Du 6 au 9 mars prochain a lieu la 14ᵉ édition du salon Esxence. Chaque année, parfumeurs et marques, professionnels en tout genre du milieu de la parfumerie et public passionné se réunissent à Milan lors de ce rendez-vous immanquable de la parfumerie de niche. On l’appelle aussi haute parfumerie, parfumerie artistique, alternative, parfumerie confidentielle ou bien parfumerie de créateurs — chez Master Parfums, on fait le point sur cette branche de la parfumerie, ses origines et ses ambitions.
L’avant-parfumerie de niche
Le parfum a pendant longtemps été un objet de luxe et le marqueur d’un haut statut social. Mais à partir du XIXᵉ siècle, plusieurs événements vont changer la donne. Avec la révolution industrielle et les avancées de la chimie, l’artisanat et le sur-mesure s’effacent au profit de la production en masse. François Coty contribuera largement à la démocratisation de la parfumerie. Cette évolution affecte également le secteur de la mode. Mais si pendant la première moitié du XXᵉ siècle, des couturiers s’immiscent sur le marché du parfum, avec des précurseurs tel que Paul Poiret, Gabrielle Chanel ou Jeanne Lanvin, une fragrance reste encore un achat réservé aux plus fortunés.
Il faut attendre le lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour que la commercialisation de parfums par des maisons de couture reprenne et que des joailliers leur emboîtent le pas, avec l’ambition d’élargir le champ des classes sociales à pouvoir s’offrir une fragrance… et cela réussit ! On assiste alors aux premiers pas de ce que nous connaissons aujourd’hui comme la parfumerie de masse.
La parfumerie de masse ou le pendant mainstream de la parfumerie
La parfumerie de masse, ce sont les parfums créés par d’importantes marques du luxe et facilement trouvables dans les grands magasins. Pensez aux fragrances de Chanel, Dior, Lancôme, Dolce & Gabbana ou encore Givenchy, qui fourmillent sur les étagères des grandes chaînes de parfumeries comme Sephora, Marionnaud, Nocibé et autres Grands Magasins. Bien souvent, ces parfums cherchent à plaire au plus grand nombre possible. Études de marché, panels olfactifs… De nombreux moyens sont déployés afin d’orchestrer les réussites et de prévenir les flops. Lorsque le succès est au rendez-vous, une fragrance aura alors de nombreuses déclinaisons, aussi appelées flankers, le but étant de capitaliser sur cette réussite tout en rentabilisant au maximum le produit de départ.
La parfumerie de masse accorde une place de choix au marketing et à la communication lors d’un nouveau lancement, s’offrant des spots publicitaires aux prix faramineux et faisant amplement reposer la promotion du parfum — voire de la marque toute entière — sur une célébrité. Ainsi, en achetant un parfum, les consommateurs se verront accorder un petit bout de prestige, d’élégance, de sensualité et bien plus encore, par mimétisme avec la tête d’affiche de la fragrance. En lisant les mots “J’adore, Dior,” peut-être avez-vous vu surgir Charlize Theron dans un coin de votre tête ?
Malheureusement, la popularité et l’accessibilité du parfum sont à double tranchant. On a assisté au fil des années à un phénomène d’uniformisation : la volonté de transformer le parfum en produit de consommation fait que dans les années 50, déjà, aux yeux de certains, les fragrances commencent à se ressembler un peu trop, comme si l’art-même de la parfumerie perdait un peu de son âme… C’est en réaction à cela qu’émerge la parfumerie de niche vers la fin des années 60.
La parfumerie de niche ou l’enfant rebelle du monde olfactif
Si les parfums de masse sont en quelque sorte les blockbusters du marché du parfum, la parfumerie confidentielle se veut être une alternative plus authentique. Elle fait le choix de cibler un marché plus restreint, moins compétitif, et aussi souvent constitué de connaisseurs — en somme, une niche !
L’historienne du parfum Elisabeth de Feydeau définit les ambitions de la parfumerie de niche comme celles de “réveiller l’émotion, flatter la personnalité et répondre à un fort besoin de se singulariser.”
Dans les années 70, des créateurs souhaitent se libérer de la tyrannie des marchés et recentrer le parfum sur l’essentiel : le jus lui-même.
Peu à peu, de nouvelles marques voient le jour. Reléguant les études de marchés et les tendances olfactives et commerciales au second plan, individualité, originalité et liberté créative sont désormais les maîtres-mots. À l’époque, on parle de “troisième parfumerie” ou de “parfumerie parallèle.”
Les parfumeurs visent juste, et les décennies suivantes voient prospérer la parfumerie de niche avant qu’elle ne connaisse un véritable essor au début du nouveau millénaire. Pour la journaliste spécialisée en parfumerie Maïté Turonnet, les trois grands pionniers de la parfumerie de niche sont Jean Laporte avec L’Artisan Parfumeur, Serge Lutens et Annick Goutal.
Parmi les maisons s’étant imposées comme des références dans le milieu de la niche, on trouve Le Jardin Retrouvé, Nicolaï, Éditions de Parfums Frédéric Malle, Le Labo, by Kilian, Maison Francis Kurkdjian, Byredo, Juliette has a gun, The Different Company ou encore Memo. Certains petits nouveaux comme BDK Parfums ou Maison Crivelli sont bien partis pour rester.
Avec le recul, certaines marques nées avant le mouvement, se sont vues qualifier de niche, par exemple, Diptyque (1961), Penhaligon’s (1870), Creed (1760) ou même Santa Maria Novella (1221), ces dernières étant des maisons dotées d’un riche patrimoine olfactif historique.
Caractéristiques de la parfumerie de niche
Dans la parfumerie niche, l’accent est mis sur la qualité et la noblesse des matières premières, et ce sont souvent elles que l’on cherche à valoriser et à mettre au centre de la communication. Les parfums niche assument d’intégrer dans leurs compositions des ingrédients et des notes moins conventionnelles, des propositions et concepts parfois avant-gardistes pouvant surprendre, voire déplaire, et revendiquent cette différence. Il s’agit ici non plus de vouloir s’identifier à l’égérie d’une marque ou de nous fondre dans la masse en adoptant la dernière tendance olfactive mais plutôt d’exprimer une identité plus personnelle et pleinement assumée.
Comme les parfums de niche ciblent un marché plus restreint, ils sont aussi distribués de façon plus sélective, dans les points de vente de la marque, des parfumeries indépendantes ou des pop-up stores. Comme ils sont produits en plus petit nombre, ils sont aussi souvent plus chers, car il faut tout de même être rentable… La bonne nouvelle, c’est que la marque devra aussi en vendre moins pour atteindre cette rentabilité. Enfin, bon nombre de parfums de niche sont des parfums mixtes, non-genrés.
Il est important de rappeler que le fait qu’un parfum soit de niche n’est pas nécessairement un gage de qualité. De la même manière, un parfum de masse n’est pas automatiquement inférieur ou dépourvu de toute sensibilité artistique : de nombreuses fragrances aujourd’hui mythiques et considérées comme de petits bijoux olfactifs sont des parfums de masse ! Il s’agit ici de souligner les différences d’approche entre deux branches de la parfumerie.
Masse et niche : des frontières de moins en moins hermétiques ?
Ces dernières années, les frontières entre la parfumerie de masse et la parfumerie de niche se sont effritées. Nombreuses sont les marques niche à avoir intégré de grands groupes afin de poursuivre leur développement. C’est par exemple le cas de Frédéric Malle et Le Labo qui ont été rachetés par Estée Lauder ; Maison Francis Kurkdjian a intégré LVMH, Atelier Cologne, L’Oréal, tandis que Byredo, Penhaligon’s et L’Artisan Parfumeur font désormais partie de Puig.
Certaines marques sont sorties des confins des échoppes confidentielles et ont étendu leur portée, s’invitant chez Sephora ou de grands magasins à l’instar des Galeries Lafayette. Par ailleurs, plusieurs fragrances de niche ont acquis une certaine renommée : Le Labo avec Santal 33, Frédéric Malle avec Portrait of a Lady, Creed avec Aventus… Eh oui, le succès a rendu le public de certaines maisons… un peu moins niche !
Enfin, des marques historiquement habituées des parfums de masse ont commencé à proposer des créations tournées vers la niche, avec une plus grande valorisation des matières premières, des prix plus élevés et une distribution plus sélective : Tom Ford et sa collection Private Blend, Armani avec Armani Privé, Chanel avec Les Exclusifs de Chanel, la Collection Privée de Christian Dior, ou encore Olfactories chez Prada…
Quoi qu’il en soit, le parfum de niche reste avant tout une philosophie, une manière d’aborder le parfum et le rapport que nous entretenons avec lui. Pour poursuivre cette découverte de la parfumerie confidentielle tout en vous amusant, optez pour le Pocket Quiz de Master Parfums édition spéciale Jovoy, , le temple parisien de cette parfumerie confidentielle. Un jeu de 120 questions-réponses pour se mettre au parfum… de niche!
Ce n’est pas tout : si vous êtes dans les parages lors du salon Esxence, bonne nouvelle, Master Parfums y sera aussi ! Qui de mieux pour vous faire plonger dans l’univers de la marque et sa gamme de jeux olfactifs que sa créatrice Anne-Laure Hennequin ? Rendez-vous à Milan, du 6 au 9 mars prochain !
La période de Noël est un moment unique dans l’année, un temps où les sens s’éveillent et les émotions s’intensifient. L’univers de la parfumerie, conscient de cette magie, propose des éditions limitées et des inspirations olfactives spéciales pour ces fêtes de fin d’année. Ces créations arrivent à capter l’esprit de Noël, avec une dimension à la fois psychologique et commerciale.
La magie olfactive de Noël
Noël est une saison riche en senteurs : des épices chaudes du pain d’épice aux fraiseffluves des sapins, les parfums de Noël, avec leurs notes gourmandes, boisées ou épicées, sont conçus pour évoquer ces images et souvenirs. Ils sont un pont entre notre présent et nos plus doux souvenirs d’enfance, réveillant la nostalgie des Noëls passés.
