Cette année, le 20 mars sonne le coup d’envoi du printemps. Ce qu’on sait moins, c’est que le jour suivant, c’est la Journée mondiale du parfum ! Une alliance parfaite, car le printemps marque le retour de nombreuses fleurs – et existe-t-il une famille olfactive plus célébrée en parfumerie que celle des parfums fleuris ? Pour bien démarrer la saison, Master Parfums vous emmène à la découverte de cette famille olfactive qui semble indétrônable.
La famille olfactive florale, la reine de la parfumerie
Hespéridée, florale, fougère, chyprée, boisée, ambrée-orientale et cuirée : voilà les sept familles olfactives établies par la Société Française des Parfumeurs. Si cette classification, mise au point au début du 20ème siècle par des parfumeurs, a évolué au gré des époques et des développements de la parfumerie, le fait de distinguer les fragrances en fonction de leurs caractéristiques olfactives a révolutionné le secteur , permettant de mieux naviguer dans un marché débordant de créativité et toujours plus compétitif.
S’il y a bien une famille de parfums qui continue de faire fureur décennie après décennie, c’est la famille florale. Elle a parfois souffert d’être perçue comme un peu has-been et n’a eu de cesse de riposter en se réinventant continuellement, au point de devenir indémodable. Les fleurs ayant historiquement longtemps été vues comme l’incarnation de la féminité à l’état pur, c’est sans surprise que la famille les mettant à l’honneur domine le marché du parfum féminin. Mais qu’à celà ne tienne, les fleurs s’invitent aussi dans les parfums masculins et les parfums non genrés. Après tout, pourquoi se priver arbitrairement d’une richesse olfactive comme celle que la famille florale a à nous offrir ?
Ingrédients et facettes à foison
Les espèces de fleurs se comptent en centaines de milliers – difficile, donc, de nommer toutes les notes qui peuplent la famille des parfums floraux ! On peut toutefois souligner celles qui ont souvent le premier rôle.
Vous l’avez sans doute deviné, la palme revient haut la main à la rose, cette délicate fleur, symbole de l’amour par excellence, capable de revêtir mille visages. La fleur d’oranger fait aussi preuve d’une versatilité étonnante, tout comme ses consœurs fleurs blanches le jasmin et la tubéreuse, tour à tour délicates et charnelles. Dans le registre poudré, la violette, l’iris, l’héliotrope ou encore le mimosa nous font souvent les yeux doux ; l’ylang-ylang, la fleur de frangipanier et celle de tiaré sont les meilleures alliées des parfumeurs et des parfumeuses s’aventurant en terrain solaire.
On appelle soliflore une fragrance dans laquelle une fleur en particulier est traitée comme personnage principale de l’oeuvre, et inversement, on parle de “bouquet” lorsqu’une horde de fleurs s’invite dans un parfum. Dans chaque famille olfactive, on distingue également des facettes, sortes de sous-catégories olfactives qui viennent affiner l’identité d’un parfum, car une fragrance n’est rarement que florale, purement boisée ou 100% gourmande !
Des facettes qui viennent habiller la famille florale sont…
- La facette fruitée : cerise charnue, abricot jaune ou poire juteuse, la synthèse permet aux fruits d’apporter ou d’appuyer une touche sucrée dans un parfum fleuri ;
- La facette aldéhydée : elle est incarnée avec excellence dans le somptueux Chanel N°5, un mariage entre jasmin, rose, ylang-ylang et ces fameux aldéhydes, des molécules de synthèse à l’odeur froide et métallique qui ont le pouvoir de sublimer un bouquet ;
- La facette boisée : santal, cèdre ou encore patchouli permettent d’envelopper de chaleur et de souligner l’élégance et le caractère. ;
- La facette épicée : elle joue avec des fleurs dites épicées comme l’immortelle, le lys, ou l’œillet, ou bien avec des notes telles le poivre (une épice fraîche) ou le clou de girofle (une épice chaude).
…Et bien plus encore ! Un parfum fleuri peut aussi exhiber des facettes plus aquatiques, vertes, poudrées, ambrées, cuirées et même gourmandes.
Pour accueillir le printemps comme il se doit, zoom sur quelques fleurs qui ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez…
Petite sélection de fleurs printanières
La rose
Ce serait presque un sacrilège que de parler de la famille des fleurs sans nous arrêter sur la rose. Devenue l’un des emblèmes de la région de Grasse, la rose centifolia ou rose de mai, (l’une des deux roses majoritairement utilisées en parfumerie avec la roseDamascena, rose de Damas) dégage un parfum aussi subtil que majestueux, vert et riche, aux occasionnels surprenants accents de litchi.
