Ah, le parfum, l’indétrônable classique des cadeaux en tout genre ! Ce n’est pas Noël qui dira le contraire : dans quelques semaines, il y a fort à parier que de nombreux flacons parfumés se glisseront sous les sapins… Environ un mois avant, le 20 novembre, c’est la Journée mondiale de l’enfance, une journée instaurée pour se remémorer les avancées en matière de droits et de bien-être des plus jeunes d’entre nous.
Vous songez à offrir un parfum à un petit diablotin cet hiver, mais ne savez pas comment vous y prendre ? Vous tombez à pic. Vous avez haussé un sourcil face à la phrase précédente, car vous vous dites que le parfum, c’est pour les grands ? Détrompez-vous ; Master Parfums vous dit tout.
Genèse des parfums pour bambins
Les débuts des parfums pour bébés remontent aux années 60. En 1967, Dior inaugure sur l’avenue Montaigne de la capitale française sa toute première boutique Baby Dior. On peut s’y procurer des créations de la griffe destinées exclusivement aux enfants ! Vêtements, jouets, poupées, peluches… Pas encore de fragrance à l’horizon. Il faut attendre 1970 pour que le tout premier parfum pour un public enfantin fasse son entrée : il s’appelle lui aussi Baby Dior et est conçu à partir d’une base d’eau de Cologne, avec très peu d’alcool. Pourtant, à sa sortie, le pari ne fonctionne pas, le parfum étant encore à l’époque un produit accessible seulement aux plus fortunés.
En 1975, une autre boutique voit le jour à Paris, au 67 rue de l’Université : celle de Bonpoint, enseigne de prêt-à-porter pour enfants fondée par Marie-France et Bernard Cohen. En 1986, la marque lance un parfum pour les plus petits, la désormais culte Eau de Bonpoint. Cette fois-ci, cette essence à base d’agrumes on ne peut plus fraîche détonne, et nombreuses sont les créations parfumées pour enfants qui lui emboîtent le pas. En 1994, c’est notamment au tour de Guerlain de s’essayer à l’exercice avec Petit Guerlain, la naissance de son petit-fils animant Jean-Paul Guerlain à composer cette eau mêlant agrumes, lavande et mimosa.
La popularité des parfums pour enfants n’a cessé de croître, et ils ont depuis fleuri un peu partout sur le marché… rendant parfois le choix d’un d’entre eux un peu nébuleux ! Pas de panique, on vous aiguille.
Des senteurs pour les bouts d’choux, quel intérêt ?
Avant toute chose, il faut savoir que les bébés sont extrêmement sensibles aux odeurs, même au sortir du ventre de maman. Entre la huitième et la onzième semaine de grossesse, leurs récepteurs olfactifs et la zone du cerveau analysant et traitant les informations olfactives se forment. Puis, entre le quatrième et le sixième mois de grossesse, leurs narines se débouchent. Les fœtus sont alors déjà capables de “sentir” des substances odorantes de ce que mange maman, à travers le liquide amniotique dans lequel ils passent plusieurs mois !
À la naissance, l’odorat se met en route sans tarder : le bébé reconnaît l’odeur de sa mère puis, petit à petit, celle du lait, de son environnement… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, son cinquième sens est sollicité sans plus attendre, et il continuera de se développer tout au long de sa croissance ! Un parfum peut donc constituer un repère supplémentaire dans cette éducation olfactive constante et contribuer à faire que bébé se sente en sécurité à travers des senteurs qui lui deviendront vite familières.
Il est recommandé de ne parfumer un enfant qu’à partir de trois mois, lui laissant d’abord le temps de se familiariser avec la ribambelle d’odeurs qui l’entourent. À partir de trois mois et jusqu’à trois ans, le parfum, c’est permis, mais attention : pas une goutte d’alcool ! Regardons cela d’un peu plus près.
Des ingrédients à éviter
Parfums avec de l’alcool
Gare à l’alcool, donc, qui peut être trop agressif sur la peau sensible des enfants. Heureusement, bien qu’on utilise souvent ce mot pour les désigner, de nombreux “parfums” pour bébés sont en réalité ce qu’on appelle des eaux de senteur, en d’autres termes, des parfums sans alcool. À partir de trois ans, on lève l’embargo sur les eaux de toilette et les eaux de parfum, mais là encore, leur teneur en alcool doit être faible, pas plus de 30%. En somme, mieux vaut jurer par l’absence d’alcool ou, pour les enfants de plus de trois ans, à très petite dose.
Gare aux perturbateurs endocriniens
On se méfie également des perturbateurs endocriniens, des molécules dont les effets sont complexes et encore sujets à débat, mais dont des études scientifiques suggèrent qu’elles pourraient affecter des fonctions reliées au système hormonal. Entre son développement dans le ventre de sa mère et la petite enfance, un enfant sera particulièrement sensible, donc vulnérable, à leurs potentiels effets indésirables. Voici les principaux vilains :
- Les parabènes : méthylparabène, éthylparabène, isopropylparabène… Leurs noms se terminent tous de la même manière, ce qui est plutôt pratique pour nous !
- Les phtalates : le di-2-éthylhexyle, le benzylbutyle et le dibutyle sont parmi les plus utilisés ;
- Le phénoxyéthanol ;
- Le BHT ;
- Le BHA.
Réactions allergiques
Enfin, on anticipe les réactions allergiques : le parfum choisi est idéalement hypoallergénique, et on privilégie de le diffuser avec modération au début et plutôt sur les vêtements, le temps de s’assurer que la peau sensible de l’enfant ne virera pas au rouge ! Attention aussi à ce que ce ne soit pas sur une zone que l’enfant pourrait porter à la bouche – doudou devra peut-être se passer de sa dose de parfum.
Les parfums sont soumis à des contrôles rigoureux, surtout lorsqu’ils sont destinés à l’épiderme des tout petits. Il y a donc des chances qu’ils cochent ces cases, mais plus on avance dans la tranche d’âge qu’ils ciblent, moins c’est le cas, alors, gardez l’œil ouvert !
Et l’odeur, dans tout ça ?
Attention aux jus trop capiteux ! Légèreté et subtilité sont les maîtres-mots à l’heure de parfumer les bambins. Dans ces catégories, les championnes sont les notes fleuries et végétales, fraîches à souhait. On pense notamment au chèvrefeuille, à la fleur d’oranger ou à la camomille, de vrais voiles de douceur sur la peau des marmots – les deux dernières sont d’ailleurs fréquemment utilisées dans des produits de toilette pour bébés. Restant dans la famille de la fleur d’oranger, les notes hespéridées telle une mandarine, une orange ou un néroli discret sont aussi des valeurs sûres.
Avec l’âge, les enfants commencent à vouloir s’affirmer. Les plus grands apprécieront peut-être des notes sucrées et gourmandes un peu plus marquées que leurs consœurs les fleurs et les agrumes. Un caramel onctueux, un nuage de barbe-à-papa, un chocolat croquant, et bien sûr, de grands classiques de la famille gourmande à l’instar d’une jolie vanille poudrée feront des merveilles dans un parfum pour enfant. Avec l’amande, douceur garantie – saviez-vous que le benzaldéhyde, aussi appelé amandol et présent dans l’essence d’amande amère, rappelle souvent l’odeur de la colle des écoliers ? Voilà une note de circonstance pour la prochaine rentrée des classes !
Enfin, d’autres grandes favorites des parfums pour bambins sont les notes fruitées : pomme, fraise, rhubarbe… Des senteurs à croquer qui ont tendance à plaire aux enfants comme aux parents.
Aperçu de parfums emblématiques
Une autre piste pour vous guider dans votre recherche de cadeau parfumé peut être de vous tourner vers des créateurs qui ont su se démarquer en matière de parfums pour les plus petits.
- L’Eau de Bonpoint, que nous avons mentionnée plus haut, est devenue incontournable. Elle voit le jour du nez de la parfumeuse Annick Goutal, qui n’est autre que la sœur de Marie-France Cohen, la co-fondatrice de Bonpoint ! Son intemporel duo néroli-fleur d’oranger, signature olfactive de la maison, a contribué à faire d’elle une eau de senteur iconique.
- Aujourd’hui devenu lui aussi un parfum enfant culte, Ptisenbon est lancé en 1987 par Tartine et Chocolat, l’enseigne de mode enfantine frenchy et élégante. La marque collabore avec Givenchy et livre un jus épuré dans lequel se mêlent des notes vertes de menthe, des agrumes et un cœur floral de chèvrefeuille, de jasmin et de muguet. Ptisenbon existe aussi bien en eau de senteur, sans une goutte d’alcool, qu’en eau de toilette à faible teneur en alcool pour les plus grands.
- La petite dernière dans la famille Tartine et Chocolat, c’est l’eau de toilette Ptimusc (2023) ! Fleur d’oranger, cacao blanc et lait d’avoine sont réunis dans cet écrin de douceur lactée.
- Jacadi a également su s’imposer comme une référence. Ses parfums sont composés à plus de 90 % d’ingrédients d’origine naturelle, renferment de l’eau thermale et des agents hydratants comme du panthénol, et sont hypoallergéniques : ils sont ce qu’on appelle des eaux de soin !
- La sobrement nommée Le Bébé (2015) combine une envolée de bergamote et de freesia à un cœur de jasmin et de fleur d’oranger, avant de finir sur un doux nuage de muscs et de sésame.
- Toute Petite et Tout Petit (2008) s’ouvrent tous deux sur des agrumes et s’appuient sur une base de musc et de cèdre. Le parfum fille nous offre un cœur soyeux de muguet et de fleur d’oranger, et le parfum garçon, de la fleur d’oranger et de la pomme granny-smith dans un cœur plus vert. Deux parfums solaires, lumineux de fraîcheur.
- Pour les ados, vous aurez le choix entre les plus gourmands Mademoiselle Jacadi et Jeune Homme (2015). Mademoiselle Jacadi, c’est du cassis, de la framboise et de la pêche, quelques fleurs, sans oublier le réconfort de la vanille de ses notes de fond. Jeune Homme est lui plutôt aromatique, saupoudré d’agrumes, alliant le thé à la rhubarbe avant de s’envelopper d’ambrette et de fève tonka.
- En 2023, la ligne Baby Dior a accueilli une nouvelle venue : Bonne Étoile, une eau de senteur composée à 98% d’ingrédients naturels et signée Francis Kurkdjian. Le parfumeur décrit son inspiration comme “celle d’une odeur ronde, douce, comme les belles joues d’un bébé potelé” ! Et pour lui donner vie, il a voulu sortir des sentiers battus en se passant de la fleur d’oranger, lui préférant une poire juteuse, une églantine et des muscs cotonneux. Au-delà de ses notes olfactives, le prix de Bonne Étoile a fait parler… 255 euros, rien que ça !
- Bien plus économique, l’eau de soin pour bébé Musti (2012) de Mustela associe quant à elle la fraîcheur du muguet et de la bergamote à des extraits de camomille et de miel pour un effet apaisant.
- Avec Cabriole (2022), Hermès livre un osmanthus velouté aux accents de pêche et d’abricot, des notes vertes de chèvrefeuille et un santal tout en douceur.
- Pourquoi ne pas essayer l’eau sans alcool doucement fruitée Petite Chérie (2019) d’Annick Goutal ? Cette déclinaison du parfum pour adultes du même nom signe la délicate rencontre entre poire, pêche, rose et vanille, tel un jardin embué de rosée.
Alors, prêts à parfumer la hotte pour les grands comme pour les petits ?
Il y a chez Master Parfums comme une odeur de Noël avant l’heure… Après le Livre-Jeu Olfactif , le Pocket Quiz, et sa version niche édition Jovoy, notre famille de jeux qui vous mettent au parfum s’agrandit. Faites place au Pocket Quiz : le tour du monde en parfums ! Brisons la glace sans plus attendre en faisant connaissance avec ce petit dernier.
Un nouveau quiz parfum autour du monde
“Le tour du monde en parfums”, c’est la nouvelle édition du Pocket Quiz qui vient d’atterrir ! Comme dans les autres versions du jeu, vous y trouverez 120 questions-réponses de culture générale portant sur le merveilleux monde du parfum.
Le twist? Cette-fois ci, avec ces 120 nouvelles questions, Master Parfums nous emmène dans un tour des 5 continents pour y découvrir les différentes cultures parfumées du monde. Si vous avez déjà les jeux Master Parfums, cette nouvelle édition viendra enrichir votre collection de questions pour encore plus vous amuser!
Anne-Laure Hennequin, créatrice des jeux Master Parfums, nous explique la genèse de ce nouvel opus :
« Depuis que je suis enfant, j’aime les odeurs et les parfums… J’ai eu la chance de voyager dans le monde entier grâce à mon métier qui est aussi ma passion. J’ai pu découvrir que chaque région du monde appréhende le parfum d’une façon différente de la nôtre, ici en Europe.
Mais c’est un voyage plus personnel effectué cette année en Inde qui m’a murmuré d’écrire un nouveau Pocket Quiz inspiré des voyages. Un pays à la culture parfumée si riche que j’ai d’abord voulu lui dédier ce nouveau jeu, l’Inde en Parfums…Et puis, je me suis dit, mais pourquoi ne pas commencer par une version plus globale ? En Europe, et particulièrement en France, on est tellement porté par notre patrimoine parfumé, (cocorico, la France, pays du parfum !) que l’on y centre souvent l’histoire de celui-ci, et on oublie que partout ailleurs, chaque culture a ses propres coutumes parfumées. C’est ainsi qu’est né Le Tour du Monde en Parfums, pour qu’on découvre ce qui s’hume ailleurs…