Les marques de parfum saisissent cette période pour lancer des éditions limitées. Ces créations uniques sont souvent présentées dans des flacons spécialement conçus pour les fêtes, ajoutant un attrait visuel à la richesse olfactive. Par exemple, la maison Guerlain réédite chaque année son parfum « Nuit d’Hiver », une fragrance chaleureuse qui mêle des notes de cannelle, d’orange et de vanille.
Le rôle psychologique et stratégie commerciale des parfums de Noël
Les parfums de Noël jouent un rôle clé dans l’évocation des émotions. Ils peuvent apaiser, réconforter ou revigorer, contribuant à créer une atmosphère festive. Par exemple, le parfum « Snowy Morning » de Bath & Body Works, avec ses notes de pin et de menthe, a été créé pour donner cette sensation d’hiver froid revigorant et rafraîchissant.
La période de Noël est cruciale pour l’industrie du parfum. Les éditions limitées sont non seulement des objets de collection convoités, mais aussi des cadeaux de choix. Leur caractère exclusif et saisonnier incite à l’achat, jouant sur le désir de rareté et d’unicité.
Les senteurs de Noël : un voyage olfactif au cœur de la tradition
Noël est une période où les odeurs jouent un rôle central, évoquant des souvenirs et des sensations uniques. Chaque senteur caractéristique de Noël a sa propre histoire et son propre pouvoir évocateur.
Les épices chaudes
Les épices chaudes telles que la cannelle, le clou de girofle, et la muscade sont indissociables de Noël. Elles rappellent les biscuits au pain d’épice, les tartes et les boissons chaudes. Leur chaleur évoque la convivialité et le partage, des moments passés en famille autour de la table.
Guimauves et marshmallows
La douceur sucrée des guimauves évoque les moments de plaisir et de détente. Cette note gourmande nous transporte vers des souvenirs d’enfance, de veillées autour du feu, de chocolats chauds savourés sous un plaid douillet.
Le sapin
L’odeur fraîche et résineuse du sapin est emblématique de Noël. Elle symbolise la nature et la fraîcheur de l’hiver, rappelant les forêts enneigées et la tradition du sapin décoré dans le salon.
Le feu de cheminée
La senteur boisée et fumée du feu de cheminée crée une atmosphère chaleureuse et rassurante. Elle évoque les longues soirées d’hiver, les récits partagés au coin du feu, un sentiment de sécurité et de confort.
Le panettone
Cette brioche italienne traditionnelle de Noël, avec ses notes de fruits confits et d’agrumes, apporte une touche de gourmandise et d’exotisme. Son odeur est associée aux festivités et aux réunions familiales.
Les agrumes
Les odeurs d’orange, de citron et de mandarine, souvent présentes dans les décorations de Noël ou utilisées dans les recettes de saison, apportent une fraîcheur vivifiante. Elles contrastent avec la richesse des autres senteurs de Noël, rappelant les moments de joie et de vitalité.
Chacune de ces senteurs contribue à créer l’atmosphère unique de Noël, une période où les parfums se mêlent pour raconter des histoires de joie, de partage et de tradition.
Idées de parfums de Noël
White Moss & Snowdrop de Jo Malone : ce parfum capture l’essence d’un paysage hivernal enneigé. Il débute par des notes lumineuses de mousse et de jacinthe, suivies de cardamome et de pétale de rose. Le fond de cette composition repose sur des notes de bois ambré, donnant une sensation à la fois douce et mystérieuse.
Noël au Balcon d’État Libre d’Orange : ce parfum, créé par Antoine Maisondieu, est un mélange audacieux et chaleureux. Il s’ouvre sur des notes de tête d’orange, de miel et de poivre, offrant un démarrage épicé et doux. Le cœur révèle des nuances de patchouli et de musc, tandis que la vanille et le cumin en fond lui confèrent une profondeur envoûtante et sensuelle.
Nuit de Noël de Caron: créé par Ernest Daltroff en 1922, ce classique intemporel est une célébration de l’élégance de Noël. Avec ses notes de tête de ylang-ylang et de rose, un cœur de santal et de mousse, et un fond de musc et de vanille, il évoque une soirée festive élégante et mystérieuse.
Christmas Tree de Demeter : ce parfum capture l’essence d’un sapin de Noël avec une fidélité surprenante. Les notes de pin et de résine sont complétées par un soupçon de terre humide, évoquant le souvenir d’un véritable arbre de Noël dans votre salon.
Ces fragrances offrent une variété d’expériences olfactives qui enrichissent l’ambiance de Noël, apportant à chaque maison un peu de la magie des fêtes.
Outre les parfums corporels, les bougies parfumées ainsi que les parfums d’ambiance jouent un rôle central dans la création d’une atmosphère de Noël.
Chez Diptyque, deux bougies offrent une expérience olfactive festive :
- On retrouve Délices, mêlant des arômes de fruits confits et zestes d’orange avec des notes épicées de cannelle et de gingembre. En fond, des effluves doux de caramel et de vanille créent une ambiance chaleureuse et réconfortante, évoquant les plaisirs gourmands et les moments conviviaux des fêtes de fin d’année.
Ainsi que Sapin qui est une célébration olfactive de la saison de Noël. Elle évoque la chaleur et le charme des arbres de Noël, avec des senteurs de pin, de résine et de cèdre. La bougie est présentée dans un récipient décoré de flammes en vert et en or, ce qui en fait un cadeau magnifique ou un plaisir personnel. Elle crée une ambiance de fête, rappelant les souvenirs joyeux et est idéale pour ajouter une touche festive à tout intérieur durant la saison hivernale.
Chez Trudon, Gabriel offre une atmosphère accueillante pendant les journées froides d’hiver. Ses notes distinctives de cuir, bois de cachemire et marron caramélisé tissent un tableau de moments joyeux et confortables.
Joyeux Noël de Frédéric Malle : créé par Dominique Ropion, ce parfum d’ambiance est une innovation dans la façon de parfumer les intérieurs. Il mélange des notes de pin, d’épices et de d’ambre avec une touche de barbe à papa innovante, créant une atmosphère qui rappelle les ambiances des soirées de fin d’années.
La Trêve des Confiseurs de la maison Oriza L. Legrand est un parfum d’ambiance aux senteurs d’orange confite et d’épices pour une ambiance gourmande et chaleureuse au sein du foyer.
Alors que Noël 2023 approche, l’univers des parfums s’enrichit de fragrances qui capturent l’essence de cette période joyeuse. Les éditions limitées et les inspirations olfactives spéciales de Noël offrent bien plus qu’une simple senteur : elles sont une célébration des émotions et des souvenirs. Avec l’évolution constante de la parfumerie, on peut s’attendre à des innovations toujours plus surprenantes et captivantes pour les Noëls à venir.
“Nous vivons dans un monde sur-parfumé et pourtant l’odorat reste le sens le plus sous-estimé, le plus sous-utilisé, et aussi le plus mystérieux.” Tel est le constat fait par Anne-Laure Hennequin – fondatrice de la marque de jeux olfactifs Master Parfums. Si vous nous découvrez tout juste, vous ne pouviez pas mieux tomber : nous vous proposons de remonter à la genèse de Master Parfums, en retraçant le parcours d’Anne-Laure avant d’explorer la philosophie de la marque ainsi que chaque ouvrage de la collection.
Et même si personne ne vous bat à une partie de Pocket Quiz, nous parions qu’il vous reste sans doute encore quelques zones d’ombre quant à l’histoire de Master Parfums – éclaircissons les sans plus attendre.
“Je renifle tout depuis que je suis toute petite” : parcours d’une passionnée
Anne-Laure Hennequin est tombée très tôt dans la marmite : sa fascination pour le parfum et les odeurs en général remonte à son enfance. “Je renifle tout depuis que je suis toute petite,” explique-t-elle. “Comme beaucoup de petites filles, je m’amusais à macérer des fleurs du jardin pour créer des parfums, pas vraiment mémorables! Mon jeu préféré était un jeu qui permettait de composer des parfums. Si je visualise très bien la boîte, je n’arrive pas à me souvenir du nom. Mais c’était bien avant Sentosphère! Je me souviens de ma création préférée qui était à base de lilas et que j’avais versée dans un petit flacon de Cléa d’Yves Rocher pour offrir à ma maman. J’avais aussi bien sûr une collection d’échantillons et de miniatures de parfums.” Mais à l’époque, Anne-Laure ne se limite pas à admirer les jolis jus colorés dans ses jolis flaconss, elle s’amuse déjà à les sentir à l’aveugle et à essayer de les reconnaître, organisant même des concours avec sa tante.
Pas vraiment scientifique dans l’âme, une carrière de parfumeur n’est même pas à envisager à cette époque. À l’heure des études supérieures, elle choisit donc le chemin des langues et après une année aux États-Unis, elle intègre une école de traduction. Son amour pour le parfum ne la quitte pas pour autant, au contraire : elle effectue son stage de fin d’études chez Clarins (qui comptait Angel et Elysium dans son catalogue de parfums), au sein du service formation internationale. Là-bas, elle traduit le manuel destiné à la formation des équipes. C’est à ce moment qu’elle trouve sa voie : celle de la transmission, et en l’occurrence, la transmission d’une passion pour le cinquième sens et la création parfumée.
Anne-Laure complète ensuite une formation en distribution parfums et cosmétiques, tout en travaillant comme conseillère de beauté intérimaire pendant les week-ends. “Travaillant pour des marques différentes à chaque fois, j’ai pu bénéficier de nombreuses formations”. Puis, elle occupe le poste d’animatrice formatrice chez Kenzo, d’abord en France, puis aux États-Unis, pendant près de dix ans. Sa mission ? “Faire comprendre l’ADN de la marque et les nouveautés aux vendeuses.” L’Europe l’appelle, et c’est à Barcelone qu’elle s’installe pour travailler pendant onze ans pour Puig, commençant par la formation pour Prada avant d’étendre ses formations au groupe entier en tant que directrice de formation internationale.
Alors qu’Anne-Laure Hennequin acquiert pas moins de vingt ans d’expérience comme formatrice pour de grandes marques de parfums à échelle internationale, elle réalise que le moyen qui se prête le mieux à son objectif pédagogique est celui du jeu : elle conçoit, avec son équipe, des modules de formation basés sur l’edutainment, une méthode combinant education (éducation) et entertainment (divertissement) – en un mot, l’éducation par le jeu. Car lorsque l’on mêle apprentissage et jeu, on s’instruit simplement, rapidement et efficacement : directement impliqués et pas seulement spectateurs silencieux d’un professeur ou lecteurs tacites d’un ouvrage, nous retenons beaucoup mieux ce que l’on cherche à nous transmettre !
