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Bienvenue dans un voyage olfactif à travers l’histoire, où nous explorons la famille olfactive des fougères. Peut-être que vous êtes déjà un amateur de ces parfums, ou que vous êtes simplement curieux d’en savoir plus sur cette famille olfactive. Quoi qu’il en soit, cet article vous permettra de découvrir l’histoire et les secrets de l’accord fougère.

Histoire de la famille olfactive des Fougères

Origines

Crédits Photos : La parfumerie podcast

La famille olfactive des fougères doit son appellation à la plante vivace du même nom, bien qu’elle ne soit pas présente dans la composition de ces parfums. 

Cette famille tient son origine de l’ère victorienne, avec une fragrance qui a bouleversé le monde de la parfumerie et qui est toujours en production plus d’un siècle après sa création : il s’agit de Fougère Royale de la maison Houbigant. 

Créée en 1884 par le parfumeur Paul Parquet, cette fragrance est souvent décrite comme la première « fougère » de l’histoire du parfum. Ce mélange subtile de bergamote, de lavande, de géranium, de coumarine et mousse de chêne, créé un précédent pour les parfums masculins, et c’est ainsi que la famille olfactive des fougères est née 1.

La coumarine, molécule clé de la note Fougère

Fougère Royale a été révolutionnaire à plusieurs égards. Paul Parquet a utilisé pour la première fois une matière première de synthèse fraîchement découverte, la coumarine, une molécule isolée de la fève de tonka. Cette coumarine, combinée à la lavande et aux notes de mousse de chêne, a permis de créer une fragrance qui évoquait la fraîcheur verdoyante d’une forêt, d’où le nom « fougère ».

Molécule coumarine

Il est intéressant de noter que bien que la fougère elle-même ne produise pas d’essence utilisable en parfumerie, l’accord créé par Parquet était si évocateur de la nature que le nom a persisté. Et comme les fougères sont des plantes qui existent depuis des millions d’années, présentes sur tous les continents (sauf l’Antarctique), il est facile de comprendre pourquoi ce nom a une résonance universelle.

Après la sortie de Fougère Royale, l’accord fougère est devenu un pilier de la parfumerie, notamment pour les parfums masculins. En effet, l’équilibre de l’accord ainsi constitué crée une base qui se prête parfaitement aux notes caractéristiques masculines de l’époque, comme les épices, les agrumes et les notes boisées.

Évolution de la famille des Fougères

Jicky de Guerlain, créé en 1889 marque une rupture encore plus nette, ouvrant la voie aux parfums abstraits. Ce parfum, qui incorpore généreusement des ingrédients de synthèse tels que la coumarine et la vanilline, marque un tournant dans l’histoire de la parfumerie. Cependant, la nature avant-gardiste de Jicky a été trop audacieuse pour les femmes de l’époque. C’est plutôt dans les cercles artistiques et intellectuels masculins qu’il trouvera son public 2, les notes propres et lavandées leur évoquant les produits utilisés chez le barbier.  En effet,la lavande était utilisée par les barbiers après le rasage,  pour ses propriétés antiseptiques et apaisantes.

Tout au long du XXe siècle, de nombreuses maisons de parfum ont créé leurs propres interprétations de l’accord fougère. Des maisons de parfums qui ont toutes suivi l’exemple de Fougère Royale, en ajoutant leurs propres twists, interprétant et modernisant la base fougère.

Ainsi, l’histoire de la famille olfactive des fougères est en réalité l’histoire d’une innovation et d’une évolution constante, depuis la première utilisation de la coumarine jusqu’à la diversité des parfums fougères disponibles aujourd’hui. C’est une histoire qui démontre la puissance de la parfumerie à évoquer la nature et à créer des parfums qui, tout en étant profondément ancrés dans le passé, peuvent toujours se prétendre contemporains.

Caractéristiques de l’accord Fougère

Les parfums de la famille des fougères sont caractérisés par une composition harmonieuse qui combine des notes aromatiques, des notes de cœur florales, et des notes de fond boisées et musquées.

Cet accord abstrait est généralement composé de quatre éléments principaux :

Note de tête

La lavande : Cette plante aromatique, avec son parfum frais et propre, sert de note de tête dans l’accord fougère. Elle donne le premier coup de fouet qui attire l’attention et invite souvent des notes aromatiques (sauge, romarin, menthe…) et hespéridées (agrumes) dans sa tornade tonique. 

Note de coeur

Le Géranium Rosat: à la note caractéristique rosée, verte et fusante. 

Note de fond

La coumarine. Cette molécule est naturellement présente dans plusieurs plantes comme le foin coupé, la fève tonka ou la mélilot. Son parfum est doux, légèrement herbacé et vanillé, parfois amandé, et elle donne aux parfums fougères leur caractère doux et arrondi.

On l’enveloppe de notes boisées comme la mousse de chêne, le vétiver, le patchouli, des notes cuirées qui donnent de la profondeur et de la longévité à la fragrance. 

Tous ces éléments créent un accord qui est à la fois dynamique et boisé, doux et robuste. Une complexité qui évoque la fraîcheur des sous-bois et la douceur des mousses verdoyantes.

C’est cet équilibre qui fait de l’accord fougère une composante si précieuse en parfumerie. Il a une complexité qui lui permet de se tenir seul, mais il a aussi la souplesse de se marier avec d’autres familles olfactives, permettant aux parfumeurs de créer des fragrances qui sont à la fois familières et surprenantes.

