Il y a quelques siècles, on vous aurait regardé avec des yeux ronds si vous aviez suggéré que se parfumer puisse être autre chose qu’une formalité destinée à camoufler votre odeur corporelle. Si la parfumerie est aujourd’hui un art noble, on doit cela en grande partie à Catherine de Médicis et à son parfumeur personnel, René le Florentin. Master Parfums remonte le temps et vous raconte comment ce maître italien a marqué l’histoire du parfum en France.
Le couvent de Santa Maria Novella
En 1221, un groupe de frères dominicains fonde le couvent de Santa Maria Novella à Florence. Ils y cultivent verger, potager et un jardin des simples débordant d’herbes et de plantes utilisées pour concocter des médicaments, des baumes et des onguents qu’ils prescrivent dans leur officine du couvent.
On retrouve des traces de production d’eaux parfumées à Santa Maria Novella à partir de 1381 : pendant la peste noire, les moines distillent de l’eau de rose aussi bien destinée à assainir les pièces qu’à la consommation personnelle.
Rapidement, les préparations du couvent connaissent un franc succès auprès de l’aristocratie et les produits parfumés deviennent l’apanage de la noblesse italienne. Et René le Florentin, dans tout ça ?
Renato Bianco et Catherine de Médicis
Renato Bianco de son vrai nom est abandonné à la naissance et recueilli et élevé par les frères de Santa Maria Novella. C’est là qu’il apprend à distiller les herbes du couvent auprès des moines alchimistes. Une bonne partie de la vie du parfumeur reste énigmatique ; c’est surtout pour son association avec Catherine de Médicis que le nom de René le Florentin résonne encore aujourd’hui.
En 1533, l’Italienne Catherine de Médicis, âgée de 14 ans, s’apprête à rejoindre son futur époux et le futur roi de France Henri II. Les élites italiennes étant alors friandes de produits parfumés, la position sociale de Catherine de Médicis la tourne naturellement vers le parfum. Elle demande aux moines de Santa Maria Novella de lui confectionner une fragrance spéciale pour ses noces à venir, mais ce n’est pas tout : alors qu’elle va rejoindre la capitale française, elle exige que Renato Bianco se glisse parmi son entourage de pages, de gardes et de dames de compagnie afin qu’il continue de la fournir en produits de beauté parfumés.
Lorsqu’ils arrivent à Paris, Bianco et la future reine y sont témoins d’un drôle de paradoxe : si à la Renaissance, tout le monde est en apparence extrêmement apprêté, l’hygiène est bien loin de suivre !
Le parfum à la Renaissance ou le “règne de la crasse parfumée”
D’une part, une extrême coquetterie est de mise. On fait usage de miroirs, de peignes, de boîtes à fards et de pomanders faits de matières précieuses. Les pomanders étaient des pendentifs sphériques renfermant des substances odorantes variées. En plus de combattre les mauvaises odeurs, ils sont vus comme des amulettes ayant le pouvoir de protéger contre la maladie. Les médecins considèrent d’ailleurs que les matières odorantes peuvent guérir certains maux. Outre le pomander, on voit fleurir de nouveaux objets de senteur tels que les oiselets de chypre (pâte parfumée moulée en forme d’oiseau) que l’on jette dans le feu et qui parfume et assainit l’air ambiant : eau de rose, labdanum, musc civette, ambre gris, styrax, benjoin cannelle, girofle…autant de nouvelles matières odorantes rapportées d’Asie par les grands explorateurs de l’époque.
D’autre part, l’eau effraie : on la pense vectrice de maladie et de contagion. Au XVIe siècle, les bains, en ouvrant les pores, laisseraient entrer les miasmes dans le corps. Pour un véritable lavage en profondeur, on utilise le terme “se décrasser”. Les médecins prônent la toilette sèche qui consiste à se frotter le corps avec des substances aromatiques, lotions ou vinaigres, de se poudrer et se vêtir de linge parfumé. Le mot toilette vient d’ailleurs de cette petite toile de tissu que l’on trempait de ces vinaigres.
Malgré tout, l’engouement pour l’Antiquité gréco-latine qui caractérise la Renaissance combiné à l’invention de l’imprimerie prépare un terrain propice à la diffusion d’ouvrages contenant des recettes d’eaux odorantes.
Un maître italien à Paris
À Paris, Catherine de Médicis introduit Renato Bianco à la cour de France… et initie la France à l’art de se parfumer. Si dans la terre natale de l’Italien, la culture du parfum est déjà en vogue, ce n’est pas encore le cas dans l’Hexagone. Dans sa boutique du Pont-au-change, il se fait connaître sous le nom de René le Florentin et grâce à ses connexions royales, les essences qu’il fabrique se font vite indispensables pour la noblesse de la ville.
Les produits parfumés deviennent un must : perruques, gants, coussins, éventails, tout se parfume! À une époque où l’hygiène est constamment négligée, le parfum joue surtout un rôle camouflant. La peur de l’eau étant généralisée, il s’agit de masquer des effluves parfois nauséabondes ; les fragrances se doivent donc d’être capiteuses à souhait. Pour les nobles qui ont les moyens de s’en procurer, le musc, l’ambre ou encore la tubéreuse coulent à flots.
Le parfum continue certes d’être utilisé pour dissimuler le manque de propreté, mais il gagne peu à peu ses lettres de noblesse et devient un symbole de statut social. D’autres parfumeurs italiens viennent s’installer à Paris, avant que ce ne soit au tour des Français de se tourner de plus en plus vers la profession. Si elle était jusque-là purement pratique, elle se retrouve progressivement associée à l’élégance et au luxe. Le métier de gantier-parfumeur a le vent en poupe et remplace petit à petit celui d’apothicaire pour la diffusion des parfums, le Roi-Soleil créant même un brevet de maître gantier-parfumeur en 1651.
Les matières animales sont très prisées, tout comme des matières végétales jusque-là inconnues rapportées par les explorateurs de leurs voyages et que le Florentin travaille : la vanille et le baume du Pérou, le cacao et le tabac, ou encore des épices telles la cannelle, le gingembre et le benjoin. Avec la découverte de nouvelles routes maritimes, ce n’est plus seulement l’Italie qui en profite !
