’on retrouve en notes de fond dans les compositions des parfums.

Le musc animal provient d’une sécrétion sexuelle produite par le chevrotin porte-musc ou daim musqué d’Himalaya mâle, pendant la période de rut. On le trouve dans une poche cachée sous le ventre de l’animal. 

Obtenue généralement en abattant l’animal, l’utilisation de cette matière première est interdite depuis 1979.

La civette, ajoute une note animale, musquée à un parfum. Elle est obtenue à partir de la glande péri-anale de l’animal, un petit mammifère, sorte de petit chat sauvage, rencontré en Afrique (Ethiopie) et en Asie. La production de ce musc de civette implique souvent l’enfermement de civettes en captivité et la récolte régulière de leurs glandes, ce qui peut causer de la douleur et de l’inconfort pour les animaux.

Le castoréum est une sécrétion huileuse et odorante issue de glandes péri-anales du castor, lui servant à marquer son territoire et à imperméabiliser son pelage. Son odeur forte de prime abord, peut être douce, cuirée et suave lorsqu’elle est traitée. Cette matière première très prisée implique souvent la chasse au castor pour obtenir cette substance, ce qui cause, au même titre que le musc et la civette,  des préoccupations éthiques. 

L’ambre gris est utilisé en parfumerie pour ajouter une note marine, animale,  ambrée et  tabacée  à un parfum. Il s’agit d’une concrétion intestinale due à une  irritation provoquée par les e mollusques mal digérés par l’animal. La baleine expulse naturellement cette substance par son système digestif.

Cette matière première va flotter sur la mer et au contact du soleil et du sel va sécher et finalement échouer  sur les plages oú cette sorte de pierre cireuse sera récoltée. Il est généralement soumis à un processus de nettoyage et de purification pour éliminer les impuretés et obtenir une substance pure et utilisable en parfumerie.

En raison de sa rareté et de sa complexité de formation, l’ambre gris est précieux et donc très onéreux.

La cire d’abeille, également utilisée comme fixateur, apporte au parfum ses notes chaudes, rondes, miellées qui peuvent aussi exhaler des facettes cuir ou tabac. 

La plupart de ces matières premières sont aujourd’hui controversées en raison de préoccupations éthiques et environnementales. Les alternatives synthétiques sont souvent utilisées pour remplacer ces ingrédients.

Les matières premières synthétiques

Les produits synthétiques, quant à eux, sont fabriqués en laboratoire à partir de molécules d’origine naturelle ou synthétique. Ils sont utilisés pour renforcer les fragrances naturelles, leur donner du relief, et pour imiter les arômes naturels difficiles à obtenir.

L’histoire des matières premières synthétiques en parfumerie remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque pendant la révolution industrielle, les scientifiques français Paul Parquet et Georges Darzens ont commencé à synthétiser des molécules odorantes en laboratoire. Avant cela, les parfumeurs utilisaient exclusivement des matières premières naturelles pour créer des fragrances. Cependant, ces matières premières étaient coûteuses, rares et parfois difficiles à obtenir en quantité suffisante.

Le choix de la création de matières premières synthétiques s’inscrit également dans une dynamique d’innovation. Il ne s’agit pas seulement de reproduire des odeurs naturelles déjà existantes, mais aussi de créer de nouvelles odeurs rendant les parfums uniques.

Pour citer quelques exemples, c’est le cas des aldéhydes donnant une odeur métallique et savonneuse à la composition du parfum et permettant d’illuminer un bouquet. Utilisé pour la première fois dans  Le parfumeur, Ernest Beaux ose l’utiliser pour la première fois en overdose dans le parfum N°5 de Chanel, une prouesse rendant le parfum unique et reconnaissable entre tous. 

La vanilline utilisée par Jacques Guerlain, composant emblématique de Shalimar, et de sa guerlinade, donne des senteurs de vanille gourmande.

Kenzo pour Homme, créé par Christian Mathieu, a cette caractéristique d’intégrer  la calone donnant cette senteur de fraîcheur marine, légèrement aqueuse au parfum.

Bien sûr, on pense à Angel de Mugler, créé par Olivier Cresp qui a la formidable idée d’ajouter de l’ethyl-maltol dans le parfum, avec ses notes addictives de barbe à papa, de caramel et de praline. 

Au fil du temps, les matières premières synthétiques sont devenues de plus en plus populaires en parfumerie, puisqu’elles offrent une plus grande stabilité et une plus grande consistance dans les parfums, ainsi qu’un coût plus abordable par rapport aux matières premières naturelles, même si certaines peuvent être parfois très chères à développer.

Elles permettent également de reproduire les parfums de fleurs muettes (qui ne livrent pas leur essence: ex: muguet, lilas, pivoine…), des matières devenues interdites (matières animales, et substances allergènes). 

Elles évitent aussi la surexploitation des sols et pallient les problèmes de production dûs à des catastrophes écologiques (incendies, inondations, sécheresse….) Et surtout, elles viennent enrichir la palette du parfumeur.

Les normes de sécurité de L’IFRA 

L’IFRA (International Fragrance Association) est une organisation mondiale qui définit les normes de sécurité pour les matières premières en parfumerie. L’IFRA établit des restrictions sur l’utilisation de certaines matières premières en raison de leur potentielle nocivité pour la santé ou pour l’environnement.