L’utilisation de la famille olfactive des Fougères en parfumerie

L’accord fougère a souvent été utilisé pour les parfums pour homme, d’ailleurs c’est la signature olfactive des produits de rasage et autres after shave typiquement masculin. Cependant, de nombreux parfumeurs rendent cette base fougère de plus en plus universelle.

C’est une famille polyvalente en parfumerie, la rendant particulièrement attrayante pour une multitude de compositions parfumées. À la fois classique et innovante, elle occupe une place importante dans les parfums masculins, et apparaît aussi dans quelques parfums féminins.

Dans les parfums masculins, l’accord fougère offre une fraîcheur herbacée et une profondeur boisée, tout en conférant une touche de sophistication et de raffinement. Il est souvent accentué par des notes épicées ou boisées, telles que le bois de santal, le cèdre, ou le poivre noir. 

Pour les parfums féminins, l’accord fougère est souvent adouci par des notes florales comme la rose, le jasmin ou l’iris, ou par des notes fruitées comme la pêche, la poire ou la framboise. Ces parfums peuvent être à la fois profonds et mystérieux, mais aussi doux et romantiques, selon les autres notes utilisées dans la composition. 

En général, l’accord fougère permet une grande liberté d’expression. Il peut être associé à des notes aquatiques pour créer des parfums frais et revigorants, à des notes ambrées pour des parfums orientaux et sensuels.

L’utilisation de la famille olfactive des fougères démontre sa capacité à transcender les genres, les époques et les styles. Que ce soit pour des parfums frais et revitalisants, des parfums romantiques et séduisants, ou des parfums mystérieux et sophistiqués, la famille olfactive des fougères à toujours sa place sur le marché de la parfumerie moderne.

Exemples de parfums de la famille des Fougères

Fougère Royale de Houbigant, 1882 par Paul Parquet comme mentionné plus tôt, est le patriarche de cette famille. Avec sa combinaison de lavande, de géraniol et de mousse de chêne, il a défini la structure de base de l’accord fougère.

Jicky de Guerlain arrive en 1889, en plus de sa structure fougère traditionnelle, la vanilline répondant à la coumarine rend l’ensemble plus rond et amandé. L’un des premiers parfums mixtes de l’époque qui met en lumière les parfums dits « abstraits ».

Pour Un Homme de Caron est créé par Ernest Daltroff en 1934. Avec une lavande fraîche c’est une ouverture consensuelle, cependant, au lieu d’opter pour une base de coumarine et mousse de chêne traditionnelle, Daltroff a choisi d’utiliser une vanille chaude et sensuelle, créant un contraste inattendu qui a fait de « Pour Un Homme » un parfum unique en son genre : masculin et enveloppant. Une dualité entre fraîcheur aromatique qui laisse place à un fond ambré vanillé presque poudré. Un parfum qui traverse les âges. 

Brut de Fabergé est créé en 1964 par Karl Mann. Il s’ouvre sur des notes de tête fraîches et aromatiques avec du citron, de la bergamote, du basilic et de l’anis. Le cœur se compose de notes florales de jasmin, de géranium et d’ylang-ylang, typiques de l’accord fougère. Les notes de fond sont chaudes et boisées, avec de la vanille, du bois de santal, du vétiver, de la mousse de chêne et de la fève tonka. Ce qui rend « Brut » si spécial, c’est son caractère distinctif et inoubliable. Il incarne l’image de la virilité avec son accord fougère robuste et hyper masculin.

Drakkar Noir de Guy Laroche par Pierre Wargnye est lancé en 1982, Il modernise  la base fougère  avec  une nouvelle matière en parfumerie:  le dihydromyrcénol.  Jusqu’ici utilisé dans les lessives,  sa puissante fraîcheur propre évoque l’odeur d’une chemise blanche bien repassée que l’homme exagérément  musclé et bronzé de l’époque enfile en sortant de sa douche. Il ajoute une note zestée fruitée d’agrumes et d’ananas et un fond de résine, d’épices et de bois  pour créer ce parfum  énigmatique et charismatique 

Fougère Bengale de Parfum d’Empire : En 2007, Marc-Antoine Corticchiato crée ce parfum épicé et doux avec des notes de tabac, de résine, de gingembre et de vanille. Le départ est composé de lavande, de gingembre, de notes de thé et de la menthe apportant fraîcheur et lumière. Les notes sèches de tabac et de foin font le lien vers un fond boisé ambré et baumé porté par la mousse de chêne, la fève de tonka, le patchouli et la vanille donnant une dimension féline et hyper sensuelle.

Fougère Furieuse de Mugler est créé par Jean-Christophe Hérault et Olivier Polge en 2014, est considéré comme un Fougère aromatique. L’envolée est plus herbacée, en cœur s’ajoute du néroli au traditionnel géranium, le fond est pulsé par un accord ambré en plus de la fève tonka et de la mousse de chêne.

 Fougère Emeraude des Indémodables par Florence Fouillet Dubois en 2016. Bien que non genré par la marque, il est apprécié par beaucoup de femmes en raison de son mélange équilibré de notes herbacées et florales. Tubéreuse, lavande et mimosa donnent une fraîcheur florale au parfum, le tout sur un fond de tonka.

