La danse est un langage du corps. Mais ce langage, avant même de se voir ou de s’entendre, se sent. Chaque style de danse, chaque pratique, chaque scène possède son univers olfactif propre : le cuir des bottines de flamenco, le bois sec d’un studio de ballet , la sueur rythmée d’un battle hip-hop, les encens diffusés dans les danses orientales ou les effluves d’huiles corporelles dans les danses africaines.
L’odeur de la danse est un mélange organique et vivant. Elle dit le corps qui travaille, les matières qui frottent, les gestes répétés, la scène qui se chauffe, l’intensité du moment. Certaines maisons de parfum s’en sont inspirées pour créer des parfums iconiques, comme on composerait une chorégraphie : en couches, en tension, en liberté.

Les matières et leurs parfums : la danse à l’état brut
Avant d’être sublimée sur scène, la danse commence dans un espace concret, physique, texturé. C’est un lieu de travail, d’effort, de répétition. Et comme tout espace vivant, il a une odeur. La danse, quelle que soit sa forme, repose sur un rapport sensoriel direct à la matière : celle du sol, des chaussures, du corps en mouvement, des tissus qui frottent. Ces éléments forment un paysage olfactif brut, organique, souvent ignoré, mais d’une richesse étonnante.
Le bois, le sol, les murs
C’est le premier partenaire du danseur. Il absorbe les chutes, soutient les bonds, résonne sous les frappes. Dans les studios de danse classique ou contemporaine, il est souvent en bois clair, parfois patiné par les années, et exhale une odeur sèche, poudrée, légèrement résineuse, imprégnée de colophane — une résine de pin utilisée pour favoriser l’adhérence des chaussons. Le matin, quand l’espace est encore vide, on y perçoit des relents de cire, de poussière, de colle ancienne.
Dans les gymnases ou les studios de danse urbaine, le linoléum chauffé, le plastique usé, et parfois même le parfum métallique de la climatisation composent un tout autre univers : plus froid, plus technique, mais tout aussi évocateur. À l’extérieur, sur le bitume, c’est le béton tiède ou la pierre mouillée qui prennent le relais, avec leur minéralité brute, parfois teintée de pollution ou d’herbe écrasée.


Ces impressions trouvent écho dans certains parfums boisés, secs ou minéraux, comme Tam Dao (Diptyque), qui rappelle un bois de santal apaisé et lacté, ou Wonderwood (Comme des Garçons), aux multiples facettes boisées, poussiéreuses et texturées, presque granuleuses sur la peau.
Les chaussures : cuir, tissu, gomme
À chaque danse, ses souliers. Dans les coulisses du ballet, les pointes en satin et les demi-pointes en cuir souple portent une odeur douce et travaillée, mélange de matière animale et de résine. Dans le flamenco, les bottines cloutées sentent le cuir sec, tanné, chauffé par les coups de talon. En danse urbaine, les baskets usées par l’asphalte dégagent des notes plus gommeuses, poussiéreuses, parfois mêlées à l’odeur de la rue elle-même.



Les danses orientales ou africaines, souvent pratiquées pieds nus, mettent en contact direct la peau avec le sol ou les tapis, qui retiennent des effluves corporels, d’huiles végétales, ou de terre battue. Ici, l’odeur vient de l’échange entre le corps et la matière.
Ces sensations se retrouvent dans des parfums cuirés et sensuels, comme Cuir de Russie (Chanel), au cuir fumé et fleuri, Cuir Ottoman (Parfum d’Empire), à la sensualité baumée puissante, ou Peau d’Ailleurs (Starck), un parfum abstrait et mouvant, qui évoque une matière vivante et indéfinissable.



Le corps et sa peau
La danse est une mise en mouvement du corps, mais aussi une mise en odeur. La sueur du danseur n’est pas brute ; elle est contenue, répétée, stylisée. Elle se mêle à l’odeur de la peau, du tissu, des huiles utilisées avant ou après l’effort.
Dans les danses africaines ou orientales, les huiles d’argan, de coco ou de karité imprègnent la peau d’un sillage nourrissant, solaire, presque lacté. En danse contemporaine ou urbaine, le mélange de transpiration, de textiles techniques et de chaleur corporelle donne naissance à une odeur propre, musquée, intime. Le tiaré de l’huile de Monoï qui imprègne la peau des danseuses de tamouré tahitien se diffuse lui au rythme des percussions.



Certains parfums traduisent avec justesse cette sensualité discrète : Dans Tes Bras (Frédéric Malle), avec son accord bois-musc-violette qui parle de la peau tiède ; Pure Musc (Narciso Rodriguez), d’une pureté troublante ; ou encore Not a Perfume (Juliette Has a Gun), fondé sur une seule molécule musquée, proche de la peau et de la chaleur humaine. Monoï et Tiaré (Berdoues) nous plonge dans la chaleur d’un spectacle tahitien.
Le textile, les costumes, la scène
La danse, c’est aussi le froissement d’un tissu, le poids d’un costume, la tension d’un collant sur la peau. Les matières textiles — tulle, lycra, coton, soie — absorbent et transforment les odeurs. Les costumes de scène, souvent utilisés, conservent des traces de laque, de poudre, de maquillage gras, mais aussi de poussière de scène et de lumière chaude.
C’est une odeur enveloppante, poudrée, un peu vintage, qui convoque immédiatement l’imaginaire du spectacle. Ce sont les loges, les miroirs éclairés, les retouches de dernière minute.
Les parfums qui traduisent cette ambiance sont nombreux : Lipstick Rose (Frédéric Malle), hommage direct au rouge à lèvres et à la poudre de riz ; Mitsouko (Guerlain), chypré profond et velouté ; Habanita (Molinard), au fond poudré et cuiré ; Misia (Chanel) qui nous invite dans les loges de l’opéra, ou encore Une danse sur les Toits (Maison Maïssa), qui attape l’élégance poudrée d’un textile propre et fleuri.





Les parfums inspirés de la danse
Certains parfums ne cherchent pas à illustrer une matière ou une odeur précise, mais à traduire une sensation, un mouvement, un rythme intérieur. Comme une chorégraphie abstraite, ils ne racontent pas une histoire linéaire, mais déroulent un fil sensoriel, entre élans, pauses et tensions.
Quand le parfum devient mouvement
La danse y est racontée non pas comme une scène figée, mais comme une dynamique, une émotion cinétique. On peut alors parler de parfums chorégraphiques : ils montent, suspendent, retombent. Ils tournent autour de la peau comme un partenaire autour d’un axe.
• L’Air de Rien (Miller Harris), créé pour Jane Birkin, offre une sensation d’intimité souple, presque négligée mais maîtrisée, comme une gestuelle fluide qu’on ne regarde pas, mais qu’on ressent.
• Gypsy Water (Byredo) mêle encens, vanille et bois clairs dans une composition légère et libre, qui rappelle l’idée d’une danse nomade, en extérieur, proche de la nature.
• L’Eau d’Hiver (Jean-Claude Ellena pour Frédéric Malle) incarne une lenteur lumineuse, presque flottante. Ce parfum de peau parle du silence du mouvement, de la douceur d’un pas glisséCes parfums ne disent pas « je danse », mais « je me laisse traverser par un mouvement ». Ils traduisent l’espace entre les gestes, les intentions non formulées, l’équilibre fragile entre maîtrise et lâcher-prise.



Des styles, des sillages
Parce que chaque danse possède sa gestuelle, son énergie, son ancrage corporel et culturel, chaque style peut être associé à un registre olfactif particulier. Ces correspondances ne sont pas fixes, mais elles permettent de mieux sentir — au sens propre — la texture invisible du mouvement.
• Danse classique
Élégance, tradition, discipline et poésie. On y retrouve les poudres fines, les fleurs nobles, les muscs doux.



→ Infusion d’Iris (Prada), Bois Farine (L’Artisan Parfumeur), Ballerina No. 1 (Yosh),
Inspirés par la grâce et l’élégance de la danse classique, les parfums Repetto capturent en flacons l’émotion d’un ballet et la délicatesse d’un mouvement.
• Danse contemporaine
Corps au sol, respiration, intériorité. La matière devient floue, abstraite, texturée.



→ Skin on Skin (L’Artisan Parfumeur), Sel de Vetiver (The Different Company), You or Someone Like You (Etat Libre d’Orange).
• Hip-hop / street dance
Vitesse, précision, énergie brute, ancrage urbain. Les bois secs, le cuir, les muscs vibrants s’imposent.



→ Santal 33 (Le Labo), Encre Noire (Lalique), Ombre Leather (Tom Ford).
• Flamenco
Tension dramatique, puissance maîtrisée, émotion conte/nue. Cuir chaud, épices, résines.


→ Spanish Leather (Memo), Cuir Mauresque (Serge Lutens), Eau du Fier (Annick Goutal).
• Danses africaines
Racines, terre, percussions, vitalité. Encens sec, vétiver, bois rouges, fumées rituelles.



→ Timbuktu (L’Artisan Parfumeur), Dzongkha (L’Artisan Parfumeur), Bois d’Encens (Armani Privé).
• Danse orientale
Courbes, lenteur, sensualité contenue. Rose sèche, oud subtil, musc vibrant.



→ Rose 31 (Le Labo), Ambre Sultan (Serge Lutens), Oud Satin Mood (Maison Francis Kurkdjian).
Chaque parfum devient ici un écho olfactif du mouvement, une manière de ressentir la danse sans la voir.
Danser, c’est aussi sentir
La parfumerie danse avec le corps, la matière et l’espace. Qu’elle traduise le bois d’un sol, la tension d’un cuir, la mémoire d’une scène ou l’énergie d’un mouvement, elle capte un souvenir invisible mais persistant.
Les parfums qui racontent la danse ne cherchent pas à figer une chorégraphie, mais à en suggérer l’élan, la trace, l’empreinte sur la peau.
Et s’il y avait, dans chaque sillage, un peu de cette grâce fugitive qui traverse les planches d’une scène ?
Du 6 au 9 mars prochain a lieu la 14ᵉ édition du salon Esxence. Chaque année, parfumeurs et marques, professionnels en tout genre du milieu de la parfumerie et public passionné se réunissent à Milan lors de ce rendez-vous immanquable de la parfumerie de niche. On l’appelle aussi haute parfumerie, parfumerie artistique, alternative, parfumerie confidentielle ou bien parfumerie de créateurs — chez Master Parfums, on fait le point sur cette branche de la parfumerie, ses origines et ses ambitions.