Alors, comment ces modules d’edutainment ont-ils fini par faire éclore Master Parfums ?
Master Parfums : pourquoi ?
Des lacunes dans la manière de former
Dans sa vie professionnelle, Anne-Laure Hennequin est aux premières loges d’un malheureux constat : les formations privilégient la connaissance des nouveautés, et l’enseignement des techniques de vente au service de ces nouveautés prime sur tout le reste. L’image de marque et la communication qui portent un lancement prennent beaucoup de place, au détriment de la culture olfactive. Le résultat ? La prolifération de “belles au bois dormant” : des créations olfactives qui tombent dans l’oubli sous le poids des nouveautés prenant la poussière sur les étagères au lieu de vivre sur les peaux.
Il n’y a pas que les vendeuses qui sont délaissées : les consommateurs et consommatrices le sont encore plus face à une offre grandissante, mais pas forcément de l’expertise nécessaire pour s’y retrouver dans cet océan de produits parfumés. Pourtant, Anne-Laure en est convaincue : une fois éduqués, on sait reconnaître la qualité, et cela permettrait à de nombreuses fragrances d’être appréciées à leur juste valeur, et pour nous, d’apprendre à honorer et chouchouter notre odorat.
Un paradoxe olfactif
Au-delà de son parcours professionnel, autre chose frappe Anne-Laure depuis longtemps. D’un côté, tout est parfumé : produits d’hygiène et de beauté, grandes surfaces, magasins, salles d’attente, métro, nourriture… Pas une seconde de répit pour nos narines, notre nez étant sollicité en permanence, comme si le monde était une pomme de senteur.
De l’autre… L’odorat est négligé ! “L’odorat est le sens auquel on accorde le moins d’importance,” observe Anne-Laure. “Non seulement l’école ne nous apporte pas de connaissances à ce sujet, mais on ne teste même pas notre odorat, alors qu’on subit des tests depuis tout petits pour vérifier notre vue, notre ouïe, ou le toucher par les activités manuelles. C’est le sens le plus laissé pour compte.” La crise sanitaire du Covid-19 a d’ailleurs mis en lumière à quel point l’odorat est souvent pris pour acquis… Avant, beaucoup ignoraient qu’il était même possible de perdre l’odorat !
Comment expliquer que notre cinquième sens soit laissé à l’abandon, et surtout, comment y remédier ? C’est là que Master Parfums entre en jeu.
Naissance de Master Parfums
Une idée germe alors dans l’esprit d’Anne-Laure : et si on pouvait transmettre la culture du parfum directement aux consommateurs et aux consommatrices ? “Je me suis sentie investie d’une mission : simplifier l’éducation du parfum afin d’en promouvoir la culture auprès de tous.”
Le résultat ? Un concept de jeux éducatifs à la portée aussi bien des grands débutants que des passionnés et des professionnels de la parfumerie : Master Parfums ! Il est temps de redorer le blason du cinquième sens : non seulement on s’instruit sur le fascinant univers du parfum, on met aussi son odorat et son imagination en action. Si vous ne connaissez pas encore la gamme de jeux, faites donc connaissance…
La collection de jeux Master Parfums
L’aventure commence en 2018 avec le Pocket Quiz, un quiz parfum sous la forme d’un jeu de cartes qui peut vous accompagner partout. Un petit format pourtant incroyablement riche ! Ses 120 questions sont réparties en quatre catégories :
- La palette olfactive
- Marques, parfums, astuces
- Histoire, littérature, mythologie
- Les coulisses du parfum
Les questions allant du niveau amateur au niveau expert en passant par le niveau connaisseur, vous pouvez lancer une partie quelles que soient vos connaissances en matière de parfum ! Mais pour devenir le Master, il vous faudra grimper les niveaux en répondant correctement à 12 questions (les 3 niveaux des 4 catégories), en évitant si possible de tomber sue les cartes “anosmie” et “mystère”.
Parler du parfum, c’est bien, mais c’est encore mieux de le faire avec une dimension olfactive ! Voilà que débarque donc un plus grand format : le Livre-Jeu olfactif. On y retrouve un livret éducatif et un nouveau quiz, toujours avec les mêmes 4 catégories et 3 niveaux de difficulté, mais les 120 questions sont différentes. Si vous possédez le Pocket Quiz vous pouvez jouer avec deux fois plus de questions !
Autre bonus : 40 défis olfactifs qui reposent sur le petit bijou du Livre-Jeu, ses 12 crayons parfumés correspondant aux 12 facettes olfactives les plus utilisées en parfumerie (agrume, aromatique, florale…). Avec ces crayons, vous pouvez…
- Sentir les notes et décrire ce qu’elles vous font ressentir – c’est le moyen d’apprendre à parler (ou mieux parler) de vos émotions olfactives.
- Travailler votre mémoire olfactive en jouant à reconnaître les odeurs et en expliquant ce qu’elles vous évoquent, et pourquoi. Quel crayon vous ramène à un après-midi en bord de mer, à une balade en forêt ou à l’heure du goûter de votre enfance ?
- Créer un parfum à partir de petits briefs qui vous seront donnés. L’occasion rêvée de donner vie momentanément à cette fragrance unique dont vous avez toujours rêvé !
Avec ses crayons parfumés, le Livre-Jeu a même été reconnu par des orthophonistes comme un outil d’aide à la rééducation olfactive !
Master Parfums sort ensuite le Pocket Quiz édition spéciale Jovoy : il s’agit du même concept que le premier Pocket Quiz, les questions tournant cette fois-ci autour des marques de niche présentes chez Jovoy, l’incontournable temple de la parfumerie niche de la rue de Castiglione, à Paris.
Et le petit dernier de la famille Master Parfums, tout beau, tout frais, c’est le Pocket Quiz : le tour du monde en parfums. Là encore, on reprend le concept du Pocket Quiz, avec des questions portant cette fois-ci sur les cultures du parfum des quatre coins du monde.
Les 3 Pocket Quiz peuvent enrichir le Livre-Jeu Olfactif de nouvelles questions pour enrichir les parties, l’ensemble de la collection regroupant maintenant 480 questions!
Au-delà d’un apprentissage ludique stimulant connaissances et créativité, les jeux Master Parfums sont aussi une façon de (re)créer du lien, en partageant votre passion avec les personnes qui vous entourent, ou bien en vous initiant au monde merveilleux du parfum, ensemble. À l’approche des fêtes, et si vous en profitiez ?
Par ailleurs, Anne-Laure Hennequin propose en ce moment une nouvelle édition de son traditionnel Master Quiz de l’Avent : un jour, une question sur le parfum – ça se passe juste ici. Si vous vous prenez au jeu, ça tombe bien, nous venons justement de vous souffler quelques idées de cadeaux à glisser sous les sapins…
Il est rare qu’une fragrance transcende le temps pour rester gravée dans la mémoire collective. C’est le cas de Youth Dew, la perle précieuse d’Estée Lauder. Depuis son introduction sur le marché, elle a séduit des générations par sa complexité et son charme envoûtant.
Cet article vous invite à redécouvrir cet élixir, la remarquable gestion marketing qu’Estée Lauder a mise en place et à comprendre pourquoi, après tant d’années, il demeure l’un des joyaux de la parfumerie mondiale.
Estée Lauder : une marque, une créatrice
Le monde de la beauté est emprunt d’histoires inspirantes, mais celle d’Estée Lauder est exceptionnelle. Née en 1908, Estée Lauder, de son vrai nom Joséphine Esther Mentzer, a grandi à New York dans un environnement modeste.
Avec ses racines hongroises et tchèques, elle s’est immergée très jeune dans l’univers des cosmétiques grâce à son oncle chimiste, qui lui a transmis sa passion pour les formulations beauté.
En 1946, le rêve devient réalité. Avec une foi inébranlable en sa vision, Estée, accompagnée de son mari Joseph, a fondé la marque Estée Lauder. Elle ne se contentait pas de vendre des produits, elle vendait une expérience. Ses démonstrations personnelles, où elle conseillait les femmes sur leurs routines de soins, ont rapidement fait sensation.
Elle croyait dur comme fer que « chaque femme peut être belle« , et c’est cette conviction qui a été le pilier de sa marque.
Estée Lauder a introduit des parfums qui ont non seulement reflété les tendances olfactives de leur époque, mais qui ont aussi, à bien des égards, défini celles à venir. Son approche visionnaire de la parfumerie a concrétisé la réputation de la marque comme une force innovante et influente, faisant d’Estée Lauder non seulement une icône de la cosmétique, mais aussi une légende du monde du parfum.
Contexte historique du parfum Youth Dew
Le milieu du XXe siècle est une époque d’innovations, de transformations sociales et d’expression individuelle. C’était également une période de révolution dans l’univers de la parfumerie, où les parfums devenaient des déclarations d’identité et des symboles de féminité.
Lorsqu’Estée Lauder a introduit Youth Dew en 1953, le paysage parfumé était dominé par l’idée traditionnelle que le parfum était un luxe offert par les hommes aux femmes en signe d’affection ou d’admiration. Estée Lauder, avec sa forte perspicacité, a repéré une opportunité unique. Elle a réalisé que si le parfum était reformulé et commercialisé différemment, il pourrait devenir un bien que les femmes choisiraient et achèteraient elles-mêmes pour elles-mêmes.
Ainsi est née l’huile de bain Youth Dew1. Plus qu’une simple huile parfumée, elle était conçue comme un acte d’émancipation féminine. Au lieu d’attendre qu’un parfum lui soit offert, une femme pouvait maintenant se dorloter avec cette huile riche et sensuelle, s’offrant à elle-même une expérience luxueuse abordable à 8 dollars le flacon. Sa formulation concentrée permettait de l’utiliser à la fois comme huile de bain et comme parfum, ce qui en faisait un produit polyvalent.
