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Profitez de plus de questions pour jouer, ou bien, faites plaisir! À partir de 30€ d’achat, les frais de port sont offerts en France Métropolitaine

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Ohé, ohé, c’est la rentrée ! Pour beaucoup, les vacances s’achèvent. Peut-être vous apprêtez-vous à retourner derrière un bureau et à retrouver les responsabilités du monde du travail… Pas si vite. Master Parfums vous propose de retomber en enfance le temps d’un article autour des odeurs de l’école – celles qui ont le pouvoir de nous transporter dans une salle de classe, entre dictées et récrés.

Le crayon à papier

HB, B, 2B, on ne savait pas toujours ce que cela voulait dire, mais existe-t-il une fourniture plus classique que le crayon à papier ? Cet incontournable de nos trousses qui voit le jour à la fin du XVIIIe siècle est d’abord fait de bois de genévrier, puis de cèdre rouge. Aujourd’hui, c’est le cèdre à encens qui est majoritairement utilisé pour sa fabrication. Au bout de son corps en bois, il y a bien sûr sa mine grise composée de graphite et d’argile.

Pour évoquer la senteur boisée et doucement minérale du crayon à papier, rien de tel que le cèdre, donc… mais pas n’importe lequel, car tous ne se valent pas. Le cèdre de l’Atlas exhibe par exemple une facette cuirée, voire animale. Pas vraiment de quoi nous ramener derrière un pupitre. Non, la star, c’est le cèdre de Virginie ou cèdre rouge, dont les copeaux de bois sont distillés afin d’en extraire une riche huile essentielle. Les molécules de cédrol que cette huile renferme lui confèrent un aspect boisé vert, doux et sec à la fois.

Si le cèdre est devenu le chouchou de nombreuses familles olfactives grâce à son immense pouvoir de fixation des notes qu’il côtoie, placez-le dans un parfum boisé, et il rayonne véritablement, surtout au contact d’autres bois. Light Blue de Dolce & Gabbana et son bois de bambou, Tam Dao de Diptyque et son santal ou encore Super Cedar de Byredo où s’invite le vétiver sont quelques fragrances autour du cèdre ayant réussi à retrouver l’odeur d’un crayon à papier fraîchement taillé et prêt à être utilisé… ce qui nous amène au papier.

Le papier

Que ce soit dans un cahier à grands carreaux tout neuf, un roman lu avec réticence pendant l’été ou un manuel de seconde main, qui n’a jamais trouvé du réconfort dans l’odeur du papier ? Les effluves légèrement sucrées qui s’en dégagent et se renforcent avec le temps sont principalement dues à deux composants : la cellulose et la lignine.

En effet, les arbres sont majoritairement composés de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Lorsqu’un bois est traité pour fabriquer de la pâte à papier, on en extrait la cellulose, mais on met les deux autres à la porte. La lignine peut notamment rendre le papier trop rigide et difficile à manipuler. Mais qu’à cela ne tienne, elle ne dit pas son dernier mot, car la séparation ne se fait jamais complètement : certaines de ses huiles essentielles s’accrochent à la cellulose, et ce sont elles qui font la signature olfactive des livres et cahiers qui rendaient rapidement nos cartables un peu trop lourds à porter.

La lignine, qui se contentait auparavant d’être un résidu des papeteries, est aujourd’hui utilisée en parfumerie, surtout pour synthétiser la vanilline et recréer la douce odeur des gousses de vanille plus rapidement et à moindre coût. Le papier contient aussi de l’acide acétique à la senteur vinaigrée, des aldéhydes rappelant l’herbe sèche, ou encore du benzaldéhyde, évoquant quant à lui l’amande amère. Avec le passage du temps, ces composants se dégradent… pour le plus grand bonheur de nos narines, car l’odeur du papier que nous aimons tant s’en trouve alors exacerbée !

La délicatesse poudrée d’Amande Persane de Roger & Gallet, de L’Eau d’Hiver des Éditions de Parfums Frédéric Malle ou peut-être de Vanille Exquise d’Annick Goutal vous plongeront ainsi le nez entre des pages blanches. Et si vous préférez l’odeur des pages jaunies par le temps, Old Books de la maison The Perfumer’s Story by Azzi recrée le côté plus boisé et résineux du papier vieillissant.

L’odeur d’un livre variera en fonction de son âge, donc, mais aussi du type de papier employé, de l’encre qui figure sur ses pages ainsi que de la colle utilisée pour les relier. En parlant de colle, de nombreuses d’entre elles se vantent aujourd’hui d’être sans parfum ; une aberration pour les anciens écoliers pour qui l’odeur de la colle Cléopâtre est une madeleine de Proust sans pareil. Retournons dans la trousse avec ce produit au bouchon orange et sa fameuse senteur d’amande aux accents chimiques.

La colle Cléopâtre

En 1930, Pierre Chamson fonde l’entreprise Cléopâtre et fabrique dans son appartement parisien une colle du même nom à base d’amidon de pomme de terre. Mais face à une concurrence parfois rude, il faut bien se réinventer. Ni une ni deux, le pot s’arme d’un petit pinceau et surtout, en 1934, de l’odeur d’amande qui fera son succès. La molécule qui livre la caractéristique odeur de la colle Cléopâtre est le benzaldéhyde mentionné plus haut, aussi appelé amandol, car on le retrouve dans l’essence d’amande amère. À l’époque, le but n’était pourtant pas de conférer une quelconque fragrance à la colle, seulement de faciliter le travail de sa texture et de pouvoir la conserver plus longtemps.

Dans la cologne Gentlewoman de Juliette Has A Gun, la colle Cléopâtre est ramenée à la vie par une amande intensifiée par de la fleur d’oranger et enveloppée d’ambroxan et de muscs. Doudou de Jean-Charles de Castelbajac revendique lui aussi la colle Cléopâtre comme inspiration. Sans surprise, il est l’union entre une amande verte, de la fleur d’oranger et de l’orange amère. Dans la même lignée, Serge Lutens livre avec Louve une amande épurée et poudrée.

Pot-pourri de senteurs scolaires

Il y a encore tant d’odeurs de la rentrée scolaire à redécouvrir ! Peut-être vous souvenez-vous d’avoir choisi avec enthousiasme la couleur de vos protège-cahiers à l’approche du mois de septembre… Le parfum qui en émane vient de résidus de chlorure de vinyle, un gaz toxique lorsqu’il est présent en grande quantité, ce qui n’est heureusement pas le cas dans les protège-cahiers – bonne nouvelle pour celles et ceux qui aimaient humer leur odeur éthérée.

L’encre de stylo-plume doit quant à elle son odeur à la faible dose de phénol qui y fait office de conservateur. Soupçonnée elle aussi d’avoir des effets nocifs à haute concentration, elle a prudemment été remplacée. Adieu, donc, à son odeur un poil cuirée évoquant quelquefois le champignon et même la tapenade. Le Messager de Courrèges, Téméraire de Givenchy, M/Mink de Byredo ou encore L’Eau Papier de Diptyque sont autant de fragrances faisant revivre l’encre qui finissait parfois plus sur nos doigts que sur nos feuilles. L’Eau Papier présente aussi un accord de vapeur de riz suggérant, vous l’aurez deviné, le papier. Mentionnons également Comme des Garçons 2, un parfum boisé mettant à l’honneur l’encre japonaise Sumi, l’accompagnant d’une ribambelle d’épices, d’encens et de cèdre.

Tentés de retrouver la senteur âpre et minérale de la craie sur un tableau noir ? Faites un tour du côté de Royal Bain de Caron ou de De Bachmakov par The Different Company.

Ce tour d’horizon de notes écolières vous a donné envie d’en apprendre plus sur la composition d’un parfum ? Avec ses 120 questions autour du fascinant univers de la parfumerie, le jeu Master Parfums a la solution, et ce n’est pas tout : avec ses crayons parfumés, ébaucher votre propre fragrance devient un jeu d’enfant !

Parmi les matières premières les plus adulées en parfumerie, il y en a une capable d’exhiber tour à tour une innocence réconfortante et une sensualité sans égal : faites place à l’ensorcelante vanille, un ingrédient de circonstance, car c’est en août que sa récolte bat son plein. Vous allez le voir, la vanille n’a pas toujours accepté de livrer ses gousses tant convoitées aux parfumeurs… Master Parfums vous raconte.