L’avant-parfumerie de niche
Le parfum a pendant longtemps été un objet de luxe et le marqueur d’un haut statut social. Mais à partir du XIXᵉ siècle, plusieurs événements vont changer la donne. Avec la révolution industrielle et les avancées de la chimie, l’artisanat et le sur-mesure s’effacent au profit de la production en masse. François Coty contribuera largement à la démocratisation de la parfumerie. Cette évolution affecte également le secteur de la mode. Mais si pendant la première moitié du XXᵉ siècle, des couturiers s’immiscent sur le marché du parfum, avec des précurseurs tel que Paul Poiret, Gabrielle Chanel ou Jeanne Lanvin, une fragrance reste encore un achat réservé aux plus fortunés.
Il faut attendre le lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour que la commercialisation de parfums par des maisons de couture reprenne et que des joailliers leur emboîtent le pas, avec l’ambition d’élargir le champ des classes sociales à pouvoir s’offrir une fragrance… et cela réussit ! On assiste alors aux premiers pas de ce que nous connaissons aujourd’hui comme la parfumerie de masse.
La parfumerie de masse ou le pendant mainstream de la parfumerie
La parfumerie de masse, ce sont les parfums créés par d’importantes marques du luxe et facilement trouvables dans les grands magasins. Pensez aux fragrances de Chanel, Dior, Lancôme, Dolce & Gabbana ou encore Givenchy, qui fourmillent sur les étagères des grandes chaînes de parfumeries comme Sephora, Marionnaud, Nocibé et autres Grands Magasins. Bien souvent, ces parfums cherchent à plaire au plus grand nombre possible. Études de marché, panels olfactifs… De nombreux moyens sont déployés afin d’orchestrer les réussites et de prévenir les flops. Lorsque le succès est au rendez-vous, une fragrance aura alors de nombreuses déclinaisons, aussi appelées flankers, le but étant de capitaliser sur cette réussite tout en rentabilisant au maximum le produit de départ.
La parfumerie de masse accorde une place de choix au marketing et à la communication lors d’un nouveau lancement, s’offrant des spots publicitaires aux prix faramineux et faisant amplement reposer la promotion du parfum — voire de la marque toute entière — sur une célébrité. Ainsi, en achetant un parfum, les consommateurs se verront accorder un petit bout de prestige, d’élégance, de sensualité et bien plus encore, par mimétisme avec la tête d’affiche de la fragrance. En lisant les mots “J’adore, Dior,” peut-être avez-vous vu surgir Charlize Theron dans un coin de votre tête ?
Malheureusement, la popularité et l’accessibilité du parfum sont à double tranchant. On a assisté au fil des années à un phénomène d’uniformisation : la volonté de transformer le parfum en produit de consommation fait que dans les années 50, déjà, aux yeux de certains, les fragrances commencent à se ressembler un peu trop, comme si l’art-même de la parfumerie perdait un peu de son âme… C’est en réaction à cela qu’émerge la parfumerie de niche vers la fin des années 60.
La parfumerie de niche ou l’enfant rebelle du monde olfactif
Si les parfums de masse sont en quelque sorte les blockbusters du marché du parfum, la parfumerie confidentielle se veut être une alternative plus authentique. Elle fait le choix de cibler un marché plus restreint, moins compétitif, et aussi souvent constitué de connaisseurs — en somme, une niche !
L’historienne du parfum Elisabeth de Feydeau définit les ambitions de la parfumerie de niche comme celles de “réveiller l’émotion, flatter la personnalité et répondre à un fort besoin de se singulariser.”
Dans les années 70, des créateurs souhaitent se libérer de la tyrannie des marchés et recentrer le parfum sur l’essentiel : le jus lui-même.
Peu à peu, de nouvelles marques voient le jour. Reléguant les études de marchés et les tendances olfactives et commerciales au second plan, individualité, originalité et liberté créative sont désormais les maîtres-mots. À l’époque, on parle de “troisième parfumerie” ou de “parfumerie parallèle.”
Les parfumeurs visent juste, et les décennies suivantes voient prospérer la parfumerie de niche avant qu’elle ne connaisse un véritable essor au début du nouveau millénaire. Pour la journaliste spécialisée en parfumerie Maïté Turonnet, les trois grands pionniers de la parfumerie de niche sont Jean Laporte avec L’Artisan Parfumeur, Serge Lutens et Annick Goutal.
Parmi les maisons s’étant imposées comme des références dans le milieu de la niche, on trouve Le Jardin Retrouvé, Nicolaï, Éditions de Parfums Frédéric Malle, Le Labo, by Kilian, Maison Francis Kurkdjian, Byredo, Juliette has a gun, The Different Company ou encore Memo. Certains petits nouveaux comme BDK Parfums ou Maison Crivelli sont bien partis pour rester.
Avec le recul, certaines marques nées avant le mouvement, se sont vues qualifier de niche, par exemple, Diptyque (1961), Penhaligon’s (1870), Creed (1760) ou même Santa Maria Novella (1221), ces dernières étant des maisons dotées d’un riche patrimoine olfactif historique.
Caractéristiques de la parfumerie de niche
Dans la parfumerie niche, l’accent est mis sur la qualité et la noblesse des matières premières, et ce sont souvent elles que l’on cherche à valoriser et à mettre au centre de la communication. Les parfums niche assument d’intégrer dans leurs compositions des ingrédients et des notes moins conventionnelles, des propositions et concepts parfois avant-gardistes pouvant surprendre, voire déplaire, et revendiquent cette différence. Il s’agit ici non plus de vouloir s’identifier à l’égérie d’une marque ou de nous fondre dans la masse en adoptant la dernière tendance olfactive mais plutôt d’exprimer une identité plus personnelle et pleinement assumée.
Comme les parfums de niche ciblent un marché plus restreint, ils sont aussi distribués de façon plus sélective, dans les points de vente de la marque, des parfumeries indépendantes ou des pop-up stores. Comme ils sont produits en plus petit nombre, ils sont aussi souvent plus chers, car il faut tout de même être rentable… La bonne nouvelle, c’est que la marque devra aussi en vendre moins pour atteindre cette rentabilité. Enfin, bon nombre de parfums de niche sont des parfums mixtes, non-genrés.
Il est important de rappeler que le fait qu’un parfum soit de niche n’est pas nécessairement un gage de qualité. De la même manière, un parfum de masse n’est pas automatiquement inférieur ou dépourvu de toute sensibilité artistique : de nombreuses fragrances aujourd’hui mythiques et considérées comme de petits bijoux olfactifs sont des parfums de masse ! Il s’agit ici de souligner les différences d’approche entre deux branches de la parfumerie.
Masse et niche : des frontières de moins en moins hermétiques ?
Ces dernières années, les frontières entre la parfumerie de masse et la parfumerie de niche se sont effritées. Nombreuses sont les marques niche à avoir intégré de grands groupes afin de poursuivre leur développement. C’est par exemple le cas de Frédéric Malle et Le Labo qui ont été rachetés par Estée Lauder ; Maison Francis Kurkdjian a intégré LVMH, Atelier Cologne, L’Oréal, tandis que Byredo, Penhaligon’s et L’Artisan Parfumeur font désormais partie de Puig.
Certaines marques sont sorties des confins des échoppes confidentielles et ont étendu leur portée, s’invitant chez Sephora ou de grands magasins à l’instar des Galeries Lafayette. Par ailleurs, plusieurs fragrances de niche ont acquis une certaine renommée : Le Labo avec Santal 33, Frédéric Malle avec Portrait of a Lady, Creed avec Aventus… Eh oui, le succès a rendu le public de certaines maisons… un peu moins niche !
Enfin, des marques historiquement habituées des parfums de masse ont commencé à proposer des créations tournées vers la niche, avec une plus grande valorisation des matières premières, des prix plus élevés et une distribution plus sélective : Tom Ford et sa collection Private Blend, Armani avec Armani Privé, Chanel avec Les Exclusifs de Chanel, la Collection Privée de Christian Dior, ou encore Olfactories chez Prada…
Quoi qu’il en soit, le parfum de niche reste avant tout une philosophie, une manière d’aborder le parfum et le rapport que nous entretenons avec lui. Pour poursuivre cette découverte de la parfumerie confidentielle tout en vous amusant, optez pour le Pocket Quiz de Master Parfums édition spéciale Jovoy, , le temple parisien de cette parfumerie confidentielle. Un jeu de 120 questions-réponses pour se mettre au parfum… de niche!

Ce n’est pas tout : si vous êtes dans les parages lors du salon Esxence, bonne nouvelle, Master Parfums y sera aussi ! Qui de mieux pour vous faire plonger dans l’univers de la marque et sa gamme de jeux olfactifs que sa créatrice Anne-Laure Hennequin ? Rendez-vous à Milan, du 6 au 9 mars prochain !
La période de Noël est un moment unique dans l’année, un temps où les sens s’éveillent et les émotions s’intensifient. L’univers de la parfumerie, conscient de cette magie, propose des éditions limitées et des inspirations olfactives spéciales pour ces fêtes de fin d’année. Ces créations arrivent à capter l’esprit de Noël, avec une dimension à la fois psychologique et commerciale.
La magie olfactive de Noël
Noël est une saison riche en senteurs : des épices chaudes du pain d’épice aux fraiseffluves des sapins, les parfums de Noël, avec leurs notes gourmandes, boisées ou épicées, sont conçus pour évoquer ces images et souvenirs. Ils sont un pont entre notre présent et nos plus doux souvenirs d’enfance, réveillant la nostalgie des Noëls passés.
Les marques de parfum saisissent cette période pour lancer des éditions limitées. Ces créations uniques sont souvent présentées dans des flacons spécialement conçus pour les fêtes, ajoutant un attrait visuel à la richesse olfactive. Par exemple, la maison Guerlain réédite chaque année son parfum « Nuit d’Hiver », une fragrance chaleureuse qui mêle des notes de cannelle, d’orange et de vanille.
Le rôle psychologique et stratégie commerciale des parfums de Noël
Les parfums de Noël jouent un rôle clé dans l’évocation des émotions. Ils peuvent apaiser, réconforter ou revigorer, contribuant à créer une atmosphère festive. Par exemple, le parfum « Snowy Morning » de Bath & Body Works, avec ses notes de pin et de menthe, a été créé pour donner cette sensation d’hiver froid revigorant et rafraîchissant.
La période de Noël est cruciale pour l’industrie du parfum. Les éditions limitées sont non seulement des objets de collection convoités, mais aussi des cadeaux de choix. Leur caractère exclusif et saisonnier incite à l’achat, jouant sur le désir de rareté et d’unicité.
Les senteurs de Noël : un voyage olfactif au cœur de la tradition