L’impact culturel de Youth Dew ne peut être sous-estimé. Il a non seulement bouleversé les conventions marketing de l’industrie de la parfumerie, mais a également reflété et amplifié une tendance croissante vers l’indépendance et l’autonomie féminine de cette époque. En re-définissant ce qu’un parfum pouvait être et comment il pouvait être porté, Youth Dew est devenu non-seulement un parfum emblématique, mais également un symbole d’une époque en pleine mutation.
Joséphine Catapano, la parfumeure derrière Youth Dew
Née en 1918, Joséphine Catapano est reconnue comme l’une des parfumeures les plus talentueuses du 20ème siècle. Après avoir débuté sa carrière chez Elizabeth Arden, elle a ensuite travaillé pour de prestigieuses maisons, faisant d’elle une figure respectée dans l’industrie.
Sa collaboration avec Estée Lauder dans les années 1950 reste l’une des plus mémorables de sa carrière. Ensemble, elles ont conceptualisé Youth Dew.
A une époque où l’on ne porte globalement que du parfum français, Estée Lauder aspirait à créer une huile de bain parfumée que les femmes pourraient se permettre d’acheter pour elles-mêmes.
Joséphine Catapano a su transformer cette idée en un parfum emblématique illustrant ainsi la vision révolutionnaire de Lauder et son génie créatif.
Joséphine Catapano a laissé une empreinte indélébile dans l’univers de la parfumerie, et Youth Dew demeure l’une des pierres angulaires de son riche héritage.
Youth Dew ou la sensualité intemporelle
Depuis plus de cinquante ans, Youth Dew fait battre le cœur des amoureux de parfums. Cet élixir à su traverser les décennies avec une grâce intemporelle.
Dès les premiers effluves, l’opulence de la rose se mêle à la fraîcheur de la jonquille, évoquant l’image d’un jardin baigné de rosée matinale. Le narcisse donne une touche florale légèrement verte et poivrée, en parfaite harmonie avec la fraîcheur camphrée de la lavande qui, telle une brise légère, ajoute une dimension aromatique qui équilibre parfaitement la richesse des fleurs. L’orange et la pêche ajoutent une douceur fruitée, mais le plus surprenant est cette nuance presque effervescente de caramel liquoreux rappelant le Coca-cola, qui apporte une originalité gourmande, presque régressive à l’ensemble.
Au cœur du parfum, le jasmin déploie sa sensualité, enveloppant les sens dans un voile blanc et intense. Il danse délicatement avec le muguet, cette fleur fragile qui évoque la tendresse des premières journées printanières. Puis, instantanément, une touche épicée de cannelle et de clou de girofle vient réchauffer et twister l’ensemble, insufflant une chaleur envoûtante à la composition.
Mais c’est véritablement le fond de la fragrance qui révèle toute sa complexité. La mousse de chêne, évoque une forêt dense ajoutant une profondeur sombre de sous-bois. Cette base est renforcée par le vétiver, dont les nuances terreuses, boisées et légèrement fumées s’entrelacent à la richesse balsamique du patchouli. L’encens et les baumes dégagent une aura enveloppant les sens d’une douceur résineuse et légèrement vanillée.
C’est un parfum catégorisé par la marque dans la famille olfactive des ambrés épicés. Mais on y perçoit aussi une structure chypré en filigrane.
Le résultat ? Un sillage mémorable, à la fois puissant, subtil et captivant.
C’est une histoire olfactive, une épopée qui, à chaque vaporisation, invite à un voyage sensoriel magnétique et opulent.
Chaque note joue son rôle, créant une histoire qui évolue magnifiquement sur la peau, laissant derrière elle une impression indélébile d’élégance et de mystère. Une fragrance opulente dont le sillage est signe d’affirmation, d’émancipation, voire de désinvolture, dans une époque où la femme, cherchant sans cesse à s’affirmer, y trouve une arme au charme irrésistible.
Le mot d’Anne-Laure, créatrice de Master Parfums
Cette fragrance de couleur ambrée se love dans un flacon extrêmement féminin: une robe drapée serrée à la taille qui n’est pas sans rappeler les modèles new-look de Christian Dior.
Pour la publicité, Estée Lauder innove et provoque avec un visuel plutôt osé pour l’époque : une femme nue de dos, joliment floutée, prête à prendre son bain.
Pour découvrir le parfum en point de vente, point de mouillette ou de céramique.
Estée Lauder voulait que son produit soit accessible à toutes: le flacon ne devrait pas être scellé, comme le faisaient les autres marques. Ainsi les clientes pourraient le sentir librement. Elle savait qu’elles s’en mettraient sur les mains et qu’ainsi elles pourraient le sentir plusieurs heures après sur leur peau.
Devant le succès incroyable de cette huile, elle décida de lancer aussi le parfum en même temps qu’une gamme complète de produits comme des poudres, savon, et lotions…
Un succès qui s’exporta en Europe un peu plus tard. Un directeur de grand magasin français aurait exprimé des doutes quant à la réussite d’un parfum américain en France. Ce qui ne fit que renforcer la détermination de la créatrice. On raconte même qu’elle aurait intentionnellement laissé tomber un flacon de Youth Dew dans le magasin attirant ainsi l’attention d’une foule de curieux!
Youth Dew est une célébration de l’indépendance féminine, un symbole de la beauté éternelle et un chef-d’œuvre olfactif. Chaque goutte raconte l’histoire d’une femme qui a osé défier les normes et a changé la vision du monde de la parfumerie pour toujours, allant même être une inspiration pour Opium d’Yves Saint Laurent, qui arrivera quelques années plus tard.
C’est l’été indien, imaginez-vous sur la terrasse d’une plage de Méditerranée, cocktail délicat à la main, musique electro-groovy en fond, regardant le soleil décliner à l’horizon, ses derniers rayons caressant la mer. C’est cette sensation que procure Electro Limonade, une création olfactive de L’Orchestre Parfum. Elle nous emmène dans un voyage mémorable entre parfum et musique, grâce à la vision avant-gardiste de son fondateur, Pierre Guguen.
L’Orchestre Parfum, une marque avant-gardiste
Au cœur de la parfumerie contemporaine, un nom ressort par sa singularité et son approche innovante : L’Orchestre Parfum. Cette marque, née de l’ingéniosité et de la passion de Pierre Guguen, transcende les limites traditionnelles de la parfumerie en créant une fusion captivante entre le parfum et la musique.
Pierre Guguen, l’architecte derrière cette vision unique, a toujours cru dans l’interaction profonde entre les sons et les odeurs. Captivé par la façon dont certaines odeurs peuvent évoquer des mélodies dans les esprits, et comment certaines musiques peuvent évoquer des souvenirs olfactifs précis. C’est ce qui jettera les bases de ce qui allait devenir une formidable aventure entrepreneuriale.
En fondant L’Orchestre Parfum, Pierre Guguen n’a pas simplement cherché à produire des fragrances exceptionnelles ; il a voulu que chaque parfum soit une composition, une mélodie, un morceau d’art. Pour lui, un parfum n’est pas simplement une combinaison d’ingrédients ; c’est une partition olfactive, où chaque note, chaque accord a une résonance émotionnelle.
L’approche va au-delà du simple marketing ou du concept. C’est une conviction profonde que la musique et le parfum, bien que différents dans leur expression, ont le pouvoir unique de capturer l’essence de moments fugaces, de souvenirs et d’émotions. En les combinant, il a créé non seulement une nouvelle manière de percevoir le parfum, mais aussi une manière innovante d’expérimenter la musique.
La vision de Pierre Guguen est audacieuse et avant-gardiste. Il a réussi à bousculer le monde de la parfumerie en introduisant une dimension sonore à chaque parfum, offrant ainsi une expérience sensorielle riche et immersive. À travers L’Orchestre Parfum, le fondateur invite chacun de nous à fermer les yeux, à respirer profondément et à se laisser emporter par une symphonie d’odeurs et de sons, où chaque note est un voyage, chaque parfum une mélodie.
La synesthésie : l’âme de l’Orchestre Parfum
La synesthésie est un phénomène neurologique rare et fascinant où la stimulation d’un sens entraîne automatiquement une expérience dans un autre sens.
L’Orchestre Parfum, avec sa philosophie avant-gardiste, est profondément inspiré par cette notion de synesthésie. En fait, la marque en fait son épicentre créatif. Chaque parfum est conçu non seulement pour évoquer une odeur, mais également pour susciter une expérience sonore, créant ainsi une mélodie olfactive qui parle à la fois à notre nez et à nos oreilles. Cette fusion de sens est à la fois audacieuse et innovante, repoussant les limites traditionnelles de la parfumerie.
Pierre Guguen a une compréhension profonde de la synesthésie.
Ces moments où une odeur évoque une mélodie ou une note musicale rappelle une senteur spécifique qui influence profondément sa vision pour L’Orchestre Parfum. Pour lui, il ne s’agissait pas seulement de créer un parfum, mais une symphonie multi-sensorielle.
La marque s’est ainsi associée à des musiciens talentueux pour composer des morceaux spécifiques à chaque parfum, ajoutant une dimension sonore à l’expérience olfactive. Le porteur du parfum est invité à plonger dans un voyage où l’ouïe et l’odorat s’entrelacent, chaque note olfactive étant amplifiée par une note musicale, créant une harmonie parfaite.
L’Orchestre Parfum nous rappelle que nos sens ne fonctionnent pas en silos. Ils sont interconnectés, tissant ensemble nos expériences du monde qui nous entoure.
La synesthésie, avec sa fusion de perceptions, sert de métaphore parfaite à l’approche de L’Orchestre Parfum : une danse où la musique et la fragrance se mêlent, nous invitant à une expérience immersive et transcendante, bien au-delà de ce que la parfumerie traditionnelle a pu offrir jusqu’à présent.
L’approche musicale de NIID
Ce qui distingue L’Orchestre Parfum des autres marques, c’est cette fusion unique entre le monde olfactif et musical. En collaboration avec NIID, un duo musical innovant, L’Orchestre Parfum a réussi à définir un nouveau genre d’expérience. Chaque parfum est accompagné d’une pièce musicale, et ensemble, elles racontent une histoire, évoquent une émotion, transportent l’auditeur et le porteur du parfum dans un voyage plurisensoriel. En entendant les mélodies éclectiques de NIID, porté par un électro par 125 BPM, le parfum Electro Limonade prend une autre dimension, une autre profondeur, et l’expérience est tout simplement transcendante.
