L’olfactothérapie : définition et utilisations
“L’odorat, le mystérieux aide-mémoire, venait de faire revivre en lui tout un monde.” Vous avez très probablement déjà fait l’expérience de cette merveilleuse phrase de Victor Hugo : notre cinquième sens a en effet le pouvoir de faire remonter à la surface un flot d’émotions et de souvenirs, des souvenirs dont certains avaient parfois commencé à prendre la poussière… C’est précisément sur les liens étroits entre notre nez et nos émotions que se base l’olfactothérapie, une pratique que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.
Odorat et émotions : une relation privilégiée
Saviez-vous que l’odorat était le seul de nos sens à être anatomiquement relié à nos émotions et nos souvenirs ? Pour mieux comprendre cette relation, il faut retracer le chemin que prend une odeur lorsqu’elle vient chatouiller notre nez.
Les composants chimiques d’une odeur entrent en contact avec notre muqueuse olfactive, située tout en haut de notre cavité nasale. Cette muqueuse, constituée de millions de neurones olfactifs, a pour mission de transformer ces composants en un message nerveux qui pourra ensuite être décrypté par notre cerveau. La muqueuse est en communication directe avec le bulbe olfactif qui reçoit ce message, puis, cap sur deux systèmes différents.
D’un côté, il y a le système conscient grâce auquel nous sommes capables d’identifier les odeurs, de les nommer et de les différencier. De l’autre, il y a le système limbique, la zone de notre cerveau gérant nos émotions (à travers l’amygdale) et nos souvenirs (à travers l’hippocampe).
Prenant en compte cette proximité physique et neurologique entre odorat et émotions, il n’est pas étonnant que notre mémoire olfactive soit la plus résiliente de toutes. Notre système limbique ne se contente pas de générer des émotions passagères, il garde aussi une trace des associations d’odeurs et d’émotions dont nous faisons l’expérience au long de notre vie. Une faculté incroyable, mais à double tranchant : si les effluves de la vanille vous donnent instantanément le sourire aux lèvres, vous rappelant cette glace que vous dégustiez tous les étés, insouciant et haut comme trois pommes, d’autres senteurs pourraient vous renvoyer à des souvenirs bien moins agréables. Une union pour le meilleur comme pour le pire !
Avant de définir plus précisément l’olfactothérapie, il est important de la distinguer d’autres disciplines liées aux odeurs avec lesquelles on la confond parfois.
Olfactothérapie vs aromathérapie et aromachologie
L’aromathérapie a pour but de traiter des problèmes physiques, par exemple, un mal de tête persistant ou des douleurs musculaires, et s’appuie pour cela sur les vertus pharmacologiques de différentes huiles essentielles. De son côté, l’aromachologie est la science se penchant sur la façon dont les odeurs se répercutent sur notre humeur et nos actions.
Mais s’il y a bien une différence entre l’olfactothérapie et l’aromathérapie, elles ne sont pourtant pas si éloignées l’une de l’autre : l’olfactothérapie est en fait une branche de l’aromathérapie, celle qui aide à cicatriser des maux psychologiques et non physiques, mais qui n’en sont pas moins réels.
L’olfactothérapie, quésaco ?
L’olfactothérapie voit le jour en 1992 lorsqu’elle est développée par le thérapeute et somatologue Gilles Fournil, avant qu’il ne commence à l’enseigner trois ans plus tard. Il s’agit d’une thérapie psycho-émotionnelle consistant à stimuler notre odorat et à exploiter sa relation avec notre mémoire afin de nous libérer de certaines barrières émotionnelles : on peut vouloir débrider une émotion réprimée ou au contraire en réfréner une autre, raviver un souvenir lointain ou faire en sorte qu’un autre ne nous pèse plus autant.
