La parfumerie est un art délicat qui utilise divers ingrédients pour créer des arômes uniques et envoûtants. Parmi ces ingrédients, les épices chaudes occupent une place de choix, notamment pendant la fin d’année. Ces épices ajoutent une profondeur et une chaleur uniques aux parfums, les rendant irrésistibles et donnant une texture supplémentaire.
Distinctions entre épices chaudes et épices froides
Les épices en parfumerie se distinguent souvent par leur température sensorielle, qui influe sur la perception et l’émotion évoquée par une fragrance. Les épices chaudes, telles que la cannelle, la muscade et le clou de girofle, sont caractérisées par leurs odeurs enveloppantes et profondes. Elles tendent à évoquer une sensation de chaleur et de bien-être, souvent associées aux souvenirs d’intérieurs cosy et de moments festifs.
À l’opposé, les épices froides, comme le poivre noir, la cardamome ou le gingembre, apportent une sensation de fraîcheur et de vivacité. Leur piquant offre une clarté et une énergie qui peuvent revitaliser et éclaircir une composition parfumée. Ces épices sont fréquemment utilisées dans les parfums aux profils plus légers et aériens, leur conférant une ouverture et une luminosité distinctes.
La maîtrise de l’équilibre entre ces deux types d’épices peut donner lieu à des créations parfumées d’une complexité et d’une profondeur remarquables, chaque famille d’épices jouant un rôle crucial dans la construction de l’identité olfactive d’un parfum.
Les épices chaudes largement utilisées en parfumerie
La cannelle : une épice phare
La cannelle est un composant clé en parfumerie, appréciée pour sa capacité à susciter des sensations de chaleur et de réconfort. Cette épice, obtenue de l’arbre Cinnamomum, est utilisée depuis des milliers d’années pour son parfum captivant et ses bienfaits médicinaux. Historiquement, elle agrémentait les encens et les huiles sacrées dès l’Antiquité, révélant sa richesse et sa profondeur dans des contextes spirituels et rituels.
Olfactivement, la cannelle offre un profil riche et complexe, mêlant des notes chaudes et sucrées à des touches boisées et une pointe épicée. Sa polyvalence lui permet de figurer tant en note de tête qu’en note de cœur, où elle peut jouer le rôle principal ou complémentaire, ajoutant de la profondeur et un caractère épicé aux parfums. Elle se marie harmonieusement avec des notes orientales, gourmandes, et même fruitées, pour créer des parfums enveloppants et accueillants.
La cannelle transcende son statut d’épice en parfumerie pour devenir un véritable passeur d’émotions. Son utilisation en parfumerie ne se limite pas à ses propriétés sensorielles, mais englobe une dimension émotionnelle profonde, faisant d’elle une signature olfactive à la fois intemporelle et profonde.
Le clou de girofle : profondeur et caractère
Le clou de girofle est une épice qui joue un rôle significatif dans l’élaboration des parfums grâce à son arôme piquant et sa nuance légèrement amère. Utilisé principalement dans les parfums boisés ou épicés, il confère aux fragrances une intensité et une profondeur remarquables, ainsi qu’un caractère prononcé.
Cet ingrédient, tiré du giroflier, est doté d’une longue histoire, s’étendant sur des millénaires dans les domaines de la cuisine et de la médecine traditionnelle. En parfumerie, sa valeur réside dans sa capacité à projeter un parfum puissant et distinctement épicé.
Le profil olfactif du clou de girofle se caractérise par une robustesse pénétrante et épicée, rehaussée par des notes boisées et une pointe d’amertume, apportant ainsi une complexité intrigante aux parfums. Il trouve sa place en tant que note de cœur ou de fond, s’alliant bien avec des notes florales et fruitées pour enrichir les compositions d’une riche dimension épicée.
La noix de muscade : subtile et enveloppante
La noix de muscade, tirée du muscadier, est un trésor culinaire et médicinal depuis l’Antiquité, révérée pour son goût distinctif et ses propriétés curatives. Sa présence en parfumerie, où elle est célébrée pour son parfum subtil et réconfortant, témoigne de sa transition d’ingrédient de cuisine à composant olfactif riche de tradition et d’exotisme.
Son goût se rapproche d’un mélange poivre-cannelle.
Le parfum de la noix de muscade est complexe et multidimensionnel, offrant une expérience olfactive riche où les tonalités épicées se mêlent à la douceur sucrée, le tout soutenu par une base boisée et musquée. Cette combinaison crée une subtilité raffinée dans les parfums, où la noix de muscade apporte une profondeur chaleureuse sans jamais éclipser les autres notes.
En parfumerie, sa polyvalence est mise à l’honneur en tant que note de cœur, capable de complémenter et d’embellir une variété de profils aromatiques, des boisés aux floraux en passant par les orientaux. Cette adaptabilité fait de la noix de muscade un choix privilégié pour les créateurs de parfums qui cherchent à enrichir leurs compositions avec équilibre et élégance.
Les baies de piment : épice vibrante et piquante
Les baies de piment, également connues sous le nom de piment de la Jamaïque ou allspice, sont originaires des Caraïbes et d’Amérique centrale. Elles sont réputées pour leur parfum unique qui combine les caractéristiques de plusieurs épices comme la cannelle, le clou de girofle et la muscade. Ce mélange offre un profil olfactif complexe, épicé et boisé avec une nuance légèrement fruitée.
En parfumerie, les baies de piment sont appréciées pour leur capacité à apporter une touche épicée et exotique aux compositions. Leur caractère unique en fait un choix fascinant pour les créateurs de parfums cherchant à infuser une touche d’originalité dans leurs créations.
Le pumpkin spice : la tendance de l’automne
Le Pumpkin Spice, connu pour son association avec la tarte à la citrouille en cuisine américaine, a récemment gagné en popularité en parfumerie, où il est valorisé pour ses qualités gourmandes et chaleureuses. Ce mélange, composé de cannelle, muscade, gingembre, et parfois clou de girofle et allspice, est apprécié pour son parfum riche et réconfortant qui évoque l’automne et ses délices.
En tant qu’ingrédient dans les bougies et parfums d’ambiance, le Pumpkin Spice est principalement utilisé pour enrichir les senteurs gourmandes, ajoutant une touche de douceur et de chaleur. Il s’harmonise particulièrement avec des notes sucrées et crémeuses, contribuant à une sensation de confort régressif.
Exemples de parfums qui en mettent l’accent sur les épices chaudes
Youth Dew d’Estée Lauder (1953)
Parfumeur : Joséphine Catapano
Youth Dew est une fragrance orientale-épicée pour femmes qui a révolutionné le monde du parfum avec son mélange audacieux d’aldéhydes, de cannelle et de clou de girofle. C’est une senteur riche et complexe, saturée d’épices chaudes qui lui confèrent une sensation voluptueuse et intemporelle.
Opium de Yves Saint Laurent (1977)
Parfumeurs : Jean Amic et Jean-Louis Sieuzac
Opium est un classique intemporel de la parfumerie orientale-épicée. Avec ses notes de tête de mandarine, prune, clou de girofle, graine de coriandre et poivre, il enveloppe dans un voile mystérieux et sensuel. Les épices chaudes sont au cœur de cette fragrance, leur donnant une aura charismatique et inoubliable.
Noir Épices de Frédéric Malle (2000)
Parfumeur : Michel Roudnitska
Noir Épices est une interprétation moderne et raffinée des épices traditionnelles. Il réinvente le thème avec une ambiance ambrée-épicée, faisant de l’épice non pas un accompagnement, mais l’étoile de la composition. Le caractère chaud des épices crée une aura à la fois luxueuse et mystérieuse.
901 par Bon Parfumeur (2017) :
Parfumeur : Corinne Cachen
Cette fragrance Ambrée Épicée pour femmes et hommes mélange des notes épicées de gingembre, de poivre noir et de muscade, avec des touches d’amande et de pimento en cœur, et un fond de patchouli, vanille et fève tonka, créant un parfum riche et complexe qui célèbre les épices chaudes dans toute leur splendeur.
La Couche du Diable par Serge Lutens (2019)
Parfumeur : Christopher Sheldrake
Ce parfum ambré boisé met l’accent sur la cannelle dans ses notes de cœur, créant une chaleur épicée et énigmatique. Combinée avec l’oud, l’ambre et des notes boisées en fond, la fragrance forme un sillage riche et captivant, typique de la signature épicée chaude de Serge Lutens.
The Guardian Master – 5 – de Spiritum (2022)
Parfumeur : Philippe Paparella-Paris.
Cette fragrance s’inscrit parfaitement dans le thème des épices chaudes avec des éclats épicés de muscade et de cardamome qui composent un bouquet boisé agrémenté de notes de piment, de poivre et de curcuma, offrant ainsi une explosion de chaleur et de piquant à un parfum envoûtant et hautement spirituel.
Un bonbon ou un sort ? Halloween approche et avec lui, les petits paniers en forme de citrouille des plus jeunes ne vont pas tarder à se remplir de bonbons multicolores. Avis aux becs sucrés en manque de friandises : Master Parfums vous propose d’explorer la famille des parfums gourmands et ses notes sucrées les plus emblématiques, toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Les familles olfactives en parfumerie
En 1984, la Société Française des Parfumeurs dévoile une classification des parfums en différentes familles en fonction des matières premières employées dans leur composition. On distingue également diverses facettes à l’intérieur même de ces familles, des facettes qui viennent nuancer l’identité du parfum. Par exemple, on dira sans aucun doute d’une fragrance mettant à l’honneur le santal qu’elle fait partie de la famille boisée. Elle est saupoudrée de cardamome, de muscade ou encore de poivre ? On parlera alors de boisé-épicé. Ce sont la lavande, le romarin ou bien le thym qui s’y invitent ? Bingo, nous avons affaire à un boisé-aromatique.
Dès le début du XXème siècle, quelques molécules aux notes vanillées (vanilline), ou fruitées comme la pêche (aldéhyde C14) ), ou la prune (prunol de De Laire), apportent un nouvel effet de rondeur aux parfums, mais on ne parlait pas encore de gourmandise telle qu’on la connaît aujourd’hui. Le terme “gourmand” a d’abord désigné une facette olfactive, puis avec la vague de parfums sucrés à souhait lancés à partir des années 90, on l’utilise aujourd’hui pour désigner une famille à part entière.
La famille olfactive gourmande
Si dans les années 70, la tendance est aux compositions florales, vertes et chyprées rimant avec fraîcheur et élégance, à pas de loup, des fragrances vanillées commencent à insuffler un vent chaleureux de renouveau sur le paysage olfactif de l’époque. C’est notamment le cas de celles de Guerlain, maison pionnière dans la création de parfums gourmands. Impossible de ne pas mentionner la Guerlinade : cette base parfumée née en 1921, composée de vanille, de bergamote, d’iris, de rose, de fève tonka et de jasmin, deviendra la signature olfactive de nombreux parfums de la marque.
La révolution gourmande des années 90 démarre avec Angel de Thierry Mugler. À sa sortie en 1992, cette fragrance déroutante jamais sentie, a du mal à faire sa place. On n’avait pas l’habitude de mettre autant de “sucre” sur sa peau.
Mais les effluves gourmands finissent par être addictifs et à l’approche du nouveau millénaire, on aime se se cocooner dans des parfums aux senteurs régressives.
Son overdose de patchouli, ses fruits rouges et sa vanille caramélisée ainsi que sa célèbre molécule d’éthyl-maltol évoquant la barbe-à-papa et le praliné ensorcellent, et dans son sillage se bousculent alors de plus en plus de parfums sucrés aux notes dont on a envie de ne faire qu’une bouchée. Et ce parfum choc désormais passé à la postérité devient le chef de file d’une nouvelle famille olfactive: Les gourmands. Une vague de fragrances aux notes alléchantes, à la fois nostalgiques et sexy, déferle dans nos parfumeries…
Dans la famille gourmande, je voudrais…
La vanille
S’il y a bien une note que l’on pourrait qualifier d’indémodable, c’est la vanille. Les variétés de vanille ont beau être plus d’une centaine, rien n’y fait, la préférée des parfumeurs reste la vanille Bourbon, car ses arômes sont simultanément incroyablement riches et raffinés. En parfumerie, elle sait aussi bien être crémeuse et balsamique qu’éthérée et poudrée, se voulant souvent sensuelle et presque animale, d’autres remplie de tendresse, comme une caresse.