Noël est une période où les odeurs jouent un rôle central, évoquant des souvenirs et des sensations uniques. Chaque senteur caractéristique de Noël a sa propre histoire et son propre pouvoir évocateur.
Les épices chaudes
Les épices chaudes telles que la cannelle, le clou de girofle, et la muscade sont indissociables de Noël. Elles rappellent les biscuits au pain d’épice, les tartes et les boissons chaudes. Leur chaleur évoque la convivialité et le partage, des moments passés en famille autour de la table.
Guimauves et marshmallows
La douceur sucrée des guimauves évoque les moments de plaisir et de détente. Cette note gourmande nous transporte vers des souvenirs d’enfance, de veillées autour du feu, de chocolats chauds savourés sous un plaid douillet.
Le sapin
L’odeur fraîche et résineuse du sapin est emblématique de Noël. Elle symbolise la nature et la fraîcheur de l’hiver, rappelant les forêts enneigées et la tradition du sapin décoré dans le salon.
Le feu de cheminée
La senteur boisée et fumée du feu de cheminée crée une atmosphère chaleureuse et rassurante. Elle évoque les longues soirées d’hiver, les récits partagés au coin du feu, un sentiment de sécurité et de confort.
Le panettone
Cette brioche italienne traditionnelle de Noël, avec ses notes de fruits confits et d’agrumes, apporte une touche de gourmandise et d’exotisme. Son odeur est associée aux festivités et aux réunions familiales.
Les agrumes
Les odeurs d’orange, de citron et de mandarine, souvent présentes dans les décorations de Noël ou utilisées dans les recettes de saison, apportent une fraîcheur vivifiante. Elles contrastent avec la richesse des autres senteurs de Noël, rappelant les moments de joie et de vitalité.
Chacune de ces senteurs contribue à créer l’atmosphère unique de Noël, une période où les parfums se mêlent pour raconter des histoires de joie, de partage et de tradition.
Idées de parfums de Noël
White Moss & Snowdrop de Jo Malone : ce parfum capture l’essence d’un paysage hivernal enneigé. Il débute par des notes lumineuses de mousse et de jacinthe, suivies de cardamome et de pétale de rose. Le fond de cette composition repose sur des notes de bois ambré, donnant une sensation à la fois douce et mystérieuse.
Noël au Balcon d’État Libre d’Orange : ce parfum, créé par Antoine Maisondieu, est un mélange audacieux et chaleureux. Il s’ouvre sur des notes de tête d’orange, de miel et de poivre, offrant un démarrage épicé et doux. Le cœur révèle des nuances de patchouli et de musc, tandis que la vanille et le cumin en fond lui confèrent une profondeur envoûtante et sensuelle.
Nuit de Noël de Caron: créé par Ernest Daltroff en 1922, ce classique intemporel est une célébration de l’élégance de Noël. Avec ses notes de tête de ylang-ylang et de rose, un cœur de santal et de mousse, et un fond de musc et de vanille, il évoque une soirée festive élégante et mystérieuse.
Christmas Tree de Demeter : ce parfum capture l’essence d’un sapin de Noël avec une fidélité surprenante. Les notes de pin et de résine sont complétées par un soupçon de terre humide, évoquant le souvenir d’un véritable arbre de Noël dans votre salon.
Ces fragrances offrent une variété d’expériences olfactives qui enrichissent l’ambiance de Noël, apportant à chaque maison un peu de la magie des fêtes.
Outre les parfums corporels, les bougies parfumées ainsi que les parfums d’ambiance jouent un rôle central dans la création d’une atmosphère de Noël.
Chez Diptyque, deux bougies offrent une expérience olfactive festive :
- On retrouve Délices, mêlant des arômes de fruits confits et zestes d’orange avec des notes épicées de cannelle et de gingembre. En fond, des effluves doux de caramel et de vanille créent une ambiance chaleureuse et réconfortante, évoquant les plaisirs gourmands et les moments conviviaux des fêtes de fin d’année.
Ainsi que Sapin qui est une célébration olfactive de la saison de Noël. Elle évoque la chaleur et le charme des arbres de Noël, avec des senteurs de pin, de résine et de cèdre. La bougie est présentée dans un récipient décoré de flammes en vert et en or, ce qui en fait un cadeau magnifique ou un plaisir personnel. Elle crée une ambiance de fête, rappelant les souvenirs joyeux et est idéale pour ajouter une touche festive à tout intérieur durant la saison hivernale.
Chez Trudon, Gabriel offre une atmosphère accueillante pendant les journées froides d’hiver. Ses notes distinctives de cuir, bois de cachemire et marron caramélisé tissent un tableau de moments joyeux et confortables.
Joyeux Noël de Frédéric Malle : créé par Dominique Ropion, ce parfum d’ambiance est une innovation dans la façon de parfumer les intérieurs. Il mélange des notes de pin, d’épices et de d’ambre avec une touche de barbe à papa innovante, créant une atmosphère qui rappelle les ambiances des soirées de fin d’années.
La Trêve des Confiseurs de la maison Oriza L. Legrand est un parfum d’ambiance aux senteurs d’orange confite et d’épices pour une ambiance gourmande et chaleureuse au sein du foyer.
Alors que Noël 2023 approche, l’univers des parfums s’enrichit de fragrances qui capturent l’essence de cette période joyeuse. Les éditions limitées et les inspirations olfactives spéciales de Noël offrent bien plus qu’une simple senteur : elles sont une célébration des émotions et des souvenirs. Avec l’évolution constante de la parfumerie, on peut s’attendre à des innovations toujours plus surprenantes et captivantes pour les Noëls à venir.
“Nous vivons dans un monde sur-parfumé et pourtant l’odorat reste le sens le plus sous-estimé, le plus sous-utilisé, et aussi le plus mystérieux.” Tel est le constat fait par Anne-Laure Hennequin – fondatrice de la marque de jeux olfactifs Master Parfums. Si vous nous découvrez tout juste, vous ne pouviez pas mieux tomber : nous vous proposons de remonter à la genèse de Master Parfums, en retraçant le parcours d’Anne-Laure avant d’explorer la philosophie de la marque ainsi que chaque ouvrage de la collection.
Et même si personne ne vous bat à une partie de Pocket Quiz, nous parions qu’il vous reste sans doute encore quelques zones d’ombre quant à l’histoire de Master Parfums – éclaircissons les sans plus attendre.
“Je renifle tout depuis que je suis toute petite” : parcours d’une passionnée

Anne-Laure Hennequin est tombée très tôt dans la marmite : sa fascination pour le parfum et les odeurs en général remonte à son enfance. “Je renifle tout depuis que je suis toute petite,” explique-t-elle. “Comme beaucoup de petites filles, je m’amusais à macérer des fleurs du jardin pour créer des parfums, pas vraiment mémorables! Mon jeu préféré était un jeu qui permettait de composer des parfums. Si je visualise très bien la boîte, je n’arrive pas à me souvenir du nom. Mais c’était bien avant Sentosphère! Je me souviens de ma création préférée qui était à base de lilas et que j’avais versée dans un petit flacon de Cléa d’Yves Rocher pour offrir à ma maman. J’avais aussi bien sûr une collection d’échantillons et de miniatures de parfums.” Mais à l’époque, Anne-Laure ne se limite pas à admirer les jolis jus colorés dans ses jolis flaconss, elle s’amuse déjà à les sentir à l’aveugle et à essayer de les reconnaître, organisant même des concours avec sa tante.
Pas vraiment scientifique dans l’âme, une carrière de parfumeur n’est même pas à envisager à cette époque. À l’heure des études supérieures, elle choisit donc le chemin des langues et après une année aux États-Unis, elle intègre une école de traduction. Son amour pour le parfum ne la quitte pas pour autant, au contraire : elle effectue son stage de fin d’études chez Clarins (qui comptait Angel et Elysium dans son catalogue de parfums), au sein du service formation internationale. Là-bas, elle traduit le manuel destiné à la formation des équipes. C’est à ce moment qu’elle trouve sa voie : celle de la transmission, et en l’occurrence, la transmission d’une passion pour le cinquième sens et la création parfumée.
Anne-Laure complète ensuite une formation en distribution parfums et cosmétiques, tout en travaillant comme conseillère de beauté intérimaire pendant les week-ends. “Travaillant pour des marques différentes à chaque fois, j’ai pu bénéficier de nombreuses formations”. Puis, elle occupe le poste d’animatrice formatrice chez Kenzo, d’abord en France, puis aux États-Unis, pendant près de dix ans. Sa mission ? “Faire comprendre l’ADN de la marque et les nouveautés aux vendeuses.” L’Europe l’appelle, et c’est à Barcelone qu’elle s’installe pour travailler pendant onze ans pour Puig, commençant par la formation pour Prada avant d’étendre ses formations au groupe entier en tant que directrice de formation internationale.
Alors qu’Anne-Laure Hennequin acquiert pas moins de vingt ans d’expérience comme formatrice pour de grandes marques de parfums à échelle internationale, elle réalise que le moyen qui se prête le mieux à son objectif pédagogique est celui du jeu : elle conçoit, avec son équipe, des modules de formation basés sur l’edutainment, une méthode combinant education (éducation) et entertainment (divertissement) – en un mot, l’éducation par le jeu. Car lorsque l’on mêle apprentissage et jeu, on s’instruit simplement, rapidement et efficacement : directement impliqués et pas seulement spectateurs silencieux d’un professeur ou lecteurs tacites d’un ouvrage, nous retenons beaucoup mieux ce que l’on cherche à nous transmettre !
Alors, comment ces modules d’edutainment ont-ils fini par faire éclore Master Parfums ?
Master Parfums : pourquoi ?
Des lacunes dans la manière de former
Dans sa vie professionnelle, Anne-Laure Hennequin est aux premières loges d’un malheureux constat : les formations privilégient la connaissance des nouveautés, et l’enseignement des techniques de vente au service de ces nouveautés prime sur tout le reste. L’image de marque et la communication qui portent un lancement prennent beaucoup de place, au détriment de la culture olfactive. Le résultat ? La prolifération de “belles au bois dormant” : des créations olfactives qui tombent dans l’oubli sous le poids des nouveautés prenant la poussière sur les étagères au lieu de vivre sur les peaux.
Il n’y a pas que les vendeuses qui sont délaissées : les consommateurs et consommatrices le sont encore plus face à une offre grandissante, mais pas forcément de l’expertise nécessaire pour s’y retrouver dans cet océan de produits parfumés. Pourtant, Anne-Laure en est convaincue : une fois éduqués, on sait reconnaître la qualité, et cela permettrait à de nombreuses fragrances d’être appréciées à leur juste valeur, et pour nous, d’apprendre à honorer et chouchouter notre odorat.
Un paradoxe olfactif
Au-delà de son parcours professionnel, autre chose frappe Anne-Laure depuis longtemps. D’un côté, tout est parfumé : produits d’hygiène et de beauté, grandes surfaces, magasins, salles d’attente, métro, nourriture… Pas une seconde de répit pour nos narines, notre nez étant sollicité en permanence, comme si le monde était une pomme de senteur.
De l’autre… L’odorat est négligé ! “L’odorat est le sens auquel on accorde le moins d’importance,” observe Anne-Laure. “Non seulement l’école ne nous apporte pas de connaissances à ce sujet, mais on ne teste même pas notre odorat, alors qu’on subit des tests depuis tout petits pour vérifier notre vue, notre ouïe, ou le toucher par les activités manuelles. C’est le sens le plus laissé pour compte.” La crise sanitaire du Covid-19 a d’ailleurs mis en lumière à quel point l’odorat est souvent pris pour acquis… Avant, beaucoup ignoraient qu’il était même possible de perdre l’odorat !
Comment expliquer que notre cinquième sens soit laissé à l’abandon, et surtout, comment y remédier ? C’est là que Master Parfums entre en jeu.
Naissance de Master Parfums
Une idée germe alors dans l’esprit d’Anne-Laure : et si on pouvait transmettre la culture du parfum directement aux consommateurs et aux consommatrices ? “Je me suis sentie investie d’une mission : simplifier l’éducation du parfum afin d’en promouvoir la culture auprès de tous.”
Le résultat ? Un concept de jeux éducatifs à la portée aussi bien des grands débutants que des passionnés et des professionnels de la parfumerie : Master Parfums ! Il est temps de redorer le blason du cinquième sens : non seulement on s’instruit sur le fascinant univers du parfum, on met aussi son odorat et son imagination en action. Si vous ne connaissez pas encore la gamme de jeux, faites donc connaissance…
La collection de jeux Master Parfums