Lorsqu’il s’agit de capter les doux arômes de la rose centifolia pour la parfumerie, la méthode d’hydrodistillation dont on obtient une essence offre un rendement trop faible pour ce qu’elle coûte. Il faut donc opter pour l’extraction aux solvants volatils, permettant l’obtention d’un bel absolu de rose mêlant facettes terreuses et miellées, fruitées, voire un peu épicées.
Dans Rose Centifolia Extrait de Guerlain (2023), Delphine Jelk et Thierry Wasser révèlent l’éclat de la majestueuse rose de Grasse, si délicate et si puissante.
Le narcisse
Il existe 22 variétés de cette jolie fleur bicolore. Si le narcisse des champs reste le favori des parfumeurs. Il est l’une des rares fleurs sauvages à être utilisée en parfumerie ! Le narcisse est un habitué de la famille olfactive florale, mais aussi de la famille chyprée. À partir de ses fleurs, il est possible d’extraire un absolu au coeur floral et épicé, aux facettes herbacées et terreuses, reposant sur un fond animal et miellé.
Dans Narcisse Noir de Caron (1911), Ernest Daltroff avait eu le génie et l’audace de créer une ôde à cette fleur sans aucun narcisse dans la formule! Puissant et animal, il est devenu une icône olfactive. Plus récemment, (2018) Anne Flipo a admirablement traduit le côté sauvage de la fleur dans Mont de Narcisse, pour L’Artisan Parfumeur.
Le magnolia
Cette fleur de Chine est l’une des plus anciennes plantes de la planète. Elle dégage un parfum vert, fleuri et très raffiné, et rappelle celui du jasmin. Le magnolia est léger et lumineux, certes, mais il ne s’interdit pas pour autant d’être plus sensuel en jouant sur son côté crémeux. Il peut aussi faire penser à un fruit cireux et citronné légèrement vanillé !
Voilà en somme un parfum complexe, souvent recréé en parfumerie par des accords de matières naturelles et d’ingrédients de synthèse. Car s’il est possible d’extraire du magnolia une huile essentielle par distillation, le rendement est très faible, donc très onéreux. On peut aussi extraire une huile essentielle de ses feuilles et de sa tige : le parfum obtenu sera alors plus herbé et aromatique
Dans Blanc de Chine, de Parfumeurs du monde, Patrice Revillard rend hommage à la belle blanche, en glorifiant ses facettes sans une once de magnolia, et en réalisant la prouesse de ne composer qu’avec des matières 100% naturelles! Un résultat magnifique d’une troublante sensualité
Le lilas
En lisant le nom de cette fleur printanière, vous avez sans doute imaginé de jolis pétales mauves dans des tons pastel… Pastel, c’est aussi comme cela que l’on pourrait qualifier l’odeur du lilas : son parfum est poudré et anisique, très romantique, et fait penser au mimosa (une autre fleur poudrée) ou au muguet.
Quand vient le moment de capturer le parfum du lilas pour la parfumerie, les choses se compliquent, car c’est une fleur muette, une fleur qui refuse de livrer son parfum à travers la distillation ou l’extraction aux solvants volatils ! Avec ces fleurs, la technique de l’enfleurage est parfois utilisée, tout comme celle du headspace : cette méthode vise à capturer les molécules odorantes d’une matière première en la plaçant sous une cloche remplie d’un gaz qui va recueillir les molécules en question, afin de les identifier et de les reproduire. Le plus souvent, on compte sur des combinaisons d’autres matières premières et sur l’utilisation de molécules de synthèse pour donner vie à l’odeur de ces fleurs qui, comme le lilas, se font désirer.
Dans En passant (2000) des Editions de parfum Frédéric Malle, Olivia Giacobetti fait revivre les sensations du printemps apportées par un grand vent de lilas.
La violette
En parfumerie, c’est la violette de Parme qui est la plus utilisée. C’est une fleur au parfum très doux, subtilement vert … mais elle aussi se livre difficilement aux parfumeurs et parfumeuses, pour qui la synthèse est alors la meilleure alliée. Pour recréer le parfum de la violette, on utilise fréquemment deux types de molécules : les ionones et les méthylionones. Douce et rassurante, elle se fait bonbon dans la Violette de Goutal (2001)par Isabelle Doyen et Camille Goutal, plus audacieuse et sensuelle dans Insolence de Guerlain, et délicate et romantique dans Paris de d’Yves St Laurent.
En parfumerie, les feuilles de la violette sont bien plus travaillées que ses fleurs : il est possible d’en extraire un absolu intense, vert et aqueux, un peu terreux, évoquant la rosée fraîche du matin ou la saveur d’un concombre fraîchement pelé.
La feuille de violette a créé la surprise en apportant son insouciance et sa fraîcheur au masculin Fahrenheit de Dior (1988) par Jean-Louis Sieuzac, Michel Almairac et Maurice Roger.