Ces restrictions peuvent inclure des limites sur la quantité de matière première qui peut être utilisée dans un produit, des conditions d’utilisation spécifiques ou un interdit total sur l’utilisation de certaines matières premières. Les parfumeurs doivent suivre les normes de l’IFRA pour garantir la sécurité de leurs produits et leur conformité réglementaire.

Il est important de noter que les restrictions de l’IFRA ne sont pas obligatoires, mais les parfumeurs sont encouragés à les suivre pour garantir la sécurité de leurs produits et leur conformité aux réglementations en vigueur. Les parfumeurs peuvent également choisir de suivre des normes plus strictes que celles de l’IFRA pour garantir la sécurité de leurs produits.

Naturelle ou synthétique, chaque matière première ajoute une note distincte au parfum final et peut influencer la fragrance en fonction de la quantité utilisée. En fonction des modes, certaines matières premières sont plus prisées que d’autres. L’avènement des matières premières synthétiques donne une infinité de possibilité de compositions olfactives, pour notre plus grand bonheur ! 

Le métier de compositeur-parfumeur est avant tout celui d’un artiste d’une grande sensibilité, mais pas seulement. C’est également un technicien maîtrisant la chimie des molécules que compose une fragrance. 

C’est l’alliance entre créativité, science et émotion au service d’un noble métier.

Comment devenir parfumeur ? Quel est le cursus de formation nécessaire ? 

Master Parfums vous dit tout !

Artiste et technicien des fragrances

Le compositeur-parfumeur est un artiste, un créateur qui conçoit des fragrances tant pour élaborer des parfums de peau, que des parfums d’intérieur, d’arôme alimentaire ou de produits ménagers.

Il va dans un premier temps réfléchir à la structure de la composition du parfum et au choix des matières premières qui seront utilisées dans celui-ci. Le compositeur-parfumeur maîtrise l’art de la symbiose des molécules qui compose chaque matière première. Cette expertise s’accompagne inévitablement d’un esprit créatif dont la sensibilité mène à une alchimie unique.

Notons que le Parfumeur est communément appelé Nez. Terme assez simpliste et réducteur, puisque le métier ne se résume pas à une fonction sensorielle mais bien à la symbiose de multiples qualités et compétences intrinsèquement indissociables. En fait,  tout comme l’oreille du musicien, son nez est avant tout un outil de contrôle et d’apprentissage. Pour en savoir plus sur le métier de compositeur parfumeur, n’hésitez pas à jeter un œil à notre vidéo dédiée !

Les compétences du compositeur-parfumeur

Un odorat développé et une mémoire olfactive hors pair

Avoir un sens de l’odorat développé est un atout, et la capacité à mémoriser les odeurs est fondamentale et indispensable pour être Parfumeur.  Il existe des centaines de matières premières de base qu’un parfumeur doit connaître par cœur, et donc être capable de les identifier en les sentant. Le parfumeur aguerri peut reconnaître non seulement une matière première, mais  il peut également identifier son origine, son lieu de production, et le type de matériel utilisé pour son extraction! 

Les plus grands parfumeurs peuvent mémoriser jusqu’à 3000 odeurs ! Pour devenir un expert, de longues années d’expérience et de formation sont nécessaires, néanmoins, le parfumeur se doit de s’exercer continuellement tout au long de sa vie professionnelle pour entretenir sa mémoire olfactive.

Un entraînement intensif des parfumeurs se traduit par une augmentation des zones cérébrales liées à l’olfaction (cortex piriforme et cortex orbito-frontal). Avec l’expertise, les parfumeurs développent une capacité élevée à manipuler mentalement des odeurs. Ils peuvent les sentir mentalement et imaginer ce que pourraient sentir différentes compositions. Ce sont ensuite les essais qui permettront au parfumeur de corroborer leur intuition et de peaufiner leur création.

Un sens artistique et de la créativité 

Pour qu’un parfum touche la sensibilité du client, il est impératif de savoir développer une intelligence émotionnelle afin de proposer une expérience olfactive pertinente. Parfois l’objectif est de créer de la nouveauté, de l’originalité, d’aller chercher des matières premières insolites ou jamais utilisées permettant de proposer un parfum unique, tout en étant universel. 

L’enjeu est délicat puisque le parfumeur  ne doit pas se limiter à ses goûts personnels. Développer son sens artistique permet de rechercher sans cesse de nouvelles idées, parfois loin des préférences du parfumeur.

Devenir parfumeur est un métier qui prend du temps et la patience est un autre atout indispensable. Il doit constamment être en veille d’un point de vue socio-culturel pour s’assurer de toujours présenter des fragrances en symbiose avec les attentes des consommateurs.

Les compétences techniques du parfumeur

En général, de solides connaissances en chimie sont nécessaires pour maîtriser et manier les molécules des essences et autres absolues que composent les matières premières qu’elles soient naturelles ou synthétiques.

Pour les parfumeurs qui travaillent dans les maisons de composition (voir paragraphe plus bas), savoir travailler en équipe est une qualification également nécessaire. En effet, dans ces sociétés, le parfumeur ne développe pas le parfum seul devant son orgue à parfums. Toute une équipe composée du marketing, de l’évaluateur, des assistants, gravite autour et il est indispensable d’être à l’aise avec cet esprit de partage. Beaucoup de parfums sont aussi le fruit de l’alliance de plusieurs parfumeurs.

Etudes et formations pour devenir parfumeur

Il existe très peu d’écoles de parfumerie menant strictement à ce métier. Quelques maisons de compositions ont leur propre école interne (Givaudan, IFF, Firmenich) mais les entrées sont limitées et très sélectives. 