On l’a vu, la famille olfactive des fougères a une histoire riche et des contrastes complexes. Elle a évolué et s’est adaptée au fil du temps, mais elle reste une famille incontournable en parfumerie. Peut-être qu’après avoir lu cet article, vous serez inspiré pour essayer des parfums de la famille des fougères et peut-être les adopter définitivement.

1 Dictionnaire amoureux du Parfum, Elisabeth de Feydeau, page 391

2 Une histoire de Parfums,Yohan Cervi, page 15

On le surnomme “la pépite du parfumeur” ou encore “l’or bleu de la parfumerie”… Faites place à l’iris. Si vous avez déjà senti un parfum décrit comme “poudré”, il y a des chances que vous ayez croisé la route de la jolie fleur bleue violacée, ou plutôt, de son rhizome, sa tige souterraine dont on obtiendra le riche absolu. Master Parfums vous emmène à la rencontre d’un des ingrédients les plus prestigieux du monde olfactif.

L’iris à travers les âges

En grec, la racine du mot iris signifie à la fois “arc-en-ciel” et “messager”, et pour cause : dans la mythologie grecque, Iris est la messagère des dieux changeant son écharpe multicolore en un pont arc-en-ciel reliant la terre et l’au-delà, délivrant ainsi des messages divins aux mortels. Chez les Égyptiens pour qui il est une fleur sacrée, l’iris s’invite dans des peintures au sein de pyramides dont certaines datent de 1500 avant J.C.

En France, l’époque de Clovis voit l’iris fleurir comme le symbole de la royauté lorsque le roi des Francs en fait son emblème. Au fil du temps, une confusion linguistique transforme son surnom “fleur de Louys” (en référence à Louis Iᵉʳ) en “fleur de Lys”. Eh oui, la fleur de lys était à l’origine une fleur d’iris des marais de couleur jaune !

Côté parfum, on trouve déjà des traces d’utilisations d’iris à l’Antiquité. Au Moyen Âge, de la poudre d’iris est placée dans des sachets servant à parfumer les armoires. Arrivés à la Renaissance, il faut remercier Catherine de Médicis pour avoir importé dans l’Hexagone de nombreuses modes italiennes. Il semblerait qu’elle soit derrière la popularisation de l’iris comme produit parfumé. À cette époque, les poudres de beauté font fureur : il s’agit de poudre de riz à laquelle on a incorporé des rhizomes d’iris pilés et tamisés. C’est de là que vient le terme “poudré” que l’on utilise si souvent pour décrire la texture olfactive de l’iris !

La note poudrée en parfumerie

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On parle beaucoup de vanille poudrée, mais attention, une note poudrée de vanille et une note poudrée d’iris sont très différentes : la première nous emmène en terrain plus gourmand alors que la seconde est sèche et aérienne, un tantinet boisée. Elle évoque des tons pastel et nous rappelle souvent la violette… Cela est dû à la présence d’un composé chimique appelé l’irone.

La fragrance de l’iris est aussi raffinée que tenace : loin de s’estomper avec le passage du temps comme d’autres matières parfumées, l’iris, lui, persiste comme un voile poudré indélébile. On peut avoir l’impression de peu le sentir sur peau car son parfum intime est fait pour être senti de près par les gens que l’on aime et qui nous aiment. Un vrai parfum de peau…

Aperçu botanique

L’iris est une plante vivace de la famille des iridacées originaire d’Extrême-Orient et dont la parfumerie exploite le rhizome, sa tige souterraine. Ses principaux producteurs sont actuellement l’Italie et le Maroc. Bien qu’il existe plus de 210 espèces d’iris dans la nature, celles que les parfumeurs s’arrachent sont au nombre de deux : l’iris pallida et l’iris germanica.

Emblème de la ville de Florence, l’iris pallida des flancs escarpés de Toscane est le plus convoité et par conséquent le plus cher. L’iris germanica est quant à lui principalement produit au Maroc dans les vallées de l’Atlas. Si sa robustesse le rend plus facile à cultiver, en contrepartie, il bénéficie de moins de prestige que l’iris pallida.

Avis aux impatients : il faut compter pas moins de six ans entre la plantation de l’iris et sa mise en flacon.

La production d’iris

Le rhizome doit rester 3 ans sous terre pour atteindre la maturité. Après avoir été cueillis à la main, les rhizomes sont nettoyés, ébarbés, et coupés au couteau toujours manuellement. Puis, ils sont nettoyés puis séchés, et direction la chambre de ventilation pendant trois jours. Ils doivent commencer par perdre au moins 60% de leur eau, sinon, de vilaines moisissures risquent de s’y installer. Mais ça ne s’arrête pas là : après la récolte, rebelote, les rhizomes sont disposés ensuite sur des sacs de jute ou dans des bacs où ils vont rester à sécher encore trois années supplémentaires. Il faut patienter trois années le temps de mener à bien le procédé de dessiccation, une élimination de l’eau très poussée. 

Au début, les rhizomes ne sont guère bavards, leur odeur ne rappelant que vaguement celle de la pomme de terre. Ce n’est qu’au terme de deux à trois ans de séchage que l’irone s’y est installé durablement. Un autre facteur qui rend l’iris germanica moins luxueux que l’iris pallida est que son taux d’irone est plus faible, car ses rhizomes sont généralement séchés deux ans au lieu de trois… parfois moins !