Cependant René le Florentin n’est pas célèbre que pour ses parfums…
Des fragrances parfois fatales ?
Il se murmure à la cour de France que Catherine de Médicis chargerait son parfumeur personnel de lui confectionner des poisons dissimulés dans des fragrances d’apparence anodine ou des accessoires de mode…
En 1572, la protestante Jeanne d’Albret, mère d’Henri de Navarre et ennemie jurée de Catherine de Médicis, décède après avoir été prise de douleurs et d’une fièvre soudaine. La rumeur inculpant des gants empoisonnés commandités par Catherine de Médicis et confectionnés par nul autre que son parfumeur personnel ne tarde pas à se propager.
Revenons à nos flacons, en tout cas, à ceux qui nous veulent du bien ! Quelle était donc cette fragrance créée spécialement pour l’union entre Catherine de Médicis et Henri II ?
L’Acqua della Regina
Formulée en 1533, l’Acqua della Regina est une essence à base de bergamote de Calabre et de néroli. On y trouve également du clou de girofle, du romarin et de la lavande, le tout reposant sur une belle base musquée. L’officine Santa Maria Novella existe toujours à Florence et pour fêter les 800 ans de la marque, elle a lancé l’édition Firenze 1221 de la fragrance, aujourd’hui connue sous le nom de Acqua di Santa Maria Novella.
C’est une fragrance hespéridée et fraîche à souhait ; pas étonnant que bon nombre de colognes contemporaines s’inscrivent dans sa lignée.
- L’Aqua Mirabilis (1695) de Giovanni Paolo Feminis pourrait être inspirée de l’Acqua della Regina.
- Avec ses notes d’agrumes, de lavande et de romarin, l’eau de Cologne 4711 (1792) évoque elle aussi la fragrance de celle qu’on appelait “la reine noire”.
- Idem pour l’Eau Impériale (1860) : Guerlain convie une foule d’agrumes à une rencontre avec du romarin et du cèdre.
- Toujours chez Guerlain, on peut également nommer la subtile et acidulée Eau de Fleurs de Cédrat (1920).
Vous l’aurez compris, le passage de René le Florentin dans nos contrées a changé la trajectoire de la parfumerie en France, l’aidant à dépasser son usage purement fonctionnel et élevant son statut, marquant en quelque sorte le début de notre parfumerie moderne.
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Le muguet a longtemps refusé de prêter sa fragrance aux parfumeurs. Mais est-il réellement une “fleur muette” ? Certains se sont lancé le défi de lui faire cracher le morceau… Pari réussi pour la maison nantaise AB 1882 et la société d’huiles essentielles Le Sourceur. Le 25 mai 2022, pour la première fois, un absolu de muguet a été obtenue de façon naturelle à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Il s’agit d’une véritable révolution pour la parfumerie et pour le milieu maraîcher simultanément, car à grande échelle, cette utilisation du muguet permettrait de le valoriser pour qu’il ne soit plus uniquement star d’un jour, chaque 1er mai.
Pour récolter la précieuse essence, le procédé ancestral de l’enfleurage a été remis au goût du jour. Gourmand en temps et en ressources, il avait cessé d’être utilisé aux alentours de 1930.
L’enfleurage, quésaco ?
Les délicates clochettes des maraîchers Jean-François et Charles Vinet ont été minutieusement sélectionnées, coupées et disposées par des bénévoles sur des cadres enduits de graisse végétale. Pendant onze jours, les fleurs ont été quotidiennement remplacées pour garantir leur fraîcheur. Résultat : les graisses végétales se sont retrouvées saturées de molécules odorantes. “C’est comme le beurre dans le réfrigérateur qui peut prendre l’odeur de certains aliments”, explique Marielle Ravily, ingénieure chimiste et cofondatrice d’AB 1882.
Ensuite, passage au bain-marie pour les graisses qui ont été liquéfiées et agrémentées d’huiles essentielles et d’alcool, ce dernier permettant de faire tenir les molécules parfumées. Une fois l’alcool distillé, un rare absolu de muguet s’est alors révélé pour la première fois.
Faire briller le muguet à travers l’artisanat
Si ce procédé est bien plus long et coûteux que celui de la synthèse du muguet par la chimie (pas moins de 50 000 brins de la fleur ont été utilisés !), c’est aussi une forme d’artisanat qui fait bien plus honneur à la senteur de la clochette. Car si les parfumeurs ont l’espoir de créer un parfum au muguet bien réel, ils ne veulent pas pour autant dénaturer la fleur, bien au contraire : il s’agit de magnifier sa douce fragrance naturelle.
Non sans avoir grandement éveillé l’intérêt d’autres parfumeurs à l’idée de pouvoir enfin travailler avec cette belle matière première, AB 1882 et Le Sourceur tâchent maintenant de mettre la main sur le meilleur absolu de muguet afin d’en décupler la production.
Et ensuite ?
La maison nantaise souhaite commercialiser son premier parfum au muguet dans le courant de 2024. D’ailleurs, c’est décidé : c’est à Bel été, un parfum formulé en 1926 par Alexis Biette (l’arrière-grand-père de Marie Giffo, directrice et co-fondatrice de la maison), que reviendra l’honneur d’être le premier parfum au muguet naturel de la marque… et du marché !
Si la fleur de mai a longtemps gardé sa langue dans sa poche, ce n’est vraisemblablement plus pour longtemps : les beaux jours du muguet naturel en parfumerie ne font que commencer.
Les bains parfumés ont été une pratique courante dans de nombreuses cultures tout au long de l’histoire. Au Moyen Âge, ces bains étaient bien plus qu’un simple rituel de beauté. Découvrons ensemble leur histoire, leur rapport avec l’Église et les médecins de l’époque, leurs bienfaits thérapeutiques et leur rôle social.
Les origines des bains parfumés au Moyen âge
Les bains parfumés au Moyen Âge puisent leur inspiration dans les pratiques de l’Antiquité gréco-romaine. Les Grecs et les Romains étaient connus pour leur amour des bains et de l’hygiène corporelle. Ils ont développé des techniques élaborées pour parfumer l’eau de leurs bains, qui étaient souvent le centre de la vie sociale.