On peut aussi devenir parfumeur par le biais de formations visant à acquérir des bases solides en chimie, créativité et marketing.

Outre les parfumeurs de parfumerie fine, ces écoles forment aussi des parfumeurs qui seront spécialisés dans la parfumerie fonctionnelle (cosmétique, savons, gel douche, shampoings, détergents), et les arômes alimentaires, ainsi que des évaluateurs.

L’ESP (École Supérieure du parfum) à Paris et à Grasse, propose des admissions en 1ère année post-bac sur dossier, ainsi qu’en 2ème année après une Licence 2 ou 3 en chimie, biologie, mathématiques…).

L‘ISIPCA ( Institut Supérieur International du Parfum, de la Cosmétique , et de l’Aromatique) situé à Versailles, propose diverses formations autour des métiers de la parfumerie post-bac ou plus. 

Le GIP (Grasse Institute of Perfumery) offre diverses formations aussi à Grasse, et dans plusieurs autres villes du monde et en ligne

D’autres centres de créations et de formations en parfumerie comme Cinquième Sens proposent des formations complètes sur plusieurs modules. 

The Perfumery Art School, créée par la parfumeure Isabelle Gellé, permet de se former online au métier de parfumeur indépendant en manipulant uniquement des matières premières naturelles. Une approche artistique de la parfumerie, sans nécessité d’une expertise en chimie.

En plus des diplômes et formations, l’expérience reste fondamentale. C’est en s’exerçant continuellement que le parfumeur parvient à devenir un expert reconnu dans le monde très fermé et sélectif de la parfumerie.

Parfumeurs célèbres et maisons de composition

Peu nombreux sont les parfumeurs qui ont l’avantage de créer des parfums, parfois des collections entières, au sein même de grandes maisons. On peut citer Mathilde Laurent pour Cartier, Christine Nagel, ayant pris la suite de Jean-Claude Ellena pour Hermès, Olivier Polge ayant pris la suite de son père Jacques Polge pour Chanel, ou encore Thierry Wasser pour Guerlain, Francis Kurkdjian ayant pris la suite de François Demanchy pour Dior.

La plupart des créateurs de parfums sont salariés dans des sociétés de composition et productrices de matières premières naturelles et synthétiques. Ce sont ces sociétés qui outre le sourcing des matières de parfumerie et la création de nouveaux accords, fournissent les services de composition de parfum  aux différentes marques : Givaudan (anciennement Roure), IFF, Firmenich, Symrise, Mane, Robertet…

On trouve aussi aujourd’hui des sociétés ou agence de création de parfum uniquement  dont les parfumeurs peuvent exprimer leurs talents pour des marques (souvent plus confidentielles) comme par exemple, Maelström, Flair, ou Accord et Parfums.

Notons aussi que la mise en avant des parfumeurs, qui jusque là étaient considérés comme des travailleurs de l’ombre, a été possible et démocratisée grâce à Frédéric Malle qui, en créant sa maison de parfum Les Editions Frédéric Malle en 2000, propose non seulement  une collection de parfums d’une qualité reconnue, mais va aussi jusqu’à écrire le nom du parfumeur sur le flacon des fragrances pour donner encore plus de cachet à sa collection. La reconnaissance du Parfumeur est dorénavant officielle vis à vis du consommateur. La jeune marque Essential Parfums met aussi en avant sur ses flacons et étuis les créateurs de ses fragrances. 

Par ailleurs, aujourd’hui de plus en plus de parfumeurs s’affranchissent des maisons de compositions pour devenir indépendant et proposer leurs services de création directement aux marques (souvent des marques dîtes de niche, plus confidentielles).

D’autres ont même créé leur propre marque oú ils peuvent exprimer leur art sans contrainte: Jean-Claude Ellena et sa fille Céline qui avaient lancé The Different Company, Akro par Olivier Cresp,  Maison Jean-Michel Duriez, Parle-moi de parfum par Michel Almairac, Maison Francis Kurkdjian, Voyages Imaginaires par Isabelle Doyen et Camille Goutal, Pierre-Guillaume Parfums, Thierry Bernard et ses amis parfumeurs pour Parfumeurs du Monde…

Notre jeu olfactif Master Parfums rend hommage aux grands parfumeurs dans une série de questions qui vous plongent au cœur de l’histoire et de la culture parfum ! Découvrez-le juste ici

Quelques parfums remarquables et leur créateurs

La synesthésie est un phénomène neurologique assez rare où une stimulation d’un sens déclenche simultanément une connexion d’un autre sens. Certaines personnes peuvent voir des couleurs ou même des nombres associés à des sons ou à des odeurs. Mais comment se manifeste-elle ? Quel genre d’association de sens est connu des scientifiques ? Comment ce phénomène est-il vécu ?

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La Synesthésie, phénomène peu connu

Syn [ensemble] – Aesthésis [sensation]

La synesthésie est une manifestation cognitive par laquelle une stimulation d’un sens déclenche une réponse simultanée d’un ou plusieurs autres sens. 

Alors que presque tous les types  d’associations sensorielles sont possibles, certaines formes sont plus courantes que d’autres.

Par exemple, certaines personnes peuvent voir des couleurs lorsqu’elles entendent des sons ou ressentir des textures lorsqu’elles perçoivent des couleurs. D’autres vivent une expérience gustative rien qu’à l’évocation d’un mot, et d’autres encore associent des couleurs aux lettres de l’alphabet et même aux chiffres… Pour certains, les informations sonores peuvent être perçues également par l’odorat, de sorte que la musique a une certaine odeur. 