L’aventure commence en 2018 avec le Pocket Quiz, un quiz parfum sous la forme d’un jeu de cartes qui peut vous accompagner partout. Un petit format pourtant incroyablement riche ! Ses 120 questions sont réparties en quatre catégories :
- La palette olfactive
- Marques, parfums, astuces
- Histoire, littérature, mythologie
- Les coulisses du parfum
Les questions allant du niveau amateur au niveau expert en passant par le niveau connaisseur, vous pouvez lancer une partie quelles que soient vos connaissances en matière de parfum ! Mais pour devenir le Master, il vous faudra grimper les niveaux en répondant correctement à 12 questions (les 3 niveaux des 4 catégories), en évitant si possible de tomber sue les cartes “anosmie” et “mystère”.

Parler du parfum, c’est bien, mais c’est encore mieux de le faire avec une dimension olfactive ! Voilà que débarque donc un plus grand format : le Livre-Jeu olfactif. On y retrouve un livret éducatif et un nouveau quiz, toujours avec les mêmes 4 catégories et 3 niveaux de difficulté, mais les 120 questions sont différentes. Si vous possédez le Pocket Quiz vous pouvez jouer avec deux fois plus de questions !
Autre bonus : 40 défis olfactifs qui reposent sur le petit bijou du Livre-Jeu, ses 12 crayons parfumés correspondant aux 12 facettes olfactives les plus utilisées en parfumerie (agrume, aromatique, florale…). Avec ces crayons, vous pouvez…
- Sentir les notes et décrire ce qu’elles vous font ressentir – c’est le moyen d’apprendre à parler (ou mieux parler) de vos émotions olfactives.
- Travailler votre mémoire olfactive en jouant à reconnaître les odeurs et en expliquant ce qu’elles vous évoquent, et pourquoi. Quel crayon vous ramène à un après-midi en bord de mer, à une balade en forêt ou à l’heure du goûter de votre enfance ?
- Créer un parfum à partir de petits briefs qui vous seront donnés. L’occasion rêvée de donner vie momentanément à cette fragrance unique dont vous avez toujours rêvé !
Avec ses crayons parfumés, le Livre-Jeu a même été reconnu par des orthophonistes comme un outil d’aide à la rééducation olfactive !
Master Parfums sort ensuite le Pocket Quiz édition spéciale Jovoy : il s’agit du même concept que le premier Pocket Quiz, les questions tournant cette fois-ci autour des marques de niche présentes chez Jovoy, l’incontournable temple de la parfumerie niche de la rue de Castiglione, à Paris.

Et le petit dernier de la famille Master Parfums, tout beau, tout frais, c’est le Pocket Quiz : le tour du monde en parfums. Là encore, on reprend le concept du Pocket Quiz, avec des questions portant cette fois-ci sur les cultures du parfum des quatre coins du monde.
Les 3 Pocket Quiz peuvent enrichir le Livre-Jeu Olfactif de nouvelles questions pour enrichir les parties, l’ensemble de la collection regroupant maintenant 480 questions!
Au-delà d’un apprentissage ludique stimulant connaissances et créativité, les jeux Master Parfums sont aussi une façon de (re)créer du lien, en partageant votre passion avec les personnes qui vous entourent, ou bien en vous initiant au monde merveilleux du parfum, ensemble. À l’approche des fêtes, et si vous en profitiez ?
Par ailleurs, Anne-Laure Hennequin propose en ce moment une nouvelle édition de son traditionnel Master Quiz de l’Avent : un jour, une question sur le parfum – ça se passe juste ici. Si vous vous prenez au jeu, ça tombe bien, nous venons justement de vous souffler quelques idées de cadeaux à glisser sous les sapins…
En ce mois d’Octobre Rose, Master Parfums a entrepris la rédaction d’une série d’articles informatifs et attentifs abordant la thématique du cancer et de l’odorat. À travers ces publications, notre objectif est d’éclairer sur les altérations olfactives induites par la chimiothérapie, ainsi que d’informer sur l’usage des nouvelles technologies liées à l’odorat pour la détection des cancers. Nous cherchons à éduquer et sensibiliser concernant ces changements, tout en offrant un soutien et une compréhension approfondie des défis qui en résultent.
La chimiothérapie, bien qu’essentielle pour le traitement de certaines formes de cancer, peut avoir un impact majeur sur la qualité de vie, notamment parce qu’elle peut entraîner des troubles du goût et de l’odorat. Cet article explore ces changements sensoriels, tout en évoquant les solutions comme l’aromathérapie et l’olfactothérapie.
Changements dans la perception des saveurs
La dysgueusie
Le traitement du cancer, notamment par la chimiothérapie, est souvent synonyme de divers effets secondaires qui peuvent altérer profondément la qualité de vie des patients.
L’un de ces effets, largement rapportés, est une sensation désagréable de goût métallique dans la bouche, également perceptible en rétro-olfaction, changeant la façon dont les aliments et les boissons sont perçus et appréciés.
Un goût métallique, souvent décrit comme une sensation d’avoir du métal dans la bouche ou comme si la salive avait un goût de fer, est une altération du sens du goût, aussi appelée dysgueusie. Ce phénomène peut rendre les aliments et les boissons moins appétissants, influencer négativement l’appétit du patient, et impacter de façon significative la qualité de vie et le bien-être nutritionnel.
Lors de la rétro-olfaction, c’est-à-dire lorsque l’air passe par la cavité orale vers les récepteurs olfactifs en haut du nez pendant la mastication ou la déglutition, ce goût métallique, devenu odeur, est d’autant plus perceptible. Cela modifie la saveur des aliments, voire crée une aversion pour la nourriture.
Les mécanismes exacts à l’origine du goût métallique induit par la chimiothérapie ne sont pas entièrement compris. Toutefois, il est généralement avancé que les médicaments de chimiothérapie chargés de molécules métalliques, qui visent à éliminer les cellules cancéreuses à croissance rapide, entraînent également les cellules saines, notamment celles des papilles gustatives et de la cavité nasale. Cela perturbe le fonctionnement normal des récepteurs du goût et de l’odorat, entraînant des perceptions altérées, comme le fameux goût métallique.
L’anosmie
Un autre des effets secondaires de la chimiothérapie est l’anosmie.
Perte temporaire ou permanente de l’odorat – l’anosmie se pose en obstacle invisible mais profondément perturbant. Les odeurs forment une toile de fond à nos vies, éveillant des souvenirs et des moments importants de nos vies. La disparition soudaine de ce sens peut plonger les individus dans un univers dépourvu de ces nuances odorantes, affectant non seulement leur capacité à percevoir les plaisirs subtils du quotidien, mais aussi à détecter des dangers potentiels, tels que des aliments avariés, l’odeur de fumée, ou des fuites de gaz.
Pour les patients sous chimiothérapie, l’anosmie ajoute une couche supplémentaire de défi, déconnectant non seulement leur monde intérieur de ces stimuli olfactifs, mais affectant aussi le goût et par conséquent, l’appétit et la nutrition.
En outre, l’impact émotionnel et psychologique de l’anosmie ne doit pas être sous-estimé, car les odeurs sont intimement liées à nos souvenirs et expériences. L’absence de cette connexion olfactive avec les souvenirs heureux ou rassurants peut également être un terrain propice à des sentiments de mélancolie ou d’isolement. Dans ce contexte, le soutien émotionnel, la reconnaissance du phénomène et l’exploration de thérapies alternatives ou complémentaires pour pallier cette perte deviennent des piliers clés dans l’accompagnement holistique du patient à travers son parcours de soins.
Les thérapies olfactives pour soulager les patients en traitement de cancer
L’aromathérapie

L’aromathérapie utilise des huiles essentielles pour stimuler les sens et favoriser le bien-être. Bien que les recherches soient limitées, certaines études suggèrent que l’aromathérapie peut aider à améliorer l’humeur et à réduire l’anxiété chez les patients en chimiothérapie.
Comment cela fonctionne-t-il?
Les huiles essentielles comme la lavande, le romarin et l’orange douce peuvent être diffusées dans l’air ou appliquées sur la peau. Le but est de stimuler les récepteurs olfactifs restants et de créer une expérience sensorielle agréable.
L’aromathérapie utilise des huiles essentielles extraites de plantes dans le but de promouvoir la santé et le bien-être physique et psychologique.
Elle implique l’utilisation d’huiles essentielles via la diffusion, l’inhalation, ou l’application topique pour aborder divers problèmes tels que le stress, l’anxiété, les douleurs, et d’autres problèmes de santé.
Bien que le mécanisme exact reste un sujet de recherche, on pense que les odeurs des huiles peuvent influencer les réponses physiologiques et psychologiques à travers leurs interactions avec le système limbique dans le cerveau.
L’aromathérapie est largement utilisée pour gérer le stress, améliorer la qualité du sommeil, réduire les symptômes de douleur, et d’autres applications diverses liées au bien-être.
L’olfactothérapie : un monde de fragrances émotionnelles

