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Parmi les matières premières les plus adulées en parfumerie, il y en a une capable d’exhiber tour à tour une innocence réconfortante et une sensualité sans égal : faites place à l’ensorcelante vanille, un ingrédient de circonstance, car c’est en août que sa récolte bat son plein. Vous allez le voir, la vanille n’a pas toujours accepté de livrer ses gousses tant convoitées aux parfumeurs… Master Parfums vous raconte.

Sur les traces de la vanille

Dans la mythologie du peuple amérindien Totonaque, la princesse Tzacopontziza, au service de la déesse de la récolte et de la nourriture Tonoacayohua, doit faire vœu de chasteté… mais voilà qu’elle et le prince Zkatan-Oxga tombent amoureux ! Alors que les tourtereaux s’enfuient pour vivre leur amour, ils sont rattrapés et sacrifiés. On raconte qu’à l’endroit de la forêt où leur sang est versé naît un arbuste autour duquel s’enroule une liane de vanille parée de petites fleurs étoilées…

Restons en Amérique centrale, où la vanille trouve ses racines. La vanille Bourbon, la variété star dont nous allons parler aujourd’hui, vient du Mexique. Au XVe siècle, les Aztèques élaborent le xocoatl, en náhuatl xoco (amer) et atl (eau), une boisson à base de fèves de cacao et agrémentée, vous l’aurez deviné, de vanille. Oui, il s’agit bien de l’ancêtre de notre chocolat chaud ! Si les Aztèques fabriquent le breuvage, faute de conditions climatiques adéquates pour pouvoir la cultiver, c’est chez leurs voisins les Totonaques qu’ils s’approvisionnent en vanille.

Premières illustrations de la vanille dans le Codex Badianus (1552)

En 1519, quand les Espagnols posent le pied au Mexique,  le conquistador Hernán Cortés est accueilli par l’empereur Moctezuma qui lui offre cette boisson en guise de bienvenue. Conquis Cortés rapporta en Espagne la recette mais également les ingrédients nécessaires à sa fabrication. Coup de cœur en Europe : le chocolat chaud fait fureur, et l’attention se porte sur la petite gousse aux riches arômes servant à le fabriquer.

Des fruits qui se font désirer

Au XVIIIe siècle, André Thouin, jardinier de Louis XIV, tente de cultiver le tout premier plant de vanille en France… mais pas un seul fruit à l’horizon. Friand de la petite gousse, le Roi-Soleil exporte la vanille sur l’île de la Réunion (à l’époque une colonie française appelée l’île Bourbon) dans l’espoir que le climat tropical fasse fructifier la fleur… sans succès. Les Totonaques auraient-ils un secret bien gardé ?

En fait, la fleur de vanille est hermaphrodite et ne peut pas se reproduire seule. Elle a besoin d’un coup de pouce, en l’occurrence, celui d’une petite abeille, la mélipone, qu’on ne trouve qu’au Mexique et aux Antilles, et qui n’est pas acclimatée à l’île Bourbon. C’est vraisemblablement l’impasse… enfin, c’était sans compter sur le génie d’un jeune esclave, Edmond Albius.

La découverte révolutionnaire d’Edmond Albius

En 1841, un jeune esclave réunionnais fait une découverte qui va chambouler le cours de l’histoire de la vanille. Alors qu’il n’a que 12 ans, Albius découvre que l’on peut polliniser manuellement l’orchidée planifolia et en développe la technique : il s’agit de faire la différence entre les organes mâles et femelles de la fleur et de les polliniser à l’aide d’une épine en bois en déchirant la membrane qui les sépare. 

La technique, qui est toujours utilisée aujourd’hui, porte ses fruits et propulse l’île Bourbon au rang de chef de file en matière de production de vanille… d’où le nom de “vanille Bourbon” ! Madagascar a depuis pris le relais.

Aperçu botanique et aromatique

La gousse de vanille est le fruit d’une orchidée liane grimpante pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, la seule orchidée au monde capable de produire un fruit que nous puissions nous mettre sous la dent. Pompona, de Madagascar, de Tahiti… Il existe pas moins de 110 espèces de vanille, mais la chouchoute aussi bien en cuisine qu’en parfumerie est la vanille planifolia, plus communément appelée vanille Bourbon. Son arôme est de loin le plus riche, le plus raffiné à la fois, et le plus persistant.

En parfumerie, la vanille Bourbon évoque des notes chaudes, chocolatées et crémeuses, mais ne se réduit pas pour autant qu’à son côté gourmand ! Elle sait aussi être tendre et enfantine, aérienne et poudrée, d’autres fois sensuelle et presque animale, se parant d’accents boisés, balsamiques,  épicés ou cuirés. Sa présence peut aussi bien conférer de l’onctuosité et de l’opulence à une fragrance qu’adoucir des notes plus âpres et plus brutes.

La vanille est un ingrédient fétiche des notes de fond [lien article Notes de tête, de cœur et de fond en parfumerie], surtout dans les parfums orientaux-ambrés, étant capable d’y créer un sillage sans pareil… mais elle ne s’en invite pas moins dans des fragrances de toutes les autres familles et est aussi fréquemment travaillée comme note centrale.

La transformation de la vanille Bourbon

Plans de vanille bourbon à la Réunion

Les gousses de vanille Bourbon sont généralement cueillies au mois d’août, lorsqu’elles sont arrivées au stade dit “queue de serpent” : si environ 1 cm de leur extrémité a pris une couleur jaune, les gousses peuvent commencer le processus les conditionnant pour être utilisées comme matière première.