Quelques autres parfums fleuris iconiques
- Avec l’opulent Chanel N°5 (1921), Ernest Beaux signe un parfum révolutionnaire. La danse entre rose de mai, ylang-ylang et jasmin est magnifiée par une envolée d’aldéhydes, la signature olfactive de cette fragrance désormais cultissime.
- Jacinthe, rose de Bulgarie et lilas sont quelques-unes des fleurs peuplant l’exubérant Nahema (1979) de Guerlain, entre une ouverture d’aldéhydes et sur fond de vanille chaude et sensuelle.
- Paris (1983) d’Yves Saint Laurent scelle le mariage somptueux de la rose et de la violette. Une ribambelle d’autres fleurs, une touche épicée de clou de girofle et un fond boisé viennent sublimer ce chef-d’œuvre de la parfumeuse Sophia Grojsman.
- L’élégant J’Adore (1999) de Dior est un bouquet floral construit autour d’un accord de tubéreuse et de jasmin, de rose et de violette, le tout accompagné d’une note délicieuse de prune confite ainsi que de bois de santal et de muscs enveloppants.
- L’Air du Temps (1948) de Nina Ricci sonne le coup d’envoi des parfums floraux-épicés : rose centifolia, jasmin de Grasse et violette poudrée nous font vibrer, mais c’est l’accord œillet-gardénia de la fragrance qui fait toute sa force.
- Du côté de la parfumerie de niche, Annick Goutal nous offre aussi Le Chèvrefeuille (2002) : la fleur éponyme rencontre le narcisse dans ce doux parfum vert ponctué de petit-grain créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen.
- Dans L’Instant de Guerlain (2003), ylang-ylang, magnolia crémeux et miel d’oranger sucré donnent vie à une sublime fragrance florale et ambrée réinterprétant la Guerlinade, fameuse base parfumée et signature olfactive de la maison.
Envie de continuer votre balade dans ce jardin printanier ? Le Livre-Jeu Master Parfums vous a préparé 120 questions autour du parfum ainsi que 12 crayons parfumés pour titiller votre cinquième sens, dont le crayon nº6, illustrant un bouquet floral autour de la rose et de la pivoine.
Joyeux printemps à tous 🌸
À l’occasion de la Journée Internationale des droits de la Femme, le 8 mars, il est essentiel de rendre hommage aux contributions remarquables des femmes dans l’univers de la parfumerie. Historiquement, l’industrie a été perçue comme dominée par les hommes, mais au fil des décennies, des femmes talentueuses ont brisé les barrières, apportant leur sensibilité unique, leur créativité et leur vision innovante. Cet article met en lumière quelques-unes des parfumeuses les plus influentes, leurs parcours inspirants, et les créations olfactives qui ont laissé une empreinte indélébile dans le monde des parfums.
Briser les barrières traditionnelles
Les femmes se sont imposées dans le monde de la parfumerie, traditionnellement dominé par les hommes, à travers une combinaison de talent, de persévérance et d’innovation. Leur ascension dans cet art olfactif peut être attribuée à plusieurs facteurs clés qui reflètent à la fois un changement culturel et l’évolution de l’industrie elle-même.
Historiquement, la parfumerie était considérée comme une extension de la chimie, un domaine où les femmes avaient peu de présence. Cependant, avec le temps, les perceptions ont évolué, et l’éducation ainsi que l’accès accru aux formations spécialisées a ouvert des portes. Des institutions comme l’ISIPCA en France ont joué un rôle crucial en formant des générations de parfumeurs, y compris des femmes talentueuses qui ont ensuite marqué l’industrie de leur empreinte.
Sensibilité et approche
Les femmes ont apporté une sensibilité et une perspective différente à la création de parfums, exploitant souvent leur compréhension intuitive des émotions et des expériences vécues pour concevoir des fragrances qui résonnent profondément sur le plan émotionnel. Cette capacité à tisser des récits olfactifs riches et complexes a non seulement permis aux femmes de se distinguer dans le domaine mais a également enrichi la diversité des parfums disponibles sur le marché.
Innovation, créativité et mentorat
Les femmes parfumeuses ont souvent été à l’avant-garde de l’innovation, repoussant les limites de la créativité pour explorer de nouvelles facettes de la parfumerie. Que ce soit à travers l’utilisation de techniques modernes, la réinterprétation de notes traditionnelles ou le développement de nouvelles molécules, leur travail a contribué à façonner les tendances olfactives et à introduire de nouveaux standards de beauté et d’excellence dans l’industrie.
L’importance du réseautage et du mentorat ne peut être sous-estimée dans l’ascension des femmes dans la parfumerie. En établissant des liens solides avec d’autres professionnels de l’industrie et en bénéficiant du soutien de mentors, les femmes ont pu naviguer plus efficacement dans le secteur, gagnant en visibilité et en reconnaissance. De plus, de nombreuses parfumeuses établies ont pris à cœur de mentorat de la nouvelle génération, assurant ainsi un héritage de talent féminin dans la parfumerie.