Si les parfumeurs peuvent avoir recours à un bel absolu de vanille, les prix onéreux des gousses de vanille ont démocratisé le recours aux notes synthétiques de vanilline et d’éthylvanilline (bien que l’on puisse obtenir la première naturellement). La vanilline synthétique est utilisée pour la toute première fois au milieu de la foule de notes aromatiques de Jicky (1889). Toujours chez Guerlain, le voluptueux Shalimar (1925) sonne le coup d’envoi de la Guerlinade… qui serait d’ailleurs née après avoir retravaillé Jicky en lui ajoutant de l’éthylvanilline ! Bien sûr, la vanille rayonne également dans Angel.
La guimauve
Saviez-vous qu’avant d’être le bonbon Chamallows de Haribo, la guimauve est une plante provenant de zones humides de Chine, de Russie et d’Europe ? Ce ne sont pas ses feuilles ou ses fleurs qui nous intéressent ici… ce sont ses racines ! En effet, les racines de la guimauve sont riches en mucilage, une matière visqueuse à partir de laquelle on fabriquait la fameuse confiserie aux allures de petit nuage poudré.
La guimauve, en confiserie comme en parfumerie, est aérienne et moelleuse, avec une touche de vanille. Pour la mettre en flacon, on peut se tourner vers la synthèse ou bien vers un accord vanille-fleur d’oranger, présent notamment dans le magnifique poudré L’Heure Bleue (1912) de Guerlain. Citons également le douillet Mademoiselle Guerlain (2014) avec son iris et ses muscs blancs, Quatre en Rouge (2019) de Boucheron, une fragrance fruitée aux allures de pomme d’amour, ou encore Divin’Enfant (2006) d’État Libre d’Orange où la guimauve flirte avec l’amertume du café, du cuir et du tabac.
L’amande
En parfumerie, l’amande rappelle le massepain et la frangipane, et peut évoquer la cerise ou l’amaretto. S’il est impossible d’extraire une essence de l’amande elle-même, on peut obtenir par hydrodistillation de noyaux d’abricots ou de prunes une huile essentielle contenant du benzaldéhyde, un composant olfactif à l’odeur d’amande amère… mais attention : c’est une matière première délicate à travailler à cause de l’acide cyanhydrique qu’elle contient, un composé hautement toxique qu’il faut retirer.
La fève tonka vient alors à la rescousse : il s’agit d’une petite graine dont le principal composant olfactif, la coumarine, exhibe des facettes de tabac, de pain d’épices… et d’amande ! Du côté des molécules de synthèse, les parfumeurs peuvent compter sur la coumarine de synthèse, certes, mais aussi sur l’aldéhyde benzoïque, l’aldéhyde anisique et l’héliotropine – cette dernière est naturellement présente en petite quantité dans la fleur de violette.
En 2007, L’Instant Magic de Guerlain est un des premiers parfums à faire la part belle à l’essence d’amande amère qui y côtoie vanille, muscs et bois. La présence de l’amande teinte le charnel Hypnotic Poison (1998) de Christian Dior d’un peu de douceur tandis que dans La Petite Robe Noire (2012), elle dévoile sa facette cerise la plus élégante, déjà annoncée par la griotte de ses notes de tête. On la retrouve également dans le sulfureux Black Opium (2014) d’Yves Saint-Laurent, La Vie est Belle (2012) avec son iris gourmand, ou encore Un Bois Vanille (2003) de Serge Lutens du côté de la parfumerie de niche. Prada lui dédie une de ses belles infusions.
Le caramel
Qu’elle croque sous la dent ou reste au contraire collée à nos quenottes, cette confiserie incontournable originaire de Bretagne a elle aussi déboulé dans le paysage de la parfumerie avec la sortie d’Angel. Les effluves chaudes et sirupeuses du caramel doivent être obtenues par synthèse : éthyl-maltol, furanéol, sacrasol ou coumarine, les molécules se bousculent pour faire revivre la caractéristique odeur de sucre brûlé, vanillé et lacté d’un caramel doré. Suave et balsamique, le caramel est une note incroyablement régressive.
Pour le retrouver en flacon, outre dans l’incontournable Angel de Mugler, on pense à Scandal (2017) de Jean-Paul Gaultier et à son caramel salé enrobé de miel, à Luna (2016) de Nina Ricci où il se faufile entre des fruits rouges et de la poire, ou à Alien Le Goût du Parfum (2011) de Thierry Mugler, une réinterprétation on ne peut plus charnelle de l’original sorti en 2005, où le bonbon révèle un magnifique cœur de bois de cachemire.
Le cacao
Les fèves de cacao sont décidément partout : on peut s’en délecter dans nos tablettes de chocolat, mais aussi sur notre peau ! Très versatile, le cacao sait aussi bien être une note doudou et lactée qu’une note animale et sensuelle. C’est une habituée des notes de fond, main dans la main avec la vanille, des muscs et des bois pour une sensualité garantie. On peut recueillir ses riches arômes naturellement avec un absolu de poudre de cacao, mais aussi le suggérer, par exemple à travers des muscs, du patchouli et de la fève tonka, ou l’obtenir à l’aide de bases synthétiques comme le chocovan et les pyrazines.
Dans Pure Poison Élixir (2006) par Christian Dior, un absolu de cacao ambré est mêlé à du jasmin et de la fleur d’oranger. Dans L’Instant de Guerlain pour homme (2015), le cacao côtoie un mélange (d)étonnant de thé, de résine et d’épices. Dark (2018) d’Akro, la marque du parfumeur Olivier Cresp, emmène son cacao à la rencontre de cannelle et de noisette et dans Vanilla Diorama (2021), il est baigné dans du rhum et rehaussé d’une pointe de poivre rose.
La fève tonka
Nous l’avons déjà mentionnée plusieurs fois au cours de cet article : la fève tonka est une petite graine noire issue d’un tek d’Amérique du Sud. Une fois tombés, les fruits de l’arbre sont mis à sécher pendant un an, puis, on les casse afin d’en extraire les pépins… qui sont en fait les fèves tonka, que l’on fait macérer dans du rhum une journée entière avant de les sécher. C’est durant de ce processus que se forment de petits cristaux sur la surface de la fève tonka : il s’agit de la coumarine, sa composante principale et celle qui lui donne sa caractéristique senteur amandée aux accents de foin. Une fois les fèves transformées en absolu, elles se veulent alors plus chaudes et baumées, rappelant le tabac.
Un des tout premiers parfums à étrenner la fève tonka sous forme de coumarine synthétique est Jicky – la vanilline de synthèse ne lui avait pas suffi ! Rappelons aussi que la fève tonka est un des ingrédients de la Guerlinade. Au fil du temps, elle est devenue une note fétiche de la maison Guerlain : il y a Shalimar, mais aussi Samsara (1989), Insolence (2006), le magnétique Tonka Impériale (2010)… Bois Doré (2017) de Van Cleef & Arpels et Tobacco Vanille (2007) de Tom Ford allient quant à eux leur fève tonka à l’arôme boisé du tabac, et Tonka Blanc (2022) de L’Artisan Parfumeur est pour le moins surprenant, car au milieu d’une fève amandée et rafraîchie d’agrumes, voilà que s’immisce… le chou-fleur !
Le mot de la faim
Impossible de toutes les citer : miel, dragée, confiture de lait, réglisse… Les notes gourmandes n’en ont pas fini d’attiser à la fois nos papilles et nos narines. Depuis Angel, la barbe à papa continue de fondre sur notre peau ; c’est par exemple le cas dans Sundazed (2019) de Byredo. Les lactones sont quant à elles une famille de molécules capables de reproduire le doux réconfort vanillé du lait chaud ; Le Feu d’Issey d’Issey Miyake est la première fragrance à les utiliser en 1998. Les notes fruitées, majoritairement obtenues à travers la synthèse, sont aussi légion dans les parfums gourmands.
En parlant de fruit, à l’occasion d’Halloween, pourquoi ne pas oser… la citrouille ? Pas de frayeur à avoir : son aspect doucement fruité et onctueux en fait l’allié des fleurs blanches et son côté boisé, celui des épices. L’eau de parfum Fabulous Me (2019) de Paco Rabanne emmène sa citrouille à la rencontre de la rhubarbe dans un cocon de vanille amandée, tandis qu’État Libre d’Orange accompagne l’accord de potiron velouté de Like This (2010) d’immortelles et d’épices.
Envie de continuer à nourrir votre appétit pour l’univers de la parfumerie ? Ça tombe bien : le livre-jeu Master Parfums vous a préparé 120 questions sur le parfum, une pluie de défis olfactifs et des crayons parfumés pour ébaucher votre propre fragrance… peut-être une fragrance gourmande ?
Dans une boîte en cœur pour la Saint-Valentin, un gâteau tout chaud pour le goûter, une tasse que nous buvons après être sortis du lit, ou une plaquette qu’on engloutit en cherchant du réconfort… Au lait, noir extrême, torréfié, cru, agrémenté de fruits secs, ou rafraîchi de menthe ou de piment, voire rehaussé d’une pointe de sel, pour le plus grand plaisir de nos papilles, le cacao s’est taillé une une place de choix dans notre vie. Depuis les années 90, il s’est aussi invité dans nos flacons parfumés.
À l’occasion de la journée mondiale du chocolat, Master Parfums vous emmène découvrir la matière première essentielle à sa fabrication que l’on surnomme l’or brun : le cacao.
Les origines du cacao
Cap sur l’Amérique du Sud : les fèves de cacao viennent d’un arbre, le cacaoyer, dont les tout premiers cultivateurs furent les Olmèques, puis les Mayas de la région du Yucatán au Mexique. Pour les Mayas comme pour les Aztèques, ces fèves sont un symbole d’opulence et de luxe réservé à la royauté et aux dieux. Elles furent pendant longtemps utilisées comme monnaie d’échange contre de la nourriture, des vêtements et des biens précieux.
Avec les fèves les Mayas préparent une boisson amère très populaire nommée xocoatl. Comme vous l’avez peut-être deviné, il s’agit du précurseur du chocolat chaud que nous dégustons aujourd’hui : des fèves de cacao broyées dans de l’eau chaude, transformées en une boisson rougie par du roucou, et agrémentée de piment et parfois de vanille et de tubéreuse. En 1502, Christophe Colomb est le premier européen à y goûter sur l’île de Guanaja, près du Honduras, où il se voit offrir le fameux breuvage, mais Colomb n’est pas convaincu par ce xocoatl trop amer et ne prête pas vraiment d’attention au sac de fèves que lui offrent les Amérindiens.
Olmèques, Toltèques et Mayas vénéraient Quetzalcóatl, le dieu serpent à plumes qui vint sur terre pour offrir aux hommes l’agriculture, les sciences et l’art. Il régna sur Tula devenue une luxuriante cité grâce au coton et aux cacaoyers qu’il avait semés pour que les habitants soient à l’abri de la famine. Mais en leur donnant le cacao, aliment des dieux, il provoqua leur courroux. Plusieurs légendes divergent quant à la façon dont il fut puni mais au final il s’enfuit en prenant la mer et promis qu’il reviendrait lors d’une année du roseau. Ce que fut l’an 1519, lorsque les Espagnols posèrent pied sur le continent. Pensant assister au retour de leur dieu sous les traits d’Hernán Cortès, l’empereur aztèque Moctezuma lui offrit le fameux xocoatl, boisson sacrée, pour l’accueillir.