Vous l’avez compris, la synesthésie peut se manifester de différentes manières pour différentes personnes et peut varier en intensité selon les situations.

La recherche scientifique sur la synesthésie

Ce phénomène qui reste encore très mystérieux attire, dès le 19ème siècle, l’attention de la communauté scientifique. Une partie du problème avec la recherche sur la synesthésie est la façon dont les gens décrivent leurs expériences. Ce qui est intense pour les uns peut être modéré pour d’autres, et la dimension subjective de la description reste difficile à appréhender.

Tout ce que nous vivons existe sous la forme d’un schéma de « signaux chimico-électriques » circulant dans le cerveau. En règle générale, différentes zones du cerveau représentent différents types d’informations.

Le lobe occipital, par exemple, contient des informations sur la vision et une partie du lobe temporal contient des informations sur le son. La synesthésie peut être causée par une diaphonie* (*défaut de transmission ou restitution d’un signal)  inhabituelle entre des régions cérébrales normalement séparées.

Bien que les scientifiques ne comprennent pas complètement les causes de ce phénomène, ils pensent qu’il peut venir  d’une connexion particulière entre les régions du cerveau qui gèrent les différents sens. La synesthésie pourrait être héréditaire et peut varier en intensité chez différentes personnes.

Le discours autour de la synesthésie reste nuancé car malheureusement peu d’études traitent le sujet.

Bien qu’elle soit causée par des processus cognitifs, ce n’est généralement pas une gêne au quotidien. 

Comment la synesthésie est-elle vécue ?

Les personnes qui vivent la synesthésie ne le réalisent pas immédiatement, puisque cela se produit la plupart du temps dans l’enfance, et ceci jusqu’à ce qu’elles découvrent que les autres n’ont pas la même expérience des perceptions. Il s’agit de « synesthésie développementale ».

La synesthésie peut être un don pour certaines personnes, mais elle peut aussi causer de la confusion ou de l’anxiété pour d’autres. Des synesthétes ont décrit leur association sensorielle comme étant envoûtante et enrichissante, ajoutant une dimension supplémentaire à leur perception de la vie. 

En revanche, d’autres se sentent tellement différents qu’ils en ont peur, et leur vie sociale peut s’en voir perturbée.

C’est juste une façon différente de percevoir le monde, et il semblerait que les synesthétes soient plus créatifs. 

Les scientifiques continuent de mener des études sur ce phénomène pour en comprendre davantage sur les fonctions du cerveau et la perception sensorielle humaine. 

La synesthésie odeur-couleur-texture

La synesthésie associant odeur et couleur, et parfois une texture est un phénomène encore peu connu mais fascinant. Cette condition inhabituelle permet à certaines personnes de voir et d’associer des couleurs lorsqu’elles sentent des odeurs. Pour ces individus, dont je fais partie, chaque odeur a une couleur particulière associée, avec des variations nuancées par l’intensité et la profondeur, créant une expérience unique et très précise de l’environnement sensoriel. 

En ce qui me concerne, je vois systématiquement une couleur lorsqu’un parfum, une odeur simple ou complexe est identifiée. Au fil du temps j’ai remarqué que ces couleurs étaient non seulement nuancées en intensité mais qu’elles avaient parfois une texture, rendant l’odeur encore plus concrète et plus précise. 

Les odeurs que je vois vertes ne proviennent pas forcément d’éléments qui le sont. 

Par exemple, en sentant une note de vétiver, c’est la couleur kaki qui s’impose. Mais en sentant une note de feuille ou de tige fraîche, je vois une texture satin de couleur argentée… Et comme je ne sais pas l’expliquer, je n’en fais que très rarement allusion.

C’est le même principe pour les parfums avec la complexité standard d’une pyramide olfactive.

Je verrai une couleur globale à l’ensemble du parfum, et il y aura des nuances de textures au fil de l’évolution de la fragrance. Évidemment j’essaie depuis quelques années de dissocier « mes » couleurs de celles provoquées par les biais cognitifs : la couleur du jus du parfum, celle du flacon, le storytelling, le logo de la marque etc.… qui pourrait modifier ou influencer mes propres perceptions. J’en suis consciente depuis plusieurs années et cela m’aide à prendre du recul sur la nature de ces connexions que je vis depuis toujours.

Cependant, l’inverse n’est pas vérifié : je ne perçois pas d’odeur en voyant une couleur, sauf si je me l’impose, mais naturellement il ne se passera rien.

Les scientifiques ne savent toujours pas exactement comment la synesthésie odeur-couleur est déclenchée, mais ils pensent que cela peut être dû à une connexion anormale entre les zones cérébrales responsables de l’odorat et de la vision. Cependant, il est important de noter que la synesthésie n’est pas une maladie ou une déficience. Au contraire, de nombreux synesthètes considèrent leur capacité à ressentir des couleurs avec des odeurs comme un don enrichissant.

La synesthésie et la mémoire

La synesthésie odeur-couleur peut également influencer la façon dont les synesthètes perçoivent et se rappellent des odeurs. Par exemple, une odeur qui est associée à une couleur particulière pourrait être plus facilement mémorisée et associée à un événement ou à une personne spécifique. 

La mémoire olfactive ne joue plus sur un seul tableau, puisque d’autres sens viennent renforcer et faciliter l’apprentissage et la mémorisation grâce à cet atout mnémotechnique.