L’olfactothérapie est une approche qui utilise également les odeurs mais se focalise davantage sur l’équilibre émotionnel et la psychothérapie. Elle explore les liens entre les odeurs et les souvenirs pour déclencher des réactions émotionnelles spécifiques, aider à libérer des blocages émotionnels, ou pour travailler sur des traumas et des souvenirs.
L’olfactothérapie s’appuie sur l’idée que les odeurs peuvent accéder directement au cerveau émotionnel (système limbique) et ainsi déclencher, explorer, et potentiellement reprogrammer des réponses émotionnelles.
Elle est surtout utilisée dans le contexte de la gestion émotionnelle, du traitement des traumas, et dans une perspective psychothérapeutique pour travailler sur les schémas comportementaux et émotionnels.
Le choix des fragrances pour les patients en chimiothérapie doit être effectué avec soin, en tenant compte de leurs nouvelles sensibilités olfactives. Cela peut impliquer un processus d’essai, explorant différentes odeurs jusqu’à identifier celles qui procurent du réconfort ou évoquent des souvenirs agréables sans provoquer de nausées ou d’inconfort.
Cette thérapie peut offrir un espace d’évasion mentale, permettant aux patients de s’éloigner momentanément de l’intensité du parcours de traitement.
Être à l’écoute des besoins individuels
Il est impératif d’aborder l’olfactothérapie de manière personnalisée, en étant attentif aux réponses individuelles aux différentes odeurs et en ajustant la pratique en conséquence.
L’implémentation de l’olfactothérapie dans le plan de soins global devrait se faire en collaboration avec l’équipe médicale du patient, afin d’assurer la sécurité et l’efficacité de l’approche.
Bien que l’olfactothérapie ne soit pas un remède, elle peut offrir une méthode complémentaire douce et apaisante pour améliorer la qualité de vie des patients en chimiothérapie. Par la reconquête de l’espace olfactif, elle vise à réintroduire des moments de bien-être et de réconfort dans le tumulte du parcours médical.
L’olfactothérapie et l’aromathérapie : deux approches différentes
Ces deux approches utilisent les odeurs et les arômes dans un contexte thérapeutique, mais elles se distinguent par leurs objectifs, méthodologies et principes fondateurs.
Les deux thérapies reconnaissent le pouvoir des odeurs à influencer l’état d’esprit et les émotions, et exploitent la connexion profonde entre l’odorat et le système limbique du cerveau.
Il y a pourtant des différences entre les deux approches:l’aromathérapie a une application plus large et peut cibler le bien-être physique et mental, tandis que l’olfactothérapie se concentre plus précisément sur les aspects psychologiques et émotionnels, souvent en explorant en profondeur les souvenirs et les émotions liés aux odeurs.
Tandis que l’aromathérapie est plus largement reconnue et utilisée dans divers cadres de soins de santé et de bien-être, l’olfactothérapie, bien que moins répandue, offre une voie fascinante dans le domaine de la psychothérapie et du développement personnel, explorant la profondeur des réponses émotionnelles liées aux odeurs.
Les modifications olfactives et gustatives engendrées par la chimiothérapie tracent un parcours sensoriel unique pour chaque patient, où l’aromathérapie et l’olfactothérapie se révèlent être des alliées potentielles dans la gestion des dimensions physiques et émotionnelles de ce voyage.
Ces thérapies aromatiques, en conjuguant science et bien-être, dévoilent un panorama où les odeurs deviennent des instruments de soutien et de réconfort, tissant des récits de résilience et d’espoir à chaque étape du traitement.
Au final, elles nous rappellent que le chemin vers la guérison est une expérience richement multidimensionnelle, méritant exploration et appréciation sous toutes ses formes.
Il est rare qu’une fragrance transcende le temps pour rester gravée dans la mémoire collective. C’est le cas de Youth Dew, la perle précieuse d’Estée Lauder. Depuis son introduction sur le marché, elle a séduit des générations par sa complexité et son charme envoûtant.
Cet article vous invite à redécouvrir cet élixir, la remarquable gestion marketing qu’Estée Lauder a mise en place et à comprendre pourquoi, après tant d’années, il demeure l’un des joyaux de la parfumerie mondiale.
Estée Lauder : une marque, une créatrice

Le monde de la beauté est emprunt d’histoires inspirantes, mais celle d’Estée Lauder est exceptionnelle. Née en 1908, Estée Lauder, de son vrai nom Joséphine Esther Mentzer, a grandi à New York dans un environnement modeste.
Avec ses racines hongroises et tchèques, elle s’est immergée très jeune dans l’univers des cosmétiques grâce à son oncle chimiste, qui lui a transmis sa passion pour les formulations beauté.
En 1946, le rêve devient réalité. Avec une foi inébranlable en sa vision, Estée, accompagnée de son mari Joseph, a fondé la marque Estée Lauder. Elle ne se contentait pas de vendre des produits, elle vendait une expérience. Ses démonstrations personnelles, où elle conseillait les femmes sur leurs routines de soins, ont rapidement fait sensation.
Elle croyait dur comme fer que « chaque femme peut être belle« , et c’est cette conviction qui a été le pilier de sa marque.
Estée Lauder a introduit des parfums qui ont non seulement reflété les tendances olfactives de leur époque, mais qui ont aussi, à bien des égards, défini celles à venir. Son approche visionnaire de la parfumerie a concrétisé la réputation de la marque comme une force innovante et influente, faisant d’Estée Lauder non seulement une icône de la cosmétique, mais aussi une légende du monde du parfum.
Contexte historique du parfum Youth Dew
Le milieu du XXe siècle est une époque d’innovations, de transformations sociales et d’expression individuelle. C’était également une période de révolution dans l’univers de la parfumerie, où les parfums devenaient des déclarations d’identité et des symboles de féminité.
Lorsqu’Estée Lauder a introduit Youth Dew en 1953, le paysage parfumé était dominé par l’idée traditionnelle que le parfum était un luxe offert par les hommes aux femmes en signe d’affection ou d’admiration. Estée Lauder, avec sa forte perspicacité, a repéré une opportunité unique. Elle a réalisé que si le parfum était reformulé et commercialisé différemment, il pourrait devenir un bien que les femmes choisiraient et achèteraient elles-mêmes pour elles-mêmes.
Ainsi est née l’huile de bain Youth Dew1. Plus qu’une simple huile parfumée, elle était conçue comme un acte d’émancipation féminine. Au lieu d’attendre qu’un parfum lui soit offert, une femme pouvait maintenant se dorloter avec cette huile riche et sensuelle, s’offrant à elle-même une expérience luxueuse abordable à 8 dollars le flacon. Sa formulation concentrée permettait de l’utiliser à la fois comme huile de bain et comme parfum, ce qui en faisait un produit polyvalent.
L’impact culturel de Youth Dew ne peut être sous-estimé. Il a non seulement bouleversé les conventions marketing de l’industrie de la parfumerie, mais a également reflété et amplifié une tendance croissante vers l’indépendance et l’autonomie féminine de cette époque. En re-définissant ce qu’un parfum pouvait être et comment il pouvait être porté, Youth Dew est devenu non-seulement un parfum emblématique, mais également un symbole d’une époque en pleine mutation.
Joséphine Catapano, la parfumeure derrière Youth Dew
Née en 1918, Joséphine Catapano est reconnue comme l’une des parfumeures les plus talentueuses du 20ème siècle. Après avoir débuté sa carrière chez Elizabeth Arden, elle a ensuite travaillé pour de prestigieuses maisons, faisant d’elle une figure respectée dans l’industrie.
Sa collaboration avec Estée Lauder dans les années 1950 reste l’une des plus mémorables de sa carrière. Ensemble, elles ont conceptualisé Youth Dew.
A une époque où l’on ne porte globalement que du parfum français, Estée Lauder aspirait à créer une huile de bain parfumée que les femmes pourraient se permettre d’acheter pour elles-mêmes.
Joséphine Catapano a su transformer cette idée en un parfum emblématique illustrant ainsi la vision révolutionnaire de Lauder et son génie créatif.
Joséphine Catapano a laissé une empreinte indélébile dans l’univers de la parfumerie, et Youth Dew demeure l’une des pierres angulaires de son riche héritage.
Youth Dew ou la sensualité intemporelle