Les architectes olfactives de la parfumerie moderne
Les maitres-parfumeuses
Germaine Cellier
Germaine Cellier était une pionnière dans le monde de la parfumerie, connue pour son travail révolutionnaire dans les années 1940 et 1950. Elle a créé des parfums emblématiques pour la maison Balmain, comme Vent Vert et Fracas pour R Piguet. G.Cellier est reconnue pour avoir brisé les conventions de son époque, introduisant des compositions audacieuses qui ont changé le visage de la parfumerie moderne.
Daniela Andrier
Daniela Andrier est une parfumeuse réputée travaillant principalement avec Givaudan, une des plus grandes maisons de création de parfums. Elle n’est pas parfumeuse maison pour une marque spécifique mais collabore avec plusieurs marques de luxe. D. Andrier est connue pour son approche délicate et précise de la parfumerie, avec des créations comme Infusion d’Iris pour Prada ou Untitled pour Maison Martin Margiela. Sa force réside dans sa capacité à créer des parfums qui évoquent des émotions subtiles et complexes lui a valu une reconnaissance dans l’industrie.
Calice Becker
Calice Becker est directrice de la création parfumerie chez Givaudan et a été la force créatrice derrière des parfums comme J’Adore de Dior. Sa contribution à la parfumerie va au-delà de ses créations; Aujourd’hui vice-présidente parfumeuse et directrice de l’Ecole de parfumerie de Givaudan, elle est une mentor et une source d’inspiration pour les nouvelles générations de parfumeurs, prouvant l’importance de la passion, de l’innovation et de la détermination dans la poursuite de l’excellence. En 2021, elle est la lauréate 2021 du prix « Lifetime Achievement PerfumerAward » de la Fragrance Foundation pour sa brillante carrière et son leadership visionnaire dans la promotion de l’art de la parfumerie. Calice Becker continue d’influencer l’industrie avec son travail, laissant une trace durable qui témoigne de son génie créatif.
Nathalie Lorson
Formée chez Roure, Nathalie Lorson est maître parfumeuse chez Firmenich. Elle a créé des parfums pour une multitude de marques, dont Encre Noire pour Lalique. N. Lorson est appréciée pour son aptitude à créer des fragrances complexes et enveloppantes, utilisant son talent pour explorer de nouvelles dimensions olfactives à l’image de Black Opium d’YSL. N. Lorson a recréé la collection Héritage de maison Violet avec une grande maîtrise. Elle collabore avec différentes marques en tant que parfumeuse indépendante, et a reçu plusieurs prix de reconnaissance de son talent.
Isabelle Doyen
Isabelle Doyen est une maître parfumeur dont les créations stimulent l’imagination par leur originalité et leur audace. Longtemps associée à la maison Annick Goutal, maintenant Goutal Paris, I. Doyen a été la force créative derrière plusieurs parfums emblématiques de la marque, tels que Songes et Nuit Étoilée, qui reflètent son talent pour capturer l’essence de la nature et des émotions humaines. Sa collaboration avec Camille Goutal, fille d’Annick Goutal, a conduit à une série de fragrances qui célèbrent l’héritage de la fondatrice tout en introduisant de nouvelles directions olfactives. I. Doyen est également connue pour son travail avec pour des créations indépendantes qui défient les catégorisations traditionnelles, montrant son penchant pour l’expérimentation et l’innovation.
Nathalie Feisthauer
Nathalie Feisthauer est une parfumeuse indépendante en créant Lab-Scent après avoir travaillé chez Givaudan puis Symrise. Elle a contribué à la création de parfums tels que Eau des Merveilles pour Hermès et a une réputation pour son travail innovant. Elle a reçu plusieurs prix notamment le prix du Parfumeur de l’année FIFI en 2019, le prix de la Meilleure Révélation avec le lancement de la collection Sous le Manteau en 2020,ou encore Prix FIFI avec L’Orchestre Parfum pour Electro Limonade en 2021.
Annick Menardo
Annick Menardo est une parfumeuse qui a travaillé pour Firmenich. Elle est célèbre pour ses créations audacieuses et innovantes, telles que Hypnotic Poison pour Dior et Body Kouros pour Yves Saint Laurent. A. Menardo a un talent particulier pour créer des parfums qui sont à la fois contemporains et intemporels, utilisant une gamme variée d’ingrédients pour capturer des émotions complexes.
Aliénor Massenet
Aliénor Massenet travaille en tant que parfumeuse pour Symrise, une des grandes maisons de création de parfums. Au cours de sa carrière, elle a créé des parfums pour une variété de marques, dont Memo Paris. A. Massenet est connue pour son approche détaillée et sa capacité à créer des fragrances riches et complexes, où souvenirs et émotions sont mis en avant à travers ses compositions.