L’influence gréco-romaine
La Grèce antique a grandement contribué à la culture du bain au Moyen Âge. Les Grecs étaient particulièrement friands d’huiles essentielles et d’aromates pour parfumer leurs bains. Ils utilisaient des huiles extraites de plantes méditerranéennes telles que le romarin, la lavande et le thym. Les Grecs prenaient également des bains thérapeutiques avec des infusions de plantes pour divers maux.
Les Romains, quant à eux, ont perfectionné l’art du bain parfumé en construisant des thermes somptueux et en élaborant des rituels complexes. Les bains romains étaient équipés de systèmes de chauffage et d’aqueducs pour fournir l’eau propre et chaude en permanence. Les Romains utilisaient des parfums et des huiles essentielles pour créer une atmosphère agréable et relaxante dans leurs bains publics et privés.
La culture arabo-ottomane
La tradition des bains parfumés au Moyen Âge a également été enrichie par les apports des cultures arabes et turques. Ces civilisations ont apporté leurs propres techniques et savoir-faire, influençant ainsi la culture européenne du bain.
Les Arabes ont joué un rôle majeur dans la transmission des connaissances antiques, y compris en matière de bains parfumés. Au cours de la période médiévale, les savants arabes ont traduit de nombreux textes grecs et romains sur l’art du bain. Ils ont également développé leurs propres techniques de parfumage, en utilisant des ingrédients tels que le bois de santal, le jasmin et le musc.
Les Turcs, notamment les Ottomans, étaient également connus pour leur culture du bain. Les hammams, ou bains turcs, étaient des lieux de détente et de purification, où l’eau était parfumée à l’aide d’huiles essentielles et d’aromates. Les bains turcs se caractérisaient par une architecture unique, avec des espaces distincts pour les bains chauds et froids, ainsi que des salles de repos.
Les Turcs utilisent des ingrédients locaux pour parfumer leurs bains, tels que l’eucalyptus, la rose et la menthe. Ils étaient également réputés pour leur savoir-faire en matière de savons parfumés, qui étaient utilisés pour nettoyer et exfolier la peau lors des séances de bain.
La transmission des savoirs et la fusion des traditions
Au fil des siècles, les échanges commerciaux et culturels entre l’Orient et l’Occident ont permis la diffusion des techniques de bains parfumés des Arabes et des Turcs en Europe. Ces influences ont enrichi la culture du bain médiéval, qui s’est ainsi développée en intégrant des éléments provenant de différentes civilisations. Les bains parfumés au Moyen Âge étaient donc le fruit d’un métissage culturel, témoignant de la richesse et de la diversité des traditions ancestrales.
L’Église et les bains parfumés : entre purification et réticences
Au Moyen Âge, l’Église était une institution omniprésente qui influençait la vie quotidienne et les comportements des individus. Les bains parfumés ont ainsi été soumis à une double perception : d’une part, celle de la purification spirituelle, et d’autre part, celle des réticences et des craintes liées à la débauche.
La purification spirituelle
Dans certains contextes, l’Église encourageait les bains parfumés en tant que rituel de purification. Les bains étaient alors associés aux rites religieux, comme les baptêmes, la préparation à la communion ou les ablutions avant la prière. L’eau parfumée était alors symbole de propreté et de pureté spirituelle, et les bains étaient perçus comme un moyen de se rapprocher de Dieu.
Les réticences de l’Église
Cependant, l’Église avait également des réserves quant aux bains parfumés, en particulier les bains publics, qu’elle considérait comme des lieux de débauche et de péché. Les bains étaient souvent associés à la luxure, ce qui était en contradiction avec les valeurs chrétiennes d’ascétisme. Les bains mixtes étaient perçus comme une source de tentation et un risque pour la morale.
Au fil du temps, l’Église a renforcé son emprise sur la société médiévale, et les bains publics ont progressivement perdu leur popularité. Les autorités ecclésiastiques ont même parfois interdit ou restreint l’accès aux bains publics, les considérant comme immoraux et nuisibles pour l’âme.
La médecine médiévale face aux bains : entre bienfaits et controverses
Au Moyen Âge, les médecins avaient des avis divers sur les bains parfumés. Si certains reconnaissaient leurs bienfaits thérapeutiques, d’autres mettaient en garde contre les risques potentiels qu’ils pourraient représenter pour la santé.
Des bienfaits thérapeutiques reconnus
De nombreux médecins médiévaux étaient convaincus des vertus médicinales des bains parfumés. Ils estimaient que les huiles essentielles et les plantes utilisées dans ces bains avaient des propriétés curatives et pouvaient aider à traiter diverses affections.
Les bains parfumés avaient plusieurs bienfaits thérapeutiques. Les huiles essentielles et les plantes aromatiques utilisées avaient des propriétés apaisantes, relaxantes et anti-inflammatoires.
Les médecins de l’époque prescrivaient des bains parfumés pour traiter diverses affections et améliorer le bien-être général de leurs patients tels que :
- Apaisement des douleurs musculaires et articulaires
- Amélioration de la santé de la peau
- Favoriser la relaxation et réduire le stress
- Amélioration de la circulation sanguine et de la respiration
- Renforcement du système immunitaire
Les points divergents et les controverses
Cependant, certains médecins du Moyen Âge étaient plus sceptiques vis-à-vis des bains parfumés et mettaient en avant les risques qu’ils pourraient présenter. Parmi les préoccupations, on retrouvait la crainte que les bains chauds aient affaibli le corps en dilatant les vaisseaux sanguins et en provoquant une perte excessive d’énergie vitale. De plus, les médecins craignaient que l’utilisation de certaines huiles essentielles ou plantes puisse provoquer des réactions allergiques ou des irritations cutanées chez certains patients.
D’autres médecins mettaient également en garde contre les risques d’infections dans les bains publics, où l’eau était parfois contaminée par des bactéries ou des parasites. Pire, l’eau chaude serait source de propagation de maladies mortelles voire de pandemies. Ils préconisaient alors des bains privés, où l’hygiène et la propreté pouvaient être mieux contrôlées.
Le point de vue social des bains parfumés
Il y avait également une dimension sociale importante, servant de lieu de rencontre et d’échange entre les individus de différentes classes sociales.