Conquis par ce breuvage énergétique et euphorisant, grâce à sa teneur en théobromine, Hernàn Cortès en rapporta la recette en Europe, à laquelle on ajouta du sucre afin d’ en atténuer l’amertume, pour finir par enchanter toutes les cours d’Europe. Des siècles plus tard, en 1828, le hollandais Van Houten découvre un procédé pour transformer le cacao en poudre à délayer, et c’est l’anglais Joseph Fry qui met au point en 1947, la première tablette de chocolat dans sa chocolaterie à Londres. Si Christophe Colomb voyait la place qu’occupe aujourd’hui le cacao sous toutes ses formes dans le monde entier, il s’en mordrait sûrement les doigts !
La fève de cacao : aperçu botanique
La fève de cacao vient du cacaoyer, l’espèce la plus cultivée de la famille d’arbres Theobroma. Le cacaoyer est originaire des forêts tropicales d’Amérique centrale et d’Afrique de l’Ouest et aujourd’hui, c’est d’ailleurs l’Afrique qui fournit les deux tiers de la production mondiale de cacao, notamment le Ghana et la Côte d’Ivoire. L’Amérique du Sud se place en deuxième position avec principalement le Brésil et l’Équateur.
Au bout de quatre ans, de petites fleurs jaunes émergent sur le tronc et les branches du cacaoyer. Après avoir été pollinisées, quelques heureuses élues sur des milliers produisent un fruit que l’on appelle cabosse ou gousse – un cacaoyer en fournit en moyenne 80 par an. À l’intérieur de ces gousses se niche une pulpe sucrée à la texture visqueuse et renfermant entre 25 et 50 graines : les précieuses fèves de cacao.
Comptez 4 à 6 mois pour qu’elles parviennent à maturité. Une fois cueillies, on les fait fermenter quelques jours avant de les sécher au soleil. Ensuite, on les torréfie, ce qui a pour conséquence de décupler la quantité de molécules odorantes qu’elles contiennent et donc, de renforcer leur arôme. C’est aussi ce qui donnerait leur amertume. Enfin, les fèves sont broyées pour obtenir de la poudre de cacao qui sera utilisée dans de nombreux produits alimentaires tous plus délicieux les uns que les autres.
La note de cacao et la note de chocolat en parfumerie
En parfumerie, le cacao sert majoritairement à évoquer un chocolat gourmand, chaud et sucré, voire caramélisé… mais il peut être doux, poudré, ou amer, un tantinet boisé. Il a le potentiel de se révéler tour à tour sensuel et réconfortant, épicé et lacté.
Dans nos flacons, c’est souvent en note de fond que l’on retrouve le cacao, côtoyant la vanille, des muscs et une ribambelle de bois pour une sensualité garantie, notamment dans des fragrances orientales. Lorsqu’elle est entourée de fleurs, la note cacaotée voit son côté séducteur accentué, mais attention, elle n’est pas pour autant étrangère aux compositions boisées, fruitées et même aromatiques. De façon générale, le cacao est une note très versatile : quelle que soit la famille olfactive dans laquelle il s’intègre, il y apportera une richesse qui lui est propre.
Obtention de la note de cacao et de chocolat en parfumerie
Il est possible d’obtenir un bel absolu de poudre de cacao, dense et balsamique, presque animal. Si les alcoolats et les extractions au CO₂ sont plus fidèles aux arômes du chocolat sous forme de tablette ou dans un gâteau sortant du four, ils sont aussi coûteux et d’une faible intensité. Ils seront donc plutôt présents dans des compositions en complément d’accords recréant les effluves de cacao qui nous sont familières.
Le patchouli et la fève tonka sont de grands favoris pour évoquer le chocolat, notamment un chocolat amandé lorsqu’il s’agit de la fève tonka. Les muscs, surtout le musc habanolide, permettent de suggérer le sucré du chocolat blanc. Il y a aussi le Chocovan, une base synthétique du laboratoire Givaudan majoritairement composée de vanilline et rappelant la tasse de chocolat chaud du matin. On peut aussi compter sur les pyrazines, des molécules évoquant le chocolat noir dans ce qu’il a de plus raffiné et de brut à la fois.
Quelques parfums autour du cacao
- Les années 90 voient le cacao s’imposer de plus en plus en parfumerie. En 1992, Thierry Mugler le glisse dans son parfum Angel: un cœur fruité et sur fond de vanille, de patchouli et de cacao évoquant un chocolat caramélisé. C’est aussi la puissance d’une molécule d’éthyl-maltol sentant bon la barbe-à-papa… et un énorme choc dans le monde de la parfumerie ! Il est aujourd’hui considéré comme le pionnier de la famille des parfums gourmands.
- Eau de Charlotte (1982) d’Annick Goutal est une élégante fragrance où se mêlent muguet et mimosa. Si la note de chocolat s’y fait plus discrète, elle sublime à merveille celle du bourgeon de cassis.
- Pure Poison Élixir (2006) de Christian Dior signe l’envoûtante rencontre entre fleur d’oranger, jasmin et un absolu de cacao ambré.
- Dans l’étonnant parfum aromatique fougère CK IN2U for Him (2007) de Calvin Klein, le cacao retrouve un vieil ami d’Amérique du Sud : le piment !
- L’Instant de Guerlain pour homme (2015) : ce parfum oriental combine son cacao à des notes de thé, de jasmin, de résine et d’épices… Un mariage surprenant.
- Yes I Do (2016) par État Libre d’Orange nous offre des notes délicieusement régressives de canne à sucre et de guimauve et libère un sillage cacaoté aux accents d’ambre solaire.
- Cacao Porcelana (2019) de la maison de niche Atelier Materi propose une surprenante variété de cacao blanc provenant du Pérou, rappelant aussi bien le lait que l’amertume de la noix. Après une envolée liquoreuse, des notes de tabac blond et de bois de santal en font une fragrance poudrée on ne peut plus sensuelle.
- Chez Dior, Vanilla Diorama (2021) s’ouvre sur le piquant du poivre rose avant de nous régaler avec son cacao, sa cardamome et son rhum pour une fragrance chaude et un brin animale, le tout dans une enveloppe de vanille bourbon.
- Évidemment, il était logique que la marque Akro du parfumeur Olivier Cresp, célèbre l’addiction au chocolat dans Dark, fragrance douce-amère où le cacao flirte avec la vanille et la cannelle, et se laisse séduire par la gourmandise de la noisette.
Envie de vous amuser à créer des accords gourmands, avec le livre-jeu Olfactif Master Parfums et ses crayons parfumés vous pourrez esquisser sur mouillettes de quoi vous donner envie de douceurs !
Ah, la figue ! Ce fruit charnu et sucré, aux nuances douces et subtiles, évoque non seulement les plaisirs gustatifs, mais aussi une richesse olfactive variée. Allons au cœur de la figue et de son environnement, explorons son rôle fascinant et découvrons certains classiques de l’univers de la parfumerie.
Les variétés de figue, culture et histoire
On connaît la figue comme étant le fruit du figuier, un arbre qui appartient à la famille des Moraceae. En réalité, la figue est une fleur inversée, contenant de nombreuses petites fleurs qui une fois fécondées donneront des fruits, ces petits grains qui croquent sont nos dents!
Le figuier est l’un des plus anciens arbres fruitiers cultivés par l’homme. On estime que sa domestication remonte à plus de 11 000 ans. Des traces archéologiques de figues domestiquées datant d’environ 9 400 av. J.-C. ont été découvertes à Gilgal I.
Cette découverte suggère que le figuier pourrait être le tout premier arbre fruitier domestiqué, avant même la domestication des céréales comme l’orge et le blé.
Les figues traditionnelles sont essentiellement cultivées dans des zones possédant un climat méditerranéen. Leur culture trouve ses racines au Proche-Orient, spécifiquement en Turquie et en Syrie. Le bassin méditerranéen, européen et maghrébin, est au cœur de la tradition de la culture de la figue. Le Moyen-Orient notamment l’Iran est également bien établi en tant que producteur de figue. La Californie est devenue un producteur majeur depuis l’introduction de la figue par les missionnaires espagnols.
Le monde de la figue est vaste et diversifié, avec plus de 750 variétés réparties aux quatre coins de la planète. Parmi elles, la figue Bourjassotte noire, la figue de Solliès, et la figue blanche sont des incontournables, offrant chacune des caractéristiques gustatives et olfactives uniques.
Quant à la figue de Barbarie, c’est un fruit issu du cactus Opuntia, présent dans les zones arides des Amériques, la Méditerranée et l’Afrique du Nord. Malgré son nom, elle n’a pas de lien direct avec la figue traditionnelle.
Extraction de l’odeur de la figue
L’extraction des odeurs est un art délicat, combinant des méthodes traditionnelles et modernes pour capturer l’essence de la matière première. Dans le cas de la figue, le processus est particulièrement complexe. Bien que le fruit soit généreusement parfumé, sa délicatesse fait qu’il ne dégage pas une odeur suffisamment forte pour être extraite par des techniques traditionnelles telles que la distillation ou l’enfleurage, comme on le ferait avec des fleurs ou des résines.
La chimie au service de la parfumerie
La magie des parfums ne réside pas uniquement dans les ingrédients naturels, mais aussi dans la capacité des experts à jouer avec la chimie pour reproduire des senteurs spécifiques. Si on essayait de capturer l’odeur de la figue directement de la nature, le rendu pourrait être différent de nos attentes. Mais grâce à des techniques modernes, les parfumeurs disposent d’outils pour recréer l’essence même de la figue, de la fraîcheur verte de ses feuilles à sa douceur sucrée.
Ces outils sont en réalité des composés chimiques spécifiques, des molécules, qui une fois combinés, peuvent évoquer une image, une sensation ou un souvenir précis.
Pour la figue, il ne s’agit pas simplement de reproduire son fruit juteux, mais aussi la sensation du soleil chauffant sa peau, l’ombre rafraîchissante de ses feuilles, et même la chaleur boisée de son tronc.
Grâce à ces innovations, nous avons accès à des parfums qui non seulement évoquent la figue de manière plus fidèle et variée, mais qui peuvent aussi aller au-delà de nos perception en proposant des combinaisons inédites.
Ces molécules sont mélangées dans des proportions variées pour obtenir la nuance souhaitée de la figue, qu’il s’agisse de la feuille verte du figuier, du fruit sucré, ou du bois de l’arbre. Il est à noter que la création d’une note de figue réaliste et multifacette nécessite souvent une combinaison complexe de plusieurs de ces composants.
L’importance du naturel et du synthétique
Bien que les méthodes synthétiques soient souvent utilisées pour recréer l’odeur de la figue, cela ne signifie pas que leurs qualités seraient inférieures. En fait, elles peuvent offrir une plus grande longévité et une meilleure diffusion d’un parfum. Cependant, l’utilisation d’ingrédients naturels, lorsqu’il est possible, peut apporter une profondeur et une complexité inégalées.
La capture de l’odeur de la figue en parfumerie est une fusion entre science et art. Une quête pour saisir l’éphémère et le traduire en une expérience olfactive durable.
Des fragrances multi-facettes : la figue sous toutes ses formes
Le figuier est un trésor olfactif, pas seulement à travers son fruit, mais également à travers ses feuilles et son bois. Ensemble, ils forment un triptyque de senteurs qui a su inspirer de nombreux parfumeurs.
Le fruit – la figue elle-même : Sa chair juteuse et charnue offre un bouquet doux et sensuel, légèrement sucré, avec une nuance crémeuse presque lactonique. Dans un parfum, elle peut évoquer un sentiment de nostalgie, rappelant les étés passés sous le soleil méditerranéen. Sa senteur est à la fois subtile et enveloppante, faisant de la figue un choix privilégié pour les parfums fruités sans être trop sucrés.
La feuille de figuier : Si vous avez déjà froissé une feuille de figuier entre vos doigts, vous reconnaissez sa senteur verte, fraîche et presque crue. Elle évoque l’ombre sous l’arbre pendant les chaudes journées d’été, une évasion instantanée vers des lieux de détente. En parfumerie, la note de feuille de figuier apporte une dimension verte, légèrement amère et croquante qui peut contrebalancer la douceur sucrée d’autres composants.
Le bois de figuier : Moins commun que les deux premiers, le bois de figuier offre une essence boisée, douce et crémeuse. Il ajoute de la profondeur et de la chaleur à un parfum, rappelant la sensation de l’écorce chauffée par le soleil. Associé à d’autres bois, comme le cèdre ou le santal, il peut renforcer un accord boisé ou adoucir des notes plus puissantes.