Sophia Grojsman
Sophia Grojsman, travaillant principalement avec IFF (International Flavors & Fragrances), est célèbre pour son approche unique de la parfumerie. Elle a créé des parfums emblématiques tels que Eternity pour Calvin Klein et Trésor pour Lancôme. Grojsman est connue pour son utilisation généreuse des notes florales, en particulier la rose, et a été récompensée par de nombreux prix pour ses contributions à l’industrie.
Françoise Caron
Françoise Caron a travaillé sur une multitude de créations parfumées au cours de sa carrière pour différentes maisons, notamment pour Hermès avec la création de Eau d’Orange Verte. Travailleur indépendant avec une expertise reconnue, Caron est célèbre pour sa capacité à capturer la fraîcheur et la simplicité dans ses parfums, créant des œuvres qui sont à la fois délicates et puissantes.
Honorine Blanc
Honorine Blanc est une parfumeuse chez Firmenich qui a réalisé de nombreux parfums emblématiques, notamment le blockbuster Flowerbomb pour Viktor&Rolf. Sa maîtrise des compositions florales et son talent pour créer des fragrances audacieuses font d’elle une figure respectée dans le domaine. H. Blanc est connue pour son travail collaboratif avec différentes marques de luxe.
Anne Flipo
Parfumeuse chez International Flavors & Fragrances (IFF) depuis 2004, le parcours d’Anne Flipo a débuté à l’ISIPCA, où elle a développé sa passion pour les matières premières. Riche d’un talent unique, elle a créé de nombreux parfums à succès pour des marques de luxe Son expertise dans l’équilibre des ingrédients naturels et synthétiques donne naissance à des fragrances uniques et marquées. Composant pour des marques prestigieuses comme Guerlain, Yves Saint Laurent et Lancôme, Anne Flipo continue à poursuivre son œuvre et à inspirer par son travail admirable. Elle signe notament la nouvelle fragrance d’Essential Parfums, Néroli Botanica.
Une nouvelle approche pertinente
Daphné Bugey
Daphné Bugey, parfumeuse chez Firmenich, a créé des fragrances pour une variété de marques, dont Le Labo avec Rose 31 par exemple. D. Bugey est appréciée pour son savoir-faire alliant des ingrédients contemporains et traditionnels pour créer des fragrances innovantes. Elle travaille également de manière indépendante avec diverses maisons.
Sonia Constant
Sonia Constant travaille pour Givaudan et a créé des parfums pour des marques telles que Valentino, mais surtout reconnue pour son travail pour Narciso Rodriguez avec qui elle a collaboré sur une large collection autour du musc. Elle est connue pour son approche moderne et son utilisation de matières premières inattendues pour créer des parfums qui défient les conventions. S. Constant a également créé sa propre marque EllaK dans laquelle elle retranscrit toute sa sensibilité créative.
Emilie Coppermann
Emilie Coppermann, parfumeuse chez Symrise, est reconnue pour ses créations dynamiques et novatrices, notamment pour des marques comme The Different Company. Sa maîtrise des accords boisés et frais fait d’elle une figure incontournable dans l’industrie, Dance of the Dawn en est l’exemple. E. Coppermann travaille également de façon indépendante avec de nombreuses maisons, apportant son approche unique à chaque projet.
Cécile Zarokian
Cécile Zarokian est une parfumeuse indépendante qui a établi sa propre entreprise, Cécile Zarokian Parfums. Elle est connue pour des créations comme Amouage Epic Woman. C. Zarokian a gagné la reconnaissance pour son approche artisanale de la parfumerie, développant des parfums qui racontent une histoire et évoquent des émotions profondes.
Christine Nagel
Christine Nagel est actuellement la parfumeuse maison pour Hermès, ayant succédé à Jean-Claude Ellena. Avant de rejoindre Hermès, elle a travaillé sur des projets pour de nombreuses marques prestigieuses. C. Nagel est connue pour son approche narrative de la parfumerie, créant des parfums qui racontent des histoires et capturent des moments. Parmi ses créations notables chez Hermès se trouve Eau de Rhubarbe Écarlate. Sa nomination comme parfumeuse en chef chez Hermès marque une étape significative dans sa carrière, soulignant son talent et sa vision dans l’art de la parfumerie.
Mathilde Laurent
Mathilde Laurent est la parfumeuse maison pour Cartier depuis 2005, où elle est célèbre pour avoir créé une variété de parfums emblématiques, y compris La Panthère. Avant de rejoindre Cartier, M. Laurent a travaillé chez Guerlain. Son approche audacieuse et son utilisation innovante des ingrédients font d’elle une figure de proue dans l’industrie, repoussant les limites de la création olfactive.