Sur les traces de la vanille

Dans la mythologie du peuple amérindien Totonaque, la princesse Tzacopontziza, au service de la déesse de la récolte et de la nourriture Tonoacayohua, doit faire vœu de chasteté… mais voilà qu’elle et le prince Zkatan-Oxga tombent amoureux ! Alors que les tourtereaux s’enfuient pour vivre leur amour, ils sont rattrapés et sacrifiés. On raconte qu’à l’endroit de la forêt où leur sang est versé naît un arbuste autour duquel s’enroule une liane de vanille parée de petites fleurs étoilées…

Restons en Amérique centrale, où la vanille trouve ses racines. La vanille Bourbon, la variété star dont nous allons parler aujourd’hui, vient du Mexique. Au XVe siècle, les Aztèques élaborent le xocoatl, en náhuatl xoco (amer) et atl (eau), une boisson à base de fèves de cacao et agrémentée, vous l’aurez deviné, de vanille. Oui, il s’agit bien de l’ancêtre de notre chocolat chaud ! Si les Aztèques fabriquent le breuvage, faute de conditions climatiques adéquates pour pouvoir la cultiver, c’est chez leurs voisins les Totonaques qu’ils s’approvisionnent en vanille.

Premières illustrations de la vanille dans le Codex Badianus (1552)

En 1519, quand les Espagnols posent le pied au Mexique,  le conquistador Hernán Cortés est accueilli par l’empereur Moctezuma qui lui offre cette boisson en guise de bienvenue. Conquis Cortés rapporta en Espagne la recette mais également les ingrédients nécessaires à sa fabrication. Coup de cœur en Europe : le chocolat chaud fait fureur, et l’attention se porte sur la petite gousse aux riches arômes servant à le fabriquer.

Des fruits qui se font désirer

Au XVIIIe siècle, André Thouin, jardinier de Louis XIV, tente de cultiver le tout premier plant de vanille en France… mais pas un seul fruit à l’horizon. Friand de la petite gousse, le Roi-Soleil exporte la vanille sur l’île de la Réunion (à l’époque une colonie française appelée l’île Bourbon) dans l’espoir que le climat tropical fasse fructifier la fleur… sans succès. Les Totonaques auraient-ils un secret bien gardé ?

En fait, la fleur de vanille est hermaphrodite et ne peut pas se reproduire seule. Elle a besoin d’un coup de pouce, en l’occurrence, celui d’une petite abeille, la mélipone, qu’on ne trouve qu’au Mexique et aux Antilles, et qui n’est pas acclimatée à l’île Bourbon. C’est vraisemblablement l’impasse… enfin, c’était sans compter sur le génie d’un jeune esclave, Edmond Albius.

La découverte révolutionnaire d’Edmond Albius

En 1841, un jeune esclave réunionnais fait une découverte qui va chambouler le cours de l’histoire de la vanille. Alors qu’il n’a que 12 ans, Albius découvre que l’on peut polliniser manuellement l’orchidée planifolia et en développe la technique : il s’agit de faire la différence entre les organes mâles et femelles de la fleur et de les polliniser à l’aide d’une épine en bois en déchirant la membrane qui les sépare. 

La technique, qui est toujours utilisée aujourd’hui, porte ses fruits et propulse l’île Bourbon au rang de chef de file en matière de production de vanille… d’où le nom de “vanille Bourbon” ! Madagascar a depuis pris le relais.

Aperçu botanique et aromatique

La gousse de vanille est le fruit d’une orchidée liane grimpante pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, la seule orchidée au monde capable de produire un fruit que nous puissions nous mettre sous la dent. Pompona, de Madagascar, de Tahiti… Il existe pas moins de 110 espèces de vanille, mais la chouchoute aussi bien en cuisine qu’en parfumerie est la vanille planifolia, plus communément appelée vanille Bourbon. Son arôme est de loin le plus riche, le plus raffiné à la fois, et le plus persistant.

En parfumerie, la vanille Bourbon évoque des notes chaudes, chocolatées et crémeuses, mais ne se réduit pas pour autant qu’à son côté gourmand ! Elle sait aussi être tendre et enfantine, aérienne et poudrée, d’autres fois sensuelle et presque animale, se parant d’accents boisés, balsamiques,  épicés ou cuirés. Sa présence peut aussi bien conférer de l’onctuosité et de l’opulence à une fragrance qu’adoucir des notes plus âpres et plus brutes.

La vanille est un ingrédient fétiche des notes de fond [lien article Notes de tête, de cœur et de fond en parfumerie], surtout dans les parfums orientaux-ambrés, étant capable d’y créer un sillage sans pareil… mais elle ne s’en invite pas moins dans des fragrances de toutes les autres familles et est aussi fréquemment travaillée comme note centrale.

La transformation de la vanille Bourbon

Plans de vanille bourbon à la Réunion

Les gousses de vanille Bourbon sont généralement cueillies au mois d’août, lorsqu’elles sont arrivées au stade dit “queue de serpent” : si environ 1 cm de leur extrémité a pris une couleur jaune, les gousses peuvent commencer le processus les conditionnant pour être utilisées comme matière première.

Pour incorporer la vanille en parfumerie, on faisait autrefois macérer les gousses coupées en petits morceaux dans de l’alcool pour obtenir ce qu’on appelait une teinture de vanille. Cette technique est aujourd’hui tombée en désuétude et on lui préfère une extraction au solvant volatil pour tirer des gousses un riche absolu de vanille.

Mais voilà, le long processus pour que les gousses récoltées deviennent exploitables peut durer presque un an, et il a un coût : 1000 euros le kilo de gousses. Heureusement, les chimistes et les parfumeurs ont quelques solutions en poche.

Des alternatives synthétiques : la vanilline et l’éthylvanilline

La composante principale de la vanille qui lui donne sa senteur tant appréciée est la vanilline (c’est d’ailleurs la vanille Bourbon qui en contient le plus). Au XIXe siècle, même si on sait déjà l’extraire de la gousse, on s’attelle à la synthétiser afin de pouvoir profiter de son potentiel olfactif à moindre coût et plus rapidement. La vanilline naturelle est certes plus aromatique et nuancée, mais celle de synthèse est bien moins onéreuse. Aujourd’hui, la vanilline synthétique est l’arôme le plus fabriqué au monde !

La molécule d’éthylvanilline, elle aussi synthétisée au XIXe siècle, est aussi une alternative. Si elle est plus chère que la vanilline de synthèse, elle le reste toutefois moins que la vanilline naturelle. Plus gourmande et alimentaire, elle a une odeur quatre fois plus forte que celle de la vanilline de synthèse, ce qui permet d’en réduire la quantité utilisée.

Sélection de parfums vanillés

Encore aujourd’hui, les armoiries de l’île de la Réunion arborent une liane de vanille et un message en latin gorgé d’espoir : Florebo Quocumque Ferar, “je fleurirai partout où je m’accrocherai.” Et comment ! Nous l’avons vu, en parfumerie, la vanille est aujourd’hui omniprésente, et pour cause : la versatilité de sa riche palette olfactive est inégalée.
Envie de découvrir d’autres ingrédients phares de la parfumerie ? C’est possible avec le jeu Master Parfums qui vous permet d’en apprendre plus sur ces matières et surtout, de les sentir grâce à ses crayons parfumés.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi après avoir senti un parfum, cette note de bergamote si aguicheuse vous a fait faux bond passé quelques minutes ? Comment se fait-il qu’au fil des heures, une fragrance puisse prendre un tel virage olfactif ? Cela est lié à la façon dont les différentes notes d’une composition cohabitent au sein de ce qu’on appelle la pyramide olfactive, une pyramide au cœur de laquelle Master Parfums vous emmène aujourd’hui.

La pyramide olfactive : la clé d’un parfum équilibré

On doit le concept de pyramide olfactive à Jean Carles, parfumeur de renom, grand pédagogue, et fondateur de l’école de parfumerie de Roure, devenu Givaudan, le leader mondial de la fabrication de fragrances et d’arômes. Cette pyramide est une manière de décomposer un parfum en répartissant ses ingrédients en trois niveaux différents selon leur persistance dans le temps et leur intensité : les notes de tête au sommet, les notes de cœur en son centre et les notes de fond à sa base.

La pyramide olfactive correspond en effet à l’ordre dans lequel les notes d’une composition se dévoilent. Une fragrance peut réunir des centaines d’ingrédients ! Heureusement pour nous, chaque matière première possède une vitesse d’évaporation qui lui est propre.