Pour incorporer la vanille en parfumerie, on faisait autrefois macérer les gousses coupées en petits morceaux dans de l’alcool pour obtenir ce qu’on appelait une teinture de vanille. Cette technique est aujourd’hui tombée en désuétude et on lui préfère une extraction au solvant volatil pour tirer des gousses un riche absolu de vanille.

Mais voilà, le long processus pour que les gousses récoltées deviennent exploitables peut durer presque un an, et il a un coût : 1000 euros le kilo de gousses. Heureusement, les chimistes et les parfumeurs ont quelques solutions en poche.

Des alternatives synthétiques : la vanilline et l’éthylvanilline

La composante principale de la vanille qui lui donne sa senteur tant appréciée est la vanilline (c’est d’ailleurs la vanille Bourbon qui en contient le plus). Au XIXe siècle, même si on sait déjà l’extraire de la gousse, on s’attelle à la synthétiser afin de pouvoir profiter de son potentiel olfactif à moindre coût et plus rapidement. La vanilline naturelle est certes plus aromatique et nuancée, mais celle de synthèse est bien moins onéreuse. Aujourd’hui, la vanilline synthétique est l’arôme le plus fabriqué au monde !

La molécule d’éthylvanilline, elle aussi synthétisée au XIXe siècle, est aussi une alternative. Si elle est plus chère que la vanilline de synthèse, elle le reste toutefois moins que la vanilline naturelle. Plus gourmande et alimentaire, elle a une odeur quatre fois plus forte que celle de la vanilline de synthèse, ce qui permet d’en réduire la quantité utilisée.

Sélection de parfums vanillés

Encore aujourd’hui, les armoiries de l’île de la Réunion arborent une liane de vanille et un message en latin gorgé d’espoir : Florebo Quocumque Ferar, “je fleurirai partout où je m’accrocherai.” Et comment ! Nous l’avons vu, en parfumerie, la vanille est aujourd’hui omniprésente, et pour cause : la versatilité de sa riche palette olfactive est inégalée.
Envie de découvrir d’autres ingrédients phares de la parfumerie ? C’est possible avec le jeu Master Parfums qui vous permet d’en apprendre plus sur ces matières et surtout, de les sentir grâce à ses crayons parfumés.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi après avoir senti un parfum, cette note de bergamote si aguicheuse vous a fait faux bond passé quelques minutes ? Comment se fait-il qu’au fil des heures, une fragrance puisse prendre un tel virage olfactif ? Cela est lié à la façon dont les différentes notes d’une composition cohabitent au sein de ce qu’on appelle la pyramide olfactive, une pyramide au cœur de laquelle Master Parfums vous emmène aujourd’hui.

La pyramide olfactive : la clé d’un parfum équilibré

On doit le concept de pyramide olfactive à Jean Carles, parfumeur de renom, grand pédagogue, et fondateur de l’école de parfumerie de Roure, devenu Givaudan, le leader mondial de la fabrication de fragrances et d’arômes. Cette pyramide est une manière de décomposer un parfum en répartissant ses ingrédients en trois niveaux différents selon leur persistance dans le temps et leur intensité : les notes de tête au sommet, les notes de cœur en son centre et les notes de fond à sa base.

La pyramide olfactive correspond en effet à l’ordre dans lequel les notes d’une composition se dévoilent. Une fragrance peut réunir des centaines d’ingrédients ! Heureusement pour nous, chaque matière première possède une vitesse d’évaporation qui lui est propre.

Plus les molécules d’une matière première sont légères, plus sa senteur sera fugace, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle est discrète (ex: les agrumes sont très vives et fusantes mais en contrepartie très fugaces) À l’inverse, les matières aux molécules plus lourdes  seront présentes dès le moment où vous sentez le parfum et s’installeront durablement, plusieurs heures, voire plusieurs jours. Elles permettront en outre  d’assurer la tenue de la fragrance sur la peau. On pourrait utiliser l’allégorie de la plume et de la pierre: la plume, très légère, s’envolera au moindre coup de vent, la pierre plus lourde restera ancrée.

Penchons-nous d’un peu plus près sur les différents niveaux de la pyramide olfactive.

Les notes de tête : premières impressions

Après avoir vaporisé un parfum, les notes de tête sont les premières à venir chatouiller nos narines. En y faisant référence, on parle souvent de “l’envolée” de la fragrance. Plus une composition fait la part belle à ses notes de tête, plus la fragrance sera fraîche et vive… mais aussi furtive. C’est grâce à ces notes de tête que l’on sera attiré par le parfum. 

Les facettes suivantes sont généralement privilégiées en notes de tête :

Si les notes de tête sont intenses, elles tirent leur révérence après 15 à 30 minutes. Aussitôt arrivées, aussitôt éclipsées ! D’où l’importance de laisser le temps à une fragrance de s’exprimer… ce qu’elle fait avec les notes de cœur.

Les notes de cœur : le thème principal

Avec les notes de cœur, le parfum nous dit qui il est vraiment. Ce sont ces notes qui définissent le sillage d’une fragrance… c’est donc sur elles que repose l’identité olfactive d’une composition.

En se remémorant un parfum qui nous a marqué, ce sont souvent ses notes de cœur et ses notes de fond qui nous viennent à l’esprit. 