Les matières parfumées issues de l’iris

L’iris pallida et l’iris germanica peuvent livrer une huile essentielle par distillation à la vapeur d’eau, une huile que l’on appelle “beurre d’iris” car en réalité, elle ne reste pas liquide longtemps : à température ambiante, elle se solidifie et prend une consistance beurrée. Ce beurre est floral, boisé et bien sûr, poudré. Il peut même lui arriver de prendre des airs de framboise.

Lorsqu’il est traité une seconde fois à la macération dans un solvant, on obtient un magnifique absolu d’iris, encore plus concentré en irone. Dans le beurre, la concentration en irone est de 10% à 35% tandis que dans l’absolu, elle se situe entre 65% et 85%.

L’absolu d’iris possède des facettes encore plus intenses et boisées et rappelle parfois le mimosa ou la carotte. D’ailleurs, l’essence de carotte est souvent l’alliée des parfumeurs lorsqu’il s’agit d’appuyer, voire de remplacer une sensation irisée.

Il y a aussi l’extraction au solvant volatil qui permet d’obtenir un résinoïde là encore boisé mais aussi cacaoté et quelques fois fruité, contenant entre 1% et 3% d’irone. En parfumerie on distingue l’Iris blanc, le plus pur, dont le rhizome a été pelé avant de secher entier, de l’iris noir, qui n’a pas eté pelé mais tranché avant de secher. Son odeur est plus boisée. 

Il faut 1 tonne de rhizomes pour 1 kilo de beurre d’iris et pas moins de 15 kilos de beurre pour un unique kilo d’absolu. Le temps de production de l’iris et sa faible rentabilité ont un coût : il est l’une des matières les plus onéreuses de la parfumerie. Si le beurre vaut entre 10 000 et 15 000 euros le kilo, tenez-vous bien : le prix d’un kilo d’absolu peut grimper jusqu’à 100 000 euros.

Quelques exemples de parfums autour de l’iris

Au début du XXᵉ siècle, l’iris se popularise alors que de grands noms de la parfumerie commencent à l’intégrer à leurs fragrances. Aujourd’hui, les parfums le mettant en lumière abondent, et l’on retrouve souvent l’iris au centre d’un bouquet de fleurs comme note de cœur ou en note de fond. Voici quelques fragrances renfermant le précieux “or bleu” :

Après l’iris, il y a encore tant d’autres ingrédients de la parfumerie à découvrir… Et si vous essayiez Pocket Quiz, le jeu de Master Parfums pour creuser votre culture générale du parfum tout en vous amusant ?

Les parfums sont souvent classés en familles olfactives en fonction de leurs caractéristiques olfactives dominantes. L’une des familles olfactives les plus appréciées et les plus anciennes est la famille des chyprés. Cette famille est caractérisée par des parfums sophistiqués et complexes qui présentent une combinaison de notes de tête fraîches, de notes de cœur florales et de notes de fond riches et boisées.

Histoire de la famille des Chyprés

François Coty
François Coty

La famille des chyprés tient son nom en référence au parfum Chypre de Coty qui est considéré comme le chef de file et donc le premier parfum moderne de cette catégorie olfactive de l’histoire de la parfumerie. Créé en 1917 par le parfumeur français François Coty, Chypre a révolutionné le monde de la parfumerie en introduisant une composition inédite constituée de bergamote, de citron et d’orange en notes de tête, associée à un bouquet floral en cœur tel que le jasmin, la rose, l’ylang-ylang, l’œillet, et à des notes de fond plus profondes : le patchouli, l’encens, la civette, et la mousse de chêne.

Le parfum Chypre de Coty doit son nom à l’île méditerranéenne de Chypre, carrefour entre l’orient et l’occident, Chypre est une île connue depuis l’Antiquité pour ses parfums et ses aromates . De plus, sa situation géographique lui permettait de bénéficier en plus des matières venant d’orient. Les moines de l’époque ont joué un rôle important dans la culture de la parfumerie sur l’île, en utilisant des plantes locales pour créer des huiles parfumées et des onguents à des fins médicinales et spirituelles dont les recettes viendront jusqu’à nous. La première Eau de Chypre, aux vertus tonifiantes, était fabriquée par les moines de l’île au Moyen-âge. La Poudre de Chypre  dont on parfumait les cheveux au XVIIIème siècle était constituée de mousse de chêne et d’iris.  En 1850 Guerlain sort son eau de Chypre, en 1893 c’est Roger et Gallet avec son Chypre Tentation, puis Lubin en 1898. Mais c’est François Coty qui va se démarquer en 1917 en modernisant la formule des chypres.

Il crée Chypre pour répondre à une demande croissante de parfums plus modernes et innovants. À l’époque, la plupart des parfums étaient des compositions florales assez simples, et il cherchait à créer quelque chose de plus complexe et sophistiqué.

Le parfum Chypre fait donc directement référence à ce luxe opulent très convoité à l’époque de sa création. Coty a voulu capturer l’essence de cette île dans un parfum. Le résultat a été un parfum complexe et sophistiqué qui en a inspiré de nombreux autres au fil des années.

Chypre de Coty a également été créé dans un contexte historique particulier, marqué par la Première Guerre mondiale et les changements sociaux et culturels qui ont suivi. Coty a cherché à créer un parfum qui reflétait les nouvelles tendances et les aspirations des femmes modernes de l’époque, en leur offrant un parfum plus audacieux et sophistiqué que ce qui était disponible à l’époque. Le succès de Chypre a ainsi contribué à changer les normes de la parfumerie et à ouvrir la voie à de nouveaux styles et genres de parfums.