Plus les molécules d’une matière première sont légères, plus sa senteur sera fugace, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle est discrète (ex: les agrumes sont très vives et fusantes mais en contrepartie très fugaces) À l’inverse, les matières aux molécules plus lourdes  seront présentes dès le moment où vous sentez le parfum et s’installeront durablement, plusieurs heures, voire plusieurs jours. Elles permettront en outre  d’assurer la tenue de la fragrance sur la peau. On pourrait utiliser l’allégorie de la plume et de la pierre: la plume, très légère, s’envolera au moindre coup de vent, la pierre plus lourde restera ancrée.

Penchons-nous d’un peu plus près sur les différents niveaux de la pyramide olfactive.

Les notes de tête : premières impressions

Après avoir vaporisé un parfum, les notes de tête sont les premières à venir chatouiller nos narines. En y faisant référence, on parle souvent de “l’envolée” de la fragrance. Plus une composition fait la part belle à ses notes de tête, plus la fragrance sera fraîche et vive… mais aussi furtive. C’est grâce à ces notes de tête que l’on sera attiré par le parfum. 

Les facettes suivantes sont généralement privilégiées en notes de tête :

Si les notes de tête sont intenses, elles tirent leur révérence après 15 à 30 minutes. Aussitôt arrivées, aussitôt éclipsées ! D’où l’importance de laisser le temps à une fragrance de s’exprimer… ce qu’elle fait avec les notes de cœur.

Les notes de cœur : le thème principal

Avec les notes de cœur, le parfum nous dit qui il est vraiment. Ce sont ces notes qui définissent le sillage d’une fragrance… c’est donc sur elles que repose l’identité olfactive d’une composition.

En se remémorant un parfum qui nous a marqué, ce sont souvent ses notes de cœur et ses notes de fond qui nous viennent à l’esprit. 

Sont généralement au rendez-vous dans les notes de cœur…

On peut souvent déjà discerner les contours des notes de cœur quelques minutes après la vaporisation d’un parfum, mais ce n’est qu’après que les notes de tête se soient envolées qu’on les appréciera pleinement, et ce pendant 3 à 6 heures, déroulant progressivement le tapis rouge aux notes de fond.

Les notes de fond : une ancre olfactive

Les notes de fond, les dernières à se révéler pleinement, forment la base du parfum, un socle qui va soutenir tout ce beau monde passé avant elles. En effet, leur rôle n’est pas seulement de prolonger le plaisir olfactif il est aussi de renforcer les notes précédentes. En somme, les notes de fond sont les garantes de la profondeur d’une fragrance. Elles peuvent persister des jours sur la peau, les cheveux ou les vêtements… voire des semaines ! Elles sont l’âme du parfum… 

Les facettes se prêtant habituellement au jeu des notes de fond sont…

De la même façon que des notes de tête en abondance confèrent de la légèreté à une fragrance, lorsque les notes de fond sont dominantes, le parfum en sera d’autant plus opulent.

La pyramide olfactive et vous

Vous l’aurez compris, la pyramide olfactive permet d’assurer l’équilibre d’une fragrance en maîtrisant son évolution au fil du temps. Le meilleur moyen de découvrir un parfum est de le laisser se dévoiler sur votre peau : vous n’en apprécierez que mieux l’histoire que le parfumeur a voulu écrire.

L’envie vous titille de créer votre propre pyramide olfactive ? C’est possible avec le jeu Master Parfums. Il vous permettra non seulement de tout savoir sur le processus de composition d’un parfum, mais aussi d’ébaucher vous-même votre propre création grâce à ses crayons parfumés. Le jeu idéal pour mieux comprendre comment fonctionne cette symphonie des notes !

Article collégial rédigé par Hélène Sanchez & Anne-Laure Hennequin

Si les joailliers s’aventurant dans le monde de la parfumerie nous paraissent aujourd’hui une évidence, la genèse de cette pratique n’est pourtant pas si lointaine.  

Si le tout premier se lançant dans cette aventure parfumée fut le joaillier Lacloche dans un flacon en forme de cloche, ce dernier fut très confidentiel et aujourd’hui tombé dans l’oubli. En revanche, First de Van Cleef & Arpels, fut en réalité le tout  premier parfum de joaillier lancé comme un grand parfum.  Master Parfums vous emmène en 1976 à la découverte de cette fragrance emblématique. 

Un lendemain de crise

L’an 1976, c’est une France en proie à une forte canicule et surtout, au lendemain d’un choc pétrolier auquel une économie en crise a emboîté le pas. C’est aussi l’année   où la place Vendôme voit éclore un drôle de bourgeon : un produit ayant pour vocation de jouer le rôle de passerelle entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers scintillant du luxe. C’est beau, ça brille…  et quand ça brille, c’est onéreux. De l’autre côté, il y a la femme française des années 70, dont le porte-monnaie et son pouvoir d’achat ont pris un sacré coup. Qu’à cela ne tienne : sur la place Vendôme, le joaillier Van Cleef & Arpels prépare la réconciliation.

La maison Van Cleef & Arpels

L’histoire de Van Cleef & Arpels débute en 1895 avec le mariage d’Alfred Van Cleef, fils d’un artisan tailleur de pierres précieuses, et d’Estelle Arpels, fille d’un négociant en pierres précieuses. Les deux tourtereaux ayant baigné depuis toujours dans l’univers de la joaillerie, c’est tout naturellement qu’Alfred s’associe avec les frères de son épouse pour fonder en 1906 la marque unissant leurs noms. Ils établissent leurs quartiers au numéro 22 de la place Vendôme, haut-lieu de l’élégance parisienne où la maison se trouve encore aujourd’hui.

Entre 1926 et 1939, Van Cleef & Arpels affirme son style lorsque Renée Puissant, fille d’Alfred et Estelle, reprend la direction artistique de la marque, accompagnée du dessinateur René Sim Lacaze. C’est pendant cette période que sont créées des pièces emblématiques comme le collier Passe-Partout ou encore la boîte précieuse Minaudière. En 1933, la maison fait breveter le “serti mystérieux”, une technique de disposition des pierres précieuses sans qu’aucune griffe de métal ne soit visible, un savoir-faire qui fait sa renommée. Le style de l’enseigne, puisant dans l’esthétique de la Belle Époque, devient au fil des années de plus en plus prisé des hautes sphères parisiennes.

En 1954, la maison présente La Boutique, une collection de clips à l’effigie d’animaux ayant pour vocation de proposer des créations à un prix plus accessible. Voilà une initiative annonciatrice des événements à venir, car en 1976, Van Cleef & Arpels inaugure ce qui se veut être un produit de luxe à la portée de toutes, et surprise… : ce n’est pas un bijou !

First : la rencontre chatoyante entre la joaillerie et le cinquième sens

“Je veux que ça sente comme un bijou.” Le ton est donné par Claude Saujet, ancien de la société de cosmétiques Orlane et à la tête du projet, et de ces paroles naît First (“premier” en anglais), la toute première fragrance d’une maison de joaillerie. Un nouveau type de parure, plus éphémère, mais non moins sublime.

Pour le flacon de First, tout en rondeur, Jacques Llorente des Ateliers Dinand trouve son inspiration dans un pendant de Van Cleef & Arpels. Les courbes du cabochon et celles du corps du flacon se répondent, ce dernier dévoilant un jus couleur or. Il ne faut pas oublier qu’ici, le bijou mis à l’honneur est le liquide ambré se nichant au cœur de cet écrin en cristal de Baccarat !

Une composition exubérante

First appartient à la famille des parfums floraux… et quel bouquet ! Dire que sa fragrance est riche est presque un euphémisme tant les matières premières abondent, débordent presque. À l’instar d’un diamant multifacettes, First est une capsule olfactive regorgeant de plus de 160 ingrédients. C’est Jean-Claude Ellena, alors à l’école de parfumerie Givaudan de Genève, qui signe ce jus se voulant l’étendard du luxe et au pouvoir de séduction ravageur. À seulement 28 ans, celui que l’on connaîtra ensuite comme le compositeur des parfums d’Hermès puise selon lui “de manière intuitive’ dans l’air du temps.

Le classicisme des aldéhydes d’un N°5 de Chanel s’habille d’une ouverture  croquante de bourgeon de cassis et de mandarine. Avec l’anis et la bergamote, ces notes de tête insufflent un air vert et croquant à un bouquet luxuriant. Car First, c’est surtout un somptueux cœur floral de plusieurs variétés de rose et de jasmin, d’un ylang-ylang crémeux, de jacinthe, de muguet et de narcisse. Du côté des notes de fond, une vanille ambrée et sensuelle, subtilement animale, s’allie à la noblesse du vétiver et du bois de santal et à la chaleur enveloppante du musc et de la fève tonka.