Sont généralement au rendez-vous dans les notes de cœur…

On peut souvent déjà discerner les contours des notes de cœur quelques minutes après la vaporisation d’un parfum, mais ce n’est qu’après que les notes de tête se soient envolées qu’on les appréciera pleinement, et ce pendant 3 à 6 heures, déroulant progressivement le tapis rouge aux notes de fond.

Les notes de fond : une ancre olfactive

Les notes de fond, les dernières à se révéler pleinement, forment la base du parfum, un socle qui va soutenir tout ce beau monde passé avant elles. En effet, leur rôle n’est pas seulement de prolonger le plaisir olfactif il est aussi de renforcer les notes précédentes. En somme, les notes de fond sont les garantes de la profondeur d’une fragrance. Elles peuvent persister des jours sur la peau, les cheveux ou les vêtements… voire des semaines ! Elles sont l’âme du parfum… 

Les facettes se prêtant habituellement au jeu des notes de fond sont…

De la même façon que des notes de tête en abondance confèrent de la légèreté à une fragrance, lorsque les notes de fond sont dominantes, le parfum en sera d’autant plus opulent.

La pyramide olfactive et vous

Vous l’aurez compris, la pyramide olfactive permet d’assurer l’équilibre d’une fragrance en maîtrisant son évolution au fil du temps. Le meilleur moyen de découvrir un parfum est de le laisser se dévoiler sur votre peau : vous n’en apprécierez que mieux l’histoire que le parfumeur a voulu écrire.

L’envie vous titille de créer votre propre pyramide olfactive ? C’est possible avec le jeu Master Parfums. Il vous permettra non seulement de tout savoir sur le processus de composition d’un parfum, mais aussi d’ébaucher vous-même votre propre création grâce à ses crayons parfumés. Le jeu idéal pour mieux comprendre comment fonctionne cette symphonie des notes !

Article collégial rédigé par Hélène Sanchez & Anne-Laure Hennequin

Les cocottes étaient des femmes au charme mystérieux qui occupaient une place singulière dans la société française. Ces courtisanes de renom jouaient un rôle crucial dans les cercles influents du 19ème, étant tantôt admirées, tantôt critiquées. Outre leur présence dans les salons huppés et leur influence sur les décisions politiques, elles étaient également liées à l’industrie florissante de la parfumerie. 

Voyons qui sont ces cocottes de la France du 19ème siècle  d’un point de vue socio-culturel, leur relation avec la parfumerie et comment la marque Les Cocottes de Paris célèbre leur héritage.

Les cocottes, qui sont-elles ?

Emma Élizabeth Crouch dite « Cora Pearl » vers 1860, courtisane d’origine britannique.

Les demi-mondaines, les biches, les scandaleuses, les courtisanes, ou encore les cocottes : voici comment étaient surnommées les femmes dites de petites vertus.

Femmes de grande beauté, souvent issues de milieux modestes, elles se prostituaient afin de se hisser dans les sphères les plus élevées de la société grâce à leur charme, leur intelligence et leur talent d’artistes, de chanteuses ou encore de danseuses, pour séduire les hommes influents de la fin du 19ème et début du 20ème siècle.

Elles étaient courtisées par de puissants personnages tels que des écrivains, des artistes, des politiciens, des aristocrates et même des têtes couronnées. Mais ce sont bien elles qui choisissaient leurs amants!

Leur charisme ne se limitait pas seulement à leur capacité à charmer les hommes, mais elles étaient également des actrices sociales importantes. Certaines d’entre elles sont devenues les confidentes et les conseillères d’hommes politiques puissants, leur permettant d’avoir une influence indirecte sur les décisions du pays. Cependant, cette position privilégiée suscitait également la controverse et la critique morale, car elles étaient souvent associées à des comportements interprétés comme immoraux.

Pourquoi les appelle-t-on les cocottes ?

Le surnom « cocotte » a plusieurs origines possibles. 

Il pourrait provenir du mot « coquille », faisant référence à leur beauté et à leur charme extérieur. 

L’origine la plus probable résiderait dans le fait qu’elles se paraient de toilettes luxueuses, et aimaient ajouter des plumes sur les chapeaux, les éventails, les coiffures, ou même directement sur leurs robes et corsages. Ces plumes ajoutaient une touche de légèreté, d’élégance et de théâtralité à leurs vêtements, conformément à leur statut de femmes libres et indépendantes. Par ces plumes, elles se voient surnommées cocottes.

D’ailleurs le terme « cocotter » en découle, puisque ces femmes aux mœurs légères se parfumaient généreusement de fragrances opulentes. Cette expression familière, quelque peu démodée et dévalorisante, désigne quelqu’un qui s’est aspergé de parfum de manière excessive.

On raconte que les épouses des hommes infidèles les démasquaient parfois en sentant cette forte odeur de « cocotte » sur eux.

Les cocottes et le lien avec la parfumerie de l’époque 

Au 19ème siècle, les cocottes ne se contentaient pas seulement d’attirer les hommes par leur charme et leur esprit brillant, elles étaient également reconnues pour leur élégance vestimentaire. Elles arboraient des vêtements venus d’Asie, comme des châles, des éventails, et des robes exotiques richement ornées. Ces vêtements, souvent importés d’Inde et d’autres pays asiatiques, étaient imprégnés de parfums émanant notamment des feuilles de patchouli séchées, antimite naturel,  pour les protéger des insectes durant le long voyage de transport maritime depuis l’Orient.

Le patchouli, qui est une plante dont l’huile essentielle dégage une odeur puissante boisée, terreuse et enivrante, a rapidement conquis les cocottes qui l’adoptaient comme signature olfactive, participant ainsi à populariser son utilisation dans la parfumerie de l’époque.