Cette expérience est évidemment très personnelle et subjective. 

Néanmoins, il est important de noter que certaines couleurs sont souvent associées de façon universelle à des odeurs basiques telles que l’odeur de la lavande qui est souvent associée à sa couleur violette, tandis que l’odeur du citron est souvent associée à sa couleur jaune. Il ne s’agit pas ici de synesthésie mais plutôt d’un consensus tacite d’une société ou d’une culture donnée. On parle de mémoire collective.

La synesthésie dans la parfumerie

La marque L’Orchestre Parfum a développé une collection de parfums autour de la pluralité des sens, en associant une musique à chacune des fragrances. Une Playlist est mise à disposition, et pour chaque parfum il est proposé d’écouter un morceau de musique  composé en s’inspirant de la fragrance

Pour en savoir plus, visionnez notre vidéo à ce sujet !

La note de moka en parfumerie nous renvoie de prime abord à des accords gourmands et torréfiés de café, de cacao avec une pointe de lait fouetté. Des saveurs de pâtisseries ou de boissons régressives.

Mais d’où vient le terme Moka ? Comment cette note est-elle utilisée dans les parfums et quelles facettes sont mises en avant?

Le moka, un café d’origine

Le café Moka est la variété issue du caféier à l’origine du café Arabica en Éthiopie. Il pousse sur les hauts plateaux, puisque les caféiers sont cultivés en altitude entre 1500 et 2200 mètres dans cette région. Cette culture particulière lui confère un goût unique, riche et fruité.

Son nom fait également référence au port de Mocha au Yémen, plaque tournante du commerce du café depuis le XVIIIe siècle.. 

Dans l’inconscient collectif, l’Éthiopie se référant à la notion de café d’excellence, le café Moka est considéré comme étant un café de qualité supérieure et riche en goût.

Les cultures sont réparties dans 4 régions du pays : Sidamo, Kaffa, Wallaga, Harrar.

Dans ces régions, des centaines de milliers d’hectares sont dédiés à la culture du café. Selon l’origine et le terroir des grains de café, les caractéristiques du café varient légèrement.

Par ailleurs, la « crème moka » est une liqueur créée à partir de la distillation des grains de café, une liqueur utilisée tant dans des boissons que dans des pâtisseries du même nom.

Le moka en parfumerie

Le café dans les parfums

Le café est l’une des notes les plus difficiles à reproduire en parfumerie, puisque de nombreuses molécules sont responsables de l’odeur, et que personne ne boit son café de la même façon : expresso, filtre, soluble, turc… 

Le goût varie aussi en fonction du terroir du café : fruité, acide, corsé…, et la perception de ses arômes est également très variable : grillé, torréfié, fumé, gourmand, légèrement épicé, chocolaté.

L’absolu café s’obtient par extraction aux solvants volatils des grains du caféier torréfiés. On le trouve dans les parfums cuirés, tabac, vanillés et chyprés. 

La note moka

Contrairement à l’accord café qui est généralement une note de café avec des facettes franches, parfois amères, l’accord moka désignera une note café plus douce, vraisemblablement avec des facettes légèrement cacaotées voire noisette. Il n’y a aucune règle définie en soi. 

En parfumerie, évoquer la note ou l’accord moka, sous entend un « accord café /cacao /crème ». 

Si la marque veut créer un parfum à base de café Moka d’Ethiopie, cela est expressément précisé lors du briefing avec le parfumeur.

Dans tous les cas un accord café/moka sera reproduit en laboratoire par le parfumeur. 

Le gâteau moka serait à l’origine de la note moka

Selon l’histoire, la note moka fait référence au gâteau moka, une pâtisserie créée au 17eme siècle à Paris, avec une base de génoise et une crème au beurre agrémentée d’essence de café. Cela donne un accord café crémeux, cacaoté, parfois avec une pointe d’amande torréfiée. 

Moka c’est aussi l’appellation d’une boisson chaude à base de café, de lait, de cacao, de crème fouettée et parfois de copeaux de chocolat en plus. Cette boisson réconfortante  est appréciée pour ses effluves gourmands et lactés, avec cette petite pointe d’amertume issue du café, aussi connue sous le nom de Mocaccino.

La note Moka, un néo-gourmand

En parfumerie, l’accord moka évoque plus souvent la douceur réconfortante d’un moccacino.

Pendant longtemps, la notion de gourmandise en parfumerie était synonyme d’accords sucrés, fruités, vanillés, miellés et collants. Cette tendance se modifie doucement depuis quelques années et le gourmand tend à être moins régressif, moins sucré, pour être plus crémeux, plus douillet et cocooning. 

La note café  regroupe toutes les facettes idéales à cette nouvelle façon de consommer le parfum rendant la fragrance sensuelle et chaleureuse tout en étant addictive. La note de café torréfié donne du corps, une singularité tendant vers une légère amertume assumée. C’est caractériel, parfois même désinvolte. Cette note de café est souvent utilisée avec des matières premières imposantes, autant de la rose que de la fève de tonka par exemple.

D’abord utilisé pour les parfums masculins, la note café est désormais associée avec des notes gourmandes comme la vanille, l’amande, le caramel, ainsi que des notes lactées de crème fouettée qui lui confèrent cette facette moka, mais aussi de bois de santal ou même de tubéreuse pour donner un autre type de  rondeur et un côté délectable et généreux. 