Nathalie Feisthauer, la magicienne derrière Electro Limonade
Il est rare de rencontrer un parfumeur avec le talent et la trajectoire de Nathalie Feisthauer. Sa renommée mondiale n’est pas usurpée. Ayant travaillé pour des maisons prestigieuses telles qu’Hermès et Cartier, Nathalie sait comment capturer l’essence même d’un moment, d’un sentiment. Lorsqu’elle s’est associée à L’Orchestre Parfum pour créer Electro Limonade, elle a apporté avec elle une expertise qui transcende la simple création olfactive. Chaque note, chaque nuance du parfum est le fruit d’une réflexion profonde, d’une recherche d’harmonie entre le parfum et la musique.
Parmi ses distinctions notables, elle a décroché le Russian FIFI Awards 2019 du meilleur parfumeur et s’est également vu décerner le Russian Fifi Awards 2021 du meilleur parfum de niche « Public Choice » pour la fragrance musicale Electro Limonade.
L’essence d’Electro Limonade
Créé en 2021, Electro Limonade est une eau de parfum rafraîchissante et pétillante. C’est une cologne hespéridée aromatique.
Un cocktail audacieux : Comme le twist inattendu d’un cocktail fusant, la menthe se joint à la fête, injectant une énergie espiègle dans une composition ultra pétillante de bergamote, clémentine et citron. Cette menthe « canaille » comme l’exprime la marque, loin d’être conventionnelle, rappelle la fraîcheur d’un cocktail chill-out siroté en terrasse le soleil couchant. Puis vient la rhubarbe, groovy par sa nature aigre-douce, qui crée un contraste fascinant entre les agrumes et la menthe, rappelant ces limonades innovantes qui marquent les esprits et les palais.
La nuit méditerranéenne : Alors que la fragrance se développe, elle nous entraîne dans l’intimité d’une nuit méditerranéenne. La fleur d’oranger abs, douce et opulente, évoque la sensualité des nuits d’été, lorsque les étoiles scintillent et que les beats electro-groovy nous emmènent dans une danse entre l’ombre et la lumière, la douceur et l’intensité d’un tempo infini.
L’aurore mystique : Au fur et à mesure que le parfum se dévoile, les notes de fond, telles les basses de ce groove electro, commencent à murmurer leurs secrets. Les bois ambrés évoquent le mystère et la profondeur, offrant une base solide et chaleureuse à la fragrance. L’encens, résineux et légèrement épicé, ajoute une aura mystique. Puis le vétiver d’Haïti, avec ses nuances fumées, ancre le parfum, garantissant qu’il reste gravé dans la mémoire de ceux qui croisent son sillage.
La mélodie olfactive d’Electro Limonade qu’offre Nathalie Feisthauer est un voyage au bout de la nuit, une aventure qui commence sous le soleil éclatant de la Méditerranée et se termine à l’aube d’une nouvelle journée. Elle est à la fois énergique et vibrante, portée par une musique électronique entrainante et évoquant des souvenirs de nuits infinies que NIID a parfaitement su traduire.
Conclusion
Electro Limonade est plus qu’un simple parfum ; c’est une œuvre d’art gratifié d’un Russian Fifi Award en 2021, un voyage, une symphonie pour les sens. En associant le génie de Nathalie Feisthauer à l’innovation musicale de NIID, Pierre Guguen a encore une fois réalisé sa vision d’une fusion parfaite entre notes de parfum et accords musicaux. Chaque spray d’Electro Limonade n’est pas seulement l’effusion d’une fragrance, c’est aussi le début d’une mélodie, d’une histoire, d’une aventure. De quoi faire durer l’été…
Crédits photos bannière de couverture : L’Orchestre Parfum
Si les joailliers s’aventurant dans le monde de la parfumerie nous paraissent aujourd’hui une évidence, la genèse de cette pratique n’est pourtant pas si lointaine.
Si le tout premier se lançant dans cette aventure parfumée fut le joaillier Lacloche dans un flacon en forme de cloche, ce dernier fut très confidentiel et aujourd’hui tombé dans l’oubli. En revanche, First de Van Cleef & Arpels, fut en réalité le tout premier parfum de joaillier lancé comme un grand parfum. Master Parfums vous emmène en 1976 à la découverte de cette fragrance emblématique.
Un lendemain de crise
L’an 1976, c’est une France en proie à une forte canicule et surtout, au lendemain d’un choc pétrolier auquel une économie en crise a emboîté le pas. C’est aussi l’année où la place Vendôme voit éclore un drôle de bourgeon : un produit ayant pour vocation de jouer le rôle de passerelle entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers scintillant du luxe. C’est beau, ça brille… et quand ça brille, c’est onéreux. De l’autre côté, il y a la femme française des années 70, dont le porte-monnaie et son pouvoir d’achat ont pris un sacré coup. Qu’à cela ne tienne : sur la place Vendôme, le joaillier Van Cleef & Arpels prépare la réconciliation.
La maison Van Cleef & Arpels
L’histoire de Van Cleef & Arpels débute en 1895 avec le mariage d’Alfred Van Cleef, fils d’un artisan tailleur de pierres précieuses, et d’Estelle Arpels, fille d’un négociant en pierres précieuses. Les deux tourtereaux ayant baigné depuis toujours dans l’univers de la joaillerie, c’est tout naturellement qu’Alfred s’associe avec les frères de son épouse pour fonder en 1906 la marque unissant leurs noms. Ils établissent leurs quartiers au numéro 22 de la place Vendôme, haut-lieu de l’élégance parisienne où la maison se trouve encore aujourd’hui.
Entre 1926 et 1939, Van Cleef & Arpels affirme son style lorsque Renée Puissant, fille d’Alfred et Estelle, reprend la direction artistique de la marque, accompagnée du dessinateur René Sim Lacaze. C’est pendant cette période que sont créées des pièces emblématiques comme le collier Passe-Partout ou encore la boîte précieuse Minaudière. En 1933, la maison fait breveter le “serti mystérieux”, une technique de disposition des pierres précieuses sans qu’aucune griffe de métal ne soit visible, un savoir-faire qui fait sa renommée. Le style de l’enseigne, puisant dans l’esthétique de la Belle Époque, devient au fil des années de plus en plus prisé des hautes sphères parisiennes.
En 1954, la maison présente La Boutique, une collection de clips à l’effigie d’animaux ayant pour vocation de proposer des créations à un prix plus accessible. Voilà une initiative annonciatrice des événements à venir, car en 1976, Van Cleef & Arpels inaugure ce qui se veut être un produit de luxe à la portée de toutes, et surprise… : ce n’est pas un bijou !
First : la rencontre chatoyante entre la joaillerie et le cinquième sens
“Je veux que ça sente comme un bijou.” Le ton est donné par Claude Saujet, ancien de la société de cosmétiques Orlane et à la tête du projet, et de ces paroles naît First (“premier” en anglais), la toute première fragrance d’une maison de joaillerie. Un nouveau type de parure, plus éphémère, mais non moins sublime.
Pour le flacon de First, tout en rondeur, Jacques Llorente des Ateliers Dinand trouve son inspiration dans un pendant de Van Cleef & Arpels. Les courbes du cabochon et celles du corps du flacon se répondent, ce dernier dévoilant un jus couleur or. Il ne faut pas oublier qu’ici, le bijou mis à l’honneur est le liquide ambré se nichant au cœur de cet écrin en cristal de Baccarat !
Une composition exubérante
First appartient à la famille des parfums floraux… et quel bouquet ! Dire que sa fragrance est riche est presque un euphémisme tant les matières premières abondent, débordent presque. À l’instar d’un diamant multifacettes, First est une capsule olfactive regorgeant de plus de 160 ingrédients. C’est Jean-Claude Ellena, alors à l’école de parfumerie Givaudan de Genève, qui signe ce jus se voulant l’étendard du luxe et au pouvoir de séduction ravageur. À seulement 28 ans, celui que l’on connaîtra ensuite comme le compositeur des parfums d’Hermès puise selon lui “de manière intuitive’ dans l’air du temps.
Le classicisme des aldéhydes d’un N°5 de Chanel s’habille d’une ouverture croquante de bourgeon de cassis et de mandarine. Avec l’anis et la bergamote, ces notes de tête insufflent un air vert et croquant à un bouquet luxuriant. Car First, c’est surtout un somptueux cœur floral de plusieurs variétés de rose et de jasmin, d’un ylang-ylang crémeux, de jacinthe, de muguet et de narcisse. Du côté des notes de fond, une vanille ambrée et sensuelle, subtilement animale, s’allie à la noblesse du vétiver et du bois de santal et à la chaleur enveloppante du musc et de la fève tonka.
Malgré cette avalanche de matières premières, First se veut un antidote olfactif à la pesanteur ambiante de l’époque : le pouvoir propulseur des aldéhydes combiné à un enrobage d’hédione, une molécule conférant de la transparence aux accords floraux, rend le bouquet aérien. Jean-Claude Ellena livre un parfum à la sensualité débordante, l’incarnation du raffinement et de l’élégance. Le parfumeur expliquera d’ailleurs s’être servi de “tout ce qui pouvait exprimer le luxe.”
Dans le sillage de First
Depuis sa sortie, First n’a cessé de se réinventer à travers de nombreuses rééditions : en eau légère sans alcool mais aussi en eau de parfum intense, tout à tour blanche, puis noir et or pour Noël… La fragrance originale est quant à elle définitivement passée à la postérité. Une explosion florale intemporelle, donc.
En 1976, son arrivée dans le paysage olfactif de l’époque ne laissa personne indifférent, et il fallut peu de temps pour que d’autres joailliers suivent les traces de Van Cleef & Arpels et s’embarquent vers de nouvelles aventures parfumées. On peut notamment citer Cartier avec Must (1981), Boucheron et son éponyme Boucheron Femme (1988), ou encore Chopard avec Casmir (1992). Pensez à une enseigne de bijouterie incontournable, au hasard… Il y a des chances pour qu’elle n’ait pas que des pierres précieuses, mais aussi quelques parures liquides à vous proposer. En somme, si First fut bien le premier, il était bien loin d’être le dernier.