J’ai dû faire beaucoup de recherches pour trouver les thèmes qui nourriraient les questions de ce nouveau Pocket quiz et surtout les réponses ! Car l’important avec Master Parfums, c’est d’apprendre en s’amusant. J’ai envie que les questions et réponses de ce jeu donnent envie d’explorer davantage les sujets évoqués…
Et je suis sûre que même les zinzins du parfum, pourront encore enrichir leurs connaissances ! »
Cela va sans dire, la culture du parfum diffère énormément en fonction du coin du globe dans lequel on se trouve. On observe naturellement des tendances dans la façon d’appréhender le parfum et les odeurs : si le Moyen-Orient est réputé pour être friand d’oud, vous croiserez moins la route de ce bois opulent sur les peaux d’Asie de l’Est, où la tendance est plutôt aux fragrances épurées et plus discrètes. Et pourtant auparavant, les Samouraïs se préparaient au combat en méditant imprégnés de volutes d’oud !
Au-delà des goûts et des modes de consommation, chaque culture entretient des liens très personnels avec l’art de se parfumer, que ce soit au travers de sa mythologie et son histoire, sa production agricole, son artisanat, ses traditions, ses développements technologiques et scientifiques…
Pourquoi les hommes-fleurs de Siberut portent-ils ce nom ? Qu’est-ce qu’un qumqum, et quel usage en fait-on au Moyen-Orient ? Que représente la salive de dragon pour les Chinois ? Si elles vous sont sans doute plus familières, savez-vous de quels pays sont originaires les matières premières emblématiques que sont la vanille ou encore la fève tonka ? Ce sont là autant de spécificités culturelles par-delà nos frontières que ce nouveau Pocket Quiz, Le tour du monde en parfums, vous propose d’explorer.
Devenez le Master Parfums du monde avec ce jeu de poche entraînant !
Comme il s’agit de se mettre au parfum de façon ludique, Pocket Quiz “Le tour du monde en parfums”, c’est avant tout un jeu auquel vous pourrez jouer à partir de deux personnes, chacun pour soi ou en équipe. L’objectif ? Obtenir le fameux titre de Master.
Pour cela, vous devrez grimper les échelons d’amateur, à connaisseur , puis expert, en répondant correctement à 12 questions.
Les questions sont divisées en quatre familles, chacune associée à une couleur. Les joueurs devront chacun leur tour tirer une carte et tenter de répondre correctement à la question posée.
- Vous avez pioché une carte rose ? Ce sera une question autour de l’histoire du parfum. La place qu’occupe le parfum dans nos vies et nos civilisations ne date pas d’hier, et pour mieux la comprendre, ces questions vous feront faire un saut olfactif dans le temps, vous faisant parfois remonter aussi loin que l’Antiquité.
- Une carte bleue ? La question portera alors sur la palette olfactive du parfumeur, pour que la ribambelle de notes, d’accords et de matières premières dont la parfumerie recèle n’ait plus aucun secret pour vous… ou peut-être pour que vous prouviez que c’est déjà le cas !
- Si la carte est jaune-orangé, le signal est donné de se faufiler dans les coulisses du parfum et de découvrir (ou redécouvrir) des anecdotes sur la parfumerie et l’odorat.
- Enfin, si vous piochez une carte verte, vous répondrez dans la catégorie marques, parfums et astuces. Vous mettrez à l’épreuve votre connaissance des maisons de parfumerie, des grands noms de la parfumerie et des fragrances iconiques qui ont marqué l’univers du parfum et contribué à bâtir son histoire.
- Pour vous repérer géographiquement, le nom du continent traité sur chaque carte est inscrit dans le coin en haut à droite.

Comme pour les autres Pocket Quiz Master Parfums, à chaque bonne réponse, vous gagnez la carte. Pour être le Master, il vous faudra répondre à 12 questions:
- 1 question amateur de chaque couleur
- 1 question connaisseur de chaque couleur
- 1 question expert de chaque couleur.
- 4 couleurs, 3 niveaux = 12 cartes gagnées !
Surtout, gare aux cartes “Anosmie temporaire” et “Mystère” qui viendraient vous freiner dans votre ascension vers le titre de Master : “Anosmie temporaire” vous fera passer votre tour tandis que “Mystère” laissera un de vos adversaires choisir la question qui vous sera posée – et on a comme l’impression que ce ne sera pas la plus facile…
C’est pourquoi même si on n’est pas spécialiste en la matière, le titre de Master nous est tout à fait permis ! Anne-Laure Hennequin nous raconte avec humour « l’autre jour, en jouant en famille, j’ai failli perdre, moi qui connais toutes les réponses ! Je suis tombée sur la carte anosmie, qui m’a fait passer mon tour, et ensuite plusieurs fois, je suis tombée sur des couleurs dont j’avais déjà gagné les 3 niveaux. Donc j’étais bloquée, et me suis fait rattrapée. Inutile de vous dire qu’ils se sont bien raillés de ma débâcle et on a bien ri ! »
En résumé, le Pocket Quiz : Le tour du monde en parfums, c’est une belle occasion de vous amuser tout en nourrissant votre goût pour la parfumerie et votre connaissance de l’odorat, ce sens si complexe, sollicité tous les jours, et que nous connaissons malgré tout souvent trop peu.

Comme nous l’explique Anne-Laure Hennequin, “nous vivons dans un monde sur-parfumé et pourtant l’odorat reste le sens le plus sous-estimé, le plus sous-utilisé, et aussi le plus mystérieux.” Voilà pourquoi avec plus de 20 années d’expérience dans le milieu de la parfumerie, cette passionnée s’est donné pour mission de nous faire renouer avec notre nez par le biais d’une série de jeux autour du parfum, accessibles et uniques en leur genre.
Cela vous parle ? Le jeu Pocket Quiz : Le tour du monde en parfums est disponible en français, en anglais et en espagnol, dans un étui ultra-pratique pour qu’il vous accompagne dans toutes vos escapades, à quelques arrêts de métro comme à l’autre bout du monde – un petit format qui n’a jamais été plus de circonstance. Alors, prêt à devenir le prochain Master du monde ?

Merci à Anne-Laure Hennequin pour sa participation à l’article !
Un bonbon ou un sort ? Halloween approche et avec lui, les petits paniers en forme de citrouille des plus jeunes ne vont pas tarder à se remplir de bonbons multicolores. Avis aux becs sucrés en manque de friandises : Master Parfums vous propose d’explorer la famille des parfums gourmands et ses notes sucrées les plus emblématiques, toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Les familles olfactives en parfumerie
En 1984, la Société Française des Parfumeurs dévoile une classification des parfums en différentes familles en fonction des matières premières employées dans leur composition. On distingue également diverses facettes à l’intérieur même de ces familles, des facettes qui viennent nuancer l’identité du parfum. Par exemple, on dira sans aucun doute d’une fragrance mettant à l’honneur le santal qu’elle fait partie de la famille boisée. Elle est saupoudrée de cardamome, de muscade ou encore de poivre ? On parlera alors de boisé-épicé. Ce sont la lavande, le romarin ou bien le thym qui s’y invitent ? Bingo, nous avons affaire à un boisé-aromatique.
Dès le début du XXème siècle, quelques molécules aux notes vanillées (vanilline), ou fruitées comme la pêche (aldéhyde C14) ), ou la prune (prunol de De Laire), apportent un nouvel effet de rondeur aux parfums, mais on ne parlait pas encore de gourmandise telle qu’on la connaît aujourd’hui. Le terme “gourmand” a d’abord désigné une facette olfactive, puis avec la vague de parfums sucrés à souhait lancés à partir des années 90, on l’utilise aujourd’hui pour désigner une famille à part entière.
La famille olfactive gourmande