Les accords complémentaires : La figue se marie à merveille avec de nombreux autres ingrédients. Elle peut être associée à des notes hespéridées pour une sensation plus pétillante, à des fleurs blanches pour une dimension plus opulente, ou à des résines et des muscs pour un sillage plus sensuel.
Des parfums emblématiques : l’essence de la figue traditionnelle
La figue, avec son aura méditerranéenne, a été utilisée comme note emblématique dans de nombreux parfums. Son odeur délicate, douce et verdoyante évoque à la fois la chaleur des étés passés, la fraîcheur des feuilles luxuriantes d’un figuier, ou la gourmandise d’une tarte aux figues rôties Plongeons-nous dans certains parfums emblématiques où la figue traditionnelle occupe une place centrale.
- Premier Figuier de L’Artisan Parfumeur : créé en 1994 par Olivia Giacobetti. C’est le tout premier parfum qui a mis la figue en vedette, et il reste l’un des plus emblématiques à ce jour. Sa particularité est que la note de figue n’existait pas encore dans l’orgue du parfumeur.
Il s’agit d’une ode à l’arbre de figuier dans sa globalité, évoquant le croquant des feuilles vertes, la douceur lactique du lait de figue et la chaleur boisée de l’arbre. C’est un parfum qui rappelle une journée d’été en Méditerranée, à la fois frais et crémeux.
Dix ans après la sortie de Premier Figuier, Olivia Giacobetti propose la version « Extrême » reprenant la thématique de base en l’intensifiant. Les notes de figue sont plus profondes et luxuriantes, enrichies de touches gourmandes comme la crème d’amande. Le bois de santal en note de fond ajoute une dimension crémeuse et chaleureuse, rendant cette version plus opulente.
- Philosykos de Diptyque : En 1996, Olivia Giacobetti réitère cet exercice pour la maison Dyptique. Sans doute l’un des parfums les plus iconiques à la figue, Philosykos eau de toilette capture magnifiquement l’essence de l’arbre tout entier – des feuilles verdoyantes au fruit charnu. Le résultat est un parfum boisé et vert qui évoque une journée d’été passée sous un figuier. Puis en 2012 la parfumeure crée l’eau de parfum qui accentue la force boisée du figuier avec une touche de cèdre blanc, éclipsant légèrement la saveur des fruits. Philosykos évoque un été au Mont Pélion, traversant un verger de figuiers sauvages, capturant la fraîcheur des feuilles, la douceur des figues et la profondeur de l’arbre.
- Un Jardin en Méditerranée de la maison Hermès : créé en 2003 par Jean-Claude Ellena. Des notes aquatiques et fraîches qui évoquent l’aspect marin de la Méditerranée puis arrivent des nuances boisées et vertes qui rappellent les arbres et la végétation luxuriante de la région. Les touches florales et fruitées reflètent la diversité des jardins méditerranéens. Un parfum à la fois léger et complexe, reflet d’un jardin en bord de mer.
- Ninfeo Mio de Goutal, créé en 2010 par Camille Goutal et Isabelle Doyen. La note dominante de feuille de figuier, fraîche et verte, évoque les arbres ombragés du jardin. Les agrumes en tête rappellent l’énergie pétillante de l’aube, tandis que les notes plus profondes en fond transmettent le mystère et la profondeur des ruines antiques. Ninfeo Mio est une ode à la nature, à l’histoire et à la beauté, capturant l’essence du jardin de Ninfa dans une bouteille.
- Womanity de Thierry Mugler : créé en 2010 par Alexis Dadier et Ralf Schwieger. Bien que ce ne soit pas une fragrance centrée exclusivement sur la figue, Womanity mérite d’être mentionné pour son utilisation audacieuse de la note de figue en combinaison avec une note “caviar”.. Ce mélange étonnant crée un parfum sucré-salé qui est à la fois intrigant et moderne.
- Fig Infusion de Essential Parfums : créé en 2022 par Nathalie Lorson. Nathalie Lorson a créé un parfum fruité avec une note figue réaliste, rehaussée par une mandarine italienne. Ce parfum s’harmonise avec un cœur floral de fleur d’oranger et d’arômes de thé noir du Sri Lanka. L’ensemble est complété par un mélange boisé de cèdre de Virginie et de santal onctueux. La note baumée du benjoin offre une touche raffinée et cocooning.
La figue, avec sa richesse olfactive et ses nuances allant de la verdure croquante de sa feuille au sucre crémeux de son fruit, a longtemps captivé l’imaginaire des parfumeurs. Son histoire, profondément enracinée dans les civilisations anciennes, témoigne de sa place centrale dans la culture, la religion et la gastronomie.
Une chose est certaine : la figue en parfumerie est bien plus qu’une simple note. Elle est une invitation à voyager, à rêver et à se reconnecter à la nature. Et tandis que la parfumerie continue d’évoluer, nul doute que la figue, avec son héritage riche et sa polyvalence, continue d’inspirer les nouvelles générations de parfumeurs à la recherche du prochain grand classique.
Entraînez vous à reconnaître les différentes odeurs et pourquoi ne pas essayer de reproduire les facettes de la figue grâce aux crayons parfumés du livre-jeu olfactif Master Parfums !
Ohé, ohé, c’est la rentrée ! Pour beaucoup, les vacances s’achèvent. Peut-être vous apprêtez-vous à retourner derrière un bureau et à retrouver les responsabilités du monde du travail… Pas si vite. Master Parfums vous propose de retomber en enfance le temps d’un article autour des odeurs de l’école – celles qui ont le pouvoir de nous transporter dans une salle de classe, entre dictées et récrés.
Le crayon à papier
HB, B, 2B, on ne savait pas toujours ce que cela voulait dire, mais existe-t-il une fourniture plus classique que le crayon à papier ? Cet incontournable de nos trousses qui voit le jour à la fin du XVIIIe siècle est d’abord fait de bois de genévrier, puis de cèdre rouge. Aujourd’hui, c’est le cèdre à encens qui est majoritairement utilisé pour sa fabrication. Au bout de son corps en bois, il y a bien sûr sa mine grise composée de graphite et d’argile.
Pour évoquer la senteur boisée et doucement minérale du crayon à papier, rien de tel que le cèdre, donc… mais pas n’importe lequel, car tous ne se valent pas. Le cèdre de l’Atlas exhibe par exemple une facette cuirée, voire animale. Pas vraiment de quoi nous ramener derrière un pupitre. Non, la star, c’est le cèdre de Virginie ou cèdre rouge, dont les copeaux de bois sont distillés afin d’en extraire une riche huile essentielle. Les molécules de cédrol que cette huile renferme lui confèrent un aspect boisé vert, doux et sec à la fois.
Si le cèdre est devenu le chouchou de nombreuses familles olfactives grâce à son immense pouvoir de fixation des notes qu’il côtoie, placez-le dans un parfum boisé, et il rayonne véritablement, surtout au contact d’autres bois. Light Blue de Dolce & Gabbana et son bois de bambou, Tam Dao de Diptyque et son santal ou encore Super Cedar de Byredo où s’invite le vétiver sont quelques fragrances autour du cèdre ayant réussi à retrouver l’odeur d’un crayon à papier fraîchement taillé et prêt à être utilisé… ce qui nous amène au papier.
Le papier
Que ce soit dans un cahier à grands carreaux tout neuf, un roman lu avec réticence pendant l’été ou un manuel de seconde main, qui n’a jamais trouvé du réconfort dans l’odeur du papier ? Les effluves légèrement sucrées qui s’en dégagent et se renforcent avec le temps sont principalement dues à deux composants : la cellulose et la lignine.
En effet, les arbres sont majoritairement composés de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Lorsqu’un bois est traité pour fabriquer de la pâte à papier, on en extrait la cellulose, mais on met les deux autres à la porte. La lignine peut notamment rendre le papier trop rigide et difficile à manipuler. Mais qu’à cela ne tienne, elle ne dit pas son dernier mot, car la séparation ne se fait jamais complètement : certaines de ses huiles essentielles s’accrochent à la cellulose, et ce sont elles qui font la signature olfactive des livres et cahiers qui rendaient rapidement nos cartables un peu trop lourds à porter.
La lignine, qui se contentait auparavant d’être un résidu des papeteries, est aujourd’hui utilisée en parfumerie, surtout pour synthétiser la vanilline et recréer la douce odeur des gousses de vanille plus rapidement et à moindre coût. Le papier contient aussi de l’acide acétique à la senteur vinaigrée, des aldéhydes rappelant l’herbe sèche, ou encore du benzaldéhyde, évoquant quant à lui l’amande amère. Avec le passage du temps, ces composants se dégradent… pour le plus grand bonheur de nos narines, car l’odeur du papier que nous aimons tant s’en trouve alors exacerbée !
La délicatesse poudrée d’Amande Persane de Roger & Gallet, de L’Eau d’Hiver des Éditions de Parfums Frédéric Malle ou peut-être de Vanille Exquise d’Annick Goutal vous plongeront ainsi le nez entre des pages blanches. Et si vous préférez l’odeur des pages jaunies par le temps, Old Books de la maison The Perfumer’s Story by Azzi recrée le côté plus boisé et résineux du papier vieillissant.
L’odeur d’un livre variera en fonction de son âge, donc, mais aussi du type de papier employé, de l’encre qui figure sur ses pages ainsi que de la colle utilisée pour les relier. En parlant de colle, de nombreuses d’entre elles se vantent aujourd’hui d’être sans parfum ; une aberration pour les anciens écoliers pour qui l’odeur de la colle Cléopâtre est une madeleine de Proust sans pareil. Retournons dans la trousse avec ce produit au bouchon orange et sa fameuse senteur d’amande aux accents chimiques.
La colle Cléopâtre
En 1930, Pierre Chamson fonde l’entreprise Cléopâtre et fabrique dans son appartement parisien une colle du même nom à base d’amidon de pomme de terre. Mais face à une concurrence parfois rude, il faut bien se réinventer. Ni une ni deux, le pot s’arme d’un petit pinceau et surtout, en 1934, de l’odeur d’amande qui fera son succès. La molécule qui livre la caractéristique odeur de la colle Cléopâtre est le benzaldéhyde mentionné plus haut, aussi appelé amandol, car on le retrouve dans l’essence d’amande amère. À l’époque, le but n’était pourtant pas de conférer une quelconque fragrance à la colle, seulement de faciliter le travail de sa texture et de pouvoir la conserver plus longtemps.
Dans la cologne Gentlewoman de Juliette Has A Gun, la colle Cléopâtre est ramenée à la vie par une amande intensifiée par de la fleur d’oranger et enveloppée d’ambroxan et de muscs. Doudou de Jean-Charles de Castelbajac revendique lui aussi la colle Cléopâtre comme inspiration. Sans surprise, il est l’union entre une amande verte, de la fleur d’oranger et de l’orange amère. Dans la même lignée, Serge Lutens livre avec Louve une amande épurée et poudrée.
Pot-pourri de senteurs scolaires
Il y a encore tant d’odeurs de la rentrée scolaire à redécouvrir ! Peut-être vous souvenez-vous d’avoir choisi avec enthousiasme la couleur de vos protège-cahiers à l’approche du mois de septembre… Le parfum qui en émane vient de résidus de chlorure de vinyle, un gaz toxique lorsqu’il est présent en grande quantité, ce qui n’est heureusement pas le cas dans les protège-cahiers – bonne nouvelle pour celles et ceux qui aimaient humer leur odeur éthérée.