Olivia Giacobetti
Olivia Giacobetti est reconnue pour sa capacité à capturer l’essence des choses invisibles et éphémères dans ses parfums. Elle est une parfumeuse indépendante et la fondatrice de sa propre marque, IUNX. Parmi ses créations les plus célèbres figurent En Passant pour Frédéric Malle, mettant en avant des notes subtiles de lilas. O.Giacobetti est appréciée pour son style poétique et sa capacité à créer des parfums nuancés et captivants.
Vero Kern
Vero Kern était la fondatrice de Vero Profumo, une marque niche suisse. En tant que parfumeuse indépendante, elle a créé des parfums qui sont devenus cultes dans le monde de la parfumerie niche, comme Onda, Kiki, et Rubj. Kern était connue pour son utilisation de matières premières de haute qualité et pour ses compositions audacieuses et intemporelles.
Amélie Bourgeois
Amélie Bourgeois est une parfumeuse française dont la passion et l’expertise pour la création olfactive la distinguent dans le monde de la parfumerie. Formée à l’école de parfumerie ISIPCA, l’une des plus prestigieuses au monde, Amélie a rapidement développé une signature créative unique, marquée par une exploration audacieuse des matières premières et une approche avant-gardiste de la composition. Sa vision de la parfumerie, à la fois poétique et innovante, l’a amenée à travailler sur divers projets olfactifs, des parfums de niche aux collaborations artistiques.
Anne-Sophie Behaghel
Anne-Sophie Behaghel possède également une solide formation en parfumerie, ayant affiné son talent et sa technique chez ISIPCA avant de se lancer dans une carrière distinguée dans l’industrie. Anne-Sophie est reconnue pour sa capacité à équilibrer harmonieusement complexité et subtilité dans ses créations, en témoigne son travail pour de grandes marques et projets de niche. Sa passion pour raconter des histoires à travers les parfums et son attention minutieuse aux détails font d’elle une force créative dans le domaine.
(Ensemble, Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel ont fondé Le Studio Flair, un studio de création olfactive qui se démarque par son approche personnalisée et son engagement envers l’innovation et l’excellence.)
Sophie Labbé
Sophie Labbé, s’est initiée à l’art de la parfumerie après avoir été inspirée par Jean Kerleo, parfumeur chez Jean Patou. Elle a étudié à l’ISIPCA de Versailles avant d’intégrer IFF, où elle a exercé pendant plus de 20 ans avant de rejoindre en 2019, les équipes parisiennes de Firmenich.
Ses parfums, imprégnés de sa passion pour la nature et le romantisme, se distinguent par leur douceur et leur harmonie. Sophie Labbé est reconnue pour sa détermination à perfectionner chaque création. Ses compositions, telles que Very Irresistible de Givenchy ou Parisienne d’Yves Saint-Laurent, charment par leur capacité à révéler des ambiances et des histoires uniques.
Véronique Nyberg
Véronique Nyberg, artiste et chimiste de formation, a trouvé sa passion dans la parfumerie après ses études à l’Ecole de Parfumerie d’IFF. Son parcours l’a conduite à travers différentes villes, affinant sa créativité et sa maîtrise des contrastes. En 2014, elle a rejoint MANE à Paris en tant que vice-présidente de la création de parfumerie fine. Sa signature artistique réside dans l’harmonie subtile des opposés. Pour Véronique, l’innovation est le fruit d’une introspection profonde, nourrie par les expériences et l’imagination, donnant naissance à des créations singulières et envoûtantes.
Et tant d’autres encore… Aujourd’hui , la parfumerie a la chance de voir continuer d’émerger de nombreuses parfumeuses, lui faisant bénéficier toujours plus de cette sensibilité artistique féminine.
Des contributions extraordinaires à la parfumerie
Les contributions de ces femmes extraordinaires à la parfumerie sont inestimables. Elles ont non seulement pavé la voie à d’autres femmes créatives dans ce domaine traditionnellement masculin mais ont également enrichi notre monde avec des fragrances qui éveillent les sens et suscitent des émotions profondes. Leur héritage inspire une nouvelle génération de parfumeuses à explorer sans limites l’art de la parfumerie, promettant un avenir où les frontières de la créativité et de l’innovation continuent d’être repoussées. En célébrant la Journée Internationale de la Femme, nous reconnaissons non seulement leurs réalisations passées mais aussi l’impact futur des femmes dans l’industrie de la parfumerie.
L’imposition des femmes dans la parfumerie reflète un changement plus large dans la société vers une plus grande égalité des sexes et la reconnaissance du talent indépendamment du genre. Leur succès dans cet art olfactif souligne l’importance de la diversité des perspectives et des expériences dans la création de parfums qui inspirent liés à la détermination qui peut mener à l’excellence, indépendamment du genre.