Si dans les années 70, la tendance est aux compositions florales, vertes et chyprées rimant avec fraîcheur et élégance, à pas de loup, des fragrances vanillées commencent à insuffler un vent chaleureux de renouveau sur le paysage olfactif de l’époque. C’est notamment le cas de celles de Guerlain, maison pionnière dans la création de parfums gourmands. Impossible de ne pas mentionner la Guerlinade : cette base parfumée née en 1921, composée de vanille, de bergamote, d’iris, de rose, de fève tonka et de jasmin, deviendra la signature olfactive de nombreux parfums de la marque.
La révolution gourmande des années 90 démarre avec Angel de Thierry Mugler. À sa sortie en 1992, cette fragrance déroutante jamais sentie, a du mal à faire sa place. On n’avait pas l’habitude de mettre autant de “sucre” sur sa peau.
Mais les effluves gourmands finissent par être addictifs et à l’approche du nouveau millénaire, on aime se se cocooner dans des parfums aux senteurs régressives.
Son overdose de patchouli, ses fruits rouges et sa vanille caramélisée ainsi que sa célèbre molécule d’éthyl-maltol évoquant la barbe-à-papa et le praliné ensorcellent, et dans son sillage se bousculent alors de plus en plus de parfums sucrés aux notes dont on a envie de ne faire qu’une bouchée. Et ce parfum choc désormais passé à la postérité devient le chef de file d’une nouvelle famille olfactive: Les gourmands. Une vague de fragrances aux notes alléchantes, à la fois nostalgiques et sexy, déferle dans nos parfumeries…
Dans la famille gourmande, je voudrais…
La vanille
S’il y a bien une note que l’on pourrait qualifier d’indémodable, c’est la vanille. Les variétés de vanille ont beau être plus d’une centaine, rien n’y fait, la préférée des parfumeurs reste la vanille Bourbon, car ses arômes sont simultanément incroyablement riches et raffinés. En parfumerie, elle sait aussi bien être crémeuse et balsamique qu’éthérée et poudrée, se voulant souvent sensuelle et presque animale, d’autres remplie de tendresse, comme une caresse.
Si les parfumeurs peuvent avoir recours à un bel absolu de vanille, les prix onéreux des gousses de vanille ont démocratisé le recours aux notes synthétiques de vanilline et d’éthylvanilline (bien que l’on puisse obtenir la première naturellement). La vanilline synthétique est utilisée pour la toute première fois au milieu de la foule de notes aromatiques de Jicky (1889). Toujours chez Guerlain, le voluptueux Shalimar (1925) sonne le coup d’envoi de la Guerlinade… qui serait d’ailleurs née après avoir retravaillé Jicky en lui ajoutant de l’éthylvanilline ! Bien sûr, la vanille rayonne également dans Angel.
La guimauve
Saviez-vous qu’avant d’être le bonbon Chamallows de Haribo, la guimauve est une plante provenant de zones humides de Chine, de Russie et d’Europe ? Ce ne sont pas ses feuilles ou ses fleurs qui nous intéressent ici… ce sont ses racines ! En effet, les racines de la guimauve sont riches en mucilage, une matière visqueuse à partir de laquelle on fabriquait la fameuse confiserie aux allures de petit nuage poudré.
La guimauve, en confiserie comme en parfumerie, est aérienne et moelleuse, avec une touche de vanille. Pour la mettre en flacon, on peut se tourner vers la synthèse ou bien vers un accord vanille-fleur d’oranger, présent notamment dans le magnifique poudré L’Heure Bleue (1912) de Guerlain. Citons également le douillet Mademoiselle Guerlain (2014) avec son iris et ses muscs blancs, Quatre en Rouge (2019) de Boucheron, une fragrance fruitée aux allures de pomme d’amour, ou encore Divin’Enfant (2006) d’État Libre d’Orange où la guimauve flirte avec l’amertume du café, du cuir et du tabac.
L’amande
En parfumerie, l’amande rappelle le massepain et la frangipane, et peut évoquer la cerise ou l’amaretto. S’il est impossible d’extraire une essence de l’amande elle-même, on peut obtenir par hydrodistillation de noyaux d’abricots ou de prunes une huile essentielle contenant du benzaldéhyde, un composant olfactif à l’odeur d’amande amère… mais attention : c’est une matière première délicate à travailler à cause de l’acide cyanhydrique qu’elle contient, un composé hautement toxique qu’il faut retirer.
La fève tonka vient alors à la rescousse : il s’agit d’une petite graine dont le principal composant olfactif, la coumarine, exhibe des facettes de tabac, de pain d’épices… et d’amande ! Du côté des molécules de synthèse, les parfumeurs peuvent compter sur la coumarine de synthèse, certes, mais aussi sur l’aldéhyde benzoïque, l’aldéhyde anisique et l’héliotropine – cette dernière est naturellement présente en petite quantité dans la fleur de violette.
En 2007, L’Instant Magic de Guerlain est un des premiers parfums à faire la part belle à l’essence d’amande amère qui y côtoie vanille, muscs et bois. La présence de l’amande teinte le charnel Hypnotic Poison (1998) de Christian Dior d’un peu de douceur tandis que dans La Petite Robe Noire (2012), elle dévoile sa facette cerise la plus élégante, déjà annoncée par la griotte de ses notes de tête. On la retrouve également dans le sulfureux Black Opium (2014) d’Yves Saint-Laurent, La Vie est Belle (2012) avec son iris gourmand, ou encore Un Bois Vanille (2003) de Serge Lutens du côté de la parfumerie de niche. Prada lui dédie une de ses belles infusions.
Le caramel

Qu’elle croque sous la dent ou reste au contraire collée à nos quenottes, cette confiserie incontournable originaire de Bretagne a elle aussi déboulé dans le paysage de la parfumerie avec la sortie d’Angel. Les effluves chaudes et sirupeuses du caramel doivent être obtenues par synthèse : éthyl-maltol, furanéol, sacrasol ou coumarine, les molécules se bousculent pour faire revivre la caractéristique odeur de sucre brûlé, vanillé et lacté d’un caramel doré. Suave et balsamique, le caramel est une note incroyablement régressive.
Pour le retrouver en flacon, outre dans l’incontournable Angel de Mugler, on pense à Scandal (2017) de Jean-Paul Gaultier et à son caramel salé enrobé de miel, à Luna (2016) de Nina Ricci où il se faufile entre des fruits rouges et de la poire, ou à Alien Le Goût du Parfum (2011) de Thierry Mugler, une réinterprétation on ne peut plus charnelle de l’original sorti en 2005, où le bonbon révèle un magnifique cœur de bois de cachemire.
Le cacao
Les fèves de cacao sont décidément partout : on peut s’en délecter dans nos tablettes de chocolat, mais aussi sur notre peau ! Très versatile, le cacao sait aussi bien être une note doudou et lactée qu’une note animale et sensuelle. C’est une habituée des notes de fond, main dans la main avec la vanille, des muscs et des bois pour une sensualité garantie. On peut recueillir ses riches arômes naturellement avec un absolu de poudre de cacao, mais aussi le suggérer, par exemple à travers des muscs, du patchouli et de la fève tonka, ou l’obtenir à l’aide de bases synthétiques comme le chocovan et les pyrazines.
Dans Pure Poison Élixir (2006) par Christian Dior, un absolu de cacao ambré est mêlé à du jasmin et de la fleur d’oranger. Dans L’Instant de Guerlain pour homme (2015), le cacao côtoie un mélange (d)étonnant de thé, de résine et d’épices. Dark (2018) d’Akro, la marque du parfumeur Olivier Cresp, emmène son cacao à la rencontre de cannelle et de noisette et dans Vanilla Diorama (2021), il est baigné dans du rhum et rehaussé d’une pointe de poivre rose.
La fève tonka
Nous l’avons déjà mentionnée plusieurs fois au cours de cet article : la fève tonka est une petite graine noire issue d’un tek d’Amérique du Sud. Une fois tombés, les fruits de l’arbre sont mis à sécher pendant un an, puis, on les casse afin d’en extraire les pépins… qui sont en fait les fèves tonka, que l’on fait macérer dans du rhum une journée entière avant de les sécher. C’est durant de ce processus que se forment de petits cristaux sur la surface de la fève tonka : il s’agit de la coumarine, sa composante principale et celle qui lui donne sa caractéristique senteur amandée aux accents de foin. Une fois les fèves transformées en absolu, elles se veulent alors plus chaudes et baumées, rappelant le tabac.
Un des tout premiers parfums à étrenner la fève tonka sous forme de coumarine synthétique est Jicky – la vanilline de synthèse ne lui avait pas suffi ! Rappelons aussi que la fève tonka est un des ingrédients de la Guerlinade. Au fil du temps, elle est devenue une note fétiche de la maison Guerlain : il y a Shalimar, mais aussi Samsara (1989), Insolence (2006), le magnétique Tonka Impériale (2010)… Bois Doré (2017) de Van Cleef & Arpels et Tobacco Vanille (2007) de Tom Ford allient quant à eux leur fève tonka à l’arôme boisé du tabac, et Tonka Blanc (2022) de L’Artisan Parfumeur est pour le moins surprenant, car au milieu d’une fève amandée et rafraîchie d’agrumes, voilà que s’immisce… le chou-fleur !
Le mot de la faim
Impossible de toutes les citer : miel, dragée, confiture de lait, réglisse… Les notes gourmandes n’en ont pas fini d’attiser à la fois nos papilles et nos narines. Depuis Angel, la barbe à papa continue de fondre sur notre peau ; c’est par exemple le cas dans Sundazed (2019) de Byredo. Les lactones sont quant à elles une famille de molécules capables de reproduire le doux réconfort vanillé du lait chaud ; Le Feu d’Issey d’Issey Miyake est la première fragrance à les utiliser en 1998. Les notes fruitées, majoritairement obtenues à travers la synthèse, sont aussi légion dans les parfums gourmands.
En parlant de fruit, à l’occasion d’Halloween, pourquoi ne pas oser… la citrouille ? Pas de frayeur à avoir : son aspect doucement fruité et onctueux en fait l’allié des fleurs blanches et son côté boisé, celui des épices. L’eau de parfum Fabulous Me (2019) de Paco Rabanne emmène sa citrouille à la rencontre de la rhubarbe dans un cocon de vanille amandée, tandis qu’État Libre d’Orange accompagne l’accord de potiron velouté de Like This (2010) d’immortelles et d’épices.
Envie de continuer à nourrir votre appétit pour l’univers de la parfumerie ? Ça tombe bien : le livre-jeu Master Parfums vous a préparé 120 questions sur le parfum, une pluie de défis olfactifs et des crayons parfumés pour ébaucher votre propre fragrance… peut-être une fragrance gourmande ?
Dans une boîte en cœur pour la Saint-Valentin, un gâteau tout chaud pour le goûter, une tasse que nous buvons après être sortis du lit, ou une plaquette qu’on engloutit en cherchant du réconfort… Au lait, noir extrême, torréfié, cru, agrémenté de fruits secs, ou rafraîchi de menthe ou de piment, voire rehaussé d’une pointe de sel, pour le plus grand plaisir de nos papilles, le cacao s’est taillé une une place de choix dans notre vie. Depuis les années 90, il s’est aussi invité dans nos flacons parfumés.
À l’occasion de la journée mondiale du chocolat, Master Parfums vous emmène découvrir la matière première essentielle à sa fabrication que l’on surnomme l’or brun : le cacao.
Les origines du cacao
Cap sur l’Amérique du Sud : les fèves de cacao viennent d’un arbre, le cacaoyer, dont les tout premiers cultivateurs furent les Olmèques, puis les Mayas de la région du Yucatán au Mexique. Pour les Mayas comme pour les Aztèques, ces fèves sont un symbole d’opulence et de luxe réservé à la royauté et aux dieux. Elles furent pendant longtemps utilisées comme monnaie d’échange contre de la nourriture, des vêtements et des biens précieux.

Avec les fèves les Mayas préparent une boisson amère très populaire nommée xocoatl. Comme vous l’avez peut-être deviné, il s’agit du précurseur du chocolat chaud que nous dégustons aujourd’hui : des fèves de cacao broyées dans de l’eau chaude, transformées en une boisson rougie par du roucou, et agrémentée de piment et parfois de vanille et de tubéreuse. En 1502, Christophe Colomb est le premier européen à y goûter sur l’île de Guanaja, près du Honduras, où il se voit offrir le fameux breuvage, mais Colomb n’est pas convaincu par ce xocoatl trop amer et ne prête pas vraiment d’attention au sac de fèves que lui offrent les Amérindiens.
Olmèques, Toltèques et Mayas vénéraient Quetzalcóatl, le dieu serpent à plumes qui vint sur terre pour offrir aux hommes l’agriculture, les sciences et l’art. Il régna sur Tula devenue une luxuriante cité grâce au coton et aux cacaoyers qu’il avait semés pour que les habitants soient à l’abri de la famine. Mais en leur donnant le cacao, aliment des dieux, il provoqua leur courroux. Plusieurs légendes divergent quant à la façon dont il fut puni mais au final il s’enfuit en prenant la mer et promis qu’il reviendrait lors d’une année du roseau. Ce que fut l’an 1519, lorsque les Espagnols posèrent pied sur le continent. Pensant assister au retour de leur dieu sous les traits d’Hernán Cortès, l’empereur aztèque Moctezuma lui offrit le fameux xocoatl, boisson sacrée, pour l’accueillir.
Conquis par ce breuvage énergétique et euphorisant, grâce à sa teneur en théobromine, Hernàn Cortès en rapporta la recette en Europe, à laquelle on ajouta du sucre afin d’ en atténuer l’amertume, pour finir par enchanter toutes les cours d’Europe. Des siècles plus tard, en 1828, le hollandais Van Houten découvre un procédé pour transformer le cacao en poudre à délayer, et c’est l’anglais Joseph Fry qui met au point en 1947, la première tablette de chocolat dans sa chocolaterie à Londres. Si Christophe Colomb voyait la place qu’occupe aujourd’hui le cacao sous toutes ses formes dans le monde entier, il s’en mordrait sûrement les doigts !
La fève de cacao : aperçu botanique

La fève de cacao vient du cacaoyer, l’espèce la plus cultivée de la famille d’arbres Theobroma. Le cacaoyer est originaire des forêts tropicales d’Amérique centrale et d’Afrique de l’Ouest et aujourd’hui, c’est d’ailleurs l’Afrique qui fournit les deux tiers de la production mondiale de cacao, notamment le Ghana et la Côte d’Ivoire. L’Amérique du Sud se place en deuxième position avec principalement le Brésil et l’Équateur.
Au bout de quatre ans, de petites fleurs jaunes émergent sur le tronc et les branches du cacaoyer. Après avoir été pollinisées, quelques heureuses élues sur des milliers produisent un fruit que l’on appelle cabosse ou gousse – un cacaoyer en fournit en moyenne 80 par an. À l’intérieur de ces gousses se niche une pulpe sucrée à la texture visqueuse et renfermant entre 25 et 50 graines : les précieuses fèves de cacao.