Le patchouli était un symbole d’élégance exotique et d’audace, capturant l’esprit aventureux de ces femmes mystérieuses.

Outre le patchouli, on trouvait dans leur vestiaire olfactif des fragrances aux notes de musc puissantes et animales. Le musc évoque à la fois la passion et le mystère, renforçant leur aura de charmeuses énigmatiques.

Les fleurs narcotiques comme la tubéreuse, le datura, le narcisse marquent également un tournant dans le choix des parfums des cocottes, des senteurs capiteuses et envoûtantes qui deviennent une marque olfactive de ces femmes de caractère.

L’ambre, quant à lui, complétait harmonieusement cette composition olfactive. Avec ses notes chaleureuses, ambrées et suaves, l’ambre apportait une dimension opulente, magnétique et raffinée aux fragrances. 

Elles s’appropriaient ces parfums uniques et sensuels pour marquer leur présence et laisser une empreinte mémorable dans l’esprit de ceux qu’elles rencontraient.

Les maisons de parfumerie ont rapidement pris note de cette tendance et ont commencé à insérer le patchouli et d’autres notes orientales dans leurs créations. Ces parfums étaient spécialement conçus pour les cocottes et les femmes élégantes de la haute société qui cherchaient à se distinguer par des fragrances uniques et sensuelles à une période où les eaux de Cologne et les eaux de toilette florales étaient prisées pour leur naturalité romantique.

Ainsi, le lien étroit entre les cocottes et l’industrie de la parfumerie s’est renforcé, façonnant l’évolution des goûts olfactifs. 

Les cocottes mises à l’honneur avec la collection de parfums Les Cocottes de Paris 

Parmi les cocottes célèbres du 19ème siècle, on compte des figures emblématiques. 

 Ces femmes ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire et ont marqué la société de leur époque.

Aujourd’hui, la marque Les Cocottes de Paris créée en 2015 par Anaïs Biguine rend hommage à 5 de ces cocottes légendaires en proposant des parfums qui leur sont dédiés. Chaque parfum est inspiré de la personnalité et du caractère unique de ces femmes remarquables, capturant leur essence et leur histoire dans un flacon.

La Castiglione fait référence à Virginia Oldoïni, comtesse de Castiglione, femme qualifiée comme étant la plus belle de son siècle. Énigmatique, La Castiglione est un parfum boisé ambré envoûtant et baumé. Armoise, cade, patchouli, ambre gris et myrrhe reflètent la personnalité de l’une des cocottes les plus désirées.

Caroline Otero, danseuse et chanteuse de cabaret est représentée à travers La Belle Otero (surnom qu’on lui donnait à l’époque). C’est un parfum aromatique poudré, romanesque à l’image de cette grande courtisane. L’absinthe, le gingembre, et la lavande se parent de notes poudrées et puissantes entre narcisse, musc et violette pour devenir, grâce au santal, infiniment sensuel.

Mlle Cleo est Cléopâtre-Diane, dite Cléo, de Mérode. Égérie et modèle, elle pose pour des sculpteurs et peintres. D’une beauté délicate, elle n’en est pas moins une cocotte indomptée.

Mlle Cléo est un parfum floral fruité ou la bergamote et le litchi répondent à la rose délicate et l’ylang-ylang envoûtant, et à une fleur de coton faussement sage. 

Cora Pearl est un chypré floral évoquant la demi-mondaine Emma Crouch. Séductrice avérée, elle s’enrichit très vite grâce à ses nombreuses relations charnelles avec des hommes de la haute aristocratie. Cora Pearl s’articule autour de cardamome, de la violette, de l’ambre avec un accord chypré de bergamote, jasmin, mousse de chêne et vétiver. C’est une fragrance dont la féminité désinvolte et séductrice de cette cocotte est mise en avant.

La Dame aux Camélias est le parfum reflétant la courtisane Marie Duplessis, qui a inspiré Alexandre Dumas (fils) dans le roman éponyme. Celle qui ajoutait un camélia blanc à son décolleté pour dire sa disponibilité est représentée par une fragrance florale poudrée et musquée. La violette, la bergamote, le pamplemousse se confondent dans un bouquet de rose miellé qui s’étire dans des notes d’ambre gris et de musc gourmands, sensuels et addictifs.

Les cocottes du 19ème siècle étaient bien plus que de simples courtisanes ; elles étaient des femmes influentes et fascinantes qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire. 

Leur lien étroit avec l’industrie florissante de la parfumerie de l’époque a gagné à façonner le monde des parfums tel que nous le connaissons aujourd’hui. 

L’héritage des cocottes, bien que controversé à continué à intriguer et inspirer grand nombre d’écrivains, et ces femmes singulières sont à jamais gravées dans la littérature française.


Crédits photos bannière : Loge im Sofiensaal, Josef Engelhart  (1903). Vienna Museum, Austria. File licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported

S’il existe une fleur qui évoque instantanément la sophistication, la délicatesse et la sensualité, c’est bien le jasmin. Utilisé depuis des siècles pour son parfum envoûtant et inoubliable, le jasmin a su conquérir le monde de la parfumerie avec une grâce sans égale. Voyageons ensemble dans l’univers olfactif des trois variétés les plus appréciées : le jasmin Grandiflorum, le jasmin Sambac et le jasmin étoilé.