Quelques exemples de parfums aux notes café et moka…

La note café a d’abord été réservée aux fragrances masculines,  dans des parfums ambrés comme Valentino Uomo, mêlant café et cuir,  A-men de Mugler  (par Jacques Huclier) affichant en overdose une note mochaccino,  ou encore Yohji Homme de Yamamoto (par Olivier Pescheux.).

Puis l’accord café s’est asexué avec des notes plus douces, lactées, chocolat, cannelle, caramel ou marron glacé, le  moka au sens dessert du terme. L’amertume fait place à la douceur veloutée,comme pour vous envelopper de chaleur rassurante et addictive.

On pense à un Moka Michallef (par Martine Micallef)  avec ici un café liégeois saupoudré de cacao et de caramel. 

Dans Noir exquis de l’Artisan Parfumeur (par Bertrand Duchaufour), le café s’enveloppe de fleur d’oranger, de  sirop d’érable et de marron glacé .

Pour Café Cabanel (par Cécile Zarokian), Teo Cabanel nous invite à un cappucino sensuel et envoûtant, où le café  s’imbibe de vanille, caramel, santal et  tonka. 

Avec sa Coffee break collection, Xerjoff nous entraîne dans les méandres du commerce du café international : Golden Dallah, le plus gourmand mêlant cacao, noisette et tonka à la rose et au oud.  Golden Moka oú le café s’entoure d’agrumes et d’encens,  et Golden green célébrant le grain de café cru pas encore torréfié .

Hugo Boss the Scent Private accord (par Bruno Jovanovic) , lui,  habille son accord moka de gingembre et d’absolu de cacao. 

Bien sûr, on ne peut pas oublier le blockbuster, Black Opium de Saint Laurent (par Nathalie Lorson)  et son shot de café fruité fleuri hyper addictif..

Vanille Café de Comptoir Sud Pacifique (par Vanina Muracciole) nous amène au Costa Rica pour un voyage dans les champs de caféiers, avec des notes d’amande verte et une sensation d’odeur de grain de café fraîchement moulu. Puis rapidement la vanille douce, gourmande et le benjoin suave donnent un accord ambré, sensuel et langoureux.

Pour Mumbai Noise de Byredo (Jérôme Epinette) c’est une odeur relaxante de davana épicée et herbacée qui s’accompagne d’un café tonka fumé et gourmand et d’un bois de santal crémeux et velouté. 

Et pour ceux qui préfèrent rester sur l’amertume et la puissance d’un café corsé, on trouve  dans deux registres différents : l’Eau Corsée de  la collection Do not drink de Sephora (par Maia Lernout), où le café fraîchement torréfié se poudre d’iris.  Et Akro  la marque du parfumeur Olivier Cresp qui revisite le grain de folie du café, avec Awake, véritable concentré d’énergie  mêlant cardamone, citron et vetiver. 

Souvent associés aux fragrances d’hiver, les parfums aux accords de  moka nous enveloppent sensuellement. C’est chaleureux, souvent puissant et encore peu commun ! Alors, prêt à se démarquer en portant un parfum singulier et addictif ?

Vous pouvez retrouver ces références dans notre vidéo quiz qui traitait ce sujet !

Les nez électroniques sont de plus en plus présents dans l’industrie du 21ème siècle. Des avancées majeures dans le monde de l’intelligence artificielle permettent aujourd’hui d’utiliser les nez électroniques dans le domaine de la santé, de la sécurité, de la beauté. Comment fonctionnent ces machines intelligentes ? Comment sont-elles utilisées dans la parfumerie moderne ? Les parfumeurs seront-ils, à terme, remplacés par des nez électroniques ? Master Parfums vous dit tout !

Le nez électronique, une machine futuriste ?

Qu’est ce qu’un nez électronique ?

Prototype de nez électronique, Département analytique de la Faculté de chimie GUT Gdansk

Le nez électronique est un système biomimétique conçu pour imiter la fonction du système olfactif humain. Un nez électronique est un appareil utilisé pour détecter et analyser les odeurs et les goûts, en supplément, ou en remplacement de l’odorat d’un humain ou d’un chien auxiliaire  (par exemple pour la détection de drogues ou d’explosifs).

Depuis le début des années 2010, la technologie des capteurs électroniques a connu des évolutions majeures, tant d’un point de vue technique que commercial. L’expression anglaise « electronic sensing » (capteurs électroniques) fait référence à la capacité de reproduire les sens humains grâce à un ensemble de capteurs et de systèmes de reconnaissance.

Fonctionnement d’un nez électronique

Le nez électronique imite le processus par lequel les humains reconnaissent les odeurs. Une fois inhalées, les molécules odorantes se fixent sur un capteur, un peu comme des récepteurs olfactifs qui analysent les empreintes chimiques. Cette information est dans un premier temps codée comme référence unique. Puis ce code est envoyé dans une base de données pour un traitement analytique. 

L’architecture d’un nez électronique dépend de l’utilisation qui en sera faite et les raisons pour lesquelles il est conçu. De manière générale, il est créé avec un système de capteur d’aspiration ou d’inhalation de gaz, et un sous-système analytique et de traitement de l’information via des algorithmes.

En pratique, la plupart de ces algorithmes fonctionnent en comparant des descriptions de nouvelles données avec des descriptions d’échantillons précédemment évalués. Cette fonctionnalité nécessite une phase d’apprentissage, avant la phase de développement.

A l’issue de cette phase d’apprentissage, il sera possible de classer et répertorier correctement la plupart des odeurs qui seront présentées.