Lieux de convivialité et de détente
Les bains publics étaient des lieux de convivialité où les gens se retrouvaient pour se détendre et discuter. Les baigneurs pouvaient se délasser dans les eaux parfumées, tout en échangeant des nouvelles, des potins et des idées. Les bains publics étaient ainsi des espaces de socialisation où les individus tissaient des liens et renforçaient leur appartenance à une communauté.
Les bains étaient accessibles aux individus de différentes classes sociales, y compris les nobles, les marchands et les artisans. Bien que certains bains soient réservés à l’élite, de nombreux établissements étaient ouverts à un public plus large, permettant à diverses strates de la société de profiter de leurs bienfaits. Cette mixité sociale contribuait à la richesse des échanges et des rencontres dans ces lieux.
Les bains comme marqueurs de statut social
Dans certains cas, les bains parfumés pouvaient également servir de marqueurs de statut social. Les individus les plus fortunés et influents pouvaient se permettre des bains privés, souvent et richement décorés, où ils recevaient des invités de marque pour des bains parfumés exclusifs. Ces bains étaient l’occasion d’afficher sa richesse et son raffinement, en offrant à ses invités des parfums rares et précieux.
Les bains parfumés étaient également associés aux rituels de séduction. Les baigneurs prenaient soin de leur apparence et de leur hygiène, en utilisant des parfums et des savons pour se nettoyer et se parfumer. Les bains parfumés étaient ainsi un moyen de se présenter sous son meilleur jour et de susciter l’admiration des autres.
Le parfum occupe une place importante dans la culture et la pratique de l’Islam. Les parfums naturels sont souvent utilisés pour les vêtements et le corps. Les fumigations d’encens et de bois pour parfumer les lieux de cultes mais également les vêtements sont très appréciées.
Dans l’Islam, le parfum est considéré comme une forme de purification et d’embellissement.
Le parfum en Islam
Dans l’Islam, le parfum est souvent associé à la purification et à la piété, et il est considéré comme un moyen d’embellir l’apparence physique et de plaire à Allah.
Ibn al-Qayyim, un célèbre savant musulman du 14ème siècle, a écrit : « Le parfum est la meilleure et la plus compatible des choses pour l’âme, et un lien proche existe entre le parfum et la bonne âme »1.
Il explique également que les parfums ont des effets curatifs sur les maladies mentales et émotionnelles telles que la dépression, l’anxiété et le stress. Il a recommandé l’utilisation de parfums naturels tels que le musc pour améliorer l’humeur et soulager les tensions mentales.
Il considérait le parfum comme un remède pour l’âme qui fortifie le corps, réjouit le cœur, égaye l’esprit et plaît à l’âme.
Le prophète Muhammad était connu pour son amour du parfum et il a souvent recommandé son utilisation. Il a également encouragé les croyants à utiliser du parfum avant de se rendre à la prière ou lors de fêtes religieuses.
Alambic et distillation
L’utilisation de l’alambic est une technique ancienne pour distiller qui a été largement utilisée dans la science islamique au Moyen Âge. Les premiers alambics étaient utilisés en Grèce antique pour la production de parfums, d’huiles essentielles et d’autres substances aromatiques.
Les alchimistes et les savants musulmans ont perfectionné la technique de la distillation au point qu’elle est devenue une méthode standard pour la production de parfums.
Au fil du temps, de nombreuses sociétés arabes et persanes se sont spécialisées dans la production de parfums via cette technique. Aujourd’hui encore, la technique de distillation est utilisée pour la production d’attar, des parfums naturels traditionnels à base d’huiles essentielles, sans alcool.
Les rituels parfumés dans le culte musulman
Dans la culture musulmane, le parfum est souvent utilisé lors d’occasions spéciales, comme les mariages et les fêtes religieuses, et il est considéré comme un cadeau apprécié.
Le parfum est également présent dans les pratiques funéraires islamiques, où le corps du défunt est lavé et parfumé avant l’enterrement. L’objectif est d’assurer une purification complète du corps avant la mise en terre, et également de permettre aux membres de la famille de se souvenir de leur être cher en portant le même parfum.
Un rituel autour de l’hospitalité régit par l’Islam recommande de parfumer ses hôtes avec de l’eau de rose ou de jasmin, grâce à un aspersoir spécifique, le qumqum.
Il y a également une tradition de parfumer les mosquées avec des huiles spécifiques, et des fumigations d’encens, pendant les prières pour créer une atmosphère spirituelle et purifiante.
Il est recommandé de se parfumer après les rituels de purification islamiques, les ablutions, qui impliquent de se laver les mains, le visage et les pieds.
L’utilisation du siwak, bâtonnet de bois issu de l’arak, un arbuste largement répandu en Afrique et en Asie, est utilisé pour ses propriété anti bactériennes pour l’hygiène bucco-dentaire dans la culture musulmane et est encouragée comme une pratique de purification, qui permet de se nettoyer la bouche et d’assainir l’haleine. Le prophète Muhammad utilisait le siwak régulièrement et recommandait également son utilisation avant la prière.
Le Musc et l’Ambre dans la culture musulmane
Outre l’importance des eaux de fleurs et des encens, le musc et l’ambre représentent une base importante dans la parfumerie du moyen âge islamique.
Le musc est une substance odorante qui provient de la glande musquée du cerf mâle, du chevrotain ou du castor. Son odeur est puissante et on l’utilise en parfumerie pour ajouter une note animale ou chaleureuse à un parfum.
Le musc est considéré comme un ingrédient luxueux et rare et est souvent utilisé pour les parfums les plus précieux et les plus raffinés. Le musc est également mentionné dans les textes sacrés de l’islam, le prophète Mohammed est connu pour avoir utilisé du musc pour parfumer sa barbe et ses cheveux.
L’ambre gris, quant à lui, est une est une substance organique provenant du cachalot, souvent utilisée en parfumerie pour ajouter une note chaude et animaleà un parfum et pour lui apporter une longue tenue. Les savants musulmans ont écrit des traités sur l’ambre et ont discuté de ses propriétés médicinales et de son utilisation en parfumerie.