L’encre de stylo-plume doit quant à elle son odeur à la faible dose de phénol qui y fait office de conservateur. Soupçonnée elle aussi d’avoir des effets nocifs à haute concentration, elle a prudemment été remplacée. Adieu, donc, à son odeur un poil cuirée évoquant quelquefois le champignon et même la tapenade. Le Messager de Courrèges, Téméraire de Givenchy, M/Mink de Byredo ou encore L’Eau Papier de Diptyque sont autant de fragrances faisant revivre l’encre qui finissait parfois plus sur nos doigts que sur nos feuilles. L’Eau Papier présente aussi un accord de vapeur de riz suggérant, vous l’aurez deviné, le papier. Mentionnons également Comme des Garçons 2, un parfum boisé mettant à l’honneur l’encre japonaise Sumi, l’accompagnant d’une ribambelle d’épices, d’encens et de cèdre.
Tentés de retrouver la senteur âpre et minérale de la craie sur un tableau noir ? Faites un tour du côté de Royal Bain de Caron ou de De Bachmakov par The Different Company.
Ce tour d’horizon de notes écolières vous a donné envie d’en apprendre plus sur la composition d’un parfum ? Avec ses 120 questions autour du fascinant univers de la parfumerie, le jeu Master Parfums a la solution, et ce n’est pas tout : avec ses crayons parfumés, ébaucher votre propre fragrance devient un jeu d’enfant !
Parmi les matières premières les plus adulées en parfumerie, il y en a une capable d’exhiber tour à tour une innocence réconfortante et une sensualité sans égal : faites place à l’ensorcelante vanille, un ingrédient de circonstance, car c’est en août que sa récolte bat son plein. Vous allez le voir, la vanille n’a pas toujours accepté de livrer ses gousses tant convoitées aux parfumeurs… Master Parfums vous raconte.
Sur les traces de la vanille
Dans la mythologie du peuple amérindien Totonaque, la princesse Tzacopontziza, au service de la déesse de la récolte et de la nourriture Tonoacayohua, doit faire vœu de chasteté… mais voilà qu’elle et le prince Zkatan-Oxga tombent amoureux ! Alors que les tourtereaux s’enfuient pour vivre leur amour, ils sont rattrapés et sacrifiés. On raconte qu’à l’endroit de la forêt où leur sang est versé naît un arbuste autour duquel s’enroule une liane de vanille parée de petites fleurs étoilées…
Restons en Amérique centrale, où la vanille trouve ses racines. La vanille Bourbon, la variété star dont nous allons parler aujourd’hui, vient du Mexique. Au XVe siècle, les Aztèques élaborent le xocoatl, en náhuatl xoco (amer) et atl (eau), une boisson à base de fèves de cacao et agrémentée, vous l’aurez deviné, de vanille. Oui, il s’agit bien de l’ancêtre de notre chocolat chaud ! Si les Aztèques fabriquent le breuvage, faute de conditions climatiques adéquates pour pouvoir la cultiver, c’est chez leurs voisins les Totonaques qu’ils s’approvisionnent en vanille.
En 1519, quand les Espagnols posent le pied au Mexique, le conquistador Hernán Cortés est accueilli par l’empereur Moctezuma qui lui offre cette boisson en guise de bienvenue. Conquis Cortés rapporta en Espagne la recette mais également les ingrédients nécessaires à sa fabrication. Coup de cœur en Europe : le chocolat chaud fait fureur, et l’attention se porte sur la petite gousse aux riches arômes servant à le fabriquer.
Des fruits qui se font désirer
Au XVIIIe siècle, André Thouin, jardinier de Louis XIV, tente de cultiver le tout premier plant de vanille en France… mais pas un seul fruit à l’horizon. Friand de la petite gousse, le Roi-Soleil exporte la vanille sur l’île de la Réunion (à l’époque une colonie française appelée l’île Bourbon) dans l’espoir que le climat tropical fasse fructifier la fleur… sans succès. Les Totonaques auraient-ils un secret bien gardé ?
En fait, la fleur de vanille est hermaphrodite et ne peut pas se reproduire seule. Elle a besoin d’un coup de pouce, en l’occurrence, celui d’une petite abeille, la mélipone, qu’on ne trouve qu’au Mexique et aux Antilles, et qui n’est pas acclimatée à l’île Bourbon. C’est vraisemblablement l’impasse… enfin, c’était sans compter sur le génie d’un jeune esclave, Edmond Albius.
La découverte révolutionnaire d’Edmond Albius
En 1841, un jeune esclave réunionnais fait une découverte qui va chambouler le cours de l’histoire de la vanille. Alors qu’il n’a que 12 ans, Albius découvre que l’on peut polliniser manuellement l’orchidée planifolia et en développe la technique : il s’agit de faire la différence entre les organes mâles et femelles de la fleur et de les polliniser à l’aide d’une épine en bois en déchirant la membrane qui les sépare.
La technique, qui est toujours utilisée aujourd’hui, porte ses fruits et propulse l’île Bourbon au rang de chef de file en matière de production de vanille… d’où le nom de “vanille Bourbon” ! Madagascar a depuis pris le relais.
Aperçu botanique et aromatique
La gousse de vanille est le fruit d’une orchidée liane grimpante pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, la seule orchidée au monde capable de produire un fruit que nous puissions nous mettre sous la dent. Pompona, de Madagascar, de Tahiti… Il existe pas moins de 110 espèces de vanille, mais la chouchoute aussi bien en cuisine qu’en parfumerie est la vanille planifolia, plus communément appelée vanille Bourbon. Son arôme est de loin le plus riche, le plus raffiné à la fois, et le plus persistant.
En parfumerie, la vanille Bourbon évoque des notes chaudes, chocolatées et crémeuses, mais ne se réduit pas pour autant qu’à son côté gourmand ! Elle sait aussi être tendre et enfantine, aérienne et poudrée, d’autres fois sensuelle et presque animale, se parant d’accents boisés, balsamiques, épicés ou cuirés. Sa présence peut aussi bien conférer de l’onctuosité et de l’opulence à une fragrance qu’adoucir des notes plus âpres et plus brutes.
La vanille est un ingrédient fétiche des notes de fond [lien article Notes de tête, de cœur et de fond en parfumerie], surtout dans les parfums orientaux-ambrés, étant capable d’y créer un sillage sans pareil… mais elle ne s’en invite pas moins dans des fragrances de toutes les autres familles et est aussi fréquemment travaillée comme note centrale.
La transformation de la vanille Bourbon
Les gousses de vanille Bourbon sont généralement cueillies au mois d’août, lorsqu’elles sont arrivées au stade dit “queue de serpent” : si environ 1 cm de leur extrémité a pris une couleur jaune, les gousses peuvent commencer le processus les conditionnant pour être utilisées comme matière première.
- Vient d’abord l’échaudage. C’est en ébouillantant les gousses dans de l’eau brûlante durant trois minutes qu’on active les enzymes révélant leur caractéristique arôme. Eh oui, à l’état naturel, les gousses sont inodores !
- Ensuite, c’est au tour de l’étuvage. Les gousses sont placées dans des couvertures en laine pendant trois jours, à la fois pour qu’elles perdent leur eau et conservent leur chaleur.
- Troisième étape : le séchage pendant plusieurs semaines, au soleil puis à l’ombre, pour éviter l’apparition de vilaines bactéries. C’est là qu’elles développent la jolie couleur d’un brun profond qu’on leur connaît.
- Il est temps de finir avec l’affinage en malle : on s’assure que les gousses sont bien sèches et on les place dans des caisses en bois ou en métal. Elles sont régulièrement contrôlées pour assurer leur bonne conservation, triées en fonction de leur taille et de leur couleur, et lissées à la main pour répartir leurs arômes qui ne cessent de se développer et de se renforcer pendant cette dernière étape.
Pour incorporer la vanille en parfumerie, on faisait autrefois macérer les gousses coupées en petits morceaux dans de l’alcool pour obtenir ce qu’on appelait une teinture de vanille. Cette technique est aujourd’hui tombée en désuétude et on lui préfère une extraction au solvant volatil pour tirer des gousses un riche absolu de vanille.
Mais voilà, le long processus pour que les gousses récoltées deviennent exploitables peut durer presque un an, et il a un coût : 1000 euros le kilo de gousses. Heureusement, les chimistes et les parfumeurs ont quelques solutions en poche.
Des alternatives synthétiques : la vanilline et l’éthylvanilline
La composante principale de la vanille qui lui donne sa senteur tant appréciée est la vanilline (c’est d’ailleurs la vanille Bourbon qui en contient le plus). Au XIXe siècle, même si on sait déjà l’extraire de la gousse, on s’attelle à la synthétiser afin de pouvoir profiter de son potentiel olfactif à moindre coût et plus rapidement. La vanilline naturelle est certes plus aromatique et nuancée, mais celle de synthèse est bien moins onéreuse. Aujourd’hui, la vanilline synthétique est l’arôme le plus fabriqué au monde !
La molécule d’éthylvanilline, elle aussi synthétisée au XIXe siècle, est aussi une alternative. Si elle est plus chère que la vanilline de synthèse, elle le reste toutefois moins que la vanilline naturelle. Plus gourmande et alimentaire, elle a une odeur quatre fois plus forte que celle de la vanilline de synthèse, ce qui permet d’en réduire la quantité utilisée.
Sélection de parfums vanillés
- Aimé Guerlain est le premier à faire usage de vanilline synthétique dans l’insaisissable Jicky (1889), une pluie d’aromates dont la vanille des notes de fond se marie à la perfection avec une note de lavande, de la coumarine et de la civette.
- Avec l’ultra-sensuel oriental Shalimar (1925), Guerlain inaugure sa Guerlinade : la légendaire base de parfum irisée et vanillée de la maison serait née après que la formule de Jicky eut été retravaillée et agrémentée d’une bonne dose d’éthylvanilline !
- Caron orchestre la rencontre entre vanille et lavande dans son classique aromatique Pour un homme (1934).
- On pourrait voir en Habit Rouge (1965), fragrance boisée et épicée de Guerlain, une sorte de Shalimar au masculin.
- Avec le désormais incontournable parfum pour femme Angel (1992) de Thierry Mugler, l’union entre la vanille et la molécule d’éthyl-maltol rappelle un délicieux caramel fondant sur un puissante boule de patchouli
- Dans Spiritueuse Double Vanille (2007) de Guerlain, une vanille en surdose devient liquoreuse au contact du rhum.
- Pour Essential Parfums, Olivier Pescheux signe Divine Vanille (2019) où la présence la belle se révèle moins gourmande , plus mystérieuse, soyeuse, teintée des accents abricotés et cuirés de l’osmanthus.
- Avec Velvet Tonka (2021), BDK Parfums, étoile montante de la parfumerie de niche, travaille l’absolu de vanille façon corne de gazelle aux côtés de la rose, de l’amande et de la fleur d’oranger.
Encore aujourd’hui, les armoiries de l’île de la Réunion arborent une liane de vanille et un message en latin gorgé d’espoir : Florebo Quocumque Ferar, “je fleurirai partout où je m’accrocherai.” Et comment ! Nous l’avons vu, en parfumerie, la vanille est aujourd’hui omniprésente, et pour cause : la versatilité de sa riche palette olfactive est inégalée.
Envie de découvrir d’autres ingrédients phares de la parfumerie ? C’est possible avec le jeu Master Parfums qui vous permet d’en apprendre plus sur ces matières et surtout, de les sentir grâce à ses crayons parfumés.
S’il existe une fleur qui évoque instantanément la sophistication, la délicatesse et la sensualité, c’est bien le jasmin. Utilisé depuis des siècles pour son parfum envoûtant et inoubliable, le jasmin a su conquérir le monde de la parfumerie avec une grâce sans égale. Voyageons ensemble dans l’univers olfactif des trois variétés les plus appréciées : le jasmin Grandiflorum, le jasmin Sambac et le jasmin étoilé.
Plongez dans cet univers captivant et explorez ses origines, ses caractéristiques olfactives, ses méthodes d’extraction et son incarnation dans quelques parfums notables.
Les différentes variétés et caractéristiques
Le nom jasmin vient de l’arabe « Yasmine » qui lui-même provient du nom perse « Yasaman » signifiant « parfum envoûtant, suave ». C’est un petit arbuste de la famille des oléacées, d’un maximum de 3 mètres de haut, avec de petites fleurs de pétales blancs en forme d’étoiles, très odorantes poussant aux extrémités des branches.