Plongez dans cet univers captivant et explorez ses origines, ses caractéristiques olfactives, ses méthodes d’extraction et son incarnation dans quelques parfums notables.

Les différentes variétés et caractéristiques

Le nom jasmin vient de l’arabe « Yasmine » qui lui-même provient du nom perse « Yasaman » signifiant « parfum envoûtant, suave ». C’est un petit arbuste de la famille des oléacées, d’un maximum de 3 mètres de haut, avec de petites fleurs de pétales blancs en forme d’étoiles, très odorantes poussant aux extrémités des branches. 

On dénombre environ 200 variétés différentes mais seules 3 d’entre elles sont utilisées en parfumerie fine dont 90% de la production mondiale est localisée en Inde.

Le jasmin Grandiflorum 

Surnommé le « jasmin d’Espagne »  ou « jasmin de Grasse », il est originaire de l’Himalaya, mais c’est en Inde, en Egypte, en Espagne et également dans le sud de la France dans la région de Grasse qu’il est principalement cultivé pour la parfumerie fine. Là-bas, on l’appelle avec grand respect “La fleur”.  La récolte se fait entre juin et octobre. Il faut environ 7 millions de fleurs pour extraire 1 kg d’absolu dont le prix s’élève à 3000€. 1

Il dévoile une harmonie de notes à la fois délicates et complexes. Au premier abord, son parfum évoque une fraîcheur verte et légèrement fruitée, rappelant des arômes de banane ou de pêche. Puis une note de fond charnelle, parfois animale, chaude et miellée, qui lui donne une sensualité voluptueuse, ce qui fait du jasmin Grandiflorum une matière première précieuse en parfumerie, contribuant à la richesse des parfums orientaux et des compositions florales intenses.

Le jasmin Sambac 

Originaire d’Asie du Sud-Est, où il parfume le thé et le riz, le jasmin Sambac, aussi nommé « jasmin d’Arabie » ou « jasmin Foul » est une variété de jasmin largement utilisée en parfumerie pour son parfum distinctif. 

La récolte se fait entre mars et septembre. 10 millions de fleurs sont nécessaires pour extraire 1 kg d’absolu dont le prix s’élève à 4000€.

Il dégage un parfum intensément solaire avec des accents de fleur d’oranger, aux facettes vertes et légèrement fruitées. Son odeur est plus exotique que celle du Jasmin Grandiflorum, avec une légère pointe qui peut rappeler celle du thé. Souvent utilisé par petite touche dans les parfums lumineux, il accompagne généreusement les notes solaires, florales ou plus suaves.

Le jasmin Étoilé 

Moins connu mais tout aussi précieux, le Jasmin Étoilé, également connu sous le nom de trachelospermum jasminoide apporte une dimension exotique aux parfums. 

Originaire d’Asie de l’Est, le jasmin étoilé n’est pas un vrai jasmin, mais appartient à la famille des apocynacées. Il est appelé « étoilé » en raison de ses fleurs blanches en forme d’étoiles qui fleurissent généreusement durant les mois chauds. Son parfum est doux et floral, exhale également des nuances délicatement lactées et de légères touches de vanille, conférant aux compositions parfumées une richesse et une profondeur incroyables.

Caractéristiques odorantes

Dans l’univers des parfums, deux variétés de jasmin se démarquent : le Jasmin Sambac et le Jasmin Grandiflorum. 

Les deux variétés sont riches en molécules typiquement jasminées (jasmone) offrant une note douce et légèrement fruitée. 

L’indole est une molécule organique qui a un rôle important dans le profil olfactif de plusieurs types de jasmin. À faible concentration, l’indole a une odeur florale douce. Cependant, à des concentrations plus élevées, l’odeur est plus puissante, souvent décrite comme animale, voire rappelant la naphtaline. Il est intéressant de noter que malgré cette dualité, l’indole est une composante essentielle de la riche et complexe senteur du jasmin, contribuant à sa signature distincte et à son caractère opulent.

Bien qu’ils soient de la même famille et partagent un certain nombre de caractéristiques, leurs particularités odorantes et leurs utilisations en parfumerie sont différentes.

Le Jasmin Sambac, on l’a vu, est connu pour son parfum solaire teinté de notes de fleur d’oranger, rondes, fruitées, et presque sucrées. Même si sa concentration est faible, une molécule (le cis-3-hexénol) 2 contribue à la note verte et légèrement aigre qui rappelle l’odeur des feuilles et des tiges de la plante, apportant une dimension plus naturelle et fraîche à l’ensemble du parfum de la fleur.

De son côté, le Grandiflorum se distingue par une présence d’une note animale, avec des facettes épicées chaleureuses (l’eugénol) qui rappellent le clou de girofle. Il y a aussi des notes fruitées, poudrées. Il est opulent et dense.

Récoltes et extractions 

La récolte du jasmin est une tâche méticuleuse qui nécessite beaucoup de soin et de précision. Elle est généralement effectuée à la main en raison de la délicatesse des fleurs de jasmin.

Cueillette des fleurs: La récolte commence généralement à l’aube lorsque les fleurs commencent à s’ouvrir. 

C’est le moment idéal pour la cueillette car les fleurs de jasmin sont très sensibles et leur parfum peut se détériorer avec la chaleur du soleil.

Une fois les fleurs de jasmin cueillies, elles sont transportées le plus rapidement possible vers le lieu d’extraction pour éviter la dégradation de leur parfum. 