Comptez 4 à 6 mois pour qu’elles parviennent à maturité. Une fois cueillies, on les fait fermenter quelques jours avant de les sécher au soleil. Ensuite, on les torréfie, ce qui a pour conséquence de décupler la quantité de molécules odorantes qu’elles contiennent et donc, de renforcer leur arôme. C’est aussi ce qui donnerait leur amertume. Enfin, les fèves sont broyées pour obtenir de la poudre de cacao qui sera utilisée dans de nombreux produits alimentaires tous plus délicieux les uns que les autres.
La note de cacao et la note de chocolat en parfumerie
En parfumerie, le cacao sert majoritairement à évoquer un chocolat gourmand, chaud et sucré, voire caramélisé… mais il peut être doux, poudré, ou amer, un tantinet boisé. Il a le potentiel de se révéler tour à tour sensuel et réconfortant, épicé et lacté.
Dans nos flacons, c’est souvent en note de fond que l’on retrouve le cacao, côtoyant la vanille, des muscs et une ribambelle de bois pour une sensualité garantie, notamment dans des fragrances orientales. Lorsqu’elle est entourée de fleurs, la note cacaotée voit son côté séducteur accentué, mais attention, elle n’est pas pour autant étrangère aux compositions boisées, fruitées et même aromatiques. De façon générale, le cacao est une note très versatile : quelle que soit la famille olfactive dans laquelle il s’intègre, il y apportera une richesse qui lui est propre.
Obtention de la note de cacao et de chocolat en parfumerie
Il est possible d’obtenir un bel absolu de poudre de cacao, dense et balsamique, presque animal. Si les alcoolats et les extractions au CO₂ sont plus fidèles aux arômes du chocolat sous forme de tablette ou dans un gâteau sortant du four, ils sont aussi coûteux et d’une faible intensité. Ils seront donc plutôt présents dans des compositions en complément d’accords recréant les effluves de cacao qui nous sont familières.
Le patchouli et la fève tonka sont de grands favoris pour évoquer le chocolat, notamment un chocolat amandé lorsqu’il s’agit de la fève tonka. Les muscs, surtout le musc habanolide, permettent de suggérer le sucré du chocolat blanc. Il y a aussi le Chocovan, une base synthétique du laboratoire Givaudan majoritairement composée de vanilline et rappelant la tasse de chocolat chaud du matin. On peut aussi compter sur les pyrazines, des molécules évoquant le chocolat noir dans ce qu’il a de plus raffiné et de brut à la fois.
Quelques parfums autour du cacao
- Les années 90 voient le cacao s’imposer de plus en plus en parfumerie. En 1992, Thierry Mugler le glisse dans son parfum Angel: un cœur fruité et sur fond de vanille, de patchouli et de cacao évoquant un chocolat caramélisé. C’est aussi la puissance d’une molécule d’éthyl-maltol sentant bon la barbe-à-papa… et un énorme choc dans le monde de la parfumerie ! Il est aujourd’hui considéré comme le pionnier de la famille des parfums gourmands.
- Eau de Charlotte (1982) d’Annick Goutal est une élégante fragrance où se mêlent muguet et mimosa. Si la note de chocolat s’y fait plus discrète, elle sublime à merveille celle du bourgeon de cassis.
- Pure Poison Élixir (2006) de Christian Dior signe l’envoûtante rencontre entre fleur d’oranger, jasmin et un absolu de cacao ambré.
- Dans l’étonnant parfum aromatique fougère CK IN2U for Him (2007) de Calvin Klein, le cacao retrouve un vieil ami d’Amérique du Sud : le piment !
- L’Instant de Guerlain pour homme (2015) : ce parfum oriental combine son cacao à des notes de thé, de jasmin, de résine et d’épices… Un mariage surprenant.
- Yes I Do (2016) par État Libre d’Orange nous offre des notes délicieusement régressives de canne à sucre et de guimauve et libère un sillage cacaoté aux accents d’ambre solaire.
- Cacao Porcelana (2019) de la maison de niche Atelier Materi propose une surprenante variété de cacao blanc provenant du Pérou, rappelant aussi bien le lait que l’amertume de la noix. Après une envolée liquoreuse, des notes de tabac blond et de bois de santal en font une fragrance poudrée on ne peut plus sensuelle.
- Chez Dior, Vanilla Diorama (2021) s’ouvre sur le piquant du poivre rose avant de nous régaler avec son cacao, sa cardamome et son rhum pour une fragrance chaude et un brin animale, le tout dans une enveloppe de vanille bourbon.
- Évidemment, il était logique que la marque Akro du parfumeur Olivier Cresp, célèbre l’addiction au chocolat dans Dark, fragrance douce-amère où le cacao flirte avec la vanille et la cannelle, et se laisse séduire par la gourmandise de la noisette.
Envie de vous amuser à créer des accords gourmands, avec le livre-jeu Olfactif Master Parfums et ses crayons parfumés vous pourrez esquisser sur mouillettes de quoi vous donner envie de douceurs !
“L’odorat, le mystérieux aide-mémoire, venait de faire revivre en lui tout un monde.” Vous avez très probablement déjà fait l’expérience de cette merveilleuse phrase de Victor Hugo : notre cinquième sens a en effet le pouvoir de faire remonter à la surface un flot d’émotions et de souvenirs, des souvenirs dont certains avaient parfois commencé à prendre la poussière… C’est précisément sur les liens étroits entre notre nez et nos émotions que se base l’olfactothérapie, une pratique que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.
Odorat et émotions : une relation privilégiée
Saviez-vous que l’odorat était le seul de nos sens à être anatomiquement relié à nos émotions et nos souvenirs ? Pour mieux comprendre cette relation, il faut retracer le chemin que prend une odeur lorsqu’elle vient chatouiller notre nez.
Les composants chimiques d’une odeur entrent en contact avec notre muqueuse olfactive, située tout en haut de notre cavité nasale. Cette muqueuse, constituée de millions de neurones olfactifs, a pour mission de transformer ces composants en un message nerveux qui pourra ensuite être décrypté par notre cerveau. La muqueuse est en communication directe avec le bulbe olfactif qui reçoit ce message, puis, cap sur deux systèmes différents.
D’un côté, il y a le système conscient grâce auquel nous sommes capables d’identifier les odeurs, de les nommer et de les différencier. De l’autre, il y a le système limbique, la zone de notre cerveau gérant nos émotions (à travers l’amygdale) et nos souvenirs (à travers l’hippocampe).
Prenant en compte cette proximité physique et neurologique entre odorat et émotions, il n’est pas étonnant que notre mémoire olfactive soit la plus résiliente de toutes. Notre système limbique ne se contente pas de générer des émotions passagères, il garde aussi une trace des associations d’odeurs et d’émotions dont nous faisons l’expérience au long de notre vie. Une faculté incroyable, mais à double tranchant : si les effluves de la vanille vous donnent instantanément le sourire aux lèvres, vous rappelant cette glace que vous dégustiez tous les étés, insouciant et haut comme trois pommes, d’autres senteurs pourraient vous renvoyer à des souvenirs bien moins agréables. Une union pour le meilleur comme pour le pire !
Avant de définir plus précisément l’olfactothérapie, il est important de la distinguer d’autres disciplines liées aux odeurs avec lesquelles on la confond parfois.
Olfactothérapie vs aromathérapie et aromachologie
L’aromathérapie a pour but de traiter des problèmes physiques, par exemple, un mal de tête persistant ou des douleurs musculaires, et s’appuie pour cela sur les vertus pharmacologiques de différentes huiles essentielles. De son côté, l’aromachologie est la science se penchant sur la façon dont les odeurs se répercutent sur notre humeur et nos actions.
Mais s’il y a bien une différence entre l’olfactothérapie et l’aromathérapie, elles ne sont pourtant pas si éloignées l’une de l’autre : l’olfactothérapie est en fait une branche de l’aromathérapie, celle qui aide à cicatriser des maux psychologiques et non physiques, mais qui n’en sont pas moins réels.
L’olfactothérapie, quésaco ?
L’olfactothérapie voit le jour en 1992 lorsqu’elle est développée par le thérapeute et somatologue Gilles Fournil, avant qu’il ne commence à l’enseigner trois ans plus tard. Il s’agit d’une thérapie psycho-émotionnelle consistant à stimuler notre odorat et à exploiter sa relation avec notre mémoire afin de nous libérer de certaines barrières émotionnelles : on peut vouloir débrider une émotion réprimée ou au contraire en réfréner une autre, raviver un souvenir lointain ou faire en sorte qu’un autre ne nous pèse plus autant.
La méthode de Gilles Fournil