Du 6 au 9 mars prochain a lieu la 14ᵉ édition du salon Esxence. Chaque année, parfumeurs et marques, professionnels en tout genre du milieu de la parfumerie et public passionné se réunissent à Milan lors de ce rendez-vous immanquable de la parfumerie de niche. On l’appelle aussi haute parfumerie, parfumerie artistique, alternative, parfumerie confidentielle ou bien parfumerie de créateurs — chez Master Parfums, on fait le point sur cette branche de la parfumerie, ses origines et ses ambitions.
L’avant-parfumerie de niche
Le parfum a pendant longtemps été un objet de luxe et le marqueur d’un haut statut social. Mais à partir du XIXᵉ siècle, plusieurs événements vont changer la donne. Avec la révolution industrielle et les avancées de la chimie, l’artisanat et le sur-mesure s’effacent au profit de la production en masse. François Coty contribuera largement à la démocratisation de la parfumerie. Cette évolution affecte également le secteur de la mode. Mais si pendant la première moitié du XXᵉ siècle, des couturiers s’immiscent sur le marché du parfum, avec des précurseurs tel que Paul Poiret, Gabrielle Chanel ou Jeanne Lanvin, une fragrance reste encore un achat réservé aux plus fortunés.
Il faut attendre le lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour que la commercialisation de parfums par des maisons de couture reprenne et que des joailliers leur emboîtent le pas, avec l’ambition d’élargir le champ des classes sociales à pouvoir s’offrir une fragrance… et cela réussit ! On assiste alors aux premiers pas de ce que nous connaissons aujourd’hui comme la parfumerie de masse.
La parfumerie de masse ou le pendant mainstream de la parfumerie
La parfumerie de masse, ce sont les parfums créés par d’importantes marques du luxe et facilement trouvables dans les grands magasins. Pensez aux fragrances de Chanel, Dior, Lancôme, Dolce & Gabbana ou encore Givenchy, qui fourmillent sur les étagères des grandes chaînes de parfumeries comme Sephora, Marionnaud, Nocibé et autres Grands Magasins. Bien souvent, ces parfums cherchent à plaire au plus grand nombre possible. Études de marché, panels olfactifs… De nombreux moyens sont déployés afin d’orchestrer les réussites et de prévenir les flops. Lorsque le succès est au rendez-vous, une fragrance aura alors de nombreuses déclinaisons, aussi appelées flankers, le but étant de capitaliser sur cette réussite tout en rentabilisant au maximum le produit de départ.
La parfumerie de masse accorde une place de choix au marketing et à la communication lors d’un nouveau lancement, s’offrant des spots publicitaires aux prix faramineux et faisant amplement reposer la promotion du parfum — voire de la marque toute entière — sur une célébrité. Ainsi, en achetant un parfum, les consommateurs se verront accorder un petit bout de prestige, d’élégance, de sensualité et bien plus encore, par mimétisme avec la tête d’affiche de la fragrance. En lisant les mots “J’adore, Dior,” peut-être avez-vous vu surgir Charlize Theron dans un coin de votre tête ?
Malheureusement, la popularité et l’accessibilité du parfum sont à double tranchant. On a assisté au fil des années à un phénomène d’uniformisation : la volonté de transformer le parfum en produit de consommation fait que dans les années 50, déjà, aux yeux de certains, les fragrances commencent à se ressembler un peu trop, comme si l’art-même de la parfumerie perdait un peu de son âme… C’est en réaction à cela qu’émerge la parfumerie de niche vers la fin des années 60.
La parfumerie de niche ou l’enfant rebelle du monde olfactif
Si les parfums de masse sont en quelque sorte les blockbusters du marché du parfum, la parfumerie confidentielle se veut être une alternative plus authentique. Elle fait le choix de cibler un marché plus restreint, moins compétitif, et aussi souvent constitué de connaisseurs — en somme, une niche !
L’historienne du parfum Elisabeth de Feydeau définit les ambitions de la parfumerie de niche comme celles de “réveiller l’émotion, flatter la personnalité et répondre à un fort besoin de se singulariser.”
Dans les années 70, des créateurs souhaitent se libérer de la tyrannie des marchés et recentrer le parfum sur l’essentiel : le jus lui-même.
Peu à peu, de nouvelles marques voient le jour. Reléguant les études de marchés et les tendances olfactives et commerciales au second plan, individualité, originalité et liberté créative sont désormais les maîtres-mots. À l’époque, on parle de “troisième parfumerie” ou de “parfumerie parallèle.”