La place des attars et du layering dans la culture musulmane
Un attar, également appelé ittar, est un type de parfum naturel traditionnel originaire de la culture indienne et largement utilisé dans la culture musulmane. Il est fabriqué à partir d’huiles essentielles naturelles, principalement extraites de plantes, de fleurs, et d’autres matières naturelles que l’on ajoute à une huile essentielle de “base”, traditionnellement de l’huile de bois de santal .
L’attar est fabriqué à partir d’un processus de distillation à la vapeur d’eau, ou aux solvants volatils (pour les matières plus délicates), dans lequel les huiles essentielles sont extraites des matières premières naturelles. Le résultat est un parfum naturel pur et concentré.
L’utilisation de l’attar est très répandue dans la culture musulmane, où il est souvent utilisé pour des occasions spéciales telles que les célébrations de mariage et d’autres événements religieux. Il est également utilisé à des fins médicinales, car les huiles essentielles naturelles utilisées dans sa fabrication auraient des propriétés curatives.
Le layering, c’est-à-dire la superposition de différentes fragrances (fumigations, huiles, attar, parfum), pour créer un parfum unique, est courant dans la culture musulmane. Cependant, il est important de noter que le layering de l’attar est pratiqué avec précaution et avec parcimonie pour ne pas déranger les autres.
En effet, les enseignements de l’Islam recommandent la modération et la simplicité dans tous les aspects de la vie, y compris dans l’utilisation de parfums.
On l’a vu, le parfum a une place importante dans le quotidien de la vie des musulmans.
Le Prophète a dit : « Allah est Bon et aime le parfum, Propre et aime la propreté, Généreux et aime la générosité, Munificent et aime la munificence« 2
Envie d’en savoir plus sur le rôle du parfum dans les différentes époques et cultures ? Découvrez notre Pocket quiz Master Parfums, pour challenger vos connaissances olfactives en vous amusant !
1 – tiré de « L’Authentique de la médecine prophétique » de Ibn al-Qayyim, pages 221/222
2 – Sahih In Khuzaymah n°1761
Dans la catégorie des encens, la myrrhe et l’oliban sont les plus connus, tant pour leurs propriétés médicinales que pour toute la légende et les aspects religieux associés.
Mais d’où viennent ces morceaux de résines, et quelle importance ont-elles d’un point de vue spirituel ? Sont-elles utilisées partout dans le monde de la même façon ?
Dans notre jeu Master Parfums, une carte quizz est dédiée à ces résines si particulières. Aujourd’hui, nous creusons pour vous l’origine et les mystères de ces encens !
Myrrhe et Oliban, origines botaniques
L’oliban
La résine de l’oliban, que l’on appelle communément “encens”, est tirée du Boswellia, un petit arbre que l’on trouve au nord-est de l’Afrique ou sur la péninsule Arabique. Elle est obtenue en taillant l’écorce de l’arbre permettant à la sève de couler. En séchant, elle devient blanchâtre et opaque, durcit devenant une gomme solide, un exsudat. C’est l’oliban, que l’on appelle aussi « Larmes de Somalie ».
L’oliban (Boswellia Serrata) est originaire d’Inde mais se trouve également au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Sa résine est utilisée depuis des milliers d’années en Inde, en Chine et dans divers pays d’Afrique pour ses bienfaits sur la santé et ses propriétés médicinales.
La couleur de cette petite gomme aromatique varie selon la saison à laquelle elle est récoltée. Le boswellia incisé en été et récolté en automne donne la plus belle qualité d’encens. De couleur laiteuse, on l’appelle l’encens blanc, ou olibanum, par opposition à l’encens roux.
L’oliban révèle des tonalités à la fois fraîches, aromatiques, rondes et chaudes, aux facettes balsamiques (résineuse, ambrée), minérales, et boisées sèches. Une matière particulièrement appréciée en parfumerie de niche.
La myrrhe
C’est principalement en Afrique de l’Est, et particulièrement en Somalie que l’on retrouve le Commiphora Myrrha, un arbre ne dépassant pas 3 mètres de haut d’où l’on tire la myrrhe.
Son grand tronc torsadé est recouvert d’une écorce grise ou marron. Très ramifié, de petites feuilles et fleurs y poussent. Des boursouflures se forment sur le tronc, desquelles un suc résineux exsude naturellement. Puis au contact de l’air, il durcit pour créer des solidifications brunes rougeâtres, très odorantes : c’est cette gomme-oléo-résine aromatique que l’on appelle la myrrhe odorante.
Son parfum chaud et balsamique, fait de la myrrhe une matière première de choix dans les notes de fond des parfums orientaux. La myrrhe, gourmande et capiteuse, apporte un côté chaud, doux, sombre et sensuel au parfum.
Histoire et religions
Quels cadeaux les Rois Mages ont-ils offert ?
Selon la tradition, les trois Mages sont venus d’Orient pour rendre hommage à l’enfant Jésus et lui offrir des cadeaux : de l’or, de l’oliban et de la myrrhe. Des présents fortement symboliques :
- Balthazar a offert de l’or pour le pouvoir et la royauté, mais également parce que l’or symbolise la lumière et le soleil, signes d’espoir.
- Melchior, de l’oliban, symbolisant l’aspect divin de Jésus : l’encens étant le moyen d’honorer Dieu.
- Gaspard, de la myrrhe, qui aurait des propriétés euphorisantes et analgésiques. Un cadeau rappelant que malgré l’aspect divin qu’il pouvait renvoyer, il n’en reste pas moins véritablement homme et surtout mortel.
Utilisation traditionnelle de la myrrhe et de l’oliban
L’utilisation traditionnelle de l’oliban était de brûler la résine lors de cérémonies religieuses, d’où le nom « encens indien ». Selon la tradition, la fumée de la résine induit un état propice à la prière, à la méditation et à l’expérience spirituelle. Aussi, la fumigation de l’encens est à l’origine du mot parfum, car la fumée montante permettait de communiquer avec les dieux, « Per Fumum » (à travers la fumée) en latin.
Les Égyptiens utilisaient quotidiennement la myrrhe dans leurs rituels sacrés et pour embaumer leurs pharaons. Au combat, les soldats Grecs en emportaient toujours avec eux car ils savaient qu’il avait des propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires.