La méthode de Fournil se base sur un kit composé de seize huiles essentielles soigneusement sélectionnées par le thérapeute, parmi lesquelles on compte le cèdre de l’Atlas, la myrrhe ou encore le jasmin. Après avoir senti ces huiles une à une, on demande au patient de les classer de celle qu’il a préférée à celle qu’il a le moins aimée. Le travail de l’olfactothérapeute se fait ensuite autour de l’huile essentielle en tête de liste et en fin de liste, cette dernière étant souvent révélatrice d’un blocage psychologique. L’objectif ? “Le travail est réussi quand l’odeur ne dérange plus le consultant. Et 7 fois sur 10 à la fin d’une séance, l’odeur qui était non aimée devient pacifiée. Tout est une question de perception” explique lui-même Gilles Fournil.
Le but est donc de transformer la charge négative révélée par les odeurs que le patient rejette en une charge pas forcément positive, mais en tout cas, neutre, parfois au cours de plusieurs séances. Au-delà d’une odeur, c’est surtout une émotion ou une croyance négative que l’on apprivoise.
Avec le succès grandissant de l’olfactothérapie, de plus en plus de thérapeutes décident de se former à sa pratique.
Applications de l’olfactothérapie
Les applications de l’olfactothérapie sont nombreuses : qu’il s’agisse d’aider des patients en soins palliatifs, sortant d’un coma ou en proie à un traumatisme, l’olfactothérapie peut être bénéfique partout où il est question d’apaiser notre mental.
À l’hôpital Raymond-Poincarré de Garches et à la Pitié-Salpêtrière, l’aromachologue et olfactothérapeute Patty Canac vise à stimuler le langage des patients après un traumatisme crânien ou un AVC. On lui doit une méthode de thérapie olfactive nommée Olfarom incluant des huiles essentielles naturelles, mais aussi des parfums de synthèse ayant pour objectif de rappeler aux patients des senteurs de la vie de tous les jours comme celles du chocolat, du gaz ou encore du crayon à papier.
Olfactothérapie et mémoire
Pour les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles de la mémoire, l’olfactothérapie ouvre un fabuleux champ des possibles. On peut stimuler la mémoire d’un patient à travers des odeurs autrefois familières, liées à son parcours de vie. Imaginons un patient ayant vécu en Provence : un travail autour de l’huile essentielle de lavande peut potentiellement faire resurgir des images et des moments de son vécu auparavant oubliés. Le fameux concept de “madeleine de Proust” que l’on emploie si souvent dans le monde du parfum n’a jamais eu autant de sens !
Olfactothérapie et anosmie
Pandémie de Covid-19 oblige, une autre finalité de l’olfactothérapie ayant gagné en popularité ces dernières années est celle visant à la rééducation olfactive de personnes ayant perdu l’odorat (anosmie) et le goût (agueusie). Être privé des plaisirs générés par ces sens peut être difficile à vivre… Et que dire du risque d’accidents qui est décuplé lorsque notre nez ne tire plus la sonnette d’alarme face à un ingrédient avarié ou une odeur de brûlé ?
Bonne nouvelle : l’exposition répétée à des odeurs pourrait favoriser la régénération de la muqueuse olfactive et restaurer les connexions entre les neurones nous permettant de sentir le monde dans lequel nous vivons. Une piste prometteuse, et d’autant plus précieuse du fait qu’il n’est pas toujours possible de traiter l’anosmie par une prise de médicaments. À l’Université de Nice, on travaille à mettre en place des protocoles pour rééduquer le nez des personnes ayant gardé des séquelles de la Covid.
En France, sous l’impulsion de Mme Véronique Le Lan, orthophoniste et formatrice, experte en troubles olfacto-gustatifs, de nombreux orthophonistes traitent aujourd’hui leurs patients souffrant de troubles olfacto-gustatifs, notamment post-covid, en intégrant à leur protocole les crayons parfumés et les cartes du Livre-Jeu Olfactif Master Parfums. (photo de l’article qui est en carrousel sur le site MP)
Un avant-goût d’olfactothérapie… chez vous !

On peut entraîner son odorat chez soi, en sentant à l’aveugle les odeurs qui nous entourent, alors, à vos tiroirs ! Envie d’aller plus loin ? Stimulez votre cinquième sens avec le jeu olfactif Master Parfums et ses crayons parfumés, un jeu qui a été reconnu par des orthophonistes comme bénéfique dans le cadre d’une thérapie olfacto-gustative.
Ohé, ohé, c’est la rentrée ! Pour beaucoup, les vacances s’achèvent. Peut-être vous apprêtez-vous à retourner derrière un bureau et à retrouver les responsabilités du monde du travail… Pas si vite. Master Parfums vous propose de retomber en enfance le temps d’un article autour des odeurs de l’école – celles qui ont le pouvoir de nous transporter dans une salle de classe, entre dictées et récrés.
Le crayon à papier
HB, B, 2B, on ne savait pas toujours ce que cela voulait dire, mais existe-t-il une fourniture plus classique que le crayon à papier ? Cet incontournable de nos trousses qui voit le jour à la fin du XVIIIe siècle est d’abord fait de bois de genévrier, puis de cèdre rouge. Aujourd’hui, c’est le cèdre à encens qui est majoritairement utilisé pour sa fabrication. Au bout de son corps en bois, il y a bien sûr sa mine grise composée de graphite et d’argile.
Pour évoquer la senteur boisée et doucement minérale du crayon à papier, rien de tel que le cèdre, donc… mais pas n’importe lequel, car tous ne se valent pas. Le cèdre de l’Atlas exhibe par exemple une facette cuirée, voire animale. Pas vraiment de quoi nous ramener derrière un pupitre. Non, la star, c’est le cèdre de Virginie ou cèdre rouge, dont les copeaux de bois sont distillés afin d’en extraire une riche huile essentielle. Les molécules de cédrol que cette huile renferme lui confèrent un aspect boisé vert, doux et sec à la fois.
Si le cèdre est devenu le chouchou de nombreuses familles olfactives grâce à son immense pouvoir de fixation des notes qu’il côtoie, placez-le dans un parfum boisé, et il rayonne véritablement, surtout au contact d’autres bois. Light Blue de Dolce & Gabbana et son bois de bambou, Tam Dao de Diptyque et son santal ou encore Super Cedar de Byredo où s’invite le vétiver sont quelques fragrances autour du cèdre ayant réussi à retrouver l’odeur d’un crayon à papier fraîchement taillé et prêt à être utilisé… ce qui nous amène au papier.
Le papier

Que ce soit dans un cahier à grands carreaux tout neuf, un roman lu avec réticence pendant l’été ou un manuel de seconde main, qui n’a jamais trouvé du réconfort dans l’odeur du papier ? Les effluves légèrement sucrées qui s’en dégagent et se renforcent avec le temps sont principalement dues à deux composants : la cellulose et la lignine.
En effet, les arbres sont majoritairement composés de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Lorsqu’un bois est traité pour fabriquer de la pâte à papier, on en extrait la cellulose, mais on met les deux autres à la porte. La lignine peut notamment rendre le papier trop rigide et difficile à manipuler. Mais qu’à cela ne tienne, elle ne dit pas son dernier mot, car la séparation ne se fait jamais complètement : certaines de ses huiles essentielles s’accrochent à la cellulose, et ce sont elles qui font la signature olfactive des livres et cahiers qui rendaient rapidement nos cartables un peu trop lourds à porter.
La lignine, qui se contentait auparavant d’être un résidu des papeteries, est aujourd’hui utilisée en parfumerie, surtout pour synthétiser la vanilline et recréer la douce odeur des gousses de vanille plus rapidement et à moindre coût. Le papier contient aussi de l’acide acétique à la senteur vinaigrée, des aldéhydes rappelant l’herbe sèche, ou encore du benzaldéhyde, évoquant quant à lui l’amande amère. Avec le passage du temps, ces composants se dégradent… pour le plus grand bonheur de nos narines, car l’odeur du papier que nous aimons tant s’en trouve alors exacerbée !
La délicatesse poudrée d’Amande Persane de Roger & Gallet, de L’Eau d’Hiver des Éditions de Parfums Frédéric Malle ou peut-être de Vanille Exquise d’Annick Goutal vous plongeront ainsi le nez entre des pages blanches. Et si vous préférez l’odeur des pages jaunies par le temps, Old Books de la maison The Perfumer’s Story by Azzi recrée le côté plus boisé et résineux du papier vieillissant.
L’odeur d’un livre variera en fonction de son âge, donc, mais aussi du type de papier employé, de l’encre qui figure sur ses pages ainsi que de la colle utilisée pour les relier. En parlant de colle, de nombreuses d’entre elles se vantent aujourd’hui d’être sans parfum ; une aberration pour les anciens écoliers pour qui l’odeur de la colle Cléopâtre est une madeleine de Proust sans pareil. Retournons dans la trousse avec ce produit au bouchon orange et sa fameuse senteur d’amande aux accents chimiques.
La colle Cléopâtre
En 1930, Pierre Chamson fonde l’entreprise Cléopâtre et fabrique dans son appartement parisien une colle du même nom à base d’amidon de pomme de terre. Mais face à une concurrence parfois rude, il faut bien se réinventer. Ni une ni deux, le pot s’arme d’un petit pinceau et surtout, en 1934, de l’odeur d’amande qui fera son succès. La molécule qui livre la caractéristique odeur de la colle Cléopâtre est le benzaldéhyde mentionné plus haut, aussi appelé amandol, car on le retrouve dans l’essence d’amande amère. À l’époque, le but n’était pourtant pas de conférer une quelconque fragrance à la colle, seulement de faciliter le travail de sa texture et de pouvoir la conserver plus longtemps.
Dans la cologne Gentlewoman de Juliette Has A Gun, la colle Cléopâtre est ramenée à la vie par une amande intensifiée par de la fleur d’oranger et enveloppée d’ambroxan et de muscs. Doudou de Jean-Charles de Castelbajac revendique lui aussi la colle Cléopâtre comme inspiration. Sans surprise, il est l’union entre une amande verte, de la fleur d’oranger et de l’orange amère. Dans la même lignée, Serge Lutens livre avec Louve une amande épurée et poudrée.
Pot-pourri de senteurs scolaires
Il y a encore tant d’odeurs de la rentrée scolaire à redécouvrir ! Peut-être vous souvenez-vous d’avoir choisi avec enthousiasme la couleur de vos protège-cahiers à l’approche du mois de septembre… Le parfum qui en émane vient de résidus de chlorure de vinyle, un gaz toxique lorsqu’il est présent en grande quantité, ce qui n’est heureusement pas le cas dans les protège-cahiers – bonne nouvelle pour celles et ceux qui aimaient humer leur odeur éthérée.

L’encre de stylo-plume doit quant à elle son odeur à la faible dose de phénol qui y fait office de conservateur. Soupçonnée elle aussi d’avoir des effets nocifs à haute concentration, elle a prudemment été remplacée. Adieu, donc, à son odeur un poil cuirée évoquant quelquefois le champignon et même la tapenade. Le Messager de Courrèges, Téméraire de Givenchy, M/Mink de Byredo ou encore L’Eau Papier de Diptyque sont autant de fragrances faisant revivre l’encre qui finissait parfois plus sur nos doigts que sur nos feuilles. L’Eau Papier présente aussi un accord de vapeur de riz suggérant, vous l’aurez deviné, le papier. Mentionnons également Comme des Garçons 2, un parfum boisé mettant à l’honneur l’encre japonaise Sumi, l’accompagnant d’une ribambelle d’épices, d’encens et de cèdre.
Tentés de retrouver la senteur âpre et minérale de la craie sur un tableau noir ? Faites un tour du côté de Royal Bain de Caron ou de De Bachmakov par The Different Company.
Ce tour d’horizon de notes écolières vous a donné envie d’en apprendre plus sur la composition d’un parfum ? Avec ses 120 questions autour du fascinant univers de la parfumerie, le jeu Master Parfums a la solution, et ce n’est pas tout : avec ses crayons parfumés, ébaucher votre propre fragrance devient un jeu d’enfant !
Parmi les matières premières les plus adulées en parfumerie, il y en a une capable d’exhiber tour à tour une innocence réconfortante et une sensualité sans égal : faites place à l’ensorcelante vanille, un ingrédient de circonstance, car c’est en août que sa récolte bat son plein. Vous allez le voir, la vanille n’a pas toujours accepté de livrer ses gousses tant convoitées aux parfumeurs… Master Parfums vous raconte.
Sur les traces de la vanille
Dans la mythologie du peuple amérindien Totonaque, la princesse Tzacopontziza, au service de la déesse de la récolte et de la nourriture Tonoacayohua, doit faire vœu de chasteté… mais voilà qu’elle et le prince Zkatan-Oxga tombent amoureux ! Alors que les tourtereaux s’enfuient pour vivre leur amour, ils sont rattrapés et sacrifiés. On raconte qu’à l’endroit de la forêt où leur sang est versé naît un arbuste autour duquel s’enroule une liane de vanille parée de petites fleurs étoilées…
Restons en Amérique centrale, où la vanille trouve ses racines. La vanille Bourbon, la variété star dont nous allons parler aujourd’hui, vient du Mexique. Au XVe siècle, les Aztèques élaborent le xocoatl, en náhuatl xoco (amer) et atl (eau), une boisson à base de fèves de cacao et agrémentée, vous l’aurez deviné, de vanille. Oui, il s’agit bien de l’ancêtre de notre chocolat chaud ! Si les Aztèques fabriquent le breuvage, faute de conditions climatiques adéquates pour pouvoir la cultiver, c’est chez leurs voisins les Totonaques qu’ils s’approvisionnent en vanille.