Malgré cette avalanche de matières premières, First se veut un antidote olfactif à la pesanteur ambiante de l’époque : le pouvoir propulseur des aldéhydes combiné à un enrobage d’hédione, une molécule conférant de la transparence aux accords floraux, rend le bouquet aérien. Jean-Claude Ellena livre un parfum à la sensualité débordante, l’incarnation du raffinement et de l’élégance. Le parfumeur expliquera d’ailleurs s’être servi de “tout ce qui pouvait exprimer le luxe.”

Dans le sillage de First

Depuis sa sortie, First n’a cessé de se réinventer à travers de nombreuses rééditions : en eau légère sans alcool mais aussi en eau de parfum intense, tout à tour blanche, puis noir et or pour Noël… La fragrance originale est quant à elle définitivement passée à la postérité. Une explosion florale intemporelle, donc.

En 1976, son arrivée dans le paysage olfactif de l’époque ne laissa personne indifférent, et il fallut peu de temps pour que d’autres joailliers suivent les traces de Van Cleef & Arpels et s’embarquent vers de nouvelles aventures parfumées. On peut notamment citer Cartier avec Must (1981), Boucheron et son éponyme Boucheron Femme (1988), ou encore Chopard avec Casmir (1992). Pensez à une enseigne de bijouterie incontournable, au hasard… Il y a des chances pour qu’elle n’ait pas que des pierres précieuses, mais aussi quelques parures liquides à vous proposer. En somme, si First fut bien le premier, il était bien loin d’être le dernier.

Le jeu Pocket Quiz est là pour vous permettre d’en apprendre plus sur vos parfums fétiches ainsi que sur les marques de renom de la parfumerie. Alors, quelle sera la prochaine fragrance mythique que vous explorerez ? 

Crédits photos bannière : capture d’écran du site web de Van Cleef & Arpels

Ça y est, l’été est là ! Pour bon nombre, cela signifie prendre le chemin du bord de mer. À défaut de pouvoir vous poser les doigts de pied en éventail sur une plage de sable fin, bonne nouvelle : la parfumerie est là pour vous donner un coup de pouce. Une multitude de matières premières sont capables de recréer la sensation de la peau chauffée par le soleil sur une plage, et une en particulier y parvient avec brio : l’ylang-ylang, une fleur onctueuse et enivrante que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.

Une fleur phare en Asie du Sud-Est

Fleur d’ylang-ylang

L’arbre de l’ylang-ylang est originaire de l’Asie du Sud-Est, principalement de l’archipel des Moluques dans l’est de l’Indonésie. Là-bas, “la fleur des fleurs” s’invite sur le lit des jeunes mariés le soir de leurs noces. Aux Philippines, on tresse les fleurs d’ylang-ylang avec des fleurs de jasmin sambac pour en faire des colliers dont on revêt les images religieuses. Il est aussi utilisé dans la pommade “boori-boori” : mélangé à de la noix de coco, on en tire une concoction destinée à nourrir la peau et les cheveux. En somme, difficile de trouver fleur plus appréciée que l’ylang-ylang dans la région.

Les années 60 voient l’essor de son utilisation au niveau international lorsque son huile essentielle devient de plus en plus prisée. En aromathérapie, on prête à l’ylang-ylang des qualités anti-stress, antiseptiques et sédatives. Du côté de la parfumerie, c’est notamment parce qu’il est le roi de la note solaire qu’on l’apprécie. Pour beaucoup, la note solaire vient titiller nos souvenirs et nous ramène à un produit bien précis qui fit fureur sur les plages dans les années 1930 : l’Ambre Solaire de Garnier.

L’Ambre Solaire, madeleine de Proust estivale

Avant le 20ème siècle, la peau blanche était l’apanage des riches, la peau halée étant un signe du dur labeur en plein air des paysans. Dans les années 20, c’est Coco Chanel qui va inverser la tendance. Sa vie luxueuse l’amène à passer ses week-ends en plein air, sur des bateaux, colorant sa peau de brune. La peau halée devient alors un signe de richesse et de belle vie. La légende raconte qu’en 1927, en voyant Coco Chanel rentrer d’un de ces weeks-ends en mer, la peau brûlée par le soleil, Jean Patou décide de créer la première huile solaire, conçue pour protéger du soleil tout en couvrant la peau d’un voile de couleur bronze, le “bronzage”. Il s’agit de l’huile de Chaldée, qu’Henri Almeras, le parfumeur de la maison Patou, pare de notes florales épicées, et enrichit en salicylate de benzyle, molécule découverte en 1908 et  utilisée comme filtre solaire, pouvant absorber les UV.

Surfant sur l’engouement de cette huile, Eugène Schueller, chimiste et fondateur de L’Oréal, cherche aussi à créer un produit qui protégerait des vilains coups de soleil tout en permettant  un bronzage en douceur. C’est ainsi que naît en 1935 l’Ambre Solaire, une huile de bronzage qui ne tarde pas à s’imposer en indispensable de sacs de plage, surtout à partir de 1936, année des premiers congés payés offrant la possibilité de s’octroyer des vacances ensoleillées en bord de mer.   

À l’époque, le filtre solaire utilisé dans le produit de Garnier n’est autre  que le  fameux salicylate de benzyle, qui confère à l’Ambre Solaire sa signature olfactive si particulière !

Le salicylate de benzyle

Le salicylate de benzyle dégage des effluves floraux et épicés légèrement iodés et confère aisément de la lumière solaire aux compositions auxquelles il s’intègre. On le marie souvent à des notes florales ; dans l’Ambre Solaire, ce sont la rose et le jasmin.

Au fil des années, on se rend compte que le salicylate de benzyle n’est pas aussi efficace qu’on le croyait. La recherche ayant peu à peu développé de meilleurs filtres, L’Oréal le retire de son best-seller… et voilà que les ventes de l’Ambre Solaire dégringolent. Eh oui, la senteur de la molécule a alors durablement séduit les consommateurs. Ni une ni deux, l’entreprise retravaille la formule du produit afin d’y intégrer de nouveau le salicylate, une star finalement bien plus pour son odeur que pour ses propriétés anti-UV. Depuis, le salicylate de benzyle a définitivement posé ses valises dans le monde de la parfumerie.

Et l’ylang-ylang, dans tout ça ? Il se trouve que la composante la plus déterminante dans l’odeur de l’ylang-ylang n’est autre que… le salicylate de benzyle, qui y est naturellement présent ! On comprend alors mieux pourquoi la fleur est le choix par excellence des parfumeurs pour mettre en flacon les rayons du soleil (souvent main dans la main avec l’œillet, le tiaré et la fleur de frangipanier).

L’ylang-ylang : petit aperçu botanique

En tagalog, langue des Philippines,  “ylang” signifie désert. C’est donc en référence à son habitat naturel que l’on connaît l’arbre, qui appartient à la famille des Annonacées et dont le nom latin est “cananga odorata”. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres de haut à l’état sauvage dans des conditions climatiques adéquates. Lorsqu’on décide de le cultiver, il est taillé pour que ses jolies fleurs odorantes soient plus accessibles lors de la cueillette, et sa hauteur se situe entre 2 et 3 mètres.

Les longs pétales effilés de la fleur, formant des grappes rappelant des étoiles, dégagent une fragrance dont il serait en effet bien dommage de se priver. Crémeuse et épicée, un poil fruitée, la fleur d’ylang-ylang rayonne, imprégnée de la lumière du salicylate de benzyle. C’est une fleur extravertie et séductrice avec une facette parfois quasi animale.

L’ylang-ylang en parfumerie

Le premier laboratoire de distillation d’ylang-ylang des Philippines voit le jour vers 1860. Peu après, la fleur commence à être cultivée à plus grande échelle et à trouver son chemin jusqu’aux parfumeurs français. La production d’ylang-ylang aux Philippines a cependant beaucoup décliné depuis et ses principaux producteurs sont aujourd’hui les îles Comores et Madagascar.