Ces nez sont largement utilisés dans les domaines de l’agroalimentaire pour vérifier la fraîcheur des aliments, de la défense pour détecter des explosifs par exemple, dans les domaines de l’environnement pour reconnaître d’éventuels polluants, et de plus en plus en médecine grâce à un procédé qui analyse l’haleine des patients à la recherche d’éventuelles maladies. Depuis quelques années, ils sont également utilisés dans le monde de la parfumerie.

Le nez électronique en parfumerie

Jusqu’à présent, la création de parfums était encore très artisanale. Comment le nez électronique est-il utilisé en parfumerie, va-t-il à terme supplanter les humains ?

Le nez électronique 

Évidemment, toutes les qualités techniques dont un humain dispose, sont disponibles via la machine. Il y a quelques années, un APA (Assistant Parfumeur Augmenté) nommé Philyra est né.

IBM Research a mené une étude en collectant des données concernant les goûts des consommateurs sur la base de plusieurs mesures. Composé de près de 2 millions de formules de parfums, l’algorithme peut créer des fragrances basées sur les réussites passées.

Richard Goodwin, chercheur IBM, disait : « Ce système se comporte comme un apprenti, de la même manière qu’un humain apprendrait d’un maître quelles combinaisons d’ingrédients fonctionnent, la machine apprend à créer en se basant sur les formules qui marchent le mieux. »

Les algorithmes sont d’importants accélérateurs d’innovation, et l’industrie du parfum en a besoin pour faire évoluer ses offres. Les consommateurs veulent être séduits par de la nouveauté inventive et créative.

Un parfum entièrement fabriqué par intelligence artificielle est-il possible ? 

Oui, techniquement c’est réalisable, mais le nez électronique n’est pas conçu pour remplacer les parfumeurs et leurs évaluateurs La composition finale sera validée par le professionnel. 

Les nez électroniques sont une aide à cet égard, un moyen de gagner du temps et de l’énergie à bon escient. Certains nez électroniques ultra performants ont une odorothèque de 99000 molécules. (Le nez humain serait capable d’en déchiffrer 1000 milliards !)

Mais d’un point de vue émotionnel, il ne remplace pas l’évaluation hédonique et subjective propre aux humains. Contrairement au nez humain, le nez électronique peut se rappeler précisément de chaque molécule odorante pendant des mois ou des années. Notre mémoire olfactive n’est pas aussi performante.

Pour Claire Viola, vice-présidente de la stratégie digitale chez Symrise : « La création aura toujours besoin de l’homme car les fragrances s’élaborent à partir d’émotions, d’intuitions. Il faut plutôt considérer l’intelligence artificielle comme un assistant parfumeur, un outil au service d’un professionnel “augmenté”. »

L’objectif de l’utilisation d’un nez électronique est de pouvoir proposer d’autres formulations viables, et d’utiliser de nouvelles matières premières, tout en étant supervisées et validées par un maître-parfumeur.

L’intérêt de l’intelligence artificielle, serait donc de proposer un autre point de vue et d’engendrer l’utilisation d’ingrédients nouveaux. L’IA peut alors offrir de formidables opportunités, à condition que l’aspect émotionnel soit respecté.

Le légendaire parfum Opium d’Yves Saint Laurent résonne comme une ode à l’émancipation de la femme de la fin des années 70 et annonciateur d’une nouvelle génération de parfums pendant toute la décennie des années 80. Un parfum provoquant à l’image de son créateur.

Yves Saint Laurent, designer provocateur

Yves Saint Laurent en 1958

Né à Oran en Algérie en 1936, Yves Saint-Laurent s’intéresse assez vite à la couture. A 18 ans, il arrive à Paris pour prendre des cours de dessin à la Chambre Syndicale de la Haute Couture, où son talent le rend célèbre en seulement 3 mois. Christian Dior le remarque et le nomme modéliste. Après la mort de ce dernier, Saint Laurent poursuit le travail de son mentor, reprenant ainsi la direction de la Maison Dior.

 Génie incontesté, Yves Saint Laurent ouvre sa propre maison de couture en 1962 avec l’aide de son ami Pierre Bergé. Déterminé, le couturier vit alors l’apogée de ses premières heures et le nom Yves Saint Laurent devient un incontournable de la mode. 

Provocateur dans l’âme, il casse les codes et fait de son savoir-faire une expression artistique du féminisme en lançant une collection puisée dans l’univers vestimentaire des hommes. Le tailleur-pantalon donne dorénavant l’opportunité aux femmes de porter un pantalon au travail. La veste Saharienne, est détournée du vestiaire de la chasse pour en faire un indispensable de sa collection. Avant-gardiste, il ose faire du smoking un vêtement pour femme asseyant son aura dans le monde de la mode. 

Cependant dès la fin de l’année 1976, la presse parle de sa trop grande disparition des médias et les  magazines préparent déjà des rétrospectives à son sujet, comme s’il allait bientôt mourir. 

Mais M. Saint Laurent ne fait qu’écrire sa légende, et en réponse à cet acharnement, il lance avec un succès sans précédent ce jus narcotique au nom transgressif : Opium.

Opium d’Yves Saint Laurent

Contexte de sa sortie

En 1977, sous la direction artistique de Chantal Roos, Yves Saint Laurent propose une version modernisée des parfums orientaux délaissés depuis les années 40. Opium est un coup d’éclat olfactif et marketing prônant l’émancipation de la femme, affirmant de plus en plus sa féminité.

Le couturier souhaite créer une fragrance luxueuse et imagine un flacon à contre-courant de ce qui se faisait jusqu’alors. 