On dénombre environ 200 variétés différentes mais seules 3 d’entre elles sont utilisées en parfumerie fine dont 90% de la production mondiale est localisée en Inde.
Le jasmin Grandiflorum
Surnommé le « jasmin d’Espagne » ou « jasmin de Grasse », il est originaire de l’Himalaya, mais c’est en Inde, en Egypte, en Espagne et également dans le sud de la France dans la région de Grasse qu’il est principalement cultivé pour la parfumerie fine. Là-bas, on l’appelle avec grand respect “La fleur”. La récolte se fait entre juin et octobre. Il faut environ 7 millions de fleurs pour extraire 1 kg d’absolu dont le prix s’élève à 3000€. 1
Il dévoile une harmonie de notes à la fois délicates et complexes. Au premier abord, son parfum évoque une fraîcheur verte et légèrement fruitée, rappelant des arômes de banane ou de pêche. Puis une note de fond charnelle, parfois animale, chaude et miellée, qui lui donne une sensualité voluptueuse, ce qui fait du jasmin Grandiflorum une matière première précieuse en parfumerie, contribuant à la richesse des parfums orientaux et des compositions florales intenses.
Le jasmin Sambac
Originaire d’Asie du Sud-Est, où il parfume le thé et le riz, le jasmin Sambac, aussi nommé « jasmin d’Arabie » ou « jasmin Foul » est une variété de jasmin largement utilisée en parfumerie pour son parfum distinctif.
La récolte se fait entre mars et septembre. 10 millions de fleurs sont nécessaires pour extraire 1 kg d’absolu dont le prix s’élève à 4000€.
Il dégage un parfum intensément solaire avec des accents de fleur d’oranger, aux facettes vertes et légèrement fruitées. Son odeur est plus exotique que celle du Jasmin Grandiflorum, avec une légère pointe qui peut rappeler celle du thé. Souvent utilisé par petite touche dans les parfums lumineux, il accompagne généreusement les notes solaires, florales ou plus suaves.
Le jasmin Étoilé
Moins connu mais tout aussi précieux, le Jasmin Étoilé, également connu sous le nom de trachelospermum jasminoide apporte une dimension exotique aux parfums.
Originaire d’Asie de l’Est, le jasmin étoilé n’est pas un vrai jasmin, mais appartient à la famille des apocynacées. Il est appelé « étoilé » en raison de ses fleurs blanches en forme d’étoiles qui fleurissent généreusement durant les mois chauds. Son parfum est doux et floral, exhale également des nuances délicatement lactées et de légères touches de vanille, conférant aux compositions parfumées une richesse et une profondeur incroyables.
Caractéristiques odorantes
Dans l’univers des parfums, deux variétés de jasmin se démarquent : le Jasmin Sambac et le Jasmin Grandiflorum.
Les deux variétés sont riches en molécules typiquement jasminées (jasmone) offrant une note douce et légèrement fruitée.
L’indole est une molécule organique qui a un rôle important dans le profil olfactif de plusieurs types de jasmin. À faible concentration, l’indole a une odeur florale douce. Cependant, à des concentrations plus élevées, l’odeur est plus puissante, souvent décrite comme animale, voire rappelant la naphtaline. Il est intéressant de noter que malgré cette dualité, l’indole est une composante essentielle de la riche et complexe senteur du jasmin, contribuant à sa signature distincte et à son caractère opulent.
Bien qu’ils soient de la même famille et partagent un certain nombre de caractéristiques, leurs particularités odorantes et leurs utilisations en parfumerie sont différentes.
Le Jasmin Sambac, on l’a vu, est connu pour son parfum solaire teinté de notes de fleur d’oranger, rondes, fruitées, et presque sucrées. Même si sa concentration est faible, une molécule (le cis-3-hexénol) 2 contribue à la note verte et légèrement aigre qui rappelle l’odeur des feuilles et des tiges de la plante, apportant une dimension plus naturelle et fraîche à l’ensemble du parfum de la fleur.
De son côté, le Grandiflorum se distingue par une présence d’une note animale, avec des facettes épicées chaleureuses (l’eugénol) qui rappellent le clou de girofle. Il y a aussi des notes fruitées, poudrées. Il est opulent et dense.
Récoltes et extractions
La récolte du jasmin est une tâche méticuleuse qui nécessite beaucoup de soin et de précision. Elle est généralement effectuée à la main en raison de la délicatesse des fleurs de jasmin.
Cueillette des fleurs: La récolte commence généralement à l’aube lorsque les fleurs commencent à s’ouvrir.
C’est le moment idéal pour la cueillette car les fleurs de jasmin sont très sensibles et leur parfum peut se détériorer avec la chaleur du soleil.
Une fois les fleurs de jasmin cueillies, elles sont transportées le plus rapidement possible vers le lieu d’extraction pour éviter la dégradation de leur parfum.
Extraction : deux méthodes principales existent :
- L’Enfleurage consiste à placer les fleurs de jasmin sur une couche de graisse animale ou végétale. Avec le temps, la graisse absorbe le parfum des fleurs. Cette graisse parfumée est ensuite lavée à l’alcool pour obtenir l’absolue de jasmin. Toutefois, cette méthode est rarement utilisée aujourd’hui en raison de son coût élevé et de sa faible efficacité.
- L’Extraction aux solvants volatiles est la méthode la plus couramment utilisée pour obtenir l’absolu de jasmin. Dans cette méthode, les fleurs de jasmin sont placées dans de grands récipients où un solvant, généralement de l’hexane, utilisé pour dissoudre les composants odorants des fleurs. Le solvant est ensuite évaporé, laissant derrière lui une pâte épaisse : la concrète.
- L’absolu de jasmin : pour l’obtenir, la concrète est lavée à l’éthanol qui dissout les composants odorants, puis est évaporé, laissant derrière lui l’absolu de jasmin, l’extrait très concentré de la fragrance de la fleur.
Le Jasmin et les Matières Premières de Synthèse
La synthèse du jasmin permet de reproduire son parfum complexe à une échelle plus grande et à un coût plus bas. Malgré la richesse des matières premières synthétiques, l’essence naturelle du jasmin reste inégalable en termes de profondeur et de complexité.
Cependant, la synthèse apporte des variations, une maîtrise plus fine de la complexité à l’état naturel révélant des tonalités citronnées, fraîches, mettant l’accent sur la transparence pétalée et aérienne de la fleur.
Parmi les molécules synthétiques les plus couramment utilisées pour imiter l’odeur du jasmin, on trouve l’hédione pour la note fraîche transparente et l’Indole, pour la note florale animale.
L’utilisation de ces matières premières synthétiques permet aux parfumeurs d’avoir un contrôle plus précis sur leurs créations, de garantir une constance de l’odeur malgré les variations naturelles et les problèmes de disponibilité, et d’offrir des parfums à base de jasmin à un prix plus abordable pour le consommateur.
Exemple de parfums jasminés
Le jasmin est au cœur de plusieurs parfums emblématiques, allant des compositions classiques aux créations plus modernes. Voici une sélection de parfums où le jasmin règne en maître :
- Jasmin Impératrice Eugénie de Creed (1862) – Un parfum riche et opulent, créé initialement pour l’Impératrice Eugénie de France. Le jasmin y est au cœur, accompagné par des notes de vanille et de santal.
- Joy de Jean Patou sorti en 1930 et créé par Henri Alméras. Le jasmin est l’une des deux notes principales de Joy, avec environ 10 000 fleurs de jasmin pour créer seulement 30ml de ce parfum. Le résultat est un bouquet floral exubérant souvent cité comme un chef-d’œuvre de la parfumerie.
- A la Nuit de Serge Lutens – C’est une véritable ode au jasmin. Créé par Christophe Sheldrake, ce parfum soliflore met en avant le jasmin dans toute sa splendeur, capturant l’essence animale de la fleur en pleine floraison pendant la nuit.
- Le Jasmin de Goutal est une fragrance florale lancée en 2004 par Isabelle Doyen et Camille Goutal. Cette fragrance combine les notes de jasmin Sambac et de jasmin étoilé avec un soupçon de thé vert et de gingembre. C’est un parfum qui évoque un jardin de jasmin au petit matin, offrant un parfum frais, floral et légèrement épicé.
- Jasmin et Cigarette par État Libre d’Orange (2006) : Une combinaison intrigante de jasmin, de tabac, de foin et de fruits secs, créée par Antoine Maisondieu. Le parfum est à la fois floral et fumé, avec une touche rétro.
- Jasmin Angélique par Atelier Cologne (2015) : Créé par Jérôme Epinette, ce parfum capture le jasmin dans sa forme la plus verte et la plus fraîche, rehaussé par des notes d’angélique, de galbanum et de citron.
- Jasmin Marzipane de Lancôme : Lancé en 2016, ce parfum fait partie de la collection exclusive Les Parfums Grands Crus. Dominique Ropion met à l’honneur le jasmin dans cette fragrance et le rehausse par des notes d’amande, de bois de santal et de vanille, évoquant un macaron au jasmin. Le résultat est une création élégante et gourmande.
- Bangla Yasaman a été créé par Isabelle Larignon et lancé en 2023. Ce parfum présente l’illusion captivante d’une combinaison de grandiflorum et sambac rafraîchie par une cardamome, et veloutée car un fond chaud, boisé et balsamique. Il a la particularité de rendre hommage à la beauté exotique du jasmin sans en utiliser ! Toutes les notes de jasmin ont été reconstituées par des matières premières de synthèse.
Le jasmin, avec son parfum inoubliable, a su s’imposer comme l’un des piliers de la parfumerie. De la beauté de ses fleurs à l’intensité de son parfum, le jasmin continuera de fasciner et d’inspirer les créateurs de parfums encore longtemps pour notre plus grand plaisir. Qui sait quelles nouvelles interprétations olfactives du jasmin nous réserve l’avenir ?
Sources
- Cahier des naturels Nez + LMR, Jasmin Grandiflorum
- Cahier des naturels Nez + LMR, Jasmin Sambac
Ça y est, l’été est là ! Pour bon nombre, cela signifie prendre le chemin du bord de mer. À défaut de pouvoir vous poser les doigts de pied en éventail sur une plage de sable fin, bonne nouvelle : la parfumerie est là pour vous donner un coup de pouce. Une multitude de matières premières sont capables de recréer la sensation de la peau chauffée par le soleil sur une plage, et une en particulier y parvient avec brio : l’ylang-ylang, une fleur onctueuse et enivrante que Master Parfums vous propose aujourd’hui de découvrir.
Une fleur phare en Asie du Sud-Est
L’arbre de l’ylang-ylang est originaire de l’Asie du Sud-Est, principalement de l’archipel des Moluques dans l’est de l’Indonésie. Là-bas, “la fleur des fleurs” s’invite sur le lit des jeunes mariés le soir de leurs noces. Aux Philippines, on tresse les fleurs d’ylang-ylang avec des fleurs de jasmin sambac pour en faire des colliers dont on revêt les images religieuses. Il est aussi utilisé dans la pommade “boori-boori” : mélangé à de la noix de coco, on en tire une concoction destinée à nourrir la peau et les cheveux. En somme, difficile de trouver fleur plus appréciée que l’ylang-ylang dans la région.
Les années 60 voient l’essor de son utilisation au niveau international lorsque son huile essentielle devient de plus en plus prisée. En aromathérapie, on prête à l’ylang-ylang des qualités anti-stress, antiseptiques et sédatives. Du côté de la parfumerie, c’est notamment parce qu’il est le roi de la note solaire qu’on l’apprécie. Pour beaucoup, la note solaire vient titiller nos souvenirs et nous ramène à un produit bien précis qui fit fureur sur les plages dans les années 1930 : l’Ambre Solaire de Garnier.