Le chypré : un accord complexe et intemporel

Les chyprés sont souvent décrits comme étant complexes, raffinés et élégants, avec une forte présence de notes de fond boisées et musquées. Ils ont tendance à être des parfums plus opulents, ce qui les rend généralement plus appropriés pour les occasions plus formelles ou pour les soirées.

La famille olfactive des chyprés est une catégorie de parfums qui présentent un accord de notes de tête fraîches hespéridées, de notes de cœur florales et de notes de fond riches et boisées avec du patchouli, la mousse de chêne et du ciste labdanum.

Les chyprés sont également connus et recherchés pour leur tenue, c’est-à-dire leur capacité à rester sur la peau pendant une longue période de temps, jusqu’à 24 heures sur la peau. Cela est dû en partie aux ingrédients riches et complexes utilisés dans leur composition, tels que le patchouli, la mousse de chêne et le ciste.

Les parfums chyprés célèbres

Chypre de Coty a été un énorme succès dès son lancement, et a inspiré de beaucoup d’autres parfumeurs à explorer cette nouvelle famille olfactive. Aujourd’hui, de nombreux parfums chyprés existent sur le marché, et même s’il n’existe plus, le parfum Chypre de Coty reste une icône de la parfumerie française, Les parfums de cette famille dégagent une aura énigmatique et mystérieuse. Chez la femme, le chypre se fait glamour, pour une femme caractère, extrêmement féminine  et séductrice un rien androgyne. Le parfum de la Femme Fatale du Hollywood des années 40-50.

Parmi les parfums chyprés les plus célèbres, on peut citer les noms suivants.

Guerlain – Mitsouko

Créé en 1919 par Jacques Guerlain, est un parfum chypré fruité. On y retrouve des notes de pêche, de jasmin, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum complexe, mystérieux et envoûtant.

Rochas – Femme

Est créé en 1944 par Edmond Roudnitska pour le premier parfum de la maison Rochas. Ce chypré Floral fruité tient sa particularité dans la note de prune confite, qui lui confère une gourmandise contrebalancée par les épices comme le cumin, la cannelle, le clou de girofle. Des notes de pêche, de rose et jasmin pour donner de la fraîcheur et de la mousse de chêne, du patchouli et des notes ambrées accompagnent ce parfum chaud et sensuel. 

Dior – Miss Dior & Eau Sauvage

La célèbre maison de couture a créé deux parfums chyprés : Miss Dior pour Madame et Eau Sauvage pour Monsieur. Miss Dior a été créé par Jean Carles et Paul Vacher en 1947 et représente la première collection haute couture de la maison Dior. Le parfum original s’ouvre sur des notes de tête vertes et juteuses de galbanum et de bergamote, qui cèdent la place à un cœur floral de jasmin, de rose, de gardénia et de muguet. Les notes de fond, qui persistent et évoluent au fil du temps, sont composées de patchouli, de musc et de mousse de chêne. En hommage à sa sœur Catherine, Christian Dior nomme ce chypré floral Miss Dior.

Eau Sauvage a été créé en 1966 par Edmond Roudnitska. Il représente un chypré aromatique pour homme. Caractérisé par des notes de bergamote, de romarin, de vétiver et de mousse de chêne, un parfum frais et masculin.

Chanel – Pour Monsieur, Chanel No. 19 et 31 rue Cambon

La maison de couture et de luxe Chanel a dans son portfolio de parfums trois références appartenant à la famille olfactive des chyprés : Chanel n°19, 31 rue cambon et Pour Monsieur.

Créé en 1955 par Henri Robert, Pour Monsieur est le premier parfum chypré de la marque. Il est catégorisé comme un chypré boisé. La fragrance associe des notes de citron, de coriandre, de mousse de chêne et de patchouli, créant un parfum classique et intemporel.

La deuxième référence chyprée, Chanel No. 19, est créée en 1971 par Henri Robert. C’est un parfum chypré floral vert qui associe des notes de galbanum, d’iris, de vétiver et de mousse de chêne, créant un parfum frais, élégant et sophistiqué.

31 rue Cambon est le petit dernier créé en 2007 par Jacques Polge. C’est un parfum chypré classique modernisé par le vétiver et la vanille, pensé pour être mixte et raffiné. Chez l’homme, ce sont des parfums très racés souvent habillés de bois ou de cuir.

Clinique – Aromatics Elixir

Créé en 1971 par Bernard Chant, ce parfum est un chypré floral épicé. Il est composé de notes de rose, de jasmin, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum puissant et sensuel.

Estée Lauder – Knowing

Créé en 1988 par Elie Roger, Knowing est un parfum chypré boisé. Il réunit des notes d’aldéhydes, de fleurs blanches, de patchouli et de bois de santal, créant un parfum sophistiqué et élégant.

Hermès – Bel Ami

Créé en 1986 par Jean-Louis Sieuzac, Bel Ami est un parfum chypré cuiré pour homme. On y retrouve des notes de citron, de cardamome, de cuir et de patchouli, créant un parfum racé et sophistiqué.