Le jeu Pocket Quiz est là pour vous permettre d’en apprendre plus sur vos parfums fétiches ainsi que sur les marques de renom de la parfumerie. Alors, quelle sera la prochaine fragrance mythique que vous explorerez ?
Crédits photos bannière : capture d’écran du site web de Van Cleef & Arpels
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Europe ne rêvent que d’une chose : se relever. Avec l’arrivée de L’Air du Temps, l’insouciance nouvelle dont le monde a soif ne se contente plus d’habiter les cœurs et les esprits, elle est désormais aussi sur toutes les peaux. Master Parfums revient sur ce parfum de Nina Ricci devenu mythique qui fut et continue d’être le reflet olfactif de la liberté retrouvée.
Après-guerre, de nouvelles aspirations
En 1948, la France vient d’être traversée par deux conflits majeurs en moins d’un demi-siècle. Si les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale qui a pris fin il y a trois ans seulement sont encore fraîches, un désir ardent de renouveau l’est tout autant. C’est d’ailleurs le début des Trente Glorieuses, une période de forte croissance économique. Du côté des mentalités, l’envie d’une paix universelle comme antidote à l’horreur de la guerre et comme moyen de construire un monde meilleur se reflète partout… parfumerie incluse.
Nina Ricci à Paris
En 1932, la maison de couture éponyme de la franco-italienne Maria Adélaïde Giuseppa Nielli, dite Nina Ricci, s’installe à Paris. C’est le fils de la couturière, Robert Ricci, qui fonde la maison au 20 rue des Capucines dans le 1ᵉʳ arrondissement de la capitale. Rapidement, la marque se pose à contre-courant des tendances de l’époque : son style ultra-féminin est à l’opposé de la mode des garçonnes qui bat son plein dans les années 30.
Quinze ans plus tard, pour de nombreuses entreprises, les retombées économiques de la guerre ont été lourdes. Il est alors impératif de diversifier ses activités et donc, ses sources de revenus. Nina Ricci n’y échappe pas : en 1946, sous la tutelle de Robert Ricci, la maison inaugure son département de parfumerie et lance la même année sa toute première fragrance, Cœur Joie. Si les parfums floraux aux allures printanières (comme l’évocateur Vent Vert de Balmain ou Ma Griffe chez Carven) ont pourtant la cote, la verdure de Cœur Joie ne rencontre malheureusement pas le succès escompté. Qu’à cela ne tienne : Nina Ricci sort une deuxième fragrance deux ans plus tard et cette fois-ci, elle a l’effet d’une petite révolution olfactive.
L’Air du Temps, un parfum de liberté
En 1948, Francis Fabron compose L’Air du Temps, un magnifique parfum floral-épicé, le tout premier de l’histoire de la parfumerie. Le parfumeur dira à propos de sa création : “J’ai imaginé le parfum que je voudrais sentir sur les épaules de la femme que j’aime”. Le résultat ? Une fragrance où tendresse est le maître-mot et incarnant le désir collectif d’aller de l’avant avec optimisme et une certaine désinvolture.
Avec L’Air du Temps, Fabron livre un jus délicat et solaire à la fois, tournant le dos aux notes verdoyantes de Cœur Joie, mais pas seulement : la fragrance est également à contre-courant des parfums chyprés qui faisaient fureur pendant l’entre-deux guerres. Le parfum de Nina Ricci s’inscrit dans un nouveau contexte olfactif où des fragrances plus lumineuses sont le reflet des mentalités de l’époque.
L’Air du Temps ouvre son bal parfumé avec des notes hespéridées de bergamote faisant ensuite place à un sublime arrangement floral : rose centifolia, jasmin de Grasse et une violette poudrée. C’est sans doute l’accord œillet-gardénia sur lequel repose une grande partie de l’identité olfactive du parfum : l’œillet vient exalter son charisme avec sa note épicée de clou de girofle, tandis que le gardénia se veut plus vert et opulent. Enfin, le mariage entre un sensuel santal de mysore et de l’iris de Florence confère à L’Air du Temps une qualité veloutée. Ambre et cèdre enrobent la fragrance pour en faire une véritable caresse olfactive.
Avec une trentaine de composants seulement, la liste d’ingrédients de L’Air du Temps est courte, surtout pour l’époque à laquelle il voit le jour. D’ailleurs, un invité atypique s’est glissé parmi ce petit comité…
Le salicylate de benzyle : le soleil en bouteille
Robert Ricci dira : “Il y a dans l’Air du Temps un petit miracle qui lui donne sa forte personnalité”. Ce petit miracle, c’est le salicylate de benzyle, une molécule de synthèse habituellement utilisé comme filtre UV et utilisée dans les crèmes solaires. C’est d’ailleurs la signature olfactive de l’Ambre Solaire de Garnier ! Vert et floral, le salicylate de benzyle fait chatoyer et rend aérien le sublime bouquet de Francis Fabron. Si cette molécule est de nos jours fréquemment utilisée en parfumerie, ce n’était pas le cas à l’époque de la sortie de L’Air du Temps.
Au-delà de son jus, comment parler de L’Air du Temps sans évoquer son flacon reconnaissable entre mille ?
L’intemporel flacon “deux colombes”
Saviez-vous que le parfum de Nina Ricci n’a pas toujours été contenu dans son iconique flacon aux colombes entrelacées ? Le tout premier habillage de la fragrance est conçu par le sculpteur espagnol Joan Rebull : ovale, en forme de soleil, un fil d’or autour du cabochon déjà gravé de l’oiseau porte-drapeau de la paix.
À l’époque, l’heure est à la sobriété et aux lignes épurées. L’historienne Élisabeth de Feydeau décrit “le modèle du flacon-amphore” à l’instar des courbes arrondies et minimalistes d’un Femme de Rochas ou de l’élégance tout en sobriété de Diorissimo. Mais en 1951, il plane un air de renouveau… Le flacon de L’Air du Temps se réinvente ! Deux colombes enlacées dans leur envol sont désormais sculptées et posées sur un flacon torsadé signé Marc Lalique (qui était déjà derrière le flacon de Cœur Joie). La rencontre entre les oiseaux apparaît comme une célébration d’amour, de paix et de liberté : les valeurs incarnées par la fragrance ne sont dorénavant plus portées que par le jus lui-même, elles sont aussi reflétées par son flacon et sa boîte d’un jaune solaire lumineux.
Pour Robert Ricci, “un parfum est une œuvre d’art, l’objet qui le contient doit être un chef-d’œuvre”. Nombreux s’accorderont à dire que le flacon de L’Air du Temps est bien à la hauteur de cette ambition. Ce petit bijou a conquis les cœurs au point d’être élu “Flacon de parfum du siècle” en 2000 et d’être revisité d’innombrables fois au fil du temps. Dans les années 90, les colombes sont tour à tour bleues, ambrées ou bien émeraude. En 2010, le designer Philippe Starck reloge la fragrance dans une unique aile en verre dépoli et à l’extrémité métallique. Il y a aussi la designer Olivia Putman qui repeint le flacon en bleu Klein en 2013, “comme le ciel et la mer qui évoquent infini et liberté”…
Un parfum passé à la postérité
L’Air du Temps a servi d’inspiration à de nombreux autres parfums.
- Avec L’Interdit (1957), Givenchy met en flacon un lumineux parterre de fleurs habillé d’une note de coriandre.
- Le bucolique Anaïs Anaïs (1979) de Cacharel n’est pas sans rappeler la tendresse absolue du parfum aux colombes.
- Bvlgari pour femme (1994) est quant à lui un bouquet de muguet, d’iris et de rose, là encore agrémenté de coriandre, mais aussi de poivre de Sichuan.
Un autre point commun entre ces exemples ? La présence du caractéristique accord œillet de L’Air du Temps !
Mais mettons de côté ses successeurs, ses rééditions et ses ré-interprétations : l’original de Francis Fabron demeure aujourd’hui culte. Ce n’est pas seulement sa fragrance aérienne qui a été et continue d’être célébrée ; c’est aussi l’insouciance des jours heureux et la paix retrouvée qu’elle et son écrin représentent.
Envie d’en savoir plus sur l’histoire de vos marques de parfum préférées ? D’autres anecdotes exclusives vous attendent dans le jeu Master Parfums : ses questions et ses défis olfactifs vous plongeront dans l’univers du parfum tout en vous amusant !
Crédits photos : Nina Ricci Officiel
Si cette année, vous allez offrir un parfum à votre maman pour la fête des mères, vous êtes au bon endroit ! Ce cadeau a beau être un grand classique, il n’est pas toujours évident de trouver celui qui fera mouche. Pas de panique : Master Parfums vous a concocté un petit guide pour vous aider à comprendre quel parfum choisir pour votre maman.
Un choix parfois épineux
Cela va sans dire : toutes les mamans sont différentes. La bonne nouvelle, c’est qu’il en est de même pour les parfums : avec une ribambelle de matières premières, d’accords et de formulations, il y a probablement dans la nature autant de parfums que de mamans. Difficile de savoir où donner du nez !
Nouveautés, best-sellers… Les listes et classements fleurissent sans relâche, et il n’est pas rare de se noyer dans cet océan de suggestions pourtant censé nous faciliter la tâche. Plutôt que d’acheter en ligne, notre premier conseil est de privilégier le passage en boutique : rien ne vaut les conseils parfum aiguisés d’un/e conseiller/ère de vente qui connaît ses produits sur le bout des ongles.
Voici ce que vous devriez garder en tête pour que votre visite soit fructueuse.
Dis-moi ce que tu portes…
Essayez d’établir une sorte d’historique olfactif de votre maman : quels parfums a-t-elle déjà portés ou porte-t-elle actuellement ? Même sans leurs noms, rien que leur odeur pourra aiguiller la personne qui vous conseillera. Est-ce plutôt floral ? Vert ? Épicé ? Ce sera évidemment plus facile si vous savez d’entrée de jeu que votre maman a un faible pour un ingrédient particulier, pour un parfum qu’elle aime porter, ou encore pour une marque qu’elle affectionne particulièrement.
Si vous connaissez son parfum, et que vous souhaitez lui en offrir un différent mais dans le même esprit olfactif, vous pouvez aussi chercher sur des plateformes/app spécialisées* qui vous aiguilleront sur les parfums du même style olfactif que vous pourrez aller ensuite sentir en point de vente.