Extraction : deux méthodes principales existent :

Le Jasmin et les Matières Premières de Synthèse 

La synthèse du jasmin permet de reproduire son parfum complexe à une échelle plus grande et à un coût plus bas. Malgré la richesse des matières premières synthétiques, l’essence naturelle du jasmin reste inégalable en termes de profondeur et de complexité.

Cependant, la synthèse apporte des variations, une maîtrise plus fine de la complexité à l’état naturel révélant des tonalités citronnées, fraîches, mettant l’accent sur la transparence pétalée et aérienne de la fleur.

Parmi les molécules synthétiques les plus couramment utilisées pour imiter l’odeur du jasmin, on trouve l’hédione pour la note fraîche transparente et l’Indole, pour la note florale animale.

L’utilisation de ces matières premières synthétiques permet aux parfumeurs d’avoir un contrôle plus précis sur leurs créations, de garantir une constance de l’odeur malgré les variations naturelles et les problèmes de disponibilité, et d’offrir des parfums à base de jasmin à un prix plus abordable pour le consommateur. 

Exemple de parfums jasminés 

Le jasmin est au cœur de plusieurs parfums emblématiques, allant des compositions classiques aux créations plus modernes. Voici une sélection de parfums où le jasmin règne en maître :

Le jasmin, avec son parfum inoubliable, a su s’imposer comme l’un des piliers de la parfumerie. De la beauté de ses fleurs à l’intensité de son parfum, le jasmin continuera de fasciner et d’inspirer les créateurs de parfums encore longtemps pour notre plus grand plaisir. Qui sait quelles nouvelles interprétations olfactives du jasmin nous réserve l’avenir ?

Sources

  1. Cahier des naturels Nez + LMR, Jasmin Grandiflorum
  2. Cahier des naturels Nez + LMR, Jasmin Sambac

Si les joailliers s’aventurant dans le monde de la parfumerie nous paraissent aujourd’hui une évidence, la genèse de cette pratique n’est pourtant pas si lointaine.  

Si le tout premier se lançant dans cette aventure parfumée fut le joaillier Lacloche dans un flacon en forme de cloche, ce dernier fut très confidentiel et aujourd’hui tombé dans l’oubli. En revanche, First de Van Cleef & Arpels, fut en réalité le tout  premier parfum de joaillier lancé comme un grand parfum.  Master Parfums vous emmène en 1976 à la découverte de cette fragrance emblématique. 

Un lendemain de crise

L’an 1976, c’est une France en proie à une forte canicule et surtout, au lendemain d’un choc pétrolier auquel une économie en crise a emboîté le pas. C’est aussi l’année   où la place Vendôme voit éclore un drôle de bourgeon : un produit ayant pour vocation de jouer le rôle de passerelle entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers scintillant du luxe. C’est beau, ça brille…  et quand ça brille, c’est onéreux. De l’autre côté, il y a la femme française des années 70, dont le porte-monnaie et son pouvoir d’achat ont pris un sacré coup. Qu’à cela ne tienne : sur la place Vendôme, le joaillier Van Cleef & Arpels prépare la réconciliation.

La maison Van Cleef & Arpels

L’histoire de Van Cleef & Arpels débute en 1895 avec le mariage d’Alfred Van Cleef, fils d’un artisan tailleur de pierres précieuses, et d’Estelle Arpels, fille d’un négociant en pierres précieuses. Les deux tourtereaux ayant baigné depuis toujours dans l’univers de la joaillerie, c’est tout naturellement qu’Alfred s’associe avec les frères de son épouse pour fonder en 1906 la marque unissant leurs noms. Ils établissent leurs quartiers au numéro 22 de la place Vendôme, haut-lieu de l’élégance parisienne où la maison se trouve encore aujourd’hui.

Entre 1926 et 1939, Van Cleef & Arpels affirme son style lorsque Renée Puissant, fille d’Alfred et Estelle, reprend la direction artistique de la marque, accompagnée du dessinateur René Sim Lacaze. C’est pendant cette période que sont créées des pièces emblématiques comme le collier Passe-Partout ou encore la boîte précieuse Minaudière. En 1933, la maison fait breveter le “serti mystérieux”, une technique de disposition des pierres précieuses sans qu’aucune griffe de métal ne soit visible, un savoir-faire qui fait sa renommée. Le style de l’enseigne, puisant dans l’esthétique de la Belle Époque, devient au fil des années de plus en plus prisé des hautes sphères parisiennes.

En 1954, la maison présente La Boutique, une collection de clips à l’effigie d’animaux ayant pour vocation de proposer des créations à un prix plus accessible. Voilà une initiative annonciatrice des événements à venir, car en 1976, Van Cleef & Arpels inaugure ce qui se veut être un produit de luxe à la portée de toutes, et surprise… : ce n’est pas un bijou !

First : la rencontre chatoyante entre la joaillerie et le cinquième sens

“Je veux que ça sente comme un bijou.” Le ton est donné par Claude Saujet, ancien de la société de cosmétiques Orlane et à la tête du projet, et de ces paroles naît First (“premier” en anglais), la toute première fragrance d’une maison de joaillerie. Un nouveau type de parure, plus éphémère, mais non moins sublime.

Pour le flacon de First, tout en rondeur, Jacques Llorente des Ateliers Dinand trouve son inspiration dans un pendant de Van Cleef & Arpels. Les courbes du cabochon et celles du corps du flacon se répondent, ce dernier dévoilant un jus couleur or. Il ne faut pas oublier qu’ici, le bijou mis à l’honneur est le liquide ambré se nichant au cœur de cet écrin en cristal de Baccarat !