Les fleurs d’ylang-ylang peuvent être placées dans des alambics permettant d’en obtenir une belle huile essentielle. On parle de “fractions” d’essence, c’est-à-dire d’extraits à la densité et aux propriétés olfactives différentes. On distingue la fraction extra supérieure, l’extra, la première, la deuxième et la troisième. L’extra supérieure est plus riche et plus fruitée que ses congénères, et plus on descend dans la liste, moins les fractions sont intenses… ce qui les rend en contrepartie plus fraîches. Seulement 40 à 50 kilos de fleurs sont nécessaires pour obtenir un kilo d’huile essentielle et l’ylang-ylang fleurit plusieurs fois par an. Ce qui en fait une championne en termes de rendement, et la matière du parfumeur produisant le plus d’huile essentielle.  

On peut également extraire de l’ylang-ylang un magnifique absolu, plus capiteux que l’huile essentielle et dont les notes épicées sont encore plus prononcées. Il faut compter pas moins de deux tonnes de fleurs pour obtenir un kilo d’absolu.

Quelques parfums autours de l’ylang-ylang

Pot-pourri d’autres notes estivales

L’ylang-ylang n’est évidemment pas le seul à avoir le pouvoir de nous faire prendre des vacances en un coup de nez. On peut aussi compter sur…

Quelle que soit votre destination cet été, pourquoi ne pas continuer votre voyage olfactif avec la version Pocket Quiz du jeu Master Parfums ? Le Pocket Quiz, ce sont 120 questions sur l’univers de la parfumerie et un format de poche qui vous permettra de l’emporter avec vous où que vous alliez… même à la plage !

Autres sources consultées :

On le surnomme “la pépite du parfumeur” ou encore “l’or bleu de la parfumerie”… Faites place à l’iris. Si vous avez déjà senti un parfum décrit comme “poudré”, il y a des chances que vous ayez croisé la route de la jolie fleur bleue violacée, ou plutôt, de son rhizome, sa tige souterraine dont on obtiendra le riche absolu. Master Parfums vous emmène à la rencontre d’un des ingrédients les plus prestigieux du monde olfactif.

L’iris à travers les âges

En grec, la racine du mot iris signifie à la fois “arc-en-ciel” et “messager”, et pour cause : dans la mythologie grecque, Iris est la messagère des dieux changeant son écharpe multicolore en un pont arc-en-ciel reliant la terre et l’au-delà, délivrant ainsi des messages divins aux mortels. Chez les Égyptiens pour qui il est une fleur sacrée, l’iris s’invite dans des peintures au sein de pyramides dont certaines datent de 1500 avant J.C.

En France, l’époque de Clovis voit l’iris fleurir comme le symbole de la royauté lorsque le roi des Francs en fait son emblème. Au fil du temps, une confusion linguistique transforme son surnom “fleur de Louys” (en référence à Louis Iᵉʳ) en “fleur de Lys”. Eh oui, la fleur de lys était à l’origine une fleur d’iris des marais de couleur jaune !

Côté parfum, on trouve déjà des traces d’utilisations d’iris à l’Antiquité. Au Moyen Âge, de la poudre d’iris est placée dans des sachets servant à parfumer les armoires. Arrivés à la Renaissance, il faut remercier Catherine de Médicis pour avoir importé dans l’Hexagone de nombreuses modes italiennes. Il semblerait qu’elle soit derrière la popularisation de l’iris comme produit parfumé. À cette époque, les poudres de beauté font fureur : il s’agit de poudre de riz à laquelle on a incorporé des rhizomes d’iris pilés et tamisés. C’est de là que vient le terme “poudré” que l’on utilise si souvent pour décrire la texture olfactive de l’iris !

La note poudrée en parfumerie

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Testez vos connaissances olfactives avec le jeu Pocket Quiz

On parle beaucoup de vanille poudrée, mais attention, une note poudrée de vanille et une note poudrée d’iris sont très différentes : la première nous emmène en terrain plus gourmand alors que la seconde est sèche et aérienne, un tantinet boisée. Elle évoque des tons pastel et nous rappelle souvent la violette… Cela est dû à la présence d’un composé chimique appelé l’irone.

La fragrance de l’iris est aussi raffinée que tenace : loin de s’estomper avec le passage du temps comme d’autres matières parfumées, l’iris, lui, persiste comme un voile poudré indélébile. On peut avoir l’impression de peu le sentir sur peau car son parfum intime est fait pour être senti de près par les gens que l’on aime et qui nous aiment. Un vrai parfum de peau…

Aperçu botanique

L’iris est une plante vivace de la famille des iridacées originaire d’Extrême-Orient et dont la parfumerie exploite le rhizome, sa tige souterraine. Ses principaux producteurs sont actuellement l’Italie et le Maroc. Bien qu’il existe plus de 210 espèces d’iris dans la nature, celles que les parfumeurs s’arrachent sont au nombre de deux : l’iris pallida et l’iris germanica.

Emblème de la ville de Florence, l’iris pallida des flancs escarpés de Toscane est le plus convoité et par conséquent le plus cher. L’iris germanica est quant à lui principalement produit au Maroc dans les vallées de l’Atlas. Si sa robustesse le rend plus facile à cultiver, en contrepartie, il bénéficie de moins de prestige que l’iris pallida.

Avis aux impatients : il faut compter pas moins de six ans entre la plantation de l’iris et sa mise en flacon.

La production d’iris

Le rhizome doit rester 3 ans sous terre pour atteindre la maturité. Après avoir été cueillis à la main, les rhizomes sont nettoyés, ébarbés, et coupés au couteau toujours manuellement. Puis, ils sont nettoyés puis séchés, et direction la chambre de ventilation pendant trois jours. Ils doivent commencer par perdre au moins 60% de leur eau, sinon, de vilaines moisissures risquent de s’y installer. Mais ça ne s’arrête pas là : après la récolte, rebelote, les rhizomes sont disposés ensuite sur des sacs de jute ou dans des bacs où ils vont rester à sécher encore trois années supplémentaires. Il faut patienter trois années le temps de mener à bien le procédé de dessiccation, une élimination de l’eau très poussée. 

Au début, les rhizomes ne sont guère bavards, leur odeur ne rappelant que vaguement celle de la pomme de terre. Ce n’est qu’au terme de deux à trois ans de séchage que l’irone s’y est installé durablement. Un autre facteur qui rend l’iris germanica moins luxueux que l’iris pallida est que son taux d’irone est plus faible, car ses rhizomes sont généralement séchés deux ans au lieu de trois… parfois moins !

Les matières parfumées issues de l’iris

L’iris pallida et l’iris germanica peuvent livrer une huile essentielle par distillation à la vapeur d’eau, une huile que l’on appelle “beurre d’iris” car en réalité, elle ne reste pas liquide longtemps : à température ambiante, elle se solidifie et prend une consistance beurrée. Ce beurre est floral, boisé et bien sûr, poudré. Il peut même lui arriver de prendre des airs de framboise.

Lorsqu’il est traité une seconde fois à la macération dans un solvant, on obtient un magnifique absolu d’iris, encore plus concentré en irone. Dans le beurre, la concentration en irone est de 10% à 35% tandis que dans l’absolu, elle se situe entre 65% et 85%.

L’absolu d’iris possède des facettes encore plus intenses et boisées et rappelle parfois le mimosa ou la carotte. D’ailleurs, l’essence de carotte est souvent l’alliée des parfumeurs lorsqu’il s’agit d’appuyer, voire de remplacer une sensation irisée.

Il y a aussi l’extraction au solvant volatil qui permet d’obtenir un résinoïde là encore boisé mais aussi cacaoté et quelques fois fruité, contenant entre 1% et 3% d’irone. En parfumerie on distingue l’Iris blanc, le plus pur, dont le rhizome a été pelé avant de secher entier, de l’iris noir, qui n’a pas eté pelé mais tranché avant de secher. Son odeur est plus boisée. 

Il faut 1 tonne de rhizomes pour 1 kilo de beurre d’iris et pas moins de 15 kilos de beurre pour un unique kilo d’absolu. Le temps de production de l’iris et sa faible rentabilité ont un coût : il est l’une des matières les plus onéreuses de la parfumerie. Si le beurre vaut entre 10 000 et 15 000 euros le kilo, tenez-vous bien : le prix d’un kilo d’absolu peut grimper jusqu’à 100 000 euros.

Quelques exemples de parfums autour de l’iris

Au début du XXᵉ siècle, l’iris se popularise alors que de grands noms de la parfumerie commencent à l’intégrer à leurs fragrances. Aujourd’hui, les parfums le mettant en lumière abondent, et l’on retrouve souvent l’iris au centre d’un bouquet de fleurs comme note de cœur ou en note de fond. Voici quelques fragrances renfermant le précieux “or bleu” :

Après l’iris, il y a encore tant d’autres ingrédients de la parfumerie à découvrir… Et si vous essayiez Pocket Quiz, le jeu de Master Parfums pour creuser votre culture générale du parfum tout en vous amusant ?