Que vous disposiez déjà d’une longue liste de fragrances ou non, l’aspect à ne surtout pas négliger lors de votre recherche est la personnalité de votre maman.
Un parfum pour magnifier qui elle est
Un parfum en dit long sur la personne qui le porte : c’est un bijou invisible qui vient la complémenter et même la sublimer. Votre maman est-elle naturelle ou sophistiquée ? Discrète ou exubérante ? En fonction de sa façon d’être, de sa personnalité et son style, et des parfums qu’elle aime, on privilégiera une famille olfactive plutôt qu’une autre.
Les familles olfactives
La Société Française des Parfumeurs définit sept familles olfactives : l’aromatique, la boisée, la chyprée, la fleurie, la fougère, l’hespéridée et l’orientale. Parmi tout ce beau monde, il faut trouver le jus qui ira main dans la main avec la personnalité de votre maman. L’appartenance d’un parfum à une famille olfactive est déterminée par ses notes de cœur et ses notes de fond.
Les fragrances florales sont souvent associées à la sérénité et à l’élégance. Elles peuvent être délicates et romantiques (notes rosées, pivoines, muguet….) ou plus capiteuses et envoûtantes (jasmin, tubéreuse, ylang…).
On proposera sans doute un oriental voluptueux, voire gourmand aux mamans qui assument leur sensualité et aiment qu’on les remarque.
C’est une femme dynamique et naturelle ? Il y a fort à parier que la conseillère dégainera des senteurs vives et pétillantes d’agrumes ou de notes vertes…
Plutôt mystérieuse mais de caractère, peut-être qu’un boisé saura la séduire… Elle est chic et sophistiquée et aime que son parfum soit unique? Le/a conseiller/ère pourra vous orienter vers un chypre ou vers un parfum de marque plus confidentielle (niche).
Les notes du parfum
Il y a des valeurs sûres pour les plus classiques, par exemple une rose ou une vanille indémodables… et il y a les enfants rebelles. Votre maman hausserait-elle un sourcil inquiet face à un accord de caviar ou de chocolat blanc, ou auriez-vous piqué sa curiosité ? Un parfum qui détonne aux combinaisons plus osées peut être une option pour celles qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus.
Bien sûr, il n’y a pas de formule miracle : être extravertie voudrait dire forcément aimer le patchouli ? Défense d’approcher la fève tonka pour les plus timides ? Non, et heureusement ! La clé est dans l’interprétation des ingrédients et dans la façon dont la fragrance est formulée.
D’ailleurs, nous sommes pour la plupart incapables de vraiment détecter les ingrédients spécifiques dans un parfum. C’est l’harmonie d’une création qui en fait toute sa beauté ! Après tout, un parfum floral peut aussi bien être un bouquet luxuriant qu’un voile délicat et aérien.
C’est pourquoi il est recommandé aux conseiller/ères de vente de ne pas trop noyer les clients sous les détails des ingrédients. Ces derniers sont plutôt des “outils mentaux” qu’il/elle garde en tête et qui l’aideront à affiner les choix à vous proposer. Il/elle saura, en fonction de la description que vous aurez faite de votre maman et de ses parfums, trouver les propositions olfactives les plus adéquates.
Son travail est de s’assurer que le résultat olfactif reflète le tempérament de la personne qui le portera.
Dans cette équation, le sillage et la projection du parfum ont eux aussi leur rôle à jouer.
Le sillage et la projection
Le sillage d’un parfum est l’empreinte olfactive qu’il laisse derrière la personne qui le porte ; la projection est quant à elle la façon dont les personnes aux alentours le perçoivent. Là encore, cela va beaucoup dépendre des notes de cœur et de fond.
Pensez à ce qui ressemble le plus à votre maman : un parfum qui annonce avec fracas son arrivée dans la pièce et y laisse une trace même après son départ ? Ou plutôt une seconde peau qui ne se révèle intimement que lorsqu’on est près de celle qui la porte ?
Sans surprise, c’est encore une fois une histoire de personnalité… mais pas seulement : prenez en compte le contexte dans lequel le parfum sera porté. Cela peut être un moment de la journée, une saison, un lieu, un événement… Un parfum chaud au bois de santal conviendra mieux à l’automne qu’aux températures estivales ; un jus opulent à la sensualité tonitruante sera plus adapté à une soirée chic et on préférera une fragrance légère et tonique pour un barbecue entre amis! Même si elle porte des parfums aux notes capiteuses, peut-être sera-t-elle ravie d’ajouter à son vestiaire olfactif, une jolie cologne lumineuse, qu’elle pourra porter le week-end à la campagne ou en sortant de sa salle de sport !
Et pour les mamans fidèles à leur parfum, vous ne vous tromperez pas en vous laissant tenter par les coffrets offrant son parfum accompagné d’un produit pour le corps (gel douche, lait pour le corps…). En effet, si on s’offre volontiers son parfum, on n’ajoute pas toujours à son panier un produit de la gamme corporelle, soit à cause de son prix ou simplement parce qu’on n’y pense pas.
Or, une crème pour le corps, une brume pour les cheveux, un savon, un déodorant, sont autant de jolis flacons qui viendront décorer sa salle de bain, la parfumer du parfum qu’elle aime de la tête aux pieds, sublimer son parfumage et en augmenter la tenue, ou encore juste laisser un voile parfumé le jour ou elle ne souhaite pas être très parfumée.
À vos parfums !
Un parfum témoigne de l’attention que vous portez à la personne qui le reçoit… lorsqu’il est choisi avec soin ! Nous espérons que nos conseils vous aideront à dénicher non pas un parfum, mais LE parfum aussi unique que votre maman qui lui rappellera ce qu’elle représente pour vous.
Si l’idée d’un cadeau parfum complémentaire pour lui dire JEU t’aime, vous titille, le Pocket Quiz comprend 120 cartes avec des questions/réponses pour enrichir votre culture du cinquième sens tout en vous amusant. À quand une partie avec votre maman ?
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Article collégial rédigé par Hélène Sanchez & Anne-Laure Hennequin
Le légendaire parfum Opium d’Yves Saint Laurent résonne comme une ode à l’émancipation de la femme de la fin des années 70 et annonciateur d’une nouvelle génération de parfums pendant toute la décennie des années 80. Un parfum provoquant à l’image de son créateur.
Yves Saint Laurent, designer provocateur
Né à Oran en Algérie en 1936, Yves Saint-Laurent s’intéresse assez vite à la couture. A 18 ans, il arrive à Paris pour prendre des cours de dessin à la Chambre Syndicale de la Haute Couture, où son talent le rend célèbre en seulement 3 mois. Christian Dior le remarque et le nomme modéliste. Après la mort de ce dernier, Saint Laurent poursuit le travail de son mentor, reprenant ainsi la direction de la Maison Dior.
Génie incontesté, Yves Saint Laurent ouvre sa propre maison de couture en 1962 avec l’aide de son ami Pierre Bergé. Déterminé, le couturier vit alors l’apogée de ses premières heures et le nom Yves Saint Laurent devient un incontournable de la mode.
Provocateur dans l’âme, il casse les codes et fait de son savoir-faire une expression artistique du féminisme en lançant une collection puisée dans l’univers vestimentaire des hommes. Le tailleur-pantalon donne dorénavant l’opportunité aux femmes de porter un pantalon au travail. La veste Saharienne, est détournée du vestiaire de la chasse pour en faire un indispensable de sa collection. Avant-gardiste, il ose faire du smoking un vêtement pour femme asseyant son aura dans le monde de la mode.
Cependant dès la fin de l’année 1976, la presse parle de sa trop grande disparition des médias et les magazines préparent déjà des rétrospectives à son sujet, comme s’il allait bientôt mourir.
Mais M. Saint Laurent ne fait qu’écrire sa légende, et en réponse à cet acharnement, il lance avec un succès sans précédent ce jus narcotique au nom transgressif : Opium.
Opium d’Yves Saint Laurent
Contexte de sa sortie
En 1977, sous la direction artistique de Chantal Roos, Yves Saint Laurent propose une version modernisée des parfums orientaux délaissés depuis les années 40. Opium est un coup d’éclat olfactif et marketing prônant l’émancipation de la femme, affirmant de plus en plus sa féminité.
Le couturier souhaite créer une fragrance luxueuse et imagine un flacon à contre-courant de ce qui se faisait jusqu’alors.
Pour le flacon, Pierre Dinand innove en glissant une flasque en verre dans un fourreau de plastique ambré, inspiré des étuis inrô que les samouraïs utilisaient pour stocker les épices, les herbes médicinales et l’opium. 1 Il l’orne d’un pompon de soie noire d’inspiration Napoléon III mis à l’honneur dans la collection d’Yves Saint Laurent du moment.
« C’était un objet complètement révolutionnaire, à mille lieues des bouteilles traditionnelles en verre« , »C’est une période où Yves Saint Laurent est vraiment dans l’expression la plus riche, la plus complète, la plus intense de son art« , note Yann Andrea (International Marketing Director YSL Fragrances 2010-2014)
Opium concrétise la fascination qu’Yves Saint Laurent a de l’orient.
Vendu en moyenne 30% plus cher que ses concurrents, le parfum est un succès tel que les détaillants français se retrouvent en rupture de stock rapidement. C’est le coup de force marketing visant à renforcer son prestige et son attractivité.
En 1978, le slogan publicitaire est retravaillé pour le marché américain. « Opium, pour celles qui s’adonnent à Yves Saint Laurent » devient plus sage, certains diront trop prude « Opium, for those to whom Saint Laurent is a habit ». (« trad: Opium, pour celles qui s’adonnent à Yves Saint Laurent. »
Opium est immédiatement remarqué faisant du parfum le début d’un mythe. En effet, La fête du lancement a lieu sur un bateau amarré dans le port de South Street à Manhattan. Précisément là où arrivaient les navires venant d’Asie chargés d’opium. Le message est provocateur, tout comme le couturier.