La méthode de Gilles Fournil
La méthode de Fournil se base sur un kit composé de seize huiles essentielles soigneusement sélectionnées par le thérapeute, parmi lesquelles on compte le cèdre de l’Atlas, la myrrhe ou encore le jasmin. Après avoir senti ces huiles une à une, on demande au patient de les classer de celle qu’il a préférée à celle qu’il a le moins aimée. Le travail de l’olfactothérapeute se fait ensuite autour de l’huile essentielle en tête de liste et en fin de liste, cette dernière étant souvent révélatrice d’un blocage psychologique. L’objectif ? “Le travail est réussi quand l’odeur ne dérange plus le consultant. Et 7 fois sur 10 à la fin d’une séance, l’odeur qui était non aimée devient pacifiée. Tout est une question de perception” explique lui-même Gilles Fournil.
Le but est donc de transformer la charge négative révélée par les odeurs que le patient rejette en une charge pas forcément positive, mais en tout cas, neutre, parfois au cours de plusieurs séances. Au-delà d’une odeur, c’est surtout une émotion ou une croyance négative que l’on apprivoise.
Avec le succès grandissant de l’olfactothérapie, de plus en plus de thérapeutes décident de se former à sa pratique.
Applications de l’olfactothérapie
Les applications de l’olfactothérapie sont nombreuses : qu’il s’agisse d’aider des patients en soins palliatifs, sortant d’un coma ou en proie à un traumatisme, l’olfactothérapie peut être bénéfique partout où il est question d’apaiser notre mental.
À l’hôpital Raymond-Poincarré de Garches et à la Pitié-Salpêtrière, l’aromachologue et olfactothérapeute Patty Canac vise à stimuler le langage des patients après un traumatisme crânien ou un AVC. On lui doit une méthode de thérapie olfactive nommée Olfarom incluant des huiles essentielles naturelles, mais aussi des parfums de synthèse ayant pour objectif de rappeler aux patients des senteurs de la vie de tous les jours comme celles du chocolat, du gaz ou encore du crayon à papier.
Olfactothérapie et mémoire
Pour les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles de la mémoire, l’olfactothérapie ouvre un fabuleux champ des possibles. On peut stimuler la mémoire d’un patient à travers des odeurs autrefois familières, liées à son parcours de vie. Imaginons un patient ayant vécu en Provence : un travail autour de l’huile essentielle de lavande peut potentiellement faire resurgir des images et des moments de son vécu auparavant oubliés. Le fameux concept de “madeleine de Proust” que l’on emploie si souvent dans le monde du parfum n’a jamais eu autant de sens !
Olfactothérapie et anosmie
Pandémie de Covid-19 oblige, une autre finalité de l’olfactothérapie ayant gagné en popularité ces dernières années est celle visant à la rééducation olfactive de personnes ayant perdu l’odorat (anosmie) et le goût (agueusie). Être privé des plaisirs générés par ces sens peut être difficile à vivre… Et que dire du risque d’accidents qui est décuplé lorsque notre nez ne tire plus la sonnette d’alarme face à un ingrédient avarié ou une odeur de brûlé ?
Bonne nouvelle : l’exposition répétée à des odeurs pourrait favoriser la régénération de la muqueuse olfactive et restaurer les connexions entre les neurones nous permettant de sentir le monde dans lequel nous vivons. Une piste prometteuse, et d’autant plus précieuse du fait qu’il n’est pas toujours possible de traiter l’anosmie par une prise de médicaments. À l’Université de Nice, on travaille à mettre en place des protocoles pour rééduquer le nez des personnes ayant gardé des séquelles de la Covid.
En France, sous l’impulsion de Mme Véronique Le Lan, orthophoniste et formatrice, experte en troubles olfacto-gustatifs, de nombreux orthophonistes traitent aujourd’hui leurs patients souffrant de troubles olfacto-gustatifs, notamment post-covid, en intégrant à leur protocole les crayons parfumés et les cartes du Livre-Jeu Olfactif Master Parfums. (photo de l’article qui est en carrousel sur le site MP)
Un avant-goût d’olfactothérapie… chez vous !
On peut entraîner son odorat chez soi, en sentant à l’aveugle les odeurs qui nous entourent, alors, à vos tiroirs ! Envie d’aller plus loin ? Stimulez votre cinquième sens avec le jeu olfactif Master Parfums et ses crayons parfumés, un jeu qui a été reconnu par des orthophonistes comme bénéfique dans le cadre d’une thérapie olfacto-gustative.