En 1519, quand les Espagnols posent le pied au Mexique, le conquistador Hernán Cortés est accueilli par l’empereur Moctezuma qui lui offre cette boisson en guise de bienvenue. Conquis Cortés rapporta en Espagne la recette mais également les ingrédients nécessaires à sa fabrication. Coup de cœur en Europe : le chocolat chaud fait fureur, et l’attention se porte sur la petite gousse aux riches arômes servant à le fabriquer.
Des fruits qui se font désirer
Au XVIIIe siècle, André Thouin, jardinier de Louis XIV, tente de cultiver le tout premier plant de vanille en France… mais pas un seul fruit à l’horizon. Friand de la petite gousse, le Roi-Soleil exporte la vanille sur l’île de la Réunion (à l’époque une colonie française appelée l’île Bourbon) dans l’espoir que le climat tropical fasse fructifier la fleur… sans succès. Les Totonaques auraient-ils un secret bien gardé ?
En fait, la fleur de vanille est hermaphrodite et ne peut pas se reproduire seule. Elle a besoin d’un coup de pouce, en l’occurrence, celui d’une petite abeille, la mélipone, qu’on ne trouve qu’au Mexique et aux Antilles, et qui n’est pas acclimatée à l’île Bourbon. C’est vraisemblablement l’impasse… enfin, c’était sans compter sur le génie d’un jeune esclave, Edmond Albius.
La découverte révolutionnaire d’Edmond Albius
En 1841, un jeune esclave réunionnais fait une découverte qui va chambouler le cours de l’histoire de la vanille. Alors qu’il n’a que 12 ans, Albius découvre que l’on peut polliniser manuellement l’orchidée planifolia et en développe la technique : il s’agit de faire la différence entre les organes mâles et femelles de la fleur et de les polliniser à l’aide d’une épine en bois en déchirant la membrane qui les sépare.
La technique, qui est toujours utilisée aujourd’hui, porte ses fruits et propulse l’île Bourbon au rang de chef de file en matière de production de vanille… d’où le nom de “vanille Bourbon” ! Madagascar a depuis pris le relais.
Aperçu botanique et aromatique
La gousse de vanille est le fruit d’une orchidée liane grimpante pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, la seule orchidée au monde capable de produire un fruit que nous puissions nous mettre sous la dent. Pompona, de Madagascar, de Tahiti… Il existe pas moins de 110 espèces de vanille, mais la chouchoute aussi bien en cuisine qu’en parfumerie est la vanille planifolia, plus communément appelée vanille Bourbon. Son arôme est de loin le plus riche, le plus raffiné à la fois, et le plus persistant.
En parfumerie, la vanille Bourbon évoque des notes chaudes, chocolatées et crémeuses, mais ne se réduit pas pour autant qu’à son côté gourmand ! Elle sait aussi être tendre et enfantine, aérienne et poudrée, d’autres fois sensuelle et presque animale, se parant d’accents boisés, balsamiques, épicés ou cuirés. Sa présence peut aussi bien conférer de l’onctuosité et de l’opulence à une fragrance qu’adoucir des notes plus âpres et plus brutes.
La vanille est un ingrédient fétiche des notes de fond [lien article Notes de tête, de cœur et de fond en parfumerie], surtout dans les parfums orientaux-ambrés, étant capable d’y créer un sillage sans pareil… mais elle ne s’en invite pas moins dans des fragrances de toutes les autres familles et est aussi fréquemment travaillée comme note centrale.
La transformation de la vanille Bourbon