Il y a quelques siècles, on vous aurait regardé avec des yeux ronds si vous aviez suggéré que se parfumer puisse être autre chose qu’une formalité destinée à camoufler votre odeur corporelle. Si la parfumerie est aujourd’hui un art noble, on doit cela en grande partie à Catherine de Médicis et à son parfumeur personnel, René le Florentin. Master Parfums remonte le temps et vous raconte comment ce maître italien a marqué l’histoire du parfum en France.

Le couvent de Santa Maria Novella

En 1221, un groupe de frères dominicains fonde le couvent de Santa Maria Novella à Florence. Ils y cultivent verger, potager et un  jardin des simples débordant d’herbes et de plantes utilisées pour concocter des médicaments, des baumes et des onguents  qu’ils prescrivent dans leur officine du couvent.

On retrouve des traces de production d’eaux parfumées à Santa Maria Novella à partir de 1381 : pendant la peste noire, les moines distillent de l’eau de rose aussi bien destinée à assainir les pièces qu’à la consommation personnelle.

Rapidement, les préparations du couvent connaissent un franc succès auprès de l’aristocratie et les produits parfumés deviennent l’apanage de la noblesse italienne. Et René le Florentin, dans tout ça ?

Renato Bianco et Catherine de Médicis

Droits d’auteur : Discovart

Renato Bianco de son vrai nom est abandonné à la naissance et recueilli et élevé par les frères de Santa Maria Novella. C’est là qu’il apprend à distiller les herbes du couvent auprès des moines alchimistes. Une bonne partie de la vie du parfumeur reste énigmatique ; c’est surtout pour son association avec Catherine de Médicis que le nom de René le Florentin résonne encore aujourd’hui.

En 1533, l’Italienne Catherine de Médicis, âgée de 14 ans, s’apprête à rejoindre son futur époux et le futur roi de France Henri II. Les élites italiennes étant alors friandes de produits parfumés, la position sociale de Catherine de Médicis la tourne naturellement vers le parfum. Elle demande aux moines de Santa Maria Novella de lui confectionner une fragrance spéciale pour ses noces à venir, mais ce n’est pas tout : alors qu’elle va rejoindre la capitale française, elle exige que Renato Bianco se glisse parmi son entourage de pages, de gardes et de dames de compagnie afin qu’il continue de la fournir en produits de beauté parfumés.

Lorsqu’ils arrivent à Paris, Bianco et la future reine y sont témoins d’un drôle de paradoxe : si à la Renaissance, tout le monde est en apparence extrêmement apprêté, l’hygiène est bien loin de suivre ! 

Le parfum à la Renaissance ou le “règne de la crasse parfumée

D’une part, une extrême coquetterie est de mise. On fait usage de miroirs, de peignes, de boîtes à fards et de pomanders faits de matières précieuses. Les pomanders étaient des pendentifs sphériques renfermant des substances odorantes variées. En plus de combattre les mauvaises odeurs, ils sont vus comme des amulettes ayant le pouvoir de protéger contre la maladie. Les médecins considèrent d’ailleurs que les matières odorantes peuvent guérir certains maux. Outre le pomander, on voit fleurir de nouveaux objets de senteur tels que les oiselets de chypre (pâte parfumée moulée en forme d’oiseau) que l’on jette dans le feu et qui parfume et assainit l’air ambiant : eau de rose, labdanum, musc civette, ambre gris, styrax, benjoin cannelle, girofle…autant de nouvelles matières odorantes rapportées d’Asie par les grands explorateurs de l’époque.

D’autre part, l’eau effraie : on la pense vectrice de maladie et de contagion. Au XVIe siècle, les bains, en ouvrant les pores, laisseraient entrer les miasmes dans le corps. Pour un véritable lavage en profondeur, on utilise le terme “se décrasser”. Les médecins prônent la toilette sèche qui consiste à se frotter le corps avec des substances aromatiques, lotions ou vinaigres, de se poudrer et se vêtir de linge parfumé. Le mot toilette vient d’ailleurs de cette petite toile de tissu que l’on trempait de ces vinaigres. 

Malgré tout, l’engouement pour l’Antiquité gréco-latine qui caractérise la Renaissance combiné à l’invention de l’imprimerie prépare un terrain propice à la diffusion d’ouvrages contenant des recettes d’eaux odorantes.

Un maître italien à Paris

À Paris, Catherine de Médicis introduit Renato Bianco à la cour de France… et  initie la France à l’art de se parfumer. Si dans la terre natale de l’Italien, la culture du parfum est déjà en vogue, ce n’est pas encore le cas dans l’Hexagone. Dans sa boutique du Pont-au-change, il se fait connaître sous le nom de René le Florentin et grâce à ses connexions royales, les essences qu’il fabrique se font vite indispensables pour la noblesse de la ville.

Les produits parfumés deviennent un must : perruques, gants, coussins, éventails, tout se parfume! À une époque où l’hygiène est constamment négligée, le parfum joue surtout un rôle camouflant. La peur de l’eau étant généralisée, il s’agit de masquer des effluves parfois nauséabondes ; les fragrances se doivent donc d’être capiteuses à souhait. Pour les nobles qui ont les moyens de s’en procurer, le musc, l’ambre ou encore la tubéreuse coulent à flots.

Le parfum continue certes d’être utilisé pour dissimuler le manque de propreté, mais il gagne peu à peu ses lettres de noblesse et devient un symbole de statut social. D’autres parfumeurs italiens viennent s’installer à Paris, avant que ce ne soit au tour des Français de se tourner de plus en plus vers la profession. Si elle était jusque-là purement pratique, elle se retrouve progressivement associée à l’élégance et au luxe. Le métier de gantier-parfumeur a le vent en poupe et remplace petit à petit celui d’apothicaire pour la diffusion des parfums, le Roi-Soleil créant même un brevet de maître gantier-parfumeur en 1651.

Les matières animales sont très prisées, tout comme des matières végétales jusque-là inconnues rapportées par les explorateurs de leurs voyages et que le Florentin travaille : la vanille et le baume du Pérou, le cacao et le tabac, ou encore des épices telles la cannelle, le gingembre et le benjoin. Avec la découverte de nouvelles routes maritimes, ce n’est plus seulement l’Italie qui en profite !

Cependant René le Florentin n’est pas célèbre que pour ses parfums… 

Des fragrances parfois fatales ?

Il se murmure à la cour de France que Catherine de Médicis chargerait son parfumeur personnel de lui confectionner des poisons dissimulés dans des fragrances d’apparence anodine ou des accessoires de mode…

En 1572, la protestante Jeanne d’Albret, mère d’Henri de Navarre et ennemie jurée de Catherine de Médicis, décède après avoir été prise de douleurs et d’une fièvre soudaine. La rumeur inculpant des gants empoisonnés commandités par Catherine de Médicis et confectionnés par nul autre que son parfumeur personnel ne tarde pas à se propager.

Revenons à nos flacons, en tout cas, à ceux qui nous veulent du bien ! Quelle était donc cette fragrance créée spécialement pour l’union entre Catherine de Médicis et Henri II ?

L’Acqua della Regina

Formulée en 1533, l’Acqua della Regina est une essence à base de bergamote de Calabre et de néroli. On y trouve également du clou de girofle, du romarin et de la lavande, le tout reposant sur une belle base musquée. L’officine Santa Maria Novella existe toujours à Florence et pour fêter les 800 ans de la marque, elle a lancé l’édition Firenze 1221 de la fragrance, aujourd’hui connue sous le nom de Acqua di Santa  Maria Novella.

C’est une fragrance hespéridée et fraîche à souhait ; pas étonnant que bon nombre de colognes contemporaines s’inscrivent dans sa lignée.

Vous l’aurez compris, le passage de René le Florentin dans nos contrées a changé la trajectoire de la parfumerie en France, l’aidant à dépasser son usage purement fonctionnel et élevant son statut, marquant en quelque sorte le début de notre parfumerie moderne.

Envie de continuer à alimenter votre culture olfactive ? D’autres anecdotes parfumées vous attendent dans le jeu Pocket Quiz de Master Parfums et ses 120 questions pour en apprendre plus sur la fascinante histoire du parfum !