Propriétés médicinales, et utilisation dans le monde
L’oliban est un encens dit encens mâle ou encore encens pur. Il était à l’origine considéré comme un puissant anti-inflammatoire qui favorise également la tranquillité et le calme, ce qui peut permettre un sommeil de qualité, détendre le corps et l’esprit. Il purifie également l’atmosphère et élimine l’énergie négative. C’est pourquoi l’oliban est toujours utilisé comme encens par fumigation.
Aujourd’hui, il est souvent utilisé en huile essentielle autant qu’en fumigation et a également de nombreux autres avantages: antiseptique, il favorise la cicatrisation des plaies et stimule les systèmes immunitaires et nerveux. Il est antibactérien, assainit la bouche, soulage les douleurs musculaires ou l’arthrose et aide à lutter contre la dépression saisonnière.
Au Moyen-Orient, la myrrhe est utilisée en médecine traditionnelle arabo-islamique depuis des milliers d’années. Par exemple, elle est utilisée comme agent anti-inflammatoire et pour soulager la douleur des rhumatismes. Elle est préconisée pour nettoyer les plaies et prévenir la progression de l’infection et de la gangrène lorsqu’une infection est déjà établie.
L’utilisation de la myrrhe en médecine traditionnelle continue également en Inde dans la médecine ayurvédique, notamment pour le traitement des aphtes, des gingivites et des pharyngites.
En médecine traditionnelle chinoise, la myrrhe est souvent associée à d’autres herbes. Utilisées ensemble, elles traitent les traumatismes, et améliorent la circulation lors de douleurs menstruelles par exemple.
La myrrhe et l’oliban ont traversé le temps et les régions du monde, non seulement pour leurs propriétés médicinales reconnues à travers les siècles, mais également parce que les symboliques spirituelles et religieuses sont grandes, ayant un pouvoir mystique et une aura divine.
Myrrhe et Oliban, matières premières prisées en parfumerie
Par ailleurs, leur utilisation en parfumerie est de plus en plus complexe, et certains parfumeurs n’hésitent pas à les mettre à l’honneur.
Parfums connus avec de l’oliban
L’oliban est utilisée pour révéler ses tonalités boisées, aromatiques, balsamiques, minérales, épicées.
- Histoires de Parfums a créé Encens Roi, où la résine d’Oliban est portée par des épices, des bois précieux et de la vanille. l’ensemble est majestueux et profond.
- Guerlain opte pour un oriental aux notes florales et boisées qui s’assombrit grâce à la note d’encens et d’ambre, pour créer Encens Mythique. Un parfum que beaucoup de femmes ont adopté.
- Avec Encens Asakusa, L’Orchestre Parfum nous emmène dans un quartier de Tokyo porté par le son d’un koto. L’encens d’un temple sacré pare de ses volutes des notes poudrées d’iris et de violette, piquées par la fraîcheur des baies roses.
- Au naturel, Les Parfumeurs du Monde illustrent olfactivement la route de l’encens dans Les Larmes d’Aden. Un sillage miellé et hespéridé porté par un sirocco de Myrrhe et d’Encens.
Parfum connus avec de la myrrhe
Son parfum chaud et balsamique fait de la myrrhe une matière première de choix dans les notes de fond des parfums orientaux. La myrrhe, gourmande et capiteuse, apporte un côté chaud, doux, sombre et sensuel au parfum.
- Myrrhe Ardente d’Annick Goutal est un ambré boisé, qui a la particularité de proposer de la myrrhe seule en note de tête. Puis on retrouve à nouveau de la myrrhe, du benjoin et de la fève tonka en notes de fond. Le mélange est voluptueux et envoûtant.
- Myrrhe et Tonka proposé par Jo Malone est un ambré intense où la myrrhe est accompagnée de fève de Tonka, de vanille et d’amande pour un résultat sensuel et captivant.
- Et un duo surprenant chez les Hermessences (Hermès) avec Myrrhe Eglantine
De quoi perpétuer l’engouement pour ces résines encore longtemps !
Des « simples » … mais qu’est ce que c’est ?
Depuis l’antiquité, les « simples » sont les plantes utilisées pour leurs vertus médicinales. On leur attribuait des pouvoirs divins.
Mais c’est au Moyen-âge, que s’organisent dans les couvents et les monastères ce qu’on appelle le jardin des simples.
Le jardin des simples comprend non seulement des plantes médicinales mais également un savant mélange bien ordonné, associées à des plantes aromatiques et condimentaires, qui ont également des vertus dites thérapeutiques.
Ces plantes étaient cultivées par des moines herboristes, qui avaient des connaissances aigues du monde de la pharmacopée, des plantes et leurs vertus médicinales. Le moine herboriste, qui avait étudié les propriétés de toutes ces plantes, était très respecté. Il était à la fois l’apothicaire et le médecin du village. Il prônait l’utilisation des plantes sous forme de poudre, de cataplasme, de tisane et autre décoction pour guérir et purifier. La croyance dans des vertus protectrices et purificatrices des plantes aromatiques était telle qu’on les brûlait à l’entrée des villages pour éloigner les épidémies comme la peste.
On appelait ces herbes aromatiques les « simples » pour signifier qu’avec une plante, utilisée seule, on pouvait soigner un mal spécifique.
Par exemple, la mauve blanche était préconisée pour la toux. L’armoise pour les douleurs menstruelles. Le thym comme antiseptique. La camomille pour apaiser, la menthe contre les maux de ventre etc..
On parlait de « médecines simples » par opposition aux « médecines composées », prescrivant de mélanger plusieurs plantes sous forme de potions ou d’élixirs.
A l’époque chaque couvent ou monastère avait sa recette secrète. Certaines sont encore utilisées de nos jours comme par exemple l’Eau de Mélisses des Carmes ou la Chartreuse.
La dimension spirituelle du jardin des simples
Les plantes fascinent et soignent depuis toujours.