Depuis plus de cinquante ans, Youth Dew fait battre le cœur des amoureux de parfums. Cet élixir à su traverser les décennies avec une grâce intemporelle.
Dès les premiers effluves, l’opulence de la rose se mêle à la fraîcheur de la jonquille, évoquant l’image d’un jardin baigné de rosée matinale. Le narcisse donne une touche florale légèrement verte et poivrée, en parfaite harmonie avec la fraîcheur camphrée de la lavande qui, telle une brise légère, ajoute une dimension aromatique qui équilibre parfaitement la richesse des fleurs. L’orange et la pêche ajoutent une douceur fruitée, mais le plus surprenant est cette nuance presque effervescente de caramel liquoreux rappelant le Coca-cola, qui apporte une originalité gourmande, presque régressive à l’ensemble.
Au cœur du parfum, le jasmin déploie sa sensualité, enveloppant les sens dans un voile blanc et intense. Il danse délicatement avec le muguet, cette fleur fragile qui évoque la tendresse des premières journées printanières. Puis, instantanément, une touche épicée de cannelle et de clou de girofle vient réchauffer et twister l’ensemble, insufflant une chaleur envoûtante à la composition.
Mais c’est véritablement le fond de la fragrance qui révèle toute sa complexité. La mousse de chêne, évoque une forêt dense ajoutant une profondeur sombre de sous-bois. Cette base est renforcée par le vétiver, dont les nuances terreuses, boisées et légèrement fumées s’entrelacent à la richesse balsamique du patchouli. L’encens et les baumes dégagent une aura enveloppant les sens d’une douceur résineuse et légèrement vanillée.
C’est un parfum catégorisé par la marque dans la famille olfactive des ambrés épicés. Mais on y perçoit aussi une structure chypré en filigrane.
Le résultat ? Un sillage mémorable, à la fois puissant, subtil et captivant.
C’est une histoire olfactive, une épopée qui, à chaque vaporisation, invite à un voyage sensoriel magnétique et opulent.
Chaque note joue son rôle, créant une histoire qui évolue magnifiquement sur la peau, laissant derrière elle une impression indélébile d’élégance et de mystère. Une fragrance opulente dont le sillage est signe d’affirmation, d’émancipation, voire de désinvolture, dans une époque où la femme, cherchant sans cesse à s’affirmer, y trouve une arme au charme irrésistible.
Le mot d’Anne-Laure, créatrice de Master Parfums
Cette fragrance de couleur ambrée se love dans un flacon extrêmement féminin: une robe drapée serrée à la taille qui n’est pas sans rappeler les modèles new-look de Christian Dior.
Pour la publicité, Estée Lauder innove et provoque avec un visuel plutôt osé pour l’époque : une femme nue de dos, joliment floutée, prête à prendre son bain.
Pour découvrir le parfum en point de vente, point de mouillette ou de céramique.
Estée Lauder voulait que son produit soit accessible à toutes: le flacon ne devrait pas être scellé, comme le faisaient les autres marques. Ainsi les clientes pourraient le sentir librement. Elle savait qu’elles s’en mettraient sur les mains et qu’ainsi elles pourraient le sentir plusieurs heures après sur leur peau.
Devant le succès incroyable de cette huile, elle décida de lancer aussi le parfum en même temps qu’une gamme complète de produits comme des poudres, savon, et lotions…
Un succès qui s’exporta en Europe un peu plus tard. Un directeur de grand magasin français aurait exprimé des doutes quant à la réussite d’un parfum américain en France. Ce qui ne fit que renforcer la détermination de la créatrice. On raconte même qu’elle aurait intentionnellement laissé tomber un flacon de Youth Dew dans le magasin attirant ainsi l’attention d’une foule de curieux!
Youth Dew est une célébration de l’indépendance féminine, un symbole de la beauté éternelle et un chef-d’œuvre olfactif. Chaque goutte raconte l’histoire d’une femme qui a osé défier les normes et a changé la vision du monde de la parfumerie pour toujours, allant même être une inspiration pour Opium d’Yves Saint Laurent, qui arrivera quelques années plus tard.
C’est l’été indien, imaginez-vous sur la terrasse d’une plage de Méditerranée, cocktail délicat à la main, musique electro-groovy en fond, regardant le soleil décliner à l’horizon, ses derniers rayons caressant la mer. C’est cette sensation que procure Electro Limonade, une création olfactive de L’Orchestre Parfum. Elle nous emmène dans un voyage mémorable entre parfum et musique, grâce à la vision avant-gardiste de son fondateur, Pierre Guguen.
L’Orchestre Parfum, une marque avant-gardiste
Au cœur de la parfumerie contemporaine, un nom ressort par sa singularité et son approche innovante : L’Orchestre Parfum. Cette marque, née de l’ingéniosité et de la passion de Pierre Guguen, transcende les limites traditionnelles de la parfumerie en créant une fusion captivante entre le parfum et la musique.
Pierre Guguen, l’architecte derrière cette vision unique, a toujours cru dans l’interaction profonde entre les sons et les odeurs. Captivé par la façon dont certaines odeurs peuvent évoquer des mélodies dans les esprits, et comment certaines musiques peuvent évoquer des souvenirs olfactifs précis. C’est ce qui jettera les bases de ce qui allait devenir une formidable aventure entrepreneuriale.
En fondant L’Orchestre Parfum, Pierre Guguen n’a pas simplement cherché à produire des fragrances exceptionnelles ; il a voulu que chaque parfum soit une composition, une mélodie, un morceau d’art. Pour lui, un parfum n’est pas simplement une combinaison d’ingrédients ; c’est une partition olfactive, où chaque note, chaque accord a une résonance émotionnelle.
L’approche va au-delà du simple marketing ou du concept. C’est une conviction profonde que la musique et le parfum, bien que différents dans leur expression, ont le pouvoir unique de capturer l’essence de moments fugaces, de souvenirs et d’émotions. En les combinant, il a créé non seulement une nouvelle manière de percevoir le parfum, mais aussi une manière innovante d’expérimenter la musique.
La vision de Pierre Guguen est audacieuse et avant-gardiste. Il a réussi à bousculer le monde de la parfumerie en introduisant une dimension sonore à chaque parfum, offrant ainsi une expérience sensorielle riche et immersive. À travers L’Orchestre Parfum, le fondateur invite chacun de nous à fermer les yeux, à respirer profondément et à se laisser emporter par une symphonie d’odeurs et de sons, où chaque note est un voyage, chaque parfum une mélodie.
La synesthésie : l’âme de l’Orchestre Parfum
La synesthésie est un phénomène neurologique rare et fascinant où la stimulation d’un sens entraîne automatiquement une expérience dans un autre sens.
L’Orchestre Parfum, avec sa philosophie avant-gardiste, est profondément inspiré par cette notion de synesthésie. En fait, la marque en fait son épicentre créatif. Chaque parfum est conçu non seulement pour évoquer une odeur, mais également pour susciter une expérience sonore, créant ainsi une mélodie olfactive qui parle à la fois à notre nez et à nos oreilles. Cette fusion de sens est à la fois audacieuse et innovante, repoussant les limites traditionnelles de la parfumerie.
Pierre Guguen a une compréhension profonde de la synesthésie.
Ces moments où une odeur évoque une mélodie ou une note musicale rappelle une senteur spécifique qui influence profondément sa vision pour L’Orchestre Parfum. Pour lui, il ne s’agissait pas seulement de créer un parfum, mais une symphonie multi-sensorielle.
La marque s’est ainsi associée à des musiciens talentueux pour composer des morceaux spécifiques à chaque parfum, ajoutant une dimension sonore à l’expérience olfactive. Le porteur du parfum est invité à plonger dans un voyage où l’ouïe et l’odorat s’entrelacent, chaque note olfactive étant amplifiée par une note musicale, créant une harmonie parfaite.
L’Orchestre Parfum nous rappelle que nos sens ne fonctionnent pas en silos. Ils sont interconnectés, tissant ensemble nos expériences du monde qui nous entoure.
La synesthésie, avec sa fusion de perceptions, sert de métaphore parfaite à l’approche de L’Orchestre Parfum : une danse où la musique et la fragrance se mêlent, nous invitant à une expérience immersive et transcendante, bien au-delà de ce que la parfumerie traditionnelle a pu offrir jusqu’à présent.
L’approche musicale de NIID

Ce qui distingue L’Orchestre Parfum des autres marques, c’est cette fusion unique entre le monde olfactif et musical. En collaboration avec NIID, un duo musical innovant, L’Orchestre Parfum a réussi à définir un nouveau genre d’expérience. Chaque parfum est accompagné d’une pièce musicale, et ensemble, elles racontent une histoire, évoquent une émotion, transportent l’auditeur et le porteur du parfum dans un voyage plurisensoriel. En entendant les mélodies éclectiques de NIID, porté par un électro par 125 BPM, le parfum Electro Limonade prend une autre dimension, une autre profondeur, et l’expérience est tout simplement transcendante.
Nathalie Feisthauer, la magicienne derrière Electro Limonade
Il est rare de rencontrer un parfumeur avec le talent et la trajectoire de Nathalie Feisthauer. Sa renommée mondiale n’est pas usurpée. Ayant travaillé pour des maisons prestigieuses telles qu’Hermès et Cartier, Nathalie sait comment capturer l’essence même d’un moment, d’un sentiment. Lorsqu’elle s’est associée à L’Orchestre Parfum pour créer Electro Limonade, elle a apporté avec elle une expertise qui transcende la simple création olfactive. Chaque note, chaque nuance du parfum est le fruit d’une réflexion profonde, d’une recherche d’harmonie entre le parfum et la musique.
Parmi ses distinctions notables, elle a décroché le Russian FIFI Awards 2019 du meilleur parfumeur et s’est également vu décerner le Russian Fifi Awards 2021 du meilleur parfum de niche « Public Choice » pour la fragrance musicale Electro Limonade.
L’essence d’Electro Limonade

Créé en 2021, Electro Limonade est une eau de parfum rafraîchissante et pétillante. C’est une cologne hespéridée aromatique.
Un cocktail audacieux : Comme le twist inattendu d’un cocktail fusant, la menthe se joint à la fête, injectant une énergie espiègle dans une composition ultra pétillante de bergamote, clémentine et citron. Cette menthe « canaille » comme l’exprime la marque, loin d’être conventionnelle, rappelle la fraîcheur d’un cocktail chill-out siroté en terrasse le soleil couchant. Puis vient la rhubarbe, groovy par sa nature aigre-douce, qui crée un contraste fascinant entre les agrumes et la menthe, rappelant ces limonades innovantes qui marquent les esprits et les palais.
La nuit méditerranéenne : Alors que la fragrance se développe, elle nous entraîne dans l’intimité d’une nuit méditerranéenne. La fleur d’oranger abs, douce et opulente, évoque la sensualité des nuits d’été, lorsque les étoiles scintillent et que les beats electro-groovy nous emmènent dans une danse entre l’ombre et la lumière, la douceur et l’intensité d’un tempo infini.
L’aurore mystique : Au fur et à mesure que le parfum se dévoile, les notes de fond, telles les basses de ce groove electro, commencent à murmurer leurs secrets. Les bois ambrés évoquent le mystère et la profondeur, offrant une base solide et chaleureuse à la fragrance. L’encens, résineux et légèrement épicé, ajoute une aura mystique. Puis le vétiver d’Haïti, avec ses nuances fumées, ancre le parfum, garantissant qu’il reste gravé dans la mémoire de ceux qui croisent son sillage.
La mélodie olfactive d’Electro Limonade qu’offre Nathalie Feisthauer est un voyage au bout de la nuit, une aventure qui commence sous le soleil éclatant de la Méditerranée et se termine à l’aube d’une nouvelle journée. Elle est à la fois énergique et vibrante, portée par une musique électronique entrainante et évoquant des souvenirs de nuits infinies que NIID a parfaitement su traduire.
Conclusion
Electro Limonade est plus qu’un simple parfum ; c’est une œuvre d’art gratifié d’un Russian Fifi Award en 2021, un voyage, une symphonie pour les sens. En associant le génie de Nathalie Feisthauer à l’innovation musicale de NIID, Pierre Guguen a encore une fois réalisé sa vision d’une fusion parfaite entre notes de parfum et accords musicaux. Chaque spray d’Electro Limonade n’est pas seulement l’effusion d’une fragrance, c’est aussi le début d’une mélodie, d’une histoire, d’une aventure. De quoi faire durer l’été…
Crédits photos bannière de couverture : L’Orchestre Parfum
Si les joailliers s’aventurant dans le monde de la parfumerie nous paraissent aujourd’hui une évidence, la genèse de cette pratique n’est pourtant pas si lointaine.
Si le tout premier se lançant dans cette aventure parfumée fut le joaillier Lacloche dans un flacon en forme de cloche, ce dernier fut très confidentiel et aujourd’hui tombé dans l’oubli. En revanche, First de Van Cleef & Arpels, fut en réalité le tout premier parfum de joaillier lancé comme un grand parfum. Master Parfums vous emmène en 1976 à la découverte de cette fragrance emblématique.
Un lendemain de crise
L’an 1976, c’est une France en proie à une forte canicule et surtout, au lendemain d’un choc pétrolier auquel une économie en crise a emboîté le pas. C’est aussi l’année où la place Vendôme voit éclore un drôle de bourgeon : un produit ayant pour vocation de jouer le rôle de passerelle entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers scintillant du luxe. C’est beau, ça brille… et quand ça brille, c’est onéreux. De l’autre côté, il y a la femme française des années 70, dont le porte-monnaie et son pouvoir d’achat ont pris un sacré coup. Qu’à cela ne tienne : sur la place Vendôme, le joaillier Van Cleef & Arpels prépare la réconciliation.
La maison Van Cleef & Arpels
L’histoire de Van Cleef & Arpels débute en 1895 avec le mariage d’Alfred Van Cleef, fils d’un artisan tailleur de pierres précieuses, et d’Estelle Arpels, fille d’un négociant en pierres précieuses. Les deux tourtereaux ayant baigné depuis toujours dans l’univers de la joaillerie, c’est tout naturellement qu’Alfred s’associe avec les frères de son épouse pour fonder en 1906 la marque unissant leurs noms. Ils établissent leurs quartiers au numéro 22 de la place Vendôme, haut-lieu de l’élégance parisienne où la maison se trouve encore aujourd’hui.
Entre 1926 et 1939, Van Cleef & Arpels affirme son style lorsque Renée Puissant, fille d’Alfred et Estelle, reprend la direction artistique de la marque, accompagnée du dessinateur René Sim Lacaze. C’est pendant cette période que sont créées des pièces emblématiques comme le collier Passe-Partout ou encore la boîte précieuse Minaudière. En 1933, la maison fait breveter le “serti mystérieux”, une technique de disposition des pierres précieuses sans qu’aucune griffe de métal ne soit visible, un savoir-faire qui fait sa renommée. Le style de l’enseigne, puisant dans l’esthétique de la Belle Époque, devient au fil des années de plus en plus prisé des hautes sphères parisiennes.
En 1954, la maison présente La Boutique, une collection de clips à l’effigie d’animaux ayant pour vocation de proposer des créations à un prix plus accessible. Voilà une initiative annonciatrice des événements à venir, car en 1976, Van Cleef & Arpels inaugure ce qui se veut être un produit de luxe à la portée de toutes, et surprise… : ce n’est pas un bijou !
First : la rencontre chatoyante entre la joaillerie et le cinquième sens
“Je veux que ça sente comme un bijou.” Le ton est donné par Claude Saujet, ancien de la société de cosmétiques Orlane et à la tête du projet, et de ces paroles naît First (“premier” en anglais), la toute première fragrance d’une maison de joaillerie. Un nouveau type de parure, plus éphémère, mais non moins sublime.
Pour le flacon de First, tout en rondeur, Jacques Llorente des Ateliers Dinand trouve son inspiration dans un pendant de Van Cleef & Arpels. Les courbes du cabochon et celles du corps du flacon se répondent, ce dernier dévoilant un jus couleur or. Il ne faut pas oublier qu’ici, le bijou mis à l’honneur est le liquide ambré se nichant au cœur de cet écrin en cristal de Baccarat !
Une composition exubérante