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Europe ne rêvent que d’une chose : se relever. Avec l’arrivée de L’Air du Temps, l’insouciance nouvelle dont le monde a soif ne se contente plus d’habiter les cœurs et les esprits, elle est désormais aussi sur toutes les peaux. Master Parfums revient sur ce parfum de Nina Ricci devenu mythique qui fut et continue d’être le reflet olfactif de la liberté retrouvée.

Après-guerre, de nouvelles aspirations

En 1948, la France vient d’être traversée par deux conflits majeurs en moins d’un demi-siècle. Si les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale qui a pris fin il y a trois ans seulement sont encore fraîches, un désir ardent de renouveau l’est tout autant. C’est d’ailleurs le début des Trente Glorieuses, une période de forte croissance économique. Du côté des mentalités, l’envie d’une paix universelle comme antidote à l’horreur de la guerre et comme moyen de construire un monde meilleur se reflète partout… parfumerie incluse.

Nina Ricci à Paris

En 1932, la maison de couture éponyme de la franco-italienne Maria Adélaïde Giuseppa Nielli, dite Nina Ricci, s’installe à Paris. C’est le fils de la couturière, Robert Ricci, qui fonde la maison au 20 rue des Capucines dans le 1ᵉʳ arrondissement de la capitale. Rapidement, la marque se pose à contre-courant des tendances de l’époque : son style ultra-féminin est à l’opposé de la mode des garçonnes qui bat son plein dans les années 30.

Quinze ans plus tard, pour de nombreuses entreprises, les retombées économiques de la guerre ont été lourdes. Il est alors impératif de diversifier ses activités et donc, ses sources de revenus. Nina Ricci n’y échappe pas : en 1946, sous la tutelle de Robert Ricci, la maison inaugure son département de parfumerie et lance la même année sa toute première fragrance, Cœur Joie. Si les parfums floraux aux allures printanières (comme l’évocateur Vent Vert de Balmain ou Ma Griffe chez Carven) ont pourtant la cote, la verdure de Cœur Joie ne rencontre malheureusement pas le succès escompté. Qu’à cela ne tienne : Nina Ricci sort une deuxième fragrance deux ans plus tard et cette fois-ci, elle a l’effet d’une petite révolution olfactive.

L’Air du Temps, un parfum de liberté

En 1948, Francis Fabron compose L’Air du Temps, un magnifique parfum floral-épicé, le tout premier de l’histoire de la parfumerie. Le parfumeur dira à propos de sa création : “J’ai imaginé le parfum que je voudrais sentir sur les épaules de la femme que j’aime”. Le résultat ? Une fragrance où tendresse est le maître-mot et incarnant le désir collectif d’aller de l’avant avec optimisme et une certaine désinvolture.

Avec L’Air du Temps, Fabron livre un jus délicat et solaire à la fois, tournant le dos aux notes verdoyantes de Cœur Joie, mais pas seulement : la fragrance est également à contre-courant des parfums chyprés qui faisaient fureur pendant l’entre-deux guerres. Le parfum de Nina Ricci s’inscrit dans un nouveau contexte olfactif où des fragrances plus lumineuses sont le reflet des mentalités de l’époque.

L’Air du Temps ouvre son bal parfumé avec des notes hespéridées de bergamote faisant ensuite place à un sublime arrangement floral : rose centifolia, jasmin de Grasse et une violette poudrée. C’est sans doute l’accord œillet-gardénia sur lequel repose une grande partie de l’identité olfactive du parfum : l’œillet  vient exalter son charisme avec sa note épicée de clou de girofle, tandis que le gardénia se veut plus vert et opulent. Enfin, le mariage entre un sensuel santal de mysore et de l’iris de Florence confère à L’Air du Temps une qualité veloutée.  Ambre et  cèdre enrobent la fragrance pour en faire une véritable caresse olfactive.

Avec une trentaine de composants seulement, la liste d’ingrédients de L’Air du Temps est courte, surtout pour l’époque à laquelle il voit le jour. D’ailleurs, un invité atypique s’est glissé parmi ce petit comité…

Le salicylate de benzyle : le soleil en bouteille

Robert Ricci dira : “Il y a dans l’Air du Temps un petit miracle qui lui donne sa forte personnalité”. Ce petit miracle, c’est le salicylate de benzyle, une molécule de synthèse habituellement utilisé comme filtre UV et utilisée dans les crèmes solaires. C’est d’ailleurs la signature olfactive de l’Ambre Solaire de Garnier ! Vert et floral, le salicylate de benzyle fait chatoyer et rend aérien le sublime bouquet de Francis Fabron. Si cette molécule est de nos jours fréquemment utilisée en parfumerie, ce n’était pas le cas à l’époque de la sortie de L’Air du Temps.

Au-delà de son jus, comment parler de L’Air du Temps sans évoquer son flacon reconnaissable entre mille ?

L’intemporel flacon “deux colombes”

Saviez-vous que le parfum de Nina Ricci n’a pas toujours été contenu dans son iconique flacon aux colombes entrelacées ? Le tout premier habillage de la fragrance est conçu par le sculpteur espagnol Joan Rebull : ovale, en forme de soleil, un fil d’or autour du  cabochon déjà gravé de l’oiseau porte-drapeau de la paix.

À l’époque, l’heure est à la sobriété et aux lignes épurées. L’historienne Élisabeth de Feydeau décrit “le modèle du flacon-amphore” à l’instar des courbes arrondies et minimalistes d’un Femme de Rochas ou de l’élégance tout en sobriété de Diorissimo. Mais en 1951, il plane un air de renouveau… Le flacon de L’Air du Temps se réinvente ! Deux colombes enlacées dans leur envol sont désormais sculptées et posées sur un flacon torsadé signé Marc Lalique (qui était déjà derrière le flacon de Cœur Joie). La rencontre entre les oiseaux apparaît comme une célébration d’amour, de paix et de liberté : les valeurs incarnées par la fragrance ne sont dorénavant plus portées que par le jus lui-même, elles sont aussi reflétées par son flacon​​ et sa boîte d’un jaune solaire lumineux.

Pour Robert Ricci, “un parfum est une œuvre d’art, l’objet qui le contient doit être un chef-d’œuvre”. Nombreux s’accorderont à dire que le flacon de L’Air du Temps est bien à la hauteur de cette ambition. Ce petit bijou a conquis les cœurs au point d’être élu “Flacon de parfum du siècle” en 2000 et d’être revisité d’innombrables fois au fil du temps. Dans les années 90, les colombes sont tour à tour bleues, ambrées ou bien émeraude. En 2010, le designer Philippe Starck reloge la fragrance dans une unique aile en verre dépoli et à l’extrémité métallique. Il y a aussi la designer Olivia Putman qui repeint le flacon en bleu Klein en 2013, “comme le ciel et la mer qui évoquent infini et liberté”…

Un parfum passé à la postérité

L’Air du Temps a servi d’inspiration à de nombreux autres parfums.

Un autre point commun entre ces exemples ? La présence du caractéristique accord œillet de L’Air du Temps !

Mais mettons de côté ses successeurs, ses rééditions et ses ré-interprétations : l’original de Francis Fabron demeure aujourd’hui culte. Ce n’est pas seulement sa fragrance aérienne qui a été et continue d’être célébrée ; c’est aussi l’insouciance des jours heureux et la paix retrouvée qu’elle et son écrin représentent. 

Envie d’en savoir plus sur l’histoire de vos marques de parfum préférées ? D’autres anecdotes exclusives vous attendent dans le jeu Master Parfums : ses questions et ses défis olfactifs vous plongeront dans l’univers du parfum tout en vous amusant !

Crédits photos : Nina Ricci Officiel

“Mignonne, allons voir si la rose…” Elle est l’emblème de cette célèbre ode de Ronsard, peuple les tableaux des peintres hollandais du XVIIe siècle, rayonne à la Saint-Valentin… Existe-t-il une fleur plus célébrée que la rose ? La parfumerie n’échappe pas à son emprise, bien au contraire : la fleur y est un ingrédient phare. Parmi les 40 000 sortes de roses recensées, l’une de celles qui dominent le marché est aujourd’hui sous le feu des projecteurs de Master Parfums : faites place à la rose de mai.

Sur les traces de la rose de mai

Les roses proviennent de façon générale du Caucase oriental. Cela fait environ 5000 ans que les rosiers sont cultivés en Perse et en Chine, et 2000 que l’eau de rose y est utilisée. Toujours en Perse, les premières extractions d’huile essentielle de rose datent quant à elles du XVIIe siècle.