Guerlain – Héritage

Créé en 1992 par Jean-Paul Guerlain, c’est un parfum chypré boisé. Il associe des notes de lavande, de cèdre, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum élégant et sophistiqué.

Yves Saint Laurent – Kouros

Créé par Pierre Bourdon en 1981, « Kouros » est un parfum chypré aromatique marqué par la fraîcheur des agrumes rehaussée par des notes aromatiques de lavande et de laurier. Il évolue vers un cœur contrastant mêlant bouquet floral et épices. Ses notes de fond boisées cuirées ambrées ainsi que la mousse de chêne et le patchouli dégagent une aura chaleureuse et charismatique.

Il y a quelques siècles, on vous aurait regardé avec des yeux ronds si vous aviez suggéré que se parfumer puisse être autre chose qu’une formalité destinée à camoufler votre odeur corporelle. Si la parfumerie est aujourd’hui un art noble, on doit cela en grande partie à Catherine de Médicis et à son parfumeur personnel, René le Florentin. Master Parfums remonte le temps et vous raconte comment ce maître italien a marqué l’histoire du parfum en France.

Le couvent de Santa Maria Novella

En 1221, un groupe de frères dominicains fonde le couvent de Santa Maria Novella à Florence. Ils y cultivent verger, potager et un  jardin des simples débordant d’herbes et de plantes utilisées pour concocter des médicaments, des baumes et des onguents  qu’ils prescrivent dans leur officine du couvent.

On retrouve des traces de production d’eaux parfumées à Santa Maria Novella à partir de 1381 : pendant la peste noire, les moines distillent de l’eau de rose aussi bien destinée à assainir les pièces qu’à la consommation personnelle.

Rapidement, les préparations du couvent connaissent un franc succès auprès de l’aristocratie et les produits parfumés deviennent l’apanage de la noblesse italienne. Et René le Florentin, dans tout ça ?

Renato Bianco et Catherine de Médicis

Droits d’auteur : Discovart

Renato Bianco de son vrai nom est abandonné à la naissance et recueilli et élevé par les frères de Santa Maria Novella. C’est là qu’il apprend à distiller les herbes du couvent auprès des moines alchimistes. Une bonne partie de la vie du parfumeur reste énigmatique ; c’est surtout pour son association avec Catherine de Médicis que le nom de René le Florentin résonne encore aujourd’hui.

En 1533, l’Italienne Catherine de Médicis, âgée de 14 ans, s’apprête à rejoindre son futur époux et le futur roi de France Henri II. Les élites italiennes étant alors friandes de produits parfumés, la position sociale de Catherine de Médicis la tourne naturellement vers le parfum. Elle demande aux moines de Santa Maria Novella de lui confectionner une fragrance spéciale pour ses noces à venir, mais ce n’est pas tout : alors qu’elle va rejoindre la capitale française, elle exige que Renato Bianco se glisse parmi son entourage de pages, de gardes et de dames de compagnie afin qu’il continue de la fournir en produits de beauté parfumés.

Lorsqu’ils arrivent à Paris, Bianco et la future reine y sont témoins d’un drôle de paradoxe : si à la Renaissance, tout le monde est en apparence extrêmement apprêté, l’hygiène est bien loin de suivre ! 

Le parfum à la Renaissance ou le “règne de la crasse parfumée

D’une part, une extrême coquetterie est de mise. On fait usage de miroirs, de peignes, de boîtes à fards et de pomanders faits de matières précieuses. Les pomanders étaient des pendentifs sphériques renfermant des substances odorantes variées. En plus de combattre les mauvaises odeurs, ils sont vus comme des amulettes ayant le pouvoir de protéger contre la maladie. Les médecins considèrent d’ailleurs que les matières odorantes peuvent guérir certains maux. Outre le pomander, on voit fleurir de nouveaux objets de senteur tels que les oiselets de chypre (pâte parfumée moulée en forme d’oiseau) que l’on jette dans le feu et qui parfume et assainit l’air ambiant : eau de rose, labdanum, musc civette, ambre gris, styrax, benjoin cannelle, girofle…autant de nouvelles matières odorantes rapportées d’Asie par les grands explorateurs de l’époque.

D’autre part, l’eau effraie : on la pense vectrice de maladie et de contagion. Au XVIe siècle, les bains, en ouvrant les pores, laisseraient entrer les miasmes dans le corps. Pour un véritable lavage en profondeur, on utilise le terme “se décrasser”. Les médecins prônent la toilette sèche qui consiste à se frotter le corps avec des substances aromatiques, lotions ou vinaigres, de se poudrer et se vêtir de linge parfumé. Le mot toilette vient d’ailleurs de cette petite toile de tissu que l’on trempait de ces vinaigres. 

Malgré tout, l’engouement pour l’Antiquité gréco-latine qui caractérise la Renaissance combiné à l’invention de l’imprimerie prépare un terrain propice à la diffusion d’ouvrages contenant des recettes d’eaux odorantes.

Un maître italien à Paris

À Paris, Catherine de Médicis introduit Renato Bianco à la cour de France… et  initie la France à l’art de se parfumer. Si dans la terre natale de l’Italien, la culture du parfum est déjà en vogue, ce n’est pas encore le cas dans l’Hexagone. Dans sa boutique du Pont-au-change, il se fait connaître sous le nom de René le Florentin et grâce à ses connexions royales, les essences qu’il fabrique se font vite indispensables pour la noblesse de la ville.