Pour le flacon, Pierre Dinand innove en glissant une flasque en verre dans un fourreau de plastique ambré,  inspiré des étuis inrô que les samouraïs utilisaient pour stocker les épices, les herbes médicinales et l’opium. Il l’orne d’un pompon de soie noire d’inspiration Napoléon III mis à l’honneur dans la collection d’Yves Saint Laurent du moment.

Étui inrô traditionnel

« C’était un objet complètement révolutionnaire, à mille lieues des bouteilles traditionnelles en verre« , »C’est une période où Yves Saint Laurent est vraiment dans l’expression la plus riche, la plus complète, la plus intense de son art« , note Yann Andrea (International Marketing Director YSL Fragrances 2010-2014)

Opium concrétise la fascination qu’Yves Saint Laurent a de l’orient. 

Vendu en moyenne 30% plus cher que ses concurrents, le parfum est un succès tel que les détaillants français se retrouvent en rupture de stock rapidement.  C’est le coup de force marketing visant à renforcer son prestige et son attractivité. 

En 1978, le slogan publicitaire est retravaillé pour le marché américain. « Opium, pour celles qui s’adonnent à Yves Saint Laurent » devient plus sage, certains diront trop prude « Opium, for those to whom Saint Laurent is a habit ». (« trad: Opium, pour celles qui s’adonnent à Yves Saint Laurent. »  

Opium est immédiatement remarqué faisant du parfum le début d’un mythe. En effet, La fête du lancement a lieu sur un bateau amarré dans le port de South Street à Manhattan. Précisément là où arrivaient les navires venant d’Asie chargés d’opium. Le message est provocateur, tout comme le couturier. 

Opium, l’oriental modernisé

« Si j’ai choisi Opium comme nom pour ce parfum, c’est que j’ai espéré intensément qu’il pouvait, à travers toutes ses puissances incandescentes, libérer les fluides divins, les ondes magnétiques, les accroche-cœurs et les charmes de la séduction qui font naître l’amour fou, le coup de foudre, l’extase fatale…« , écrit Yves Saint Laurent. Transgressif, il veut un parfum sensuel, hyper opulent, extravagant, provocateur, énigmatique et libérateur.

Olfactivement, Opium est largement inspiré de Youth-Dew (1953) d’Estée Lauder (par Joséphine Catapano) et des accords œillet-patchouli de Tabu (1932) de Dana (par Jean Carles). Sa tenue est excellente, Opium a ouvert la voie à une lignée de parfums sensuels et sophistiqués pour des femmes fatales et glamours, annonçant une industrie du parfum décomplexée et exubérante pendant plus d’une décennie.

D’ailleurs, Estée Lauder répondait à Yves Saint Laurent en 1978 (année du lancement américain d’Opium)  en créant Cinnabar (par Bernard Chant)…une version revisitée de Youth Dew,  très proche d’Opium.

Sous la direction artistique de Jean Amic, Jean-Louis Sieuzac,  Raymond Chaillan et Françoise Marin composent ce parfum dense et puissant mais qui garde une justesse tout au long de son évolution.

Il intègre la famille olfactive des orientaux, un ambré floral épicé puissant et capiteux.

Les notes olfactives d’Opium 

Un départ fruité de mandarine,  pêche et prune s’associe aux aldéhydes pour donner une certaine brillance et du volume à ce cœur opulent.

L’accord œillet piqué de clou de girofle est la star de cette composition. Saupoudré de cannelle, il s’entoure de rose, de jasmin et d’ylang ylang. Ces facettes florales épicées se lovent dans un fond ambré et mystérieux paré de myrrhe, patchouli, vanille, labdnadum, cèdre et santal.

C’est dense et envoûtant, addictif et enveloppant. Les muscs et le castoreum ensauvagent cette fragrance voluptueuse et sensuelle. 

C’est un parfum charnel avec beaucoup d’élégance. L’accord œillet-Patchouli est sublimé par un ensemble caractériel et imposant.

Cependant, les reformulations de la fragrance n’ont pas su garder l’essence même du parfum originel, le rendant plus lisse et conventionnel et peut être moins performant, moins provocateur.

Après Opium, l’histoire continue avec les rééditions

Pas moins de 25 flankers (réinterprétations) ont vu le jour depuis la création en 1977 d’Opium. 

Des déclinaisons sur la concentration du parfum en eau de toilette, eau de parfum, extrait ou élixir, mais également sur leurs compositions ont vu le jour, en voici quelques exemples : 

Notons également la création en 2016 de Black Opium près de 40 ans après la sortie d’Opium, par 4 parfumeurs Honorine Blanc, Marie Salamagne, Nathalie Lorson, Olivier Cresp, propulsé au rang de blockbuster commercial. 

Black Opium représente, selon la marque, la nouvelle génération d’Opium, provocatrice et rock & roll avec un style faussement décontracté puisque parfaitement maîtrisé. Se voulant rebelle et avant-gardiste à l’image du parfum Opium original, Black Opium dont l’addiction est insufflée par la note café,  est décrit comme magnétique et sulfureux.

Et vous, préférez-vous la version initiale d’Opium ou sa réinterprétation Black Opium collant aux standards modernes de ce qui représente l’exubérance ?

Visionnez notre vidéo Master Parfum sur la question du parfum Opium d’Yves Saint Laurent.

Références 

1. Les 111 parfums qu’il faut sentir avant de mourir, page 101. Y. Cervi