Les gousses de vanille Bourbon sont généralement cueillies au mois d’août, lorsqu’elles sont arrivées au stade dit “queue de serpent” : si environ 1 cm de leur extrémité a pris une couleur jaune, les gousses peuvent commencer le processus les conditionnant pour être utilisées comme matière première.
- Vient d’abord l’échaudage. C’est en ébouillantant les gousses dans de l’eau brûlante durant trois minutes qu’on active les enzymes révélant leur caractéristique arôme. Eh oui, à l’état naturel, les gousses sont inodores !
- Ensuite, c’est au tour de l’étuvage. Les gousses sont placées dans des couvertures en laine pendant trois jours, à la fois pour qu’elles perdent leur eau et conservent leur chaleur.
- Troisième étape : le séchage pendant plusieurs semaines, au soleil puis à l’ombre, pour éviter l’apparition de vilaines bactéries. C’est là qu’elles développent la jolie couleur d’un brun profond qu’on leur connaît.
- Il est temps de finir avec l’affinage en malle : on s’assure que les gousses sont bien sèches et on les place dans des caisses en bois ou en métal. Elles sont régulièrement contrôlées pour assurer leur bonne conservation, triées en fonction de leur taille et de leur couleur, et lissées à la main pour répartir leurs arômes qui ne cessent de se développer et de se renforcer pendant cette dernière étape.
Pour incorporer la vanille en parfumerie, on faisait autrefois macérer les gousses coupées en petits morceaux dans de l’alcool pour obtenir ce qu’on appelait une teinture de vanille. Cette technique est aujourd’hui tombée en désuétude et on lui préfère une extraction au solvant volatil pour tirer des gousses un riche absolu de vanille.
Mais voilà, le long processus pour que les gousses récoltées deviennent exploitables peut durer presque un an, et il a un coût : 1000 euros le kilo de gousses. Heureusement, les chimistes et les parfumeurs ont quelques solutions en poche.
Des alternatives synthétiques : la vanilline et l’éthylvanilline
La composante principale de la vanille qui lui donne sa senteur tant appréciée est la vanilline (c’est d’ailleurs la vanille Bourbon qui en contient le plus). Au XIXe siècle, même si on sait déjà l’extraire de la gousse, on s’attelle à la synthétiser afin de pouvoir profiter de son potentiel olfactif à moindre coût et plus rapidement. La vanilline naturelle est certes plus aromatique et nuancée, mais celle de synthèse est bien moins onéreuse. Aujourd’hui, la vanilline synthétique est l’arôme le plus fabriqué au monde !
La molécule d’éthylvanilline, elle aussi synthétisée au XIXe siècle, est aussi une alternative. Si elle est plus chère que la vanilline de synthèse, elle le reste toutefois moins que la vanilline naturelle. Plus gourmande et alimentaire, elle a une odeur quatre fois plus forte que celle de la vanilline de synthèse, ce qui permet d’en réduire la quantité utilisée.
Sélection de parfums vanillés
- Aimé Guerlain est le premier à faire usage de vanilline synthétique dans l’insaisissable Jicky (1889), une pluie d’aromates dont la vanille des notes de fond se marie à la perfection avec une note de lavande, de la coumarine et de la civette.
- Avec l’ultra-sensuel oriental Shalimar (1925), Guerlain inaugure sa Guerlinade : la légendaire base de parfum irisée et vanillée de la maison serait née après que la formule de Jicky eut été retravaillée et agrémentée d’une bonne dose d’éthylvanilline !
- Caron orchestre la rencontre entre vanille et lavande dans son classique aromatique Pour un homme (1934).
- On pourrait voir en Habit Rouge (1965), fragrance boisée et épicée de Guerlain, une sorte de Shalimar au masculin.
- Avec le désormais incontournable parfum pour femme Angel (1992) de Thierry Mugler, l’union entre la vanille et la molécule d’éthyl-maltol rappelle un délicieux caramel fondant sur un puissante boule de patchouli
- Dans Spiritueuse Double Vanille (2007) de Guerlain, une vanille en surdose devient liquoreuse au contact du rhum.
- Pour Essential Parfums, Olivier Pescheux signe Divine Vanille (2019) où la présence la belle se révèle moins gourmande , plus mystérieuse, soyeuse, teintée des accents abricotés et cuirés de l’osmanthus.
- Avec Velvet Tonka (2021), BDK Parfums, étoile montante de la parfumerie de niche, travaille l’absolu de vanille façon corne de gazelle aux côtés de la rose, de l’amande et de la fleur d’oranger.
Encore aujourd’hui, les armoiries de l’île de la Réunion arborent une liane de vanille et un message en latin gorgé d’espoir : Florebo Quocumque Ferar, “je fleurirai partout où je m’accrocherai.” Et comment ! Nous l’avons vu, en parfumerie, la vanille est aujourd’hui omniprésente, et pour cause : la versatilité de sa riche palette olfactive est inégalée.
Envie de découvrir d’autres ingrédients phares de la parfumerie ? C’est possible avec le jeu Master Parfums qui vous permet d’en apprendre plus sur ces matières et surtout, de les sentir grâce à ses crayons parfumés.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi après avoir senti un parfum, cette note de bergamote si aguicheuse vous a fait faux bond passé quelques minutes ? Comment se fait-il qu’au fil des heures, une fragrance puisse prendre un tel virage olfactif ? Cela est lié à la façon dont les différentes notes d’une composition cohabitent au sein de ce qu’on appelle la pyramide olfactive, une pyramide au cœur de laquelle Master Parfums vous emmène aujourd’hui.
La pyramide olfactive : la clé d’un parfum équilibré
On doit le concept de pyramide olfactive à Jean Carles, parfumeur de renom, grand pédagogue, et fondateur de l’école de parfumerie de Roure, devenu Givaudan, le leader mondial de la fabrication de fragrances et d’arômes. Cette pyramide est une manière de décomposer un parfum en répartissant ses ingrédients en trois niveaux différents selon leur persistance dans le temps et leur intensité : les notes de tête au sommet, les notes de cœur en son centre et les notes de fond à sa base.
La pyramide olfactive correspond en effet à l’ordre dans lequel les notes d’une composition se dévoilent. Une fragrance peut réunir des centaines d’ingrédients ! Heureusement pour nous, chaque matière première possède une vitesse d’évaporation qui lui est propre.
Plus les molécules d’une matière première sont légères, plus sa senteur sera fugace, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle est discrète (ex: les agrumes sont très vives et fusantes mais en contrepartie très fugaces) À l’inverse, les matières aux molécules plus lourdes seront présentes dès le moment où vous sentez le parfum et s’installeront durablement, plusieurs heures, voire plusieurs jours. Elles permettront en outre d’assurer la tenue de la fragrance sur la peau. On pourrait utiliser l’allégorie de la plume et de la pierre: la plume, très légère, s’envolera au moindre coup de vent, la pierre plus lourde restera ancrée.
Penchons-nous d’un peu plus près sur les différents niveaux de la pyramide olfactive.
Les notes de tête : premières impressions
Après avoir vaporisé un parfum, les notes de tête sont les premières à venir chatouiller nos narines. En y faisant référence, on parle souvent de “l’envolée” de la fragrance. Plus une composition fait la part belle à ses notes de tête, plus la fragrance sera fraîche et vive… mais aussi furtive. C’est grâce à ces notes de tête que l’on sera attiré par le parfum.
Les facettes suivantes sont généralement privilégiées en notes de tête :
- La facette hespéridée : néroli, bergamote, citron, mandarine… Les agrumes se bousculent pour une entrée en matière énergisante: pétillantes, joyeuses, acidulées, rafraîchissantes;
- La facette aromatique avec des notes telles que le romarin, la lavande, le basilic ou encore l’anis : propres, énergisantes, tonifiantes. Cette facette est souvent privilégiée du côté des parfums pour homme, car ces notes entraient dans la composition des après-rasages pour leurs propriétés antiseptiques et apaisantes.
- La facette aquatique (aussi appelée marine ou iodée) : on y trouve des molécules de synthèse comme la calone et l’hélional, mais aussi des notes naturelles provenant, par exemple, de certaines algues: revigorantes, toniques, “salées”, parfois même relaxantes (eau douce);
- La facette propre, offrant des notes aériennes évoquant l’air pur et le linge fraîchement lavé (dihydromyrcénol, aldéhydes…);
- La facette verte avec par exemple, le caractère verdoyant du bourgeon de cassis ou de la feuille de violette: naturelles, végétales, printanières;
- La facette épicée froide et le peps du gingembre, de la cardamome ou encore de la baie de genièvre: vives, exotiques, mordantes;).
Si les notes de tête sont intenses, elles tirent leur révérence après 15 à 30 minutes. Aussitôt arrivées, aussitôt éclipsées ! D’où l’importance de laisser le temps à une fragrance de s’exprimer… ce qu’elle fait avec les notes de cœur.
Les notes de cœur : le thème principal
Avec les notes de cœur, le parfum nous dit qui il est vraiment. Ce sont ces notes qui définissent le sillage d’une fragrance… c’est donc sur elles que repose l’identité olfactive d’une composition.
En se remémorant un parfum qui nous a marqué, ce sont souvent ses notes de cœur et ses notes de fond qui nous viennent à l’esprit.
Sont généralement au rendez-vous dans les notes de cœur…
- La facette épicée froide, à mi chemin entre les notes de tête et les notes de coeur, avec le peps du gingembre, de la cardamome ou encore de la baie de genièvre: vives, exotiques, mordantes;
- La facette épicée, mettant à l’honneur cette fois-ci des épices chaudes comme le poivre, le safran ou la noix de muscade et la cannelle: chaleureuses, piquantes, enveloppantes ;
- La facette florale, offre un florilège d’options: tendre et romantique (rose, pivoine, néroli), printanière et innocente (muguet, jacinthe, violette), capiteuse et enjôleuse (les fleurs blanches comme le jasmin, la tubéreuse, la fleur d’oranger, le narcisse…), épicée et exubérante (lys, oeillet), solaire et lumineuse (ylang-ylang, tiaré, frangipanier…) Il est très fréquent de placer des notes florales au centre des fragrances à destination d’un public féminin ; Même si des fleurs comme la rose ou le jasmin sont au Moyen-Orient très prisées par le public masculin.
- La facette fruitée : colorée et gourmande ses notes peuvent évoquer des contrées lointaines ou non… Une ribambelle de fruits peut faire vivre les notes de cœur ; fruits du verger (pomme, poire, pêche, figue, prune, coing…), fruits tropicaux ( fruit de la passion, mangue, ananas, coco…), fruits d’eau (pastèque, melon…). On peut aussi trouver quelques fleurs aux arômes fruités tels que l’osmanthus, petite fleur de chine, aux accents abricotés.
- La facette boisée, à la frontière des notes de cœur et des notes de fond, en fonction du type de matière premières. Là encore, on distingue des typicités différentes: les bois dits “secs” (cèdre, vétiver, pin), les bois dits “chauds” (santal, cashmeran®…), les bois fumés/cuirés (gaïac, cèdre du liban, oud…), les notes de bois poudrés (iris, qui par sa richesse olfactive, peut aussi se retrouver dans les facettes florale ou poudrée), et les notes de sous-bois (patchouli, mousse de chêne…).
On peut souvent déjà discerner les contours des notes de cœur quelques minutes après la vaporisation d’un parfum, mais ce n’est qu’après que les notes de tête se soient envolées qu’on les appréciera pleinement, et ce pendant 3 à 6 heures, déroulant progressivement le tapis rouge aux notes de fond.
Les notes de fond : une ancre olfactive
Les notes de fond, les dernières à se révéler pleinement, forment la base du parfum, un socle qui va soutenir tout ce beau monde passé avant elles. En effet, leur rôle n’est pas seulement de prolonger le plaisir olfactif il est aussi de renforcer les notes précédentes. En somme, les notes de fond sont les garantes de la profondeur d’une fragrance. Elles peuvent persister des jours sur la peau, les cheveux ou les vêtements… voire des semaines ! Elles sont l’âme du parfum…
Les facettes se prêtant habituellement au jeu des notes de fond sont…
- La facette mystique avec ses notes balsamiques (résineuses) d’encens, de myrrhe ou de benjoin ;
- La facette ambrée et ses chaudes notes de patchouli, d’ambre, de labdanum…
- La facette gourmande et sucrée avec, bien sûr, l’indémodable vanille, mais aussi la fève tonka, le caramel, le miel, et l’amande…
- La facette animale : musc, civette, castoreum, ainsi que des notes aux accents cuirés (bouleau, safran…) ou l’oud, sont ici au rendez-vous ; Notons que la plupart des notes animales sont aujourd’hui, pour la plupart (celles nécessitant de tuer l’animal), des reproductions synthétiques.
- La facette poudrée : faites place à l’iris, à la violette, parfois au mimosa , molletonnés de muscs blancs.
De la même façon que des notes de tête en abondance confèrent de la légèreté à une fragrance, lorsque les notes de fond sont dominantes, le parfum en sera d’autant plus opulent.
La pyramide olfactive et vous
Vous l’aurez compris, la pyramide olfactive permet d’assurer l’équilibre d’une fragrance en maîtrisant son évolution au fil du temps. Le meilleur moyen de découvrir un parfum est de le laisser se dévoiler sur votre peau : vous n’en apprécierez que mieux l’histoire que le parfumeur a voulu écrire.
L’envie vous titille de créer votre propre pyramide olfactive ? C’est possible avec le jeu Master Parfums. Il vous permettra non seulement de tout savoir sur le processus de composition d’un parfum, mais aussi d’ébaucher vous-même votre propre création grâce à ses crayons parfumés. Le jeu idéal pour mieux comprendre comment fonctionne cette symphonie des notes !
Article collégial rédigé par Hélène Sanchez & Anne-Laure Hennequin
Si les joailliers s’aventurant dans le monde de la parfumerie nous paraissent aujourd’hui une évidence, la genèse de cette pratique n’est pourtant pas si lointaine.
Si le tout premier se lançant dans cette aventure parfumée fut le joaillier Lacloche dans un flacon en forme de cloche, ce dernier fut très confidentiel et aujourd’hui tombé dans l’oubli. En revanche, First de Van Cleef & Arpels, fut en réalité le tout premier parfum de joaillier lancé comme un grand parfum. Master Parfums vous emmène en 1976 à la découverte de cette fragrance emblématique.
Un lendemain de crise
L’an 1976, c’est une France en proie à une forte canicule et surtout, au lendemain d’un choc pétrolier auquel une économie en crise a emboîté le pas. C’est aussi l’année où la place Vendôme voit éclore un drôle de bourgeon : un produit ayant pour vocation de jouer le rôle de passerelle entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers scintillant du luxe. C’est beau, ça brille… et quand ça brille, c’est onéreux. De l’autre côté, il y a la femme française des années 70, dont le porte-monnaie et son pouvoir d’achat ont pris un sacré coup. Qu’à cela ne tienne : sur la place Vendôme, le joaillier Van Cleef & Arpels prépare la réconciliation.
La maison Van Cleef & Arpels
L’histoire de Van Cleef & Arpels débute en 1895 avec le mariage d’Alfred Van Cleef, fils d’un artisan tailleur de pierres précieuses, et d’Estelle Arpels, fille d’un négociant en pierres précieuses. Les deux tourtereaux ayant baigné depuis toujours dans l’univers de la joaillerie, c’est tout naturellement qu’Alfred s’associe avec les frères de son épouse pour fonder en 1906 la marque unissant leurs noms. Ils établissent leurs quartiers au numéro 22 de la place Vendôme, haut-lieu de l’élégance parisienne où la maison se trouve encore aujourd’hui.
Entre 1926 et 1939, Van Cleef & Arpels affirme son style lorsque Renée Puissant, fille d’Alfred et Estelle, reprend la direction artistique de la marque, accompagnée du dessinateur René Sim Lacaze. C’est pendant cette période que sont créées des pièces emblématiques comme le collier Passe-Partout ou encore la boîte précieuse Minaudière. En 1933, la maison fait breveter le “serti mystérieux”, une technique de disposition des pierres précieuses sans qu’aucune griffe de métal ne soit visible, un savoir-faire qui fait sa renommée. Le style de l’enseigne, puisant dans l’esthétique de la Belle Époque, devient au fil des années de plus en plus prisé des hautes sphères parisiennes.
En 1954, la maison présente La Boutique, une collection de clips à l’effigie d’animaux ayant pour vocation de proposer des créations à un prix plus accessible. Voilà une initiative annonciatrice des événements à venir, car en 1976, Van Cleef & Arpels inaugure ce qui se veut être un produit de luxe à la portée de toutes, et surprise… : ce n’est pas un bijou !
First : la rencontre chatoyante entre la joaillerie et le cinquième sens
“Je veux que ça sente comme un bijou.” Le ton est donné par Claude Saujet, ancien de la société de cosmétiques Orlane et à la tête du projet, et de ces paroles naît First (“premier” en anglais), la toute première fragrance d’une maison de joaillerie. Un nouveau type de parure, plus éphémère, mais non moins sublime.
Pour le flacon de First, tout en rondeur, Jacques Llorente des Ateliers Dinand trouve son inspiration dans un pendant de Van Cleef & Arpels. Les courbes du cabochon et celles du corps du flacon se répondent, ce dernier dévoilant un jus couleur or. Il ne faut pas oublier qu’ici, le bijou mis à l’honneur est le liquide ambré se nichant au cœur de cet écrin en cristal de Baccarat !
Une composition exubérante

First appartient à la famille des parfums floraux… et quel bouquet ! Dire que sa fragrance est riche est presque un euphémisme tant les matières premières abondent, débordent presque. À l’instar d’un diamant multifacettes, First est une capsule olfactive regorgeant de plus de 160 ingrédients. C’est Jean-Claude Ellena, alors à l’école de parfumerie Givaudan de Genève, qui signe ce jus se voulant l’étendard du luxe et au pouvoir de séduction ravageur. À seulement 28 ans, celui que l’on connaîtra ensuite comme le compositeur des parfums d’Hermès puise selon lui “de manière intuitive’ dans l’air du temps.
Le classicisme des aldéhydes d’un N°5 de Chanel s’habille d’une ouverture croquante de bourgeon de cassis et de mandarine. Avec l’anis et la bergamote, ces notes de tête insufflent un air vert et croquant à un bouquet luxuriant. Car First, c’est surtout un somptueux cœur floral de plusieurs variétés de rose et de jasmin, d’un ylang-ylang crémeux, de jacinthe, de muguet et de narcisse. Du côté des notes de fond, une vanille ambrée et sensuelle, subtilement animale, s’allie à la noblesse du vétiver et du bois de santal et à la chaleur enveloppante du musc et de la fève tonka.
Malgré cette avalanche de matières premières, First se veut un antidote olfactif à la pesanteur ambiante de l’époque : le pouvoir propulseur des aldéhydes combiné à un enrobage d’hédione, une molécule conférant de la transparence aux accords floraux, rend le bouquet aérien. Jean-Claude Ellena livre un parfum à la sensualité débordante, l’incarnation du raffinement et de l’élégance. Le parfumeur expliquera d’ailleurs s’être servi de “tout ce qui pouvait exprimer le luxe.”
Dans le sillage de First
Depuis sa sortie, First n’a cessé de se réinventer à travers de nombreuses rééditions : en eau légère sans alcool mais aussi en eau de parfum intense, tout à tour blanche, puis noir et or pour Noël… La fragrance originale est quant à elle définitivement passée à la postérité. Une explosion florale intemporelle, donc.
En 1976, son arrivée dans le paysage olfactif de l’époque ne laissa personne indifférent, et il fallut peu de temps pour que d’autres joailliers suivent les traces de Van Cleef & Arpels et s’embarquent vers de nouvelles aventures parfumées. On peut notamment citer Cartier avec Must (1981), Boucheron et son éponyme Boucheron Femme (1988), ou encore Chopard avec Casmir (1992). Pensez à une enseigne de bijouterie incontournable, au hasard… Il y a des chances pour qu’elle n’ait pas que des pierres précieuses, mais aussi quelques parures liquides à vous proposer. En somme, si First fut bien le premier, il était bien loin d’être le dernier.
Le jeu Pocket Quiz est là pour vous permettre d’en apprendre plus sur vos parfums fétiches ainsi que sur les marques de renom de la parfumerie. Alors, quelle sera la prochaine fragrance mythique que vous explorerez ?
Crédits photos bannière : capture d’écran du site web de Van Cleef & Arpels
Ça y est, l’été est là ! Pour bon nombre, cela signifie prendre le chemin du bord de mer. À défaut de pouvoir vous poser les doigts de pied en éventail sur une plage de sable fin, bonne nouvelle : la parfumerie est là pour vous donner un coup de pouce. Une multitude de matières premières sont capables de recréer la sensation de la peau chauffée par le soleil sur une plage, et une en particulier y parvient avec brio : l’ylang-ylang, une fleur onctueuse et enivrante que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.
Une fleur phare en Asie du Sud-Est