L’origine exacte de la rose de mai reste floue. Son nom scientifique rose centifolia signifie “cent-feuilles” en latin : une allusion à sa foisonnante quantité de pétales. Il s’agit d’une fleur hybride née du croisement d’autres types de roses : la rose de Damas et la rose Canina sont dans le lot, mais il semble que les botanistes ne parviennent pas à totalement s’accorder sur son lignage.

La rose centifolia est énormément développée au XVIIe siècle par des sélectionneurs hollandais qui en créent plus de 200 variétés avant que les Français ne prennent le relais deux siècles plus tard. Aujourd’hui, sa production est largement destinée au secteur de la parfumerie. La Turquie et la Bulgarie mènent la danse, mais on retrouve aussi le Maroc, l’Égypte, et cocorico, la France !

Une icône des paysages grassois

L’histoire d’amour entre la rose de mai et notre pays démarre lorsque la fleur s’invite à Grasse au XVIe siècle. La ville aujourd’hui considérée comme la capitale du parfum est à l’époque renommée pour sa production de cuir. C’est pour masquer les effluves peu ragoûtantes liées au tannage que la rose centifolia commence à y être cultivée, avant de se muer en une industrie à part entière au XVIIe siècle. 

La récolte de la rose de mai à Grasse pour Chanel, photo ©The Fragrance Foundation

Les années 80 voient le déclin temporaire de la production faute de repreneurs ou suite au passage de promoteurs immobiliers souhaitant racheter des terrains… mais qu’à cela ne tienne : à la demande de maisons de parfumerie charmées par la fragrance riche et sucrée de la fleur, la production reprend de plus belle. C’est par exemple le cas de Chanel : en 1987, à l’initiative de Jacques Polge, maître-parfumeur de la maison, la marque entame un partenariat avec la famille Mul, productrice de fleurs depuis des générations. Ou encore Lancôme qui cultive sa rose au Domaine de la rose, Dior et son partenariat avec le Domaine de Manon et le Clos de Callian, ou encore Matière Première dont le parfumeur Aurélien Guichard, co-créateur de la marque, a fondé un domaine en agriculture bio où il récolte roses centifolia et tubéreuses pour ses parfums.

Utilisations de la rose de mai en parfumerie

Lors de sa floraison printanière, le rosier cent-feuilles revêt des fleurs d’un rose tantôt vif, tantôt pastel. Cette floraison est non remontante, autrement dit, il n’y en a qu’une seule par an. Les roses sont récoltées au mois de mai, toujours le matin, lorsque les premiers rayons du soleil réveillent leurs molécules odorantes.

Elles sont arrivées à maturité lorsque l’on peut apercevoir leur joli cœur jaune et sont alors cueillies à la main en coupant au niveau du pédoncule. Il est ensuite impératif d’utiliser les pétales le jour même de la récolte. Contrairement à sa cousine la rose Damascena dont on peut produire une huile essentielle et une eau florale par hydrodistillation, la rose centifolia, elle, ne se dévoile qu’en absolu, aux facettes rosées, miellées et terreuses.

On pourrait extraire une huile essentielle par hydrodistillation ou un extrait aux notes très fidèles à la belle que l’on sent en live, mais le rendement n’est pas à la hauteur du coût.

Il faut approximativement 800 kilos de pétales pour obtenir 1 kilo d’absolu et 3 à 5 tonnes pour 1 kilo d’huile essentielle, ce qui rend cette dernière bien plus coûteuse : comptez 1200€ à 2000€ pour un kilo d’absolu et entre 5000€ et 7000€ pour 1 kilo d’huile essentielle.

Quelques exemples de parfums autour de la rose de mai

On dit parfois d’une chose qu’elle est “à l’eau de rose” lorsqu’elle est mièvre, trop sentimentale. Pourtant, la rose de mai est capable d’exhiber autant de facettes qu’elle a de jolis pétales : ce n’est pas pour rien que les parfumeurs se l’arrachent ! Voici quelques parfums mettant en avant la douceur enivrante de la rose centifolia :

Après la rose de mai, vous avez envie de découvrir d’autres ingrédients de la parfumerie de façon ludique ? Ça tombe bien : le livre-jeu olfactif Master Parfums est là pour réveiller le/la parfumeur/euse qui sommeille en vous.

Cet hiver, vous avez sans doute apprécié siroter de bons jus d’oranges pressées vitaminés pour booster votre immunité. C’est ce que promet le fruit de l’oranger doux, délicieusement doux et acidulé. 

Si en parfumerie, on peut trouver une belle essence des zestes de cet oranger doux, c’est surtout l’oranger amer (aussi appelé bigaradier) que l’on met en flacon pour illuminer nos parfums.

De belles essences et absolus sont obtenus avec les rameaux et les feuilles du bigaradier (petit grain) et avec les zestes de ses fruits (trop amers pour être consommées en jus, ils sont très bons en marmelade!). Mais la star de ce petit arbre, c’est sa fleur…

Chez Master Parfums, on fait le point sur cette matière première incontournable aux allures de madeleine de Proust.

Petite histoire de la fleur d’oranger

Le bigaradier est un arbre qui produit des oranges amères ainsi que de jolies fleurs blanches aux pétales charnus et aux étamines d’un jaune lumineux. Difficile de nommer son origine avec certitude : la Chine ? L’Inde ? En tout cas, le Maroc, la Tunisie, et l’Egypte sont aujourd’hui les principaux producteurs de fleurs d’oranger, et une chose est sûre : l’engouement pour ces dernières ne date pas d’hier.

Dès l’Antiquité, on décore les couronnes de mariage de fleurs d’oranger, symboles de pureté et de fertilité. Cette perception perdure et est notamment très forte pendant la Renaissance, tout comme dans la tradition chrétienne : la coexistence de la fleur avec le fruit fait écho à la virginité de la Vierge Marie cohabitant avec l’enfant Jésus qu’elle a porté. 

En matière de parfum, les Arabes sont les premiers à fondre pour l’essence de la fleur. Ils la rapportent de leurs voyages en Asie orientale et en obtiennent l’huile essentielle en la distillant à l’aide d’un instrument appelé l’alambic. La présence du bigaradier s’étend dans le reste de l’Empire Islamique et il est introduit en Espagne au IXᵉ siècle, avant d’arriver dans de nouveaux pays européens au XIᵉ siècle.

Au XVIIᵉ siècle, la princesse de Nerola Marie-Anne de La Trémoille craque pour l’essence de la belle au point d’agrémenter ses bains, ses gants, ses vêtements et son palais entier de ses effluves délicats.

On compte également parmi ses fervents admirateurs, Louis XIV  qui appelait le bigaradier, le Grand Bourbon. De l’eau de fleur d’oranger est fabriquée à Versailles, car le roi y trouve un remède aux maux de tête dont il souffre depuis sa jeunesse. À la cour, sa senteur apaisante détrône le jasmin et le musc, aux parfums trop capiteux qui ne font pas bon ménage avec les migraines du roi Soleil.

La fleur d’oranger et ses multiples utilisations 

Le bigaradier est un arbre généreux : ses fruits, ses fleurs, son bois, ses branches… ont tous quelque chose à offrir ! Les rameaux et feuilles produisent l’essence et l’absolu de petit grain, le zeste des fruits,  une huile essentielle, les fleurs une huile essentielle, un hydrolat et un absolu.

La floraison a lieu de mars à mai selon les régions, et on récolte les fleurs encore en boutons le matin. Les poches d’huile essentielle sont encapsulées au sein  des épais pétales de la fleur. Une bonne cueilleuse ramasse en moyenne 10 kg de fleurs par jour sur une récolte qui dure environ 1 mois. Les fleurs sont traitées dans la soirée  et selon la méthode d’extraction utilisée, des produits différents aux couleurs olfactives distinctes s’offrent à nous. 

Il faut une tonne de fleurs pour obtenir un kilo de néroli ou d’absolu de fleur d’oranger et un kilo de chacun de ces produit coûte entre 3000 et 6000€. 

Quelques exemples de parfums autour de la fleur d’oranger

Il y en a pour tous les goûts !

Tantôt fraîche et pétillante, tantôt caresse chaude et enveloppante et bien plus encore, la versatilité de la fleur d’oranger a conquis le cœur des parfumeurs au point de devenir un de leurs ingrédients fétiches.

Envie d’en savoir plus sur les autres ingrédients de vos parfums préférés ? Le jeu Master Parfums est là pour vous aider à aiguiser votre cinquième sens tout en vous amusant !