Les produits parfumés deviennent un must : perruques, gants, coussins, éventails, tout se parfume! À une époque où l’hygiène est constamment négligée, le parfum joue surtout un rôle camouflant. La peur de l’eau étant généralisée, il s’agit de masquer des effluves parfois nauséabondes ; les fragrances se doivent donc d’être capiteuses à souhait. Pour les nobles qui ont les moyens de s’en procurer, le musc, l’ambre ou encore la tubéreuse coulent à flots.

Le parfum continue certes d’être utilisé pour dissimuler le manque de propreté, mais il gagne peu à peu ses lettres de noblesse et devient un symbole de statut social. D’autres parfumeurs italiens viennent s’installer à Paris, avant que ce ne soit au tour des Français de se tourner de plus en plus vers la profession. Si elle était jusque-là purement pratique, elle se retrouve progressivement associée à l’élégance et au luxe. Le métier de gantier-parfumeur a le vent en poupe et remplace petit à petit celui d’apothicaire pour la diffusion des parfums, le Roi-Soleil créant même un brevet de maître gantier-parfumeur en 1651.

Les matières animales sont très prisées, tout comme des matières végétales jusque-là inconnues rapportées par les explorateurs de leurs voyages et que le Florentin travaille : la vanille et le baume du Pérou, le cacao et le tabac, ou encore des épices telles la cannelle, le gingembre et le benjoin. Avec la découverte de nouvelles routes maritimes, ce n’est plus seulement l’Italie qui en profite !

Cependant René le Florentin n’est pas célèbre que pour ses parfums… 

Des fragrances parfois fatales ?

Il se murmure à la cour de France que Catherine de Médicis chargerait son parfumeur personnel de lui confectionner des poisons dissimulés dans des fragrances d’apparence anodine ou des accessoires de mode…

En 1572, la protestante Jeanne d’Albret, mère d’Henri de Navarre et ennemie jurée de Catherine de Médicis, décède après avoir été prise de douleurs et d’une fièvre soudaine. La rumeur inculpant des gants empoisonnés commandités par Catherine de Médicis et confectionnés par nul autre que son parfumeur personnel ne tarde pas à se propager.

Revenons à nos flacons, en tout cas, à ceux qui nous veulent du bien ! Quelle était donc cette fragrance créée spécialement pour l’union entre Catherine de Médicis et Henri II ?

L’Acqua della Regina

Formulée en 1533, l’Acqua della Regina est une essence à base de bergamote de Calabre et de néroli. On y trouve également du clou de girofle, du romarin et de la lavande, le tout reposant sur une belle base musquée. L’officine Santa Maria Novella existe toujours à Florence et pour fêter les 800 ans de la marque, elle a lancé l’édition Firenze 1221 de la fragrance, aujourd’hui connue sous le nom de Acqua di Santa  Maria Novella.

C’est une fragrance hespéridée et fraîche à souhait ; pas étonnant que bon nombre de colognes contemporaines s’inscrivent dans sa lignée.

Vous l’aurez compris, le passage de René le Florentin dans nos contrées a changé la trajectoire de la parfumerie en France, l’aidant à dépasser son usage purement fonctionnel et élevant son statut, marquant en quelque sorte le début de notre parfumerie moderne.

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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Europe ne rêvent que d’une chose : se relever. Avec l’arrivée de L’Air du Temps, l’insouciance nouvelle dont le monde a soif ne se contente plus d’habiter les cœurs et les esprits, elle est désormais aussi sur toutes les peaux. Master Parfums revient sur ce parfum de Nina Ricci devenu mythique qui fut et continue d’être le reflet olfactif de la liberté retrouvée.

Après-guerre, de nouvelles aspirations

En 1948, la France vient d’être traversée par deux conflits majeurs en moins d’un demi-siècle. Si les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale qui a pris fin il y a trois ans seulement sont encore fraîches, un désir ardent de renouveau l’est tout autant. C’est d’ailleurs le début des Trente Glorieuses, une période de forte croissance économique. Du côté des mentalités, l’envie d’une paix universelle comme antidote à l’horreur de la guerre et comme moyen de construire un monde meilleur se reflète partout… parfumerie incluse.

Nina Ricci à Paris

En 1932, la maison de couture éponyme de la franco-italienne Maria Adélaïde Giuseppa Nielli, dite Nina Ricci, s’installe à Paris. C’est le fils de la couturière, Robert Ricci, qui fonde la maison au 20 rue des Capucines dans le 1ᵉʳ arrondissement de la capitale. Rapidement, la marque se pose à contre-courant des tendances de l’époque : son style ultra-féminin est à l’opposé de la mode des garçonnes qui bat son plein dans les années 30.

Quinze ans plus tard, pour de nombreuses entreprises, les retombées économiques de la guerre ont été lourdes. Il est alors impératif de diversifier ses activités et donc, ses sources de revenus. Nina Ricci n’y échappe pas : en 1946, sous la tutelle de Robert Ricci, la maison inaugure son département de parfumerie et lance la même année sa toute première fragrance, Cœur Joie. Si les parfums floraux aux allures printanières (comme l’évocateur Vent Vert de Balmain ou Ma Griffe chez Carven) ont pourtant la cote, la verdure de Cœur Joie ne rencontre malheureusement pas le succès escompté. Qu’à cela ne tienne : Nina Ricci sort une deuxième fragrance deux ans plus tard et cette fois-ci, elle a l’effet d’une petite révolution olfactive.