L’Ambre Solaire, madeleine de Proust estivale
Avant le 20ème siècle, la peau blanche était l’apanage des riches, la peau halée étant un signe du dur labeur en plein air des paysans. Dans les années 20, c’est Coco Chanel qui va inverser la tendance. Sa vie luxueuse l’amène à passer ses week-ends en plein air, sur des bateaux, colorant sa peau de brune. La peau halée devient alors un signe de richesse et de belle vie. La légende raconte qu’en 1927, en voyant Coco Chanel rentrer d’un de ces weeks-ends en mer, la peau brûlée par le soleil, Jean Patou décide de créer la première huile solaire, conçue pour protéger du soleil tout en couvrant la peau d’un voile de couleur bronze, le “bronzage”. Il s’agit de l’huile de Chaldée, qu’Henri Almeras, le parfumeur de la maison Patou, pare de notes florales épicées, et enrichit en salicylate de benzyle, molécule découverte en 1908 et utilisée comme filtre solaire, pouvant absorber les UV.
Surfant sur l’engouement de cette huile, Eugène Schueller, chimiste et fondateur de L’Oréal, cherche aussi à créer un produit qui protégerait des vilains coups de soleil tout en permettant un bronzage en douceur. C’est ainsi que naît en 1935 l’Ambre Solaire, une huile de bronzage qui ne tarde pas à s’imposer en indispensable de sacs de plage, surtout à partir de 1936, année des premiers congés payés offrant la possibilité de s’octroyer des vacances ensoleillées en bord de mer.
À l’époque, le filtre solaire utilisé dans le produit de Garnier n’est autre que le fameux salicylate de benzyle, qui confère à l’Ambre Solaire sa signature olfactive si particulière !
Le salicylate de benzyle
Le salicylate de benzyle dégage des effluves floraux et épicés légèrement iodés et confère aisément de la lumière solaire aux compositions auxquelles il s’intègre. On le marie souvent à des notes florales ; dans l’Ambre Solaire, ce sont la rose et le jasmin.
Au fil des années, on se rend compte que le salicylate de benzyle n’est pas aussi efficace qu’on le croyait. La recherche ayant peu à peu développé de meilleurs filtres, L’Oréal le retire de son best-seller… et voilà que les ventes de l’Ambre Solaire dégringolent. Eh oui, la senteur de la molécule a alors durablement séduit les consommateurs. Ni une ni deux, l’entreprise retravaille la formule du produit afin d’y intégrer de nouveau le salicylate, une star finalement bien plus pour son odeur que pour ses propriétés anti-UV. Depuis, le salicylate de benzyle a définitivement posé ses valises dans le monde de la parfumerie.
Et l’ylang-ylang, dans tout ça ? Il se trouve que la composante la plus déterminante dans l’odeur de l’ylang-ylang n’est autre que… le salicylate de benzyle, qui y est naturellement présent ! On comprend alors mieux pourquoi la fleur est le choix par excellence des parfumeurs pour mettre en flacon les rayons du soleil (souvent main dans la main avec l’œillet, le tiaré et la fleur de frangipanier).
L’ylang-ylang : petit aperçu botanique
En tagalog, langue des Philippines, “ylang” signifie désert. C’est donc en référence à son habitat naturel que l’on connaît l’arbre, qui appartient à la famille des Annonacées et dont le nom latin est “cananga odorata”. Il peut mesurer jusqu’à 30 mètres de haut à l’état sauvage dans des conditions climatiques adéquates. Lorsqu’on décide de le cultiver, il est taillé pour que ses jolies fleurs odorantes soient plus accessibles lors de la cueillette, et sa hauteur se situe entre 2 et 3 mètres.
Les longs pétales effilés de la fleur, formant des grappes rappelant des étoiles, dégagent une fragrance dont il serait en effet bien dommage de se priver. Crémeuse et épicée, un poil fruitée, la fleur d’ylang-ylang rayonne, imprégnée de la lumière du salicylate de benzyle. C’est une fleur extravertie et séductrice avec une facette parfois quasi animale.
L’ylang-ylang en parfumerie
Le premier laboratoire de distillation d’ylang-ylang des Philippines voit le jour vers 1860. Peu après, la fleur commence à être cultivée à plus grande échelle et à trouver son chemin jusqu’aux parfumeurs français. La production d’ylang-ylang aux Philippines a cependant beaucoup décliné depuis et ses principaux producteurs sont aujourd’hui les îles Comores et Madagascar.
Les fleurs d’ylang-ylang peuvent être placées dans des alambics permettant d’en obtenir une belle huile essentielle. On parle de “fractions” d’essence, c’est-à-dire d’extraits à la densité et aux propriétés olfactives différentes. On distingue la fraction extra supérieure, l’extra, la première, la deuxième et la troisième. L’extra supérieure est plus riche et plus fruitée que ses congénères, et plus on descend dans la liste, moins les fractions sont intenses… ce qui les rend en contrepartie plus fraîches. Seulement 40 à 50 kilos de fleurs sont nécessaires pour obtenir un kilo d’huile essentielle et l’ylang-ylang fleurit plusieurs fois par an. Ce qui en fait une championne en termes de rendement, et la matière du parfumeur produisant le plus d’huile essentielle.
On peut également extraire de l’ylang-ylang un magnifique absolu, plus capiteux que l’huile essentielle et dont les notes épicées sont encore plus prononcées. Il faut compter pas moins de deux tonnes de fleurs pour obtenir un kilo d’absolu.
Quelques parfums autours de l’ylang-ylang
- Il y a bien sûr l’indémodable N°5 (1921) de Chanel et son mariage entre des aldéhydes et un sublime absolu d’ylang-ylang.
- Dans l’emblématique L’Air du Temps (1948) de Nina Ricci, premier floral-épicé de la parfumerie, l’ylang-ylang se love au sein d’un magnifique bouquet sublimé par le salicylate de benzyle.
- Avec Mayotte (2006) de Guerlain, tubéreuse, ylang-ylang et jasmin composent le cœur de cette réédition de la fragrance Mahora. Une touche de frangipanier et de néroli ouvre le bal, le tout enveloppé par un fond vanillé.
- Le lumineux et balsamique Songes (2006) d’Annick Goutal allie l’ylang-ylang à la vanille de Bourbon. D’autres fleurs font vivre la note solaire : frangipanier, tiaré et jasmin.
- En 2013, Olivier Pescheux signe Eau Mohéli pour Diptyque. Dans cette eau de toilette florale aux accents verts et épicés, gingembre et poivre rose vont à la rencontre d’un suave ylang-ylang.
- Du côté d’Embruns d’Ylang (2019) de Guerlain, de la cannelle et du clou de girofle exaltent le côté naturellement épicé de l’ylang-ylang tandis que du lait de coco et de la vanille font prendre un coup de soleil à la fragrance.
- Avec La Dompteuse Encagée (2021) de Serge Lutens, l’ylang-ylang côtoie une facette amandée appuyée par la fleur de frangipanier.
- Dans Infusion d’Ylang (2022) de Prada, la fleur reste solaire, mais est toutefois plus voilée et transparente qu’à l’accoutumée. C’est un parfum vert et fruité, avec un évocateur accord de banane et de jasmin.
Pot-pourri d’autres notes estivales
L’ylang-ylang n’est évidemment pas le seul à avoir le pouvoir de nous faire prendre des vacances en un coup de nez. On peut aussi compter sur…
- D’autres fleurs blanches : fleur d’oranger, jasmin, tubéreuse, fleur de frangipanier, tiaré… L’ylang-ylang fait d’ailleurs souvent penser au monoï, une huile obtenue après la macération de tiaré dans de l’huile de noix de coco. Ce sont les grandes favorites lorsqu’il s’agit de travailler la sensation solaire en parfumerie.
- Les hespéridés : bergamote, pamplemousse, citron, néroli… Le peps des agrumes a le don de nous transporter sur la côte méditerranéenne en un claquement de doigts.
- Les notes marines : aussi appelées notes aquatiques, leur parfum iodé peut être obtenu par la synthèse avec des molécules comme la calone ou l’hélional, mais il existe aussi des notes aquatiques naturelles, issues, par exemple, de certaines algues.
- Les notes fruitées : grâce à la synthèse, des odeurs de fruits exotiques tels la noix de coco, la mangue, l’ananas ou la banane s’invitent sur notre peau… Dépaysement garanti.
Quelle que soit votre destination cet été, pourquoi ne pas continuer votre voyage olfactif avec la version Pocket Quiz du jeu Master Parfums ? Le Pocket Quiz, ce sont 120 questions sur l’univers de la parfumerie et un format de poche qui vous permettra de l’emporter avec vous où que vous alliez… même à la plage !
Autres sources consultées :
- L’Ylang-ylang en parfumerie – Cahiers des naturels NEZ-LMR
On le surnomme “la pépite du parfumeur” ou encore “l’or bleu de la parfumerie”… Faites place à l’iris. Si vous avez déjà senti un parfum décrit comme “poudré”, il y a des chances que vous ayez croisé la route de la jolie fleur bleue violacée, ou plutôt, de son rhizome, sa tige souterraine dont on obtiendra le riche absolu. Master Parfums vous emmène à la rencontre d’un des ingrédients les plus prestigieux du monde olfactif.
L’iris à travers les âges
En grec, la racine du mot iris signifie à la fois “arc-en-ciel” et “messager”, et pour cause : dans la mythologie grecque, Iris est la messagère des dieux changeant son écharpe multicolore en un pont arc-en-ciel reliant la terre et l’au-delà, délivrant ainsi des messages divins aux mortels. Chez les Égyptiens pour qui il est une fleur sacrée, l’iris s’invite dans des peintures au sein de pyramides dont certaines datent de 1500 avant J.C.
En France, l’époque de Clovis voit l’iris fleurir comme le symbole de la royauté lorsque le roi des Francs en fait son emblème. Au fil du temps, une confusion linguistique transforme son surnom “fleur de Louys” (en référence à Louis Iᵉʳ) en “fleur de Lys”. Eh oui, la fleur de lys était à l’origine une fleur d’iris des marais de couleur jaune !
Côté parfum, on trouve déjà des traces d’utilisations d’iris à l’Antiquité. Au Moyen Âge, de la poudre d’iris est placée dans des sachets servant à parfumer les armoires. Arrivés à la Renaissance, il faut remercier Catherine de Médicis pour avoir importé dans l’Hexagone de nombreuses modes italiennes. Il semblerait qu’elle soit derrière la popularisation de l’iris comme produit parfumé. À cette époque, les poudres de beauté font fureur : il s’agit de poudre de riz à laquelle on a incorporé des rhizomes d’iris pilés et tamisés. C’est de là que vient le terme “poudré” que l’on utilise si souvent pour décrire la texture olfactive de l’iris !
La note poudrée en parfumerie
On parle beaucoup de vanille poudrée, mais attention, une note poudrée de vanille et une note poudrée d’iris sont très différentes : la première nous emmène en terrain plus gourmand alors que la seconde est sèche et aérienne, un tantinet boisée. Elle évoque des tons pastel et nous rappelle souvent la violette… Cela est dû à la présence d’un composé chimique appelé l’irone.
La fragrance de l’iris est aussi raffinée que tenace : loin de s’estomper avec le passage du temps comme d’autres matières parfumées, l’iris, lui, persiste comme un voile poudré indélébile. On peut avoir l’impression de peu le sentir sur peau car son parfum intime est fait pour être senti de près par les gens que l’on aime et qui nous aiment. Un vrai parfum de peau…
Aperçu botanique
L’iris est une plante vivace de la famille des iridacées originaire d’Extrême-Orient et dont la parfumerie exploite le rhizome, sa tige souterraine. Ses principaux producteurs sont actuellement l’Italie et le Maroc. Bien qu’il existe plus de 210 espèces d’iris dans la nature, celles que les parfumeurs s’arrachent sont au nombre de deux : l’iris pallida et l’iris germanica.
Emblème de la ville de Florence, l’iris pallida des flancs escarpés de Toscane est le plus convoité et par conséquent le plus cher. L’iris germanica est quant à lui principalement produit au Maroc dans les vallées de l’Atlas. Si sa robustesse le rend plus facile à cultiver, en contrepartie, il bénéficie de moins de prestige que l’iris pallida.
Avis aux impatients : il faut compter pas moins de six ans entre la plantation de l’iris et sa mise en flacon.