Opium, l’oriental modernisé
« Si j’ai choisi Opium comme nom pour ce parfum, c’est que j’ai espéré intensément qu’il pouvait, à travers toutes ses puissances incandescentes, libérer les fluides divins, les ondes magnétiques, les accroche-cœurs et les charmes de la séduction qui font naître l’amour fou, le coup de foudre, l’extase fatale…« , écrit Yves Saint Laurent. Transgressif, il veut un parfum sensuel, hyper opulent, extravagant, provocateur, énigmatique et libérateur.
Olfactivement, Opium est largement inspiré de Youth-Dew (1953) d’Estée Lauder (par Joséphine Catapano) et des accords œillet-patchouli de Tabu (1932) de Dana (par Jean Carles). Sa tenue est excellente, Opium a ouvert la voie à une lignée de parfums sensuels et sophistiqués pour des femmes fatales et glamours, annonçant une industrie du parfum décomplexée et exubérante pendant plus d’une décennie.
D’ailleurs, Estée Lauder répondait à Yves Saint Laurent en 1978 (année du lancement américain d’Opium) en créant Cinnabar (par Bernard Chant)…une version revisitée de Youth Dew, très proche d’Opium.
Sous la direction artistique de Jean Amic, Jean-Louis Sieuzac, Raymond Chaillan et Françoise Marin composent ce parfum dense et puissant mais qui garde une justesse tout au long de son évolution.
Il intègre la famille olfactive des orientaux, un ambré floral épicé puissant et capiteux.
Les notes olfactives d’Opium
Un départ fruité de mandarine, pêche et prune s’associe aux aldéhydes pour donner une certaine brillance et du volume à ce cœur opulent.
L’accord œillet piqué de clou de girofle est la star de cette composition. Saupoudré de cannelle, il s’entoure de rose, de jasmin et d’ylang ylang. Ces facettes florales épicées se lovent dans un fond ambré et mystérieux paré de myrrhe, patchouli, vanille, labdnadum, cèdre et santal.
C’est dense et envoûtant, addictif et enveloppant. Les muscs et le castoreum ensauvagent cette fragrance voluptueuse et sensuelle.
C’est un parfum charnel avec beaucoup d’élégance. L’accord œillet-Patchouli est sublimé par un ensemble caractériel et imposant.
Cependant, les reformulations de la fragrance n’ont pas su garder l’essence même du parfum originel, le rendant plus lisse et conventionnel et peut être moins performant, moins provocateur.
Après Opium, l’histoire continue avec les rééditions
Pas moins de 25 flankers (réinterprétations) ont vu le jour depuis la création en 1977 d’Opium.
Des déclinaisons sur la concentration du parfum en eau de toilette, eau de parfum, extrait ou élixir, mais également sur leurs compositions ont vu le jour, en voici quelques exemples :
- Opium pour Homme (1995)
- Opium Fraîcheur d’Orient (1998)
- Opium Fleur de Shanghaï (2005)
- Opium Fleur Impériale (2006)
- Opium Légende de Chine (2007)
- Opium Elixir Voluptueux (2008)
Notons également la création en 2016 de Black Opium près de 40 ans après la sortie d’Opium, par 4 parfumeurs Honorine Blanc, Marie Salamagne, Nathalie Lorson, Olivier Cresp, propulsé au rang de blockbuster commercial.
Black Opium représente, selon la marque, la nouvelle génération d’Opium, provocatrice et rock & roll avec un style faussement décontracté puisque parfaitement maîtrisé. Se voulant rebelle et avant-gardiste à l’image du parfum Opium original, Black Opium dont l’addiction est insufflée par la note café, est décrit comme magnétique et sulfureux.
Et vous, préférez-vous la version initiale d’Opium ou sa réinterprétation Black Opium collant aux standards modernes de ce qui représente l’exubérance ?
Visionnez notre vidéo Master Parfum sur la question du parfum Opium d’Yves Saint Laurent.
Références
1. Les 111 parfums qu’il faut sentir avant de mourir, page 101. Y. Cervi
Crédits photos bannière : https://www.flickr.com/photos/wvfonseca/23827977442
Angel est devenu au fil des années un incontournable de la parfumerie moderne, un best seller envoûtant à l’origine d’une nouvelle lignée de catégorie olfactive.
Cependant, sa célébrité n’a pas été concrétisée immédiatement. Comment Thierry Mugler a su rendre Angel l’un des parfums les plus prisés au monde ? Qu’est ce qui rend Angel si addictif et si particulier ?
Qui est Thierry Mugler?
Thierry Mugler, né le 21 décembre 1948 et décédé le 23 janvier 2022, est un designer français qui a marqué le monde de la mode de multiples façons : styliste, couturier, metteur en scène, photographe et créateur de parfums.
Enfant, il est rêveur et solitaire se perdant inlassablement dans ses pensées en regardant l’immensité du ciel étoilé… et une étoile en particulier, bleue, brillait à ses yeux plus que les autres et semblait l’appeler. A tel point qu’il en fera sa marque de fabrique, représentant les étoiles dans tous ses projets artistiques, et même en tatouant sur son corps la fameuse étoile Mugler si caractéristique.
Il rejoint à quatorze ans les ballets de l’opéra du Rhin après 5 ans de danse classique. Il garde de cette expérience, non seulement un talent développé pour l’expression corporelle, mais aussi le sens de l’esthétisme du corps qui voudra sans cesse mettre en avant.
Puis il suit des cours d’architecte d’intérieur à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg, ce qui concrétise sa ferveur pour la mise en scène de ses shows fantastiques.
Vient le moment où Thierry Mugler veut donner une dimension olfactive à son univers : l’eau de parfum Angel naît.
Création du premier parfum Mugler
Une composition novatrice
Les ambitions de Thierry Mugler au début des années 1990 se sont traduites par la création d’un parfum, grâce à une célèbre formule totalement révolutionnaire et surprenante à l’époque. Il dira « Je veux fabriquer une fragrance tellement délicieuse qu’on aura envie de la manger. ». Un parfum qui va dérouter au départ, les consommateurs étant surpris par cette fragrance gourmande d’un genre nouveau ! Un succès qui a vu le jour grâce à une méthode marketing brillamment menée.
En effet, il crée le Cercle Mugler, un programme de fidélité intégrant les clients dans le monde privilégié d’Angel. Un programme proposant des avantages et des cadeaux autour du parfum Angel au fil des achats, la fidélité est donc récompensée par des attentions réservées aux membres. Les clientes se sentant favorisées, chouchoutées et complètement sous le charme de cette nouvelle fragrance addictive en parlent autour d’elle…Le bouche-à-oreille fonctionne, et le succès s’impose enfin et inscrit Angel dans la liste très restreinte des parfums iconiques.
Cette fragrance gourmande, que l’on doit au grand parfumeur Olivier Cresp, est composée de notes sucrées et addictives, avec une base de vanille et de patchouli qui est une structure orientale classique, mais surtout d’un ingrédient jusqu’ici réservé au secteur des arômes alimentaires : de l’ethyl maltol. Un composé qui a un parfum particulier rappelant l’odeur des fêtes foraines avec de la praline, de la barbe à papa, du caramel, ce qui donnera cette particularité, cette singularité au parfum.
Olivier Cresp à L’Express confiera : « J’ai passé deux heures à discuter avec Thierry Mugler. Il m’a parlé des goûters qu’il prenait chez sa grand-mère, des madeleines qu’il trempait dans son chocolat, puis des fêtes foraines et des barbes à papa. »
Il aura fallu près de 600 essais au parfumeur pour parvenir à élaborer le parfum tel que Thierry Mugler en avait rêvé.
Ceci a complètement cassé les codes de l’époque et révolutionné l’industrie du parfum alors encore très classique, à tel point qu’une nouvelle catégorie olfactive voit le jour grâce à Angel : celle des parfums gourmands.
Angel, un parfum gourmand sensuel unique
Angel, un ambré gourmand
L’envolée est juteuse, une bouffée de fraîcheur d’agrume. C’est selon Mugler la facette céleste de la fragrance.
Puis viennent rapidement des notes sucrées et fruitées portées par des accords miellées, lactées, régressifs, réconfortants. L’alliance de la praline, des fruits rouges et fruits de la passion rend l’ensemble gourmand, c’est la facette délicieuse.
Enfin, en notes de fond, c’est un ballet de notes sensuelles, ambrées par la vanille et le caramel où se mêlent le cacao, le miel, l’héliotrope ainsi que du patchouli. C’est la facette volupté, donnant au parfum cette sensation de délice irrésistible.
Une pyramide olfactive dense, complexe, qui met en avant les caractéristiques d’un parfum chaud, sucré, régressif, sensuel, mystérieux et enveloppant.
Un parfum puissant, reconnaissable entre mille comme la mode Mugler qui s’attache à donner à la femme l’âme d’une gagnante au cœur tendre.
Un doudou olfactif dans une époque en quête de réassurance, régressif, sexy sur une peau qu’on a envie de manger… et terriblement addictif.
Un flacon en étoile iconique
Non seulement la composition de son parfum est particulièrement originale, mais son flacon est un bijou en soi, en forme d’étoile évidemment, fabriqué avec une technique innovante dans un verre épais. 3 années de recherches ont été nécessaires pour l’aboutissement à la création de ce flacon étoile iconique
L’avant-gardisme est poussé encore plus loin puisqu’il innove en créant un système de recharge appelé « Fontaine Mugler », qui consiste à lutter contre le gaspillage.
Ainsi, chaque propriétaire de parfum Angel peut remplir son flacon et participer d’une certaine manière à une responsabilité écologique, naturelle aujourd’hui, mais qui à l’époque présente Mugler comme un visionnaire.
Un parfum récompensé sur la scène internationale
Une communication particulièrement bien menée et des personnalités ayant collaboré avec Mugler pour présenter Angel rend le parfum encore plus désirable. Un immense succès qui se traduit par le classement d’Angel dans le top 3 des parfums les plus vendus en France, et ceci pendant plus de 20 ans. La fragrance s’est aussi distinguée par les prix reçus sur la scène internationale :
- Prix du Hall of Fame des FiFi Awards de la Fragrance Foundation (2007)
- Prix Hall of Fame féminin aux Canadian Fragrance Awards (2010).
Envie d’en savoir plus sur les parfums iconiques qui ont marqué la parfumerie française ? Découvrez notre jeu de culture générale parfum Pocket Quiz !