L’Air du Temps, un parfum de liberté

En 1948, Francis Fabron compose L’Air du Temps, un magnifique parfum floral-épicé, le tout premier de l’histoire de la parfumerie. Le parfumeur dira à propos de sa création : “J’ai imaginé le parfum que je voudrais sentir sur les épaules de la femme que j’aime”. Le résultat ? Une fragrance où tendresse est le maître-mot et incarnant le désir collectif d’aller de l’avant avec optimisme et une certaine désinvolture.

Avec L’Air du Temps, Fabron livre un jus délicat et solaire à la fois, tournant le dos aux notes verdoyantes de Cœur Joie, mais pas seulement : la fragrance est également à contre-courant des parfums chyprés qui faisaient fureur pendant l’entre-deux guerres. Le parfum de Nina Ricci s’inscrit dans un nouveau contexte olfactif où des fragrances plus lumineuses sont le reflet des mentalités de l’époque.

L’Air du Temps ouvre son bal parfumé avec des notes hespéridées de bergamote faisant ensuite place à un sublime arrangement floral : rose centifolia, jasmin de Grasse et une violette poudrée. C’est sans doute l’accord œillet-gardénia sur lequel repose une grande partie de l’identité olfactive du parfum : l’œillet  vient exalter son charisme avec sa note épicée de clou de girofle, tandis que le gardénia se veut plus vert et opulent. Enfin, le mariage entre un sensuel santal de mysore et de l’iris de Florence confère à L’Air du Temps une qualité veloutée.  Ambre et  cèdre enrobent la fragrance pour en faire une véritable caresse olfactive.

Avec une trentaine de composants seulement, la liste d’ingrédients de L’Air du Temps est courte, surtout pour l’époque à laquelle il voit le jour. D’ailleurs, un invité atypique s’est glissé parmi ce petit comité…

Le salicylate de benzyle : le soleil en bouteille

Robert Ricci dira : “Il y a dans l’Air du Temps un petit miracle qui lui donne sa forte personnalité”. Ce petit miracle, c’est le salicylate de benzyle, une molécule de synthèse habituellement utilisé comme filtre UV et utilisée dans les crèmes solaires. C’est d’ailleurs la signature olfactive de l’Ambre Solaire de Garnier ! Vert et floral, le salicylate de benzyle fait chatoyer et rend aérien le sublime bouquet de Francis Fabron. Si cette molécule est de nos jours fréquemment utilisée en parfumerie, ce n’était pas le cas à l’époque de la sortie de L’Air du Temps.

Au-delà de son jus, comment parler de L’Air du Temps sans évoquer son flacon reconnaissable entre mille ?

L’intemporel flacon “deux colombes”

Saviez-vous que le parfum de Nina Ricci n’a pas toujours été contenu dans son iconique flacon aux colombes entrelacées ? Le tout premier habillage de la fragrance est conçu par le sculpteur espagnol Joan Rebull : ovale, en forme de soleil, un fil d’or autour du  cabochon déjà gravé de l’oiseau porte-drapeau de la paix.

À l’époque, l’heure est à la sobriété et aux lignes épurées. L’historienne Élisabeth de Feydeau décrit “le modèle du flacon-amphore” à l’instar des courbes arrondies et minimalistes d’un Femme de Rochas ou de l’élégance tout en sobriété de Diorissimo. Mais en 1951, il plane un air de renouveau… Le flacon de L’Air du Temps se réinvente ! Deux colombes enlacées dans leur envol sont désormais sculptées et posées sur un flacon torsadé signé Marc Lalique (qui était déjà derrière le flacon de Cœur Joie). La rencontre entre les oiseaux apparaît comme une célébration d’amour, de paix et de liberté : les valeurs incarnées par la fragrance ne sont dorénavant plus portées que par le jus lui-même, elles sont aussi reflétées par son flacon​​ et sa boîte d’un jaune solaire lumineux.

Pour Robert Ricci, “un parfum est une œuvre d’art, l’objet qui le contient doit être un chef-d’œuvre”. Nombreux s’accorderont à dire que le flacon de L’Air du Temps est bien à la hauteur de cette ambition. Ce petit bijou a conquis les cœurs au point d’être élu “Flacon de parfum du siècle” en 2000 et d’être revisité d’innombrables fois au fil du temps. Dans les années 90, les colombes sont tour à tour bleues, ambrées ou bien émeraude. En 2010, le designer Philippe Starck reloge la fragrance dans une unique aile en verre dépoli et à l’extrémité métallique. Il y a aussi la designer Olivia Putman qui repeint le flacon en bleu Klein en 2013, “comme le ciel et la mer qui évoquent infini et liberté”…

Un parfum passé à la postérité

L’Air du Temps a servi d’inspiration à de nombreux autres parfums.

Un autre point commun entre ces exemples ? La présence du caractéristique accord œillet de L’Air du Temps !

Mais mettons de côté ses successeurs, ses rééditions et ses ré-interprétations : l’original de Francis Fabron demeure aujourd’hui culte. Ce n’est pas seulement sa fragrance aérienne qui a été et continue d’être célébrée ; c’est aussi l’insouciance des jours heureux et la paix retrouvée qu’elle et son écrin représentent. 

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Crédits photos : Nina Ricci Officiel