Une composition exubérante

First appartient à la famille des parfums floraux… et quel bouquet ! Dire que sa fragrance est riche est presque un euphémisme tant les matières premières abondent, débordent presque. À l’instar d’un diamant multifacettes, First est une capsule olfactive regorgeant de plus de 160 ingrédients. C’est Jean-Claude Ellena, alors à l’école de parfumerie Givaudan de Genève, qui signe ce jus se voulant l’étendard du luxe et au pouvoir de séduction ravageur. À seulement 28 ans, celui que l’on connaîtra ensuite comme le compositeur des parfums d’Hermès puise selon lui “de manière intuitive’ dans l’air du temps.

Le classicisme des aldéhydes d’un N°5 de Chanel s’habille d’une ouverture  croquante de bourgeon de cassis et de mandarine. Avec l’anis et la bergamote, ces notes de tête insufflent un air vert et croquant à un bouquet luxuriant. Car First, c’est surtout un somptueux cœur floral de plusieurs variétés de rose et de jasmin, d’un ylang-ylang crémeux, de jacinthe, de muguet et de narcisse. Du côté des notes de fond, une vanille ambrée et sensuelle, subtilement animale, s’allie à la noblesse du vétiver et du bois de santal et à la chaleur enveloppante du musc et de la fève tonka.

Malgré cette avalanche de matières premières, First se veut un antidote olfactif à la pesanteur ambiante de l’époque : le pouvoir propulseur des aldéhydes combiné à un enrobage d’hédione, une molécule conférant de la transparence aux accords floraux, rend le bouquet aérien. Jean-Claude Ellena livre un parfum à la sensualité débordante, l’incarnation du raffinement et de l’élégance. Le parfumeur expliquera d’ailleurs s’être servi de “tout ce qui pouvait exprimer le luxe.”

Dans le sillage de First

Depuis sa sortie, First n’a cessé de se réinventer à travers de nombreuses rééditions : en eau légère sans alcool mais aussi en eau de parfum intense, tout à tour blanche, puis noir et or pour Noël… La fragrance originale est quant à elle définitivement passée à la postérité. Une explosion florale intemporelle, donc.

En 1976, son arrivée dans le paysage olfactif de l’époque ne laissa personne indifférent, et il fallut peu de temps pour que d’autres joailliers suivent les traces de Van Cleef & Arpels et s’embarquent vers de nouvelles aventures parfumées. On peut notamment citer Cartier avec Must (1981), Boucheron et son éponyme Boucheron Femme (1988), ou encore Chopard avec Casmir (1992). Pensez à une enseigne de bijouterie incontournable, au hasard… Il y a des chances pour qu’elle n’ait pas que des pierres précieuses, mais aussi quelques parures liquides à vous proposer. En somme, si First fut bien le premier, il était bien loin d’être le dernier.

Le jeu Pocket Quiz est là pour vous permettre d’en apprendre plus sur vos parfums fétiches ainsi que sur les marques de renom de la parfumerie. Alors, quelle sera la prochaine fragrance mythique que vous explorerez ? 

Crédits photos bannière : capture d’écran du site web de Van Cleef & Arpels

Ça y est, l’été est là ! Pour bon nombre, cela signifie prendre le chemin du bord de mer. À défaut de pouvoir vous poser les doigts de pied en éventail sur une plage de sable fin, bonne nouvelle : la parfumerie est là pour vous donner un coup de pouce. Une multitude de matières premières sont capables de recréer la sensation de la peau chauffée par le soleil sur une plage, et une en particulier y parvient avec brio : l’ylang-ylang, une fleur onctueuse et enivrante que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.

Une fleur phare en Asie du Sud-Est

Fleur d’ylang-ylang

L’arbre de l’ylang-ylang est originaire de l’Asie du Sud-Est, principalement de l’archipel des Moluques dans l’est de l’Indonésie. Là-bas, “la fleur des fleurs” s’invite sur le lit des jeunes mariés le soir de leurs noces. Aux Philippines, on tresse les fleurs d’ylang-ylang avec des fleurs de jasmin sambac pour en faire des colliers dont on revêt les images religieuses. Il est aussi utilisé dans la pommade “boori-boori” : mélangé à de la noix de coco, on en tire une concoction destinée à nourrir la peau et les cheveux. En somme, difficile de trouver fleur plus appréciée que l’ylang-ylang dans la région.

Les années 60 voient l’essor de son utilisation au niveau international lorsque son huile essentielle devient de plus en plus prisée. En aromathérapie, on prête à l’ylang-ylang des qualités anti-stress, antiseptiques et sédatives. Du côté de la parfumerie, c’est notamment parce qu’il est le roi de la note solaire qu’on l’apprécie. Pour beaucoup, la note solaire vient titiller nos souvenirs et nous ramène à un produit bien précis qui fit fureur sur les plages dans les années 1930 : l’Ambre Solaire de Garnier.

L’Ambre Solaire, madeleine de Proust estivale

Avant le 20ème siècle, la peau blanche était l’apanage des riches, la peau halée étant un signe du dur labeur en plein air des paysans. Dans les années 20, c’est Coco Chanel qui va inverser la tendance. Sa vie luxueuse l’amène à passer ses week-ends en plein air, sur des bateaux, colorant sa peau de brune. La peau halée devient alors un signe de richesse et de belle vie. La légende raconte qu’en 1927, en voyant Coco Chanel rentrer d’un de ces weeks-ends en mer, la peau brûlée par le soleil, Jean Patou décide de créer la première huile solaire, conçue pour protéger du soleil tout en couvrant la peau d’un voile de couleur bronze, le “bronzage”. Il s’agit de l’huile de Chaldée, qu’Henri Almeras, le parfumeur de la maison Patou, pare de notes florales épicées, et enrichit en salicylate de benzyle, molécule découverte en 1908 et  utilisée comme filtre solaire, pouvant absorber les UV.