Pendant longtemps, cette connaissance des propriétés thérapeutiques était chasse gardée des moines qui les utilisaient pour leurs pratiques de la médecine
C’est pourquoi, un « jardin des simples » s’organise de la même manière que dans un monastère ou dans un couvent : avec des espaces thématiques et géométriques, disposés en massifs réguliers, carrés ou rectangles, en buis taillés…
Entre les carrés, des chemins sont aménagés en croix (et ce n’est pas un hasard) pour le passage du jardinier et faciliter le drainage et l’irrigation.
Ces jardins devaient symboliser la perfection indissociable à Dieu. Les références au christianisme sont partout : le buis symbolise l’immortalité, un puits ou une fontaine au centre du jardin symbolise la résurrection, et parfois un banc permettait de s’adonner à la contemplation et à la méditation.
Les plantes aromatiques cultivées et leurs propriétés
On remarque facilement que la culture de ces plantes est revenue au devant de la scène du bien-être.
En jardins privés ou communautaires, mais également sur les balcons, les français ont développé une appétence pour la création et l’entretien de carrés aromatiques depuis les multiples confinements dus à la pandémie récente.
Evidemment, c’est devenu un passe temps plutôt qu’une culture à des fins médicinales, cependant, dans l’inconscient collectif, il est toujours bon d’entretenir un bout de nature chez soi, avec un point de vue religieux ou pas !
Plantes | Propriétés |
La lavande | Pour un meilleur sommeil |
Le romarin | Stimulant et régulateur du foie |
Le thym | l’antiseptique contre les rhumes |
La mélisse | Contre les troubles nerveux du sommeil |
La sauge | Contre l’inconfort digestif |
Découvrez notre vidéo complète sur le Jardin des Simples !
Les principes de l’aromathérapie
L’aromathérapie est l’utilisation de composés aromatiques, d’huiles essentielles, extraites de plantes, à des fins médicinales. On retrouve, entre autres, les plantes du jardin des simples.
L’aromathérapie est parfois utilisée comme médecine complémentaire ou alternative. Pratiquée à l’origine selon des méthodes traditionnelles, elle représente aujourd’hui une médecine non conventionnelle.
Pourtant, l’aromathérapie est efficace contre certaines infections, et les effets antibactériens et anti-infectieux des huiles essentielles sont aujourd’hui scientifiquement prouvés. Cependant, il est encore difficile d’étudier ses effets de façon claire et précise.
Et en parfumerie alors ?
On peut bien sûr mentionner la célèbre Eau de la reine de Hongrie offerte en 1378 par Charles Quint. Véritable élixir de jouvence à base d’alcoolat de fleurs de Romarin, qui utilisé en frictions journalières redonna à cette femme de 72 ans sa jeunesse et sa beauté si bien que le roi de Pologne s’en épris et la demanda en mariage ! Réalité ou fiction inventée par un apothicaire malin… ?!
Dans le monde de la parfumerie moderne, les plantes des simples sont associées pour la plupart à la facette olfactive des « aromatiques ».
C’est l’une des facettes olfactives les plus éloquentes puisque les parfums aromatiques sont composés de tous les aromates bien connus comme la sauge sclarée, les bouquets aromatiques composés de thym, du romarin, et bien entendu de la lavande.
D’un point de vue olfactif ce sont des sensations de fraicheur, de pureté, des senteurs croquantes, vertes, parfois vaporeuses ou encore camphrées, épicées. Certaines sont apaisantes, d’autres dynamisantes.
Pendant très longtemps, c’est le caractère viril qui a souvent été associé aux parfums aromatiques, dits masculins. En effet, la facette aromatique fut introduite en parfumerie dans les après-rasages pour les propriétés antiseptiques et apaisantes de ses ingrédients. C’est donc en toute logique qu’elle est devenue une base classique des parfums masculins.
Elle est la facette dominante de la famille olfactive Fougère, archétype des parfums masculins depuis la fin du XIXès siècle.
On lui associe le plus souvent ces autres facettes :
- MARINE : Les fragrances aromatiques aux notes marines sont une véritable bouffée d’air frais, parfaite lorsque les températures grimpent.
- AGRUMES : L’aromatique frais est également agréable à porter en été. L’accord parfumé complète les notes d’agrumes ou florales pour un splash de fraîcheur et d’élégance.
- VERTE : Ici, les odeurs aromatiques prédominantes correspondent à des odeurs végétales, comme l’herbe fraîchement coupée, de tige, ou de feuilles froissées, du galbanum…
- BOISÉE: Les notes aromatique
ss’associent aussi aux notes de bois, ou de sous-bois (mousse de chêne) - AMBRÉE : adoucie par les notes ambrées, la facette aromatique garde sa virilité tout en se révèlant sensuelle et charmeuse.
Si vous voulez en savoir plus sur les grandes familles olfactives de la parfumerie, on vous recommande notre jeu de culture parfum Pocket Quiz !
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de voir se démocratiser les parfums mixtes, non genrés. Cela permet également aux femmes de s’approprier des parfums plus verts et plus aromatiques sans tomber dans les clichés.
Finalement, ces plantes aromatiques ne sont plus réservées exclusivement aux moines et à la pharmacopée mais aussi dans la parfumerie moderne… pour notre plus grand plaisir !
Saviez-vous que le monde du parfum est lié à la mythologie Hindoue ? En effet, tout comme dans de nombreuses religions polythéistes vénérant plusieurs divinités, l’hindouisme est très connecté au monde végétal et à la nature dans sa globalité.
Certains mythes et légendes ont inspiré le monde du parfum. Si vous suivez le jeu Master Parfums sur Instagram ou Facebook, peut-être avez-vous déjà vu la vidéo sur cette question qui concerne une légende indienne.
Dans la mythologie Hindoue, comment Kush, fils de Rama, est-il nommé ?
Connaissez-vous la réponse à cette question ? Sur cette carte de Master Parfums de niveau expert, trois alternatives sont proposées :
- Le fils du Santal,
- Le fils du Vétiver,
- Le fils du Jasmin.
Découvrez sans plus tarder la réponse ainsi que la référence à une belle légende indienne, et découvrez de nombreuses autres questions au sein de notre Pocket Quiz et de notre Livre-jeu olfactif.
Découvrez l’histoire de Kush, le fils du Vétiver
Alors que Sita, la femme du roi Rama, était enceinte, elle fut contrainte à l’exil. Elle trouva refuge dans l’ashram du sage Valmiki.