L’arbre de l’ylang-ylang est originaire de l’Asie du Sud-Est, principalement de l’archipel des Moluques dans l’est de l’Indonésie. Là-bas, “la fleur des fleurs” s’invite sur le lit des jeunes mariés le soir de leurs noces. Aux Philippines, on tresse les fleurs d’ylang-ylang avec des fleurs de jasmin sambac pour en faire des colliers dont on revêt les images religieuses. Il est aussi utilisé dans la pommade “boori-boori” : mélangé à de la noix de coco, on en tire une concoction destinée à nourrir la peau et les cheveux. En somme, difficile de trouver fleur plus appréciée que l’ylang-ylang dans la région.
Les années 60 voient l’essor de son utilisation au niveau international lorsque son huile essentielle devient de plus en plus prisée. En aromathérapie, on prête à l’ylang-ylang des qualités anti-stress, antiseptiques et sédatives. Du côté de la parfumerie, c’est notamment parce qu’il est le roi de la note solaire qu’on l’apprécie. Pour beaucoup, la note solaire vient titiller nos souvenirs et nous ramène à un produit bien précis qui fit fureur sur les plages dans les années 1930 : l’Ambre Solaire de Garnier.
L’Ambre Solaire, madeleine de Proust estivale
Avant le 20ème siècle, la peau blanche était l’apanage des riches, la peau halée étant un signe du dur labeur en plein air des paysans. Dans les années 20, c’est Coco Chanel qui va inverser la tendance. Sa vie luxueuse l’amène à passer ses week-ends en plein air, sur des bateaux, colorant sa peau de brune. La peau halée devient alors un signe de richesse et de belle vie. La légende raconte qu’en 1927, en voyant Coco Chanel rentrer d’un de ces weeks-ends en mer, la peau brûlée par le soleil, Jean Patou décide de créer la première huile solaire, conçue pour protéger du soleil tout en couvrant la peau d’un voile de couleur bronze, le “bronzage”. Il s’agit de l’huile de Chaldée, qu’Henri Almeras, le parfumeur de la maison Patou, pare de notes florales épicées, et enrichit en salicylate de benzyle, molécule découverte en 1908 et utilisée comme filtre solaire, pouvant absorber les UV.
Surfant sur l’engouement de cette huile, Eugène Schueller, chimiste et fondateur de L’Oréal, cherche aussi à créer un produit qui protégerait des vilains coups de soleil tout en permettant un bronzage en douceur. C’est ainsi que naît en 1935 l’Ambre Solaire, une huile de bronzage qui ne tarde pas à s’imposer en indispensable de sacs de plage, surtout à partir de 1936, année des premiers congés payés offrant la possibilité de s’octroyer des vacances ensoleillées en bord de mer.
À l’époque, le filtre solaire utilisé dans le produit de Garnier n’est autre que le fameux salicylate de benzyle, qui confère à l’Ambre Solaire sa signature olfactive si particulière !
Le salicylate de benzyle
Le salicylate de benzyle dégage des effluves floraux et épicés légèrement iodés et confère aisément de la lumière solaire aux compositions auxquelles il s’intègre. On le marie souvent à des notes florales ; dans l’Ambre Solaire, ce sont la rose et le jasmin.
Au fil des années, on se rend compte que le salicylate de benzyle n’est pas aussi efficace qu’on le croyait. La recherche ayant peu à peu développé de meilleurs filtres, L’Oréal le retire de son best-seller… et voilà que les ventes de l’Ambre Solaire dégringolent. Eh oui, la senteur de la molécule a alors durablement séduit les consommateurs. Ni une ni deux, l’entreprise retravaille la formule du produit afin d’y intégrer de nouveau le salicylate, une star finalement bien plus pour son odeur que pour ses propriétés anti-UV. Depuis, le salicylate de benzyle a définitivement posé ses valises dans le monde de la parfumerie.
Et l’ylang-ylang, dans tout ça ? Il se trouve que la composante la plus déterminante dans l’odeur de l’ylang-ylang n’est autre que… le salicylate de benzyle, qui y est naturellement présent ! On comprend alors mieux pourquoi la fleur est le choix par excellence des parfumeurs pour mettre en flacon les rayons du soleil (souvent main dans la main avec l’œillet, le tiaré et la fleur de frangipanier).
L’ylang-ylang : petit aperçu botanique
En tagalog, langue des Philippines, “ylang” signifie désert. C’est donc en référence à son habitat naturel que l’on connaît l’arbre, qui appartient à la famille des Annonacées et dont le nom latin est “cananga odorata”. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres de haut à l’état sauvage dans des conditions climatiques adéquates. Lorsqu’on décide de le cultiver, il est taillé pour que ses jolies fleurs odorantes soient plus accessibles lors de la cueillette, et sa hauteur se situe entre 2 et 3 mètres.
Les longs pétales effilés de la fleur, formant des grappes rappelant des étoiles, dégagent une fragrance dont il serait en effet bien dommage de se priver. Crémeuse et épicée, un poil fruitée, la fleur d’ylang-ylang rayonne, imprégnée de la lumière du salicylate de benzyle. C’est une fleur extravertie et séductrice avec une facette parfois quasi animale.
L’ylang-ylang en parfumerie
Le premier laboratoire de distillation d’ylang-ylang des Philippines voit le jour vers 1860. Peu après, la fleur commence à être cultivée à plus grande échelle et à trouver son chemin jusqu’aux parfumeurs français. La production d’ylang-ylang aux Philippines a cependant beaucoup décliné depuis et ses principaux producteurs sont aujourd’hui les îles Comores et Madagascar.
Les fleurs d’ylang-ylang peuvent être placées dans des alambics permettant d’en obtenir une belle huile essentielle. On parle de “fractions” d’essence, c’est-à-dire d’extraits à la densité et aux propriétés olfactives différentes. On distingue la fraction extra supérieure, l’extra, la première, la deuxième et la troisième. L’extra supérieure est plus riche et plus fruitée que ses congénères, et plus on descend dans la liste, moins les fractions sont intenses… ce qui les rend en contrepartie plus fraîches. Seulement 40 à 50 kilos de fleurs sont nécessaires pour obtenir un kilo d’huile essentielle et l’ylang-ylang fleurit plusieurs fois par an. Ce qui en fait une championne en termes de rendement, et la matière du parfumeur produisant le plus d’huile essentielle.
On peut également extraire de l’ylang-ylang un magnifique absolu, plus capiteux que l’huile essentielle et dont les notes épicées sont encore plus prononcées. Il faut compter pas moins de deux tonnes de fleurs pour obtenir un kilo d’absolu.
Quelques parfums autours de l’ylang-ylang
- Il y a bien sûr l’indémodable N°5 (1921) de Chanel et son mariage entre des aldéhydes et un sublime absolu d’ylang-ylang.
- Dans l’emblématique L’Air du Temps (1948) de Nina Ricci, premier floral-épicé de la parfumerie, l’ylang-ylang se love au sein d’un magnifique bouquet sublimé par le salicylate de benzyle.
- Avec Mayotte (2006) de Guerlain, tubéreuse, ylang-ylang et jasmin composent le cœur de cette réédition de la fragrance Mahora. Une touche de frangipanier et de néroli ouvre le bal, le tout enveloppé par un fond vanillé.
- Le lumineux et balsamique Songes (2006) d’Annick Goutal allie l’ylang-ylang à la vanille de Bourbon. D’autres fleurs font vivre la note solaire : frangipanier, tiaré et jasmin.
- En 2013, Olivier Pescheux signe Eau Mohéli pour Diptyque. Dans cette eau de toilette florale aux accents verts et épicés, gingembre et poivre rose vont à la rencontre d’un suave ylang-ylang.
- Du côté d’Embruns d’Ylang (2019) de Guerlain, de la cannelle et du clou de girofle exaltent le côté naturellement épicé de l’ylang-ylang tandis que du lait de coco et de la vanille font prendre un coup de soleil à la fragrance.
- Avec La Dompteuse Encagée (2021) de Serge Lutens, l’ylang-ylang côtoie une facette amandée appuyée par la fleur de frangipanier.
- Dans Infusion d’Ylang (2022) de Prada, la fleur reste solaire, mais est toutefois plus voilée et transparente qu’à l’accoutumée. C’est un parfum vert et fruité, avec un évocateur accord de banane et de jasmin.
Pot-pourri d’autres notes estivales
L’ylang-ylang n’est évidemment pas le seul à avoir le pouvoir de nous faire prendre des vacances en un coup de nez. On peut aussi compter sur…
- D’autres fleurs blanches : fleur d’oranger, jasmin, tubéreuse, fleur de frangipanier, tiaré… L’ylang-ylang fait d’ailleurs souvent penser au monoï, une huile obtenue après la macération de tiaré dans de l’huile de noix de coco. Ce sont les grandes favorites lorsqu’il s’agit de travailler la sensation solaire en parfumerie.
- Les hespéridés : bergamote, pamplemousse, citron, néroli… Le peps des agrumes a le don de nous transporter sur la côte méditerranéenne en un claquement de doigts.
- Les notes marines : aussi appelées notes aquatiques, leur parfum iodé peut être obtenu par la synthèse avec des molécules comme la calone ou l’hélional, mais il existe aussi des notes aquatiques naturelles, issues, par exemple, de certaines algues.
- Les notes fruitées : grâce à la synthèse, des odeurs de fruits exotiques tels la noix de coco, la mangue, l’ananas ou la banane s’invitent sur notre peau… Dépaysement garanti.
Quelle que soit votre destination cet été, pourquoi ne pas continuer votre voyage olfactif avec la version Pocket Quiz du jeu Master Parfums ? Le Pocket Quiz, ce sont 120 questions sur l’univers de la parfumerie et un format de poche qui vous permettra de l’emporter avec vous où que vous alliez… même à la plage !
Autres sources consultées :
- L’Ylang-ylang en parfumerie – Cahiers des naturels NEZ-LMR