Surfant sur l’engouement de cette huile, Eugène Schueller, chimiste et fondateur de L’Oréal, cherche aussi à créer un produit qui protégerait des vilains coups de soleil tout en permettant  un bronzage en douceur. C’est ainsi que naît en 1935 l’Ambre Solaire, une huile de bronzage qui ne tarde pas à s’imposer en indispensable de sacs de plage, surtout à partir de 1936, année des premiers congés payés offrant la possibilité de s’octroyer des vacances ensoleillées en bord de mer.   

À l’époque, le filtre solaire utilisé dans le produit de Garnier n’est autre  que le  fameux salicylate de benzyle, qui confère à l’Ambre Solaire sa signature olfactive si particulière !

Le salicylate de benzyle

Le salicylate de benzyle dégage des effluves floraux et épicés légèrement iodés et confère aisément de la lumière solaire aux compositions auxquelles il s’intègre. On le marie souvent à des notes florales ; dans l’Ambre Solaire, ce sont la rose et le jasmin.

Au fil des années, on se rend compte que le salicylate de benzyle n’est pas aussi efficace qu’on le croyait. La recherche ayant peu à peu développé de meilleurs filtres, L’Oréal le retire de son best-seller… et voilà que les ventes de l’Ambre Solaire dégringolent. Eh oui, la senteur de la molécule a alors durablement séduit les consommateurs. Ni une ni deux, l’entreprise retravaille la formule du produit afin d’y intégrer de nouveau le salicylate, une star finalement bien plus pour son odeur que pour ses propriétés anti-UV. Depuis, le salicylate de benzyle a définitivement posé ses valises dans le monde de la parfumerie.

Et l’ylang-ylang, dans tout ça ? Il se trouve que la composante la plus déterminante dans l’odeur de l’ylang-ylang n’est autre que… le salicylate de benzyle, qui y est naturellement présent ! On comprend alors mieux pourquoi la fleur est le choix par excellence des parfumeurs pour mettre en flacon les rayons du soleil (souvent main dans la main avec l’œillet, le tiaré et la fleur de frangipanier).

L’ylang-ylang : petit aperçu botanique

En tagalog, langue des Philippines,  “ylang” signifie désert. C’est donc en référence à son habitat naturel que l’on connaît l’arbre, qui appartient à la famille des Annonacées et dont le nom latin est “cananga odorata”. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres de haut à l’état sauvage dans des conditions climatiques adéquates. Lorsqu’on décide de le cultiver, il est taillé pour que ses jolies fleurs odorantes soient plus accessibles lors de la cueillette, et sa hauteur se situe entre 2 et 3 mètres.

Les longs pétales effilés de la fleur, formant des grappes rappelant des étoiles, dégagent une fragrance dont il serait en effet bien dommage de se priver. Crémeuse et épicée, un poil fruitée, la fleur d’ylang-ylang rayonne, imprégnée de la lumière du salicylate de benzyle. C’est une fleur extravertie et séductrice avec une facette parfois quasi animale.

L’ylang-ylang en parfumerie

Le premier laboratoire de distillation d’ylang-ylang des Philippines voit le jour vers 1860. Peu après, la fleur commence à être cultivée à plus grande échelle et à trouver son chemin jusqu’aux parfumeurs français. La production d’ylang-ylang aux Philippines a cependant beaucoup décliné depuis et ses principaux producteurs sont aujourd’hui les îles Comores et Madagascar.

Les fleurs d’ylang-ylang peuvent être placées dans des alambics permettant d’en obtenir une belle huile essentielle. On parle de “fractions” d’essence, c’est-à-dire d’extraits à la densité et aux propriétés olfactives différentes. On distingue la fraction extra supérieure, l’extra, la première, la deuxième et la troisième. L’extra supérieure est plus riche et plus fruitée que ses congénères, et plus on descend dans la liste, moins les fractions sont intenses… ce qui les rend en contrepartie plus fraîches. Seulement 40 à 50 kilos de fleurs sont nécessaires pour obtenir un kilo d’huile essentielle et l’ylang-ylang fleurit plusieurs fois par an. Ce qui en fait une championne en termes de rendement, et la matière du parfumeur produisant le plus d’huile essentielle.  

On peut également extraire de l’ylang-ylang un magnifique absolu, plus capiteux que l’huile essentielle et dont les notes épicées sont encore plus prononcées. Il faut compter pas moins de deux tonnes de fleurs pour obtenir un kilo d’absolu.

Quelques parfums autours de l’ylang-ylang

Pot-pourri d’autres notes estivales

L’ylang-ylang n’est évidemment pas le seul à avoir le pouvoir de nous faire prendre des vacances en un coup de nez. On peut aussi compter sur…

Quelle que soit votre destination cet été, pourquoi ne pas continuer votre voyage olfactif avec la version Pocket Quiz du jeu Master Parfums ? Le Pocket Quiz, ce sont 120 questions sur l’univers de la parfumerie et un format de poche qui vous permettra de l’emporter avec vous où que vous alliez… même à la plage !

Autres sources consultées :