Elle y donne naissance à un garçon. Quelques années plus tard, se rendant en forêt pour chercher du bois, elle confie son enfant à Valmiki. Mais le jeune garçon s’échappe, profitant de l’inattention de Valmiki qui était en train de faire ses prières, pour retrouver sa mère dans la forêt.
Valmiki, se rendant compte de l’absence de l’enfant, décide d’attraper des racines de Vétiver, aussi appelées “kush grass”, pour créer un clone de ce dernier en chantant des mantras.
Sita, ayant été rejointe par son fils, revient au sanctuaire et y découvre alors le second garçon. Elle décide de le garder et de l’élever comme le sien. Son nom, Kush, vient du nom de l’herbe qui a servi à le concevoir.
Voilà pourquoi Kush est aussi nommé “le fils du Vétiver”. Aviez-vous trouvé la bonne réponse ?
La variante de l’histoire de cette légende indienne
Comme souvent dans les histoires de la mythologie Hindoue, il existe des variantes. L’une d’elles raconte que Sita a en réalité donné naissance à des jumeaux au sanctuaire de Valmiki.
Pour les bénir, ce dernier aurait alors saisi une tige de Vétiver qu’il coupa en deux. Un des jumeaux fut béni avec le haut de la feuille (Kush), et le deuxième avec le bas de la feuille (Luv). C’est ce qui aurait inspiré leurs prénoms respectifs.
Pour en savoir plus, découvrez notre vidéo à ce sujet !
Le vétiver dans la parfumerie aujourd’hui
Le vétiver est une plante très utilisée dans la religion hindouiste, et est très réputée dans la médecine ayurvédique, notamment pour ses propriétés cicatrisantes. Même s’il vient d’Inde, le vétiver pousse aussi dans plusieurs régions tropicales du monde, les plus réputées pour le vétiver de parfumerie sont Haiti et Java, et à moindre proportion, l’île française de la Réunion.
Ses longues feuilles sont très reconnaissables et peuvent atteindre jusqu’à 2 mètres.Elles servent à alimenter le bétail et la paille à isoler les maisons. Les racines peuvent quant à elles atteindre 3 mètres. C’est pourquoi on parle “d’excavation” quand il s’agit de les déterrer.
Le vétiver en parfumerie
Ce sont les racines de vétiver, préalablement séchées, puis distillées que l’on utilise en parfumerie.
Il s’agit d’une belle matière noble et racée, à la fois fraîche et terreuse aux multiples facettes. En fonction de son origine, ses arômes peuvent s’étoffer de nuances plus cuirées (Java), plus agrumes rappelant le pamplemousse ou la rhubarbe, ou encore fruits secs évoquant la cacahuète ou la châtaigne.
Le vétiver dans un parfum est considéré comme une matière aux tonalités masculines, même si de célèbres parfums féminins s’en sont emparés à l’instar de ces parfums des Années Folles comme Habanita par Henri Bénard pour Molinard (sa formule contiendrait plus de 30% de vetiver!), dans Chanel n°5 par Ernest Beaux ou Arpege par Paul Vacher et André Fraysse pour Lanvin.
Avant cela, la production mondiale ne représentait qu’une seule tonne.
A la fin des années 1950 puis dans les années 60, le vétiver fut la senteur tendance et presque toutes les grandes maisons de parfumerie l’adoptèrent. Quelques parfums féminins, continuent de l’utiliser comme Calèche par Guy Robert pour Hermès mais ce sont les premières eaux de toilette pour homme qui, après la lavande dynamisante, prirent d’assaut cette matière synonyme d’élégance.
C’est Carven qui mène la danse en 1957 avec son Vetiver de Carven par Edouard Hache, suivi en 1959 par l’intemporel Vétiver de Guerlain par Jean-Paul Guerlain.
1970 fut l’année de sa consécration puisque 250 tonnes furent produites.
Le vétiver est aujourd’hui une des odeurs emblématiques parmi les parfums boisés que l’on retrouve dans le commerce.
S’il est une matière iconique très utilisée dans de nombreux parfums dits “mainstream”, certaines marques de parfumerie alternative (“niche”) le mettent à l’honneur en matière fétiche.
Mes petits préférés sont:
- Vétiver Extraordinaire par Dominique Ropion pour Les Editions de Parfum Frédéric Malle
- Vétiver Oriental par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens
- Vétiver Overdrive par Flair Studio pour L’Orchestre Parfum
- Vétiver Tonka par Jean-Claude Ellena pour Hermès
- Vetiver Moloko par Guillaume Flavigny pour Ex Nihilo avec sur ces deux derniers un traitement plus gourmand.
Pour un vétiver aux accents plus frais/cologne :
- Infusion de Vetiver par Daniela Andrier pour Prada
- Mon Vétiver par Bruno Jovanovic pour Essential Parfums.
L’huile essentielle de vétiver
L’huile essentielle de vétiver, en plus d’être utilisée dans le monde de la parfumerie, possède des vertus pour le bien-être physique et mental.
Concernant ses bienfaits sur le corps, l’huile essentielle de Vétiver est :
- Immunostimulante : idéale en hiver pour renforcer l’organisme,
- Rééquilibrante du système endocrinien : sur conseil d’un aromathérapeute, elle peut aider à résoudre les problèmes hormonaux,
- Phlébotonique : elle tonifie les parois des veines et active la circulation sanguine,
- Emménagogue : elle stimule l’apport de sang dans l’utérus et facilite les règles,
- Anti-inflammatoire : elle permet de limiter les effets qui résultent d’une inflammation.
Sur le bien-être, l’huile essentielle de Vétiver possède les propriétés suivantes :
- Calmante : elle apaise le stress et le système nerveux,
- Aide à l’ancrage : cette huile essentielle est idéale à utiliser pendant une méditation,
- Relaxante : en complément d’un massage, elle peut accentuer le sentiment de sérénité.
Il était donc impossible pour Master Parfums, de ne pas évoquer le Vétiver dans l’une de ses questions ! Si vous aussi souhaitez tester vos connaissances en parfumerie, découvrez sans plus tarder nos jeux culturels et olfactifs Master Parfums.