First appartient à la famille des parfums floraux… et quel bouquet ! Dire que sa fragrance est riche est presque un euphémisme tant les matières premières abondent, débordent presque. À l’instar d’un diamant multifacettes, First est une capsule olfactive regorgeant de plus de 160 ingrédients. C’est Jean-Claude Ellena, alors à l’école de parfumerie Givaudan de Genève, qui signe ce jus se voulant l’étendard du luxe et au pouvoir de séduction ravageur. À seulement 28 ans, celui que l’on connaîtra ensuite comme le compositeur des parfums d’Hermès puise selon lui “de manière intuitive’ dans l’air du temps.
Le classicisme des aldéhydes d’un N°5 de Chanel s’habille d’une ouverture croquante de bourgeon de cassis et de mandarine. Avec l’anis et la bergamote, ces notes de tête insufflent un air vert et croquant à un bouquet luxuriant. Car First, c’est surtout un somptueux cœur floral de plusieurs variétés de rose et de jasmin, d’un ylang-ylang crémeux, de jacinthe, de muguet et de narcisse. Du côté des notes de fond, une vanille ambrée et sensuelle, subtilement animale, s’allie à la noblesse du vétiver et du bois de santal et à la chaleur enveloppante du musc et de la fève tonka.
Malgré cette avalanche de matières premières, First se veut un antidote olfactif à la pesanteur ambiante de l’époque : le pouvoir propulseur des aldéhydes combiné à un enrobage d’hédione, une molécule conférant de la transparence aux accords floraux, rend le bouquet aérien. Jean-Claude Ellena livre un parfum à la sensualité débordante, l’incarnation du raffinement et de l’élégance. Le parfumeur expliquera d’ailleurs s’être servi de “tout ce qui pouvait exprimer le luxe.”
Dans le sillage de First
Depuis sa sortie, First n’a cessé de se réinventer à travers de nombreuses rééditions : en eau légère sans alcool mais aussi en eau de parfum intense, tout à tour blanche, puis noir et or pour Noël… La fragrance originale est quant à elle définitivement passée à la postérité. Une explosion florale intemporelle, donc.
En 1976, son arrivée dans le paysage olfactif de l’époque ne laissa personne indifférent, et il fallut peu de temps pour que d’autres joailliers suivent les traces de Van Cleef & Arpels et s’embarquent vers de nouvelles aventures parfumées. On peut notamment citer Cartier avec Must (1981), Boucheron et son éponyme Boucheron Femme (1988), ou encore Chopard avec Casmir (1992). Pensez à une enseigne de bijouterie incontournable, au hasard… Il y a des chances pour qu’elle n’ait pas que des pierres précieuses, mais aussi quelques parures liquides à vous proposer. En somme, si First fut bien le premier, il était bien loin d’être le dernier.
Le jeu Pocket Quiz est là pour vous permettre d’en apprendre plus sur vos parfums fétiches ainsi que sur les marques de renom de la parfumerie. Alors, quelle sera la prochaine fragrance mythique que vous explorerez ?
Crédits photos bannière : capture d’écran du site web de Van Cleef & Arpels
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Europe ne rêvent que d’une chose : se relever. Avec l’arrivée de L’Air du Temps, l’insouciance nouvelle dont le monde a soif ne se contente plus d’habiter les cœurs et les esprits, elle est désormais aussi sur toutes les peaux. Master Parfums revient sur ce parfum de Nina Ricci devenu mythique qui fut et continue d’être le reflet olfactif de la liberté retrouvée.
Après-guerre, de nouvelles aspirations
En 1948, la France vient d’être traversée par deux conflits majeurs en moins d’un demi-siècle. Si les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale qui a pris fin il y a trois ans seulement sont encore fraîches, un désir ardent de renouveau l’est tout autant. C’est d’ailleurs le début des Trente Glorieuses, une période de forte croissance économique. Du côté des mentalités, l’envie d’une paix universelle comme antidote à l’horreur de la guerre et comme moyen de construire un monde meilleur se reflète partout… parfumerie incluse.
Nina Ricci à Paris
En 1932, la maison de couture éponyme de la franco-italienne Maria Adélaïde Giuseppa Nielli, dite Nina Ricci, s’installe à Paris. C’est le fils de la couturière, Robert Ricci, qui fonde la maison au 20 rue des Capucines dans le 1ᵉʳ arrondissement de la capitale. Rapidement, la marque se pose à contre-courant des tendances de l’époque : son style ultra-féminin est à l’opposé de la mode des garçonnes qui bat son plein dans les années 30.
Quinze ans plus tard, pour de nombreuses entreprises, les retombées économiques de la guerre ont été lourdes. Il est alors impératif de diversifier ses activités et donc, ses sources de revenus. Nina Ricci n’y échappe pas : en 1946, sous la tutelle de Robert Ricci, la maison inaugure son département de parfumerie et lance la même année sa toute première fragrance, Cœur Joie. Si les parfums floraux aux allures printanières (comme l’évocateur Vent Vert de Balmain ou Ma Griffe chez Carven) ont pourtant la cote, la verdure de Cœur Joie ne rencontre malheureusement pas le succès escompté. Qu’à cela ne tienne : Nina Ricci sort une deuxième fragrance deux ans plus tard et cette fois-ci, elle a l’effet d’une petite révolution olfactive.
L’Air du Temps, un parfum de liberté
En 1948, Francis Fabron compose L’Air du Temps, un magnifique parfum floral-épicé, le tout premier de l’histoire de la parfumerie. Le parfumeur dira à propos de sa création : “J’ai imaginé le parfum que je voudrais sentir sur les épaules de la femme que j’aime”. Le résultat ? Une fragrance où tendresse est le maître-mot et incarnant le désir collectif d’aller de l’avant avec optimisme et une certaine désinvolture.
Avec L’Air du Temps, Fabron livre un jus délicat et solaire à la fois, tournant le dos aux notes verdoyantes de Cœur Joie, mais pas seulement : la fragrance est également à contre-courant des parfums chyprés qui faisaient fureur pendant l’entre-deux guerres. Le parfum de Nina Ricci s’inscrit dans un nouveau contexte olfactif où des fragrances plus lumineuses sont le reflet des mentalités de l’époque.
L’Air du Temps ouvre son bal parfumé avec des notes hespéridées de bergamote faisant ensuite place à un sublime arrangement floral : rose centifolia, jasmin de Grasse et une violette poudrée. C’est sans doute l’accord œillet-gardénia sur lequel repose une grande partie de l’identité olfactive du parfum : l’œillet vient exalter son charisme avec sa note épicée de clou de girofle, tandis que le gardénia se veut plus vert et opulent. Enfin, le mariage entre un sensuel santal de mysore et de l’iris de Florence confère à L’Air du Temps une qualité veloutée. Ambre et cèdre enrobent la fragrance pour en faire une véritable caresse olfactive.
Avec une trentaine de composants seulement, la liste d’ingrédients de L’Air du Temps est courte, surtout pour l’époque à laquelle il voit le jour. D’ailleurs, un invité atypique s’est glissé parmi ce petit comité…
Le salicylate de benzyle : le soleil en bouteille
Robert Ricci dira : “Il y a dans l’Air du Temps un petit miracle qui lui donne sa forte personnalité”. Ce petit miracle, c’est le salicylate de benzyle, une molécule de synthèse habituellement utilisé comme filtre UV et utilisée dans les crèmes solaires. C’est d’ailleurs la signature olfactive de l’Ambre Solaire de Garnier ! Vert et floral, le salicylate de benzyle fait chatoyer et rend aérien le sublime bouquet de Francis Fabron. Si cette molécule est de nos jours fréquemment utilisée en parfumerie, ce n’était pas le cas à l’époque de la sortie de L’Air du Temps.
Au-delà de son jus, comment parler de L’Air du Temps sans évoquer son flacon reconnaissable entre mille ?
L’intemporel flacon “deux colombes”