Les parfumeurs visent juste, et les décennies suivantes voient prospérer la parfumerie de niche avant qu’elle ne connaisse un véritable essor au début du nouveau millénaire. Pour la journaliste spécialisée en parfumerie Maïté Turonnet, les trois grands pionniers de la parfumerie de niche sont Jean Laporte avec L’Artisan Parfumeur, Serge Lutens et Annick Goutal.
Parmi les maisons s’étant imposées comme des références dans le milieu de la niche, on trouve Le Jardin Retrouvé, Nicolaï, Éditions de Parfums Frédéric Malle, Le Labo, by Kilian, Maison Francis Kurkdjian, Byredo, Juliette has a gun, The Different Company ou encore Memo. Certains petits nouveaux comme BDK Parfums ou Maison Crivelli sont bien partis pour rester.
Avec le recul, certaines marques nées avant le mouvement, se sont vues qualifier de niche, par exemple, Diptyque (1961), Penhaligon’s (1870), Creed (1760) ou même Santa Maria Novella (1221), ces dernières étant des maisons dotées d’un riche patrimoine olfactif historique.
Caractéristiques de la parfumerie de niche
Dans la parfumerie niche, l’accent est mis sur la qualité et la noblesse des matières premières, et ce sont souvent elles que l’on cherche à valoriser et à mettre au centre de la communication. Les parfums niche assument d’intégrer dans leurs compositions des ingrédients et des notes moins conventionnelles, des propositions et concepts parfois avant-gardistes pouvant surprendre, voire déplaire, et revendiquent cette différence. Il s’agit ici non plus de vouloir s’identifier à l’égérie d’une marque ou de nous fondre dans la masse en adoptant la dernière tendance olfactive mais plutôt d’exprimer une identité plus personnelle et pleinement assumée.
Comme les parfums de niche ciblent un marché plus restreint, ils sont aussi distribués de façon plus sélective, dans les points de vente de la marque, des parfumeries indépendantes ou des pop-up stores. Comme ils sont produits en plus petit nombre, ils sont aussi souvent plus chers, car il faut tout de même être rentable… La bonne nouvelle, c’est que la marque devra aussi en vendre moins pour atteindre cette rentabilité. Enfin, bon nombre de parfums de niche sont des parfums mixtes, non-genrés.
Il est important de rappeler que le fait qu’un parfum soit de niche n’est pas nécessairement un gage de qualité. De la même manière, un parfum de masse n’est pas automatiquement inférieur ou dépourvu de toute sensibilité artistique : de nombreuses fragrances aujourd’hui mythiques et considérées comme de petits bijoux olfactifs sont des parfums de masse ! Il s’agit ici de souligner les différences d’approche entre deux branches de la parfumerie.
Masse et niche : des frontières de moins en moins hermétiques ?
Ces dernières années, les frontières entre la parfumerie de masse et la parfumerie de niche se sont effritées. Nombreuses sont les marques niche à avoir intégré de grands groupes afin de poursuivre leur développement. C’est par exemple le cas de Frédéric Malle et Le Labo qui ont été rachetés par Estée Lauder ; Maison Francis Kurkdjian a intégré LVMH, Atelier Cologne, L’Oréal, tandis que Byredo, Penhaligon’s et L’Artisan Parfumeur font désormais partie de Puig.
Certaines marques sont sorties des confins des échoppes confidentielles et ont étendu leur portée, s’invitant chez Sephora ou de grands magasins à l’instar des Galeries Lafayette. Par ailleurs, plusieurs fragrances de niche ont acquis une certaine renommée : Le Labo avec Santal 33, Frédéric Malle avec Portrait of a Lady, Creed avec Aventus… Eh oui, le succès a rendu le public de certaines maisons… un peu moins niche !
Enfin, des marques historiquement habituées des parfums de masse ont commencé à proposer des créations tournées vers la niche, avec une plus grande valorisation des matières premières, des prix plus élevés et une distribution plus sélective : Tom Ford et sa collection Private Blend, Armani avec Armani Privé, Chanel avec Les Exclusifs de Chanel, la Collection Privée de Christian Dior, ou encore Olfactories chez Prada…
Quoi qu’il en soit, le parfum de niche reste avant tout une philosophie, une manière d’aborder le parfum et le rapport que nous entretenons avec lui. Pour poursuivre cette découverte de la parfumerie confidentielle tout en vous amusant, optez pour le Pocket Quiz de Master Parfums édition spéciale Jovoy, , le temple parisien de cette parfumerie confidentielle. Un jeu de 120 questions-réponses pour se mettre au parfum… de niche!
Ce n’est pas tout : si vous êtes dans les parages lors du salon Esxence, bonne nouvelle, Master Parfums y sera aussi ! Qui de mieux pour vous faire plonger dans l’univers de la marque et sa gamme de jeux olfactifs que sa créatrice Anne-Laure Hennequin ? Rendez-vous à Milan, du 6 au 9 mars prochain !