Saviez-vous que le parfum de Nina Ricci n’a pas toujours été contenu dans son iconique flacon aux colombes entrelacées ? Le tout premier habillage de la fragrance est conçu par le sculpteur espagnol Joan Rebull : ovale, en forme de soleil, un fil d’or autour du cabochon déjà gravé de l’oiseau porte-drapeau de la paix.
À l’époque, l’heure est à la sobriété et aux lignes épurées. L’historienne Élisabeth de Feydeau décrit “le modèle du flacon-amphore” à l’instar des courbes arrondies et minimalistes d’un Femme de Rochas ou de l’élégance tout en sobriété de Diorissimo. Mais en 1951, il plane un air de renouveau… Le flacon de L’Air du Temps se réinvente ! Deux colombes enlacées dans leur envol sont désormais sculptées et posées sur un flacon torsadé signé Marc Lalique (qui était déjà derrière le flacon de Cœur Joie). La rencontre entre les oiseaux apparaît comme une célébration d’amour, de paix et de liberté : les valeurs incarnées par la fragrance ne sont dorénavant plus portées que par le jus lui-même, elles sont aussi reflétées par son flacon et sa boîte d’un jaune solaire lumineux.
Pour Robert Ricci, “un parfum est une œuvre d’art, l’objet qui le contient doit être un chef-d’œuvre”. Nombreux s’accorderont à dire que le flacon de L’Air du Temps est bien à la hauteur de cette ambition. Ce petit bijou a conquis les cœurs au point d’être élu “Flacon de parfum du siècle” en 2000 et d’être revisité d’innombrables fois au fil du temps. Dans les années 90, les colombes sont tour à tour bleues, ambrées ou bien émeraude. En 2010, le designer Philippe Starck reloge la fragrance dans une unique aile en verre dépoli et à l’extrémité métallique. Il y a aussi la designer Olivia Putman qui repeint le flacon en bleu Klein en 2013, “comme le ciel et la mer qui évoquent infini et liberté”…
Un parfum passé à la postérité
L’Air du Temps a servi d’inspiration à de nombreux autres parfums.
- Avec L’Interdit (1957), Givenchy met en flacon un lumineux parterre de fleurs habillé d’une note de coriandre.
- Le bucolique Anaïs Anaïs (1979) de Cacharel n’est pas sans rappeler la tendresse absolue du parfum aux colombes.
- Bvlgari pour femme (1994) est quant à lui un bouquet de muguet, d’iris et de rose, là encore agrémenté de coriandre, mais aussi de poivre de Sichuan.
Un autre point commun entre ces exemples ? La présence du caractéristique accord œillet de L’Air du Temps !
Mais mettons de côté ses successeurs, ses rééditions et ses ré-interprétations : l’original de Francis Fabron demeure aujourd’hui culte. Ce n’est pas seulement sa fragrance aérienne qui a été et continue d’être célébrée ; c’est aussi l’insouciance des jours heureux et la paix retrouvée qu’elle et son écrin représentent.
Envie d’en savoir plus sur l’histoire de vos marques de parfum préférées ? D’autres anecdotes exclusives vous attendent dans le jeu Master Parfums : ses questions et ses défis olfactifs vous plongeront dans l’univers du parfum tout en vous amusant !
Crédits photos : Nina Ricci Officiel
Si cette année, vous allez offrir un parfum à votre maman pour la fête des mères, vous êtes au bon endroit ! Ce cadeau a beau être un grand classique, il n’est pas toujours évident de trouver celui qui fera mouche. Pas de panique : Master Parfums vous a concocté un petit guide pour vous aider à comprendre quel parfum choisir pour votre maman.
Un choix parfois épineux
Cela va sans dire : toutes les mamans sont différentes. La bonne nouvelle, c’est qu’il en est de même pour les parfums : avec une ribambelle de matières premières, d’accords et de formulations, il y a probablement dans la nature autant de parfums que de mamans. Difficile de savoir où donner du nez !
Nouveautés, best-sellers… Les listes et classements fleurissent sans relâche, et il n’est pas rare de se noyer dans cet océan de suggestions pourtant censé nous faciliter la tâche. Plutôt que d’acheter en ligne, notre premier conseil est de privilégier le passage en boutique : rien ne vaut les conseils parfum aiguisés d’un/e conseiller/ère de vente qui connaît ses produits sur le bout des ongles.
Voici ce que vous devriez garder en tête pour que votre visite soit fructueuse.
Dis-moi ce que tu portes…

Essayez d’établir une sorte d’historique olfactif de votre maman : quels parfums a-t-elle déjà portés ou porte-t-elle actuellement ? Même sans leurs noms, rien que leur odeur pourra aiguiller la personne qui vous conseillera. Est-ce plutôt floral ? Vert ? Épicé ? Ce sera évidemment plus facile si vous savez d’entrée de jeu que votre maman a un faible pour un ingrédient particulier, pour un parfum qu’elle aime porter, ou encore pour une marque qu’elle affectionne particulièrement.
Si vous connaissez son parfum, et que vous souhaitez lui en offrir un différent mais dans le même esprit olfactif, vous pouvez aussi chercher sur des plateformes/app spécialisées* qui vous aiguilleront sur les parfums du même style olfactif que vous pourrez aller ensuite sentir en point de vente.
Que vous disposiez déjà d’une longue liste de fragrances ou non, l’aspect à ne surtout pas négliger lors de votre recherche est la personnalité de votre maman.
Un parfum pour magnifier qui elle est
Un parfum en dit long sur la personne qui le porte : c’est un bijou invisible qui vient la complémenter et même la sublimer. Votre maman est-elle naturelle ou sophistiquée ? Discrète ou exubérante ? En fonction de sa façon d’être, de sa personnalité et son style, et des parfums qu’elle aime, on privilégiera une famille olfactive plutôt qu’une autre.
Les familles olfactives
La Société Française des Parfumeurs définit sept familles olfactives : l’aromatique, la boisée, la chyprée, la fleurie, la fougère, l’hespéridée et l’orientale. Parmi tout ce beau monde, il faut trouver le jus qui ira main dans la main avec la personnalité de votre maman. L’appartenance d’un parfum à une famille olfactive est déterminée par ses notes de cœur et ses notes de fond.
Les fragrances florales sont souvent associées à la sérénité et à l’élégance. Elles peuvent être délicates et romantiques (notes rosées, pivoines, muguet….) ou plus capiteuses et envoûtantes (jasmin, tubéreuse, ylang…).
On proposera sans doute un oriental voluptueux, voire gourmand aux mamans qui assument leur sensualité et aiment qu’on les remarque.
C’est une femme dynamique et naturelle ? Il y a fort à parier que la conseillère dégainera des senteurs vives et pétillantes d’agrumes ou de notes vertes…
Plutôt mystérieuse mais de caractère, peut-être qu’un boisé saura la séduire… Elle est chic et sophistiquée et aime que son parfum soit unique? Le/a conseiller/ère pourra vous orienter vers un chypre ou vers un parfum de marque plus confidentielle (niche).
Les notes du parfum
Il y a des valeurs sûres pour les plus classiques, par exemple une rose ou une vanille indémodables… et il y a les enfants rebelles. Votre maman hausserait-elle un sourcil inquiet face à un accord de caviar ou de chocolat blanc, ou auriez-vous piqué sa curiosité ? Un parfum qui détonne aux combinaisons plus osées peut être une option pour celles qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus.
Bien sûr, il n’y a pas de formule miracle : être extravertie voudrait dire forcément aimer le patchouli ? Défense d’approcher la fève tonka pour les plus timides ? Non, et heureusement ! La clé est dans l’interprétation des ingrédients et dans la façon dont la fragrance est formulée.
D’ailleurs, nous sommes pour la plupart incapables de vraiment détecter les ingrédients spécifiques dans un parfum. C’est l’harmonie d’une création qui en fait toute sa beauté ! Après tout, un parfum floral peut aussi bien être un bouquet luxuriant qu’un voile délicat et aérien.
C’est pourquoi il est recommandé aux conseiller/ères de vente de ne pas trop noyer les clients sous les détails des ingrédients. Ces derniers sont plutôt des “outils mentaux” qu’il/elle garde en tête et qui l’aideront à affiner les choix à vous proposer. Il/elle saura, en fonction de la description que vous aurez faite de votre maman et de ses parfums, trouver les propositions olfactives les plus adéquates.
Son travail est de s’assurer que le résultat olfactif reflète le tempérament de la personne qui le portera.
Dans cette équation, le sillage et la projection du parfum ont eux aussi leur rôle à jouer.
Le sillage et la projection
Le sillage d’un parfum est l’empreinte olfactive qu’il laisse derrière la personne qui le porte ; la projection est quant à elle la façon dont les personnes aux alentours le perçoivent. Là encore, cela va beaucoup dépendre des notes de cœur et de fond.
Pensez à ce qui ressemble le plus à votre maman : un parfum qui annonce avec fracas son arrivée dans la pièce et y laisse une trace même après son départ ? Ou plutôt une seconde peau qui ne se révèle intimement que lorsqu’on est près de celle qui la porte ?
Sans surprise, c’est encore une fois une histoire de personnalité… mais pas seulement : prenez en compte le contexte dans lequel le parfum sera porté. Cela peut être un moment de la journée, une saison, un lieu, un événement… Un parfum chaud au bois de santal conviendra mieux à l’automne qu’aux températures estivales ; un jus opulent à la sensualité tonitruante sera plus adapté à une soirée chic et on préférera une fragrance légère et tonique pour un barbecue entre amis! Même si elle porte des parfums aux notes capiteuses, peut-être sera-t-elle ravie d’ajouter à son vestiaire olfactif, une jolie cologne lumineuse, qu’elle pourra porter le week-end à la campagne ou en sortant de sa salle de sport !
Et pour les mamans fidèles à leur parfum, vous ne vous tromperez pas en vous laissant tenter par les coffrets offrant son parfum accompagné d’un produit pour le corps (gel douche, lait pour le corps…). En effet, si on s’offre volontiers son parfum, on n’ajoute pas toujours à son panier un produit de la gamme corporelle, soit à cause de son prix ou simplement parce qu’on n’y pense pas.
Or, une crème pour le corps, une brume pour les cheveux, un savon, un déodorant, sont autant de jolis flacons qui viendront décorer sa salle de bain, la parfumer du parfum qu’elle aime de la tête aux pieds, sublimer son parfumage et en augmenter la tenue, ou encore juste laisser un voile parfumé le jour ou elle ne souhaite pas être très parfumée.
À vos parfums !
Un parfum témoigne de l’attention que vous portez à la personne qui le reçoit… lorsqu’il est choisi avec soin ! Nous espérons que nos conseils vous aideront à dénicher non pas un parfum, mais LE parfum aussi unique que votre maman qui lui rappellera ce qu’elle représente pour vous.
Si l’idée d’un cadeau parfum complémentaire pour lui dire JEU t’aime, vous titille, le Pocket Quiz comprend 120 cartes avec des questions/réponses pour enrichir votre culture du cinquième sens tout en vous amusant. À quand une partie avec votre maman ?
*: www.wikiparfum.com , https://www2.perfumist.fr
Article collégial rédigé par Hélène Sanchez & Anne-Laure Hennequin