La production d’iris
Le rhizome doit rester 3 ans sous terre pour atteindre la maturité. Après avoir été cueillis à la main, les rhizomes sont nettoyés, ébarbés, et coupés au couteau toujours manuellement. Puis, ils sont nettoyés puis séchés, et direction la chambre de ventilation pendant trois jours. Ils doivent commencer par perdre au moins 60% de leur eau, sinon, de vilaines moisissures risquent de s’y installer. Mais ça ne s’arrête pas là : après la récolte, rebelote, les rhizomes sont disposés ensuite sur des sacs de jute ou dans des bacs où ils vont rester à sécher encore trois années supplémentaires. Il faut patienter trois années le temps de mener à bien le procédé de dessiccation, une élimination de l’eau très poussée.
Au début, les rhizomes ne sont guère bavards, leur odeur ne rappelant que vaguement celle de la pomme de terre. Ce n’est qu’au terme de deux à trois ans de séchage que l’irone s’y est installé durablement. Un autre facteur qui rend l’iris germanica moins luxueux que l’iris pallida est que son taux d’irone est plus faible, car ses rhizomes sont généralement séchés deux ans au lieu de trois… parfois moins !
Les matières parfumées issues de l’iris
L’iris pallida et l’iris germanica peuvent livrer une huile essentielle par distillation à la vapeur d’eau, une huile que l’on appelle “beurre d’iris” car en réalité, elle ne reste pas liquide longtemps : à température ambiante, elle se solidifie et prend une consistance beurrée. Ce beurre est floral, boisé et bien sûr, poudré. Il peut même lui arriver de prendre des airs de framboise.
Lorsqu’il est traité une seconde fois à la macération dans un solvant, on obtient un magnifique absolu d’iris, encore plus concentré en irone. Dans le beurre, la concentration en irone est de 10% à 35% tandis que dans l’absolu, elle se situe entre 65% et 85%.
L’absolu d’iris possède des facettes encore plus intenses et boisées et rappelle parfois le mimosa ou la carotte. D’ailleurs, l’essence de carotte est souvent l’alliée des parfumeurs lorsqu’il s’agit d’appuyer, voire de remplacer une sensation irisée.
Il y a aussi l’extraction au solvant volatil qui permet d’obtenir un résinoïde là encore boisé mais aussi cacaoté et quelques fois fruité, contenant entre 1% et 3% d’irone. En parfumerie on distingue l’Iris blanc, le plus pur, dont le rhizome a été pelé avant de secher entier, de l’iris noir, qui n’a pas eté pelé mais tranché avant de secher. Son odeur est plus boisée.
Il faut 1 tonne de rhizomes pour 1 kilo de beurre d’iris et pas moins de 15 kilos de beurre pour un unique kilo d’absolu. Le temps de production de l’iris et sa faible rentabilité ont un coût : il est l’une des matières les plus onéreuses de la parfumerie. Si le beurre vaut entre 10 000 et 15 000 euros le kilo, tenez-vous bien : le prix d’un kilo d’absolu peut grimper jusqu’à 100 000 euros.
Quelques exemples de parfums autour de l’iris
Au début du XXᵉ siècle, l’iris se popularise alors que de grands noms de la parfumerie commencent à l’intégrer à leurs fragrances. Aujourd’hui, les parfums le mettant en lumière abondent, et l’on retrouve souvent l’iris au centre d’un bouquet de fleurs comme note de cœur ou en note de fond. Voici quelques fragrances renfermant le précieux “or bleu” :
- L’un des tout premiers parfums à l’iris est Vera-Violetta (1894) de Roger & Gallet, alliant l’iris et la violette.
- Après L’Ondée (1906) de Guerlain est un floral-ambré avec une touche d’anis.
- Toujours chez Guerlain, L’Heure Bleue (1912) donne des accents épicés à un sublime bouquet de fleurs.
- L’incontournable N°19 (1970) de Chanel est quant à lui suave, vert et boisé.
- Dans Iris Silver Mist (1994) de Serge Lutens, une note de graine de carotte soutient un iris plus chaud accompagné de musc, de bois de santal et d’encens.
- Le somptueux Hiris (1999) d’Hermès est le tout premier soliflore iris de la parfumerie (un soliflore étant une fragrance mettant à l’honneur un ingrédient particulier).
- En 2003, Serge Lutens fait de nouveau la part belle à l’iris avec Clair de Musc, cette fois de façon plus légère et poudrée.
- Avec de la myrrhe en note de cœur, dans Bois d’Argent (2004) de Dior, l’iris se veut intense…
- …et dans cette lignée, Dior Homme (2005) révèle un iris mêlé à de chaudes notes d’ambre et de cacao.
- Dans la discrète Infusion d’Iris (2007) de Prada, un iris pudique se mêle à du vétiver, du cèdre et de l’encens, ainsi qu’à une pointe sensuelle de benjoin.
- Iris Ganache (2007) de Guerlain est plus gourmand : l’iris y rencontre le patchouli, mais aussi le chocolat blanc, la cannelle et la vanille.
- Muscs et iris se marient dans l’envoûtante huile de parfum Musc Pallida (2018) d’Hermès.
- Chez le petit nouveau de la parfumerie de niche Maison Crivelli, Iris Malikhân (2020) associe le beurre d’iris à une vanille cuirée.
Après l’iris, il y a encore tant d’autres ingrédients de la parfumerie à découvrir… Et si vous essayiez Pocket Quiz, le jeu de Master Parfums pour creuser votre culture générale du parfum tout en vous amusant ?
Les parfums sont souvent classés en familles olfactives en fonction de leurs caractéristiques olfactives dominantes. L’une des familles olfactives les plus appréciées et les plus anciennes est la famille des chyprés. Cette famille est caractérisée par des parfums sophistiqués et complexes qui présentent une combinaison de notes de tête fraîches, de notes de cœur florales et de notes de fond riches et boisées.
Histoire de la famille des Chyprés
La famille des chyprés tient son nom en référence au parfum Chypre de Coty qui est considéré comme le chef de file et donc le premier parfum moderne de cette catégorie olfactive de l’histoire de la parfumerie. Créé en 1917 par le parfumeur français François Coty, Chypre a révolutionné le monde de la parfumerie en introduisant une composition inédite constituée de bergamote, de citron et d’orange en notes de tête, associée à un bouquet floral en cœur tel que le jasmin, la rose, l’ylang-ylang, l’œillet, et à des notes de fond plus profondes : le patchouli, l’encens, la civette, et la mousse de chêne.
Le parfum Chypre de Coty doit son nom à l’île méditerranéenne de Chypre, carrefour entre l’orient et l’occident, Chypre est une île connue depuis l’Antiquité pour ses parfums et ses aromates . De plus, sa situation géographique lui permettait de bénéficier en plus des matières venant d’orient. Les moines de l’époque ont joué un rôle important dans la culture de la parfumerie sur l’île, en utilisant des plantes locales pour créer des huiles parfumées et des onguents à des fins médicinales et spirituelles dont les recettes viendront jusqu’à nous. La première Eau de Chypre, aux vertus tonifiantes, était fabriquée par les moines de l’île au Moyen-âge. La Poudre de Chypre dont on parfumait les cheveux au XVIIIème siècle était constituée de mousse de chêne et d’iris. En 1850 Guerlain sort son eau de Chypre, en 1893 c’est Roger et Gallet avec son Chypre Tentation, puis Lubin en 1898. Mais c’est François Coty qui va se démarquer en 1917 en modernisant la formule des chypres.
Il crée Chypre pour répondre à une demande croissante de parfums plus modernes et innovants. À l’époque, la plupart des parfums étaient des compositions florales assez simples, et il cherchait à créer quelque chose de plus complexe et sophistiqué.
Le parfum Chypre fait donc directement référence à ce luxe opulent très convoité à l’époque de sa création. Coty a voulu capturer l’essence de cette île dans un parfum. Le résultat a été un parfum complexe et sophistiqué qui en a inspiré de nombreux autres au fil des années.
Chypre de Coty a également été créé dans un contexte historique particulier, marqué par la Première Guerre mondiale et les changements sociaux et culturels qui ont suivi. Coty a cherché à créer un parfum qui reflétait les nouvelles tendances et les aspirations des femmes modernes de l’époque, en leur offrant un parfum plus audacieux et sophistiqué que ce qui était disponible à l’époque. Le succès de Chypre a ainsi contribué à changer les normes de la parfumerie et à ouvrir la voie à de nouveaux styles et genres de parfums.
Le chypré : un accord complexe et intemporel
Les chyprés sont souvent décrits comme étant complexes, raffinés et élégants, avec une forte présence de notes de fond boisées et musquées. Ils ont tendance à être des parfums plus opulents, ce qui les rend généralement plus appropriés pour les occasions plus formelles ou pour les soirées.
La famille olfactive des chyprés est une catégorie de parfums qui présentent un accord de notes de tête fraîches hespéridées, de notes de cœur florales et de notes de fond riches et boisées avec du patchouli, la mousse de chêne et du ciste labdanum.
Les chyprés sont également connus et recherchés pour leur tenue, c’est-à-dire leur capacité à rester sur la peau pendant une longue période de temps, jusqu’à 24 heures sur la peau. Cela est dû en partie aux ingrédients riches et complexes utilisés dans leur composition, tels que le patchouli, la mousse de chêne et le ciste.
Les parfums chyprés célèbres
Chypre de Coty a été un énorme succès dès son lancement, et a inspiré de beaucoup d’autres parfumeurs à explorer cette nouvelle famille olfactive. Aujourd’hui, de nombreux parfums chyprés existent sur le marché, et même s’il n’existe plus, le parfum Chypre de Coty reste une icône de la parfumerie française, Les parfums de cette famille dégagent une aura énigmatique et mystérieuse. Chez la femme, le chypre se fait glamour, pour une femme caractère, extrêmement féminine et séductrice un rien androgyne. Le parfum de la Femme Fatale du Hollywood des années 40-50.
Parmi les parfums chyprés les plus célèbres, on peut citer les noms suivants.
Guerlain – Mitsouko
Créé en 1919 par Jacques Guerlain, est un parfum chypré fruité. On y retrouve des notes de pêche, de jasmin, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum complexe, mystérieux et envoûtant.
Rochas – Femme
Est créé en 1944 par Edmond Roudnitska pour le premier parfum de la maison Rochas. Ce chypré Floral fruité tient sa particularité dans la note de prune confite, qui lui confère une gourmandise contrebalancée par les épices comme le cumin, la cannelle, le clou de girofle. Des notes de pêche, de rose et jasmin pour donner de la fraîcheur et de la mousse de chêne, du patchouli et des notes ambrées accompagnent ce parfum chaud et sensuel.
Dior – Miss Dior & Eau Sauvage
La célèbre maison de couture a créé deux parfums chyprés : Miss Dior pour Madame et Eau Sauvage pour Monsieur. Miss Dior a été créé par Jean Carles et Paul Vacher en 1947 et représente la première collection haute couture de la maison Dior. Le parfum original s’ouvre sur des notes de tête vertes et juteuses de galbanum et de bergamote, qui cèdent la place à un cœur floral de jasmin, de rose, de gardénia et de muguet. Les notes de fond, qui persistent et évoluent au fil du temps, sont composées de patchouli, de musc et de mousse de chêne. En hommage à sa sœur Catherine, Christian Dior nomme ce chypré floral Miss Dior.
Eau Sauvage a été créé en 1966 par Edmond Roudnitska. Il représente un chypré aromatique pour homme. Caractérisé par des notes de bergamote, de romarin, de vétiver et de mousse de chêne, un parfum frais et masculin.
Chanel – Pour Monsieur, Chanel No. 19 et 31 rue Cambon
La maison de couture et de luxe Chanel a dans son portfolio de parfums trois références appartenant à la famille olfactive des chyprés : Chanel n°19, 31 rue cambon et Pour Monsieur.
Créé en 1955 par Henri Robert, Pour Monsieur est le premier parfum chypré de la marque. Il est catégorisé comme un chypré boisé. La fragrance associe des notes de citron, de coriandre, de mousse de chêne et de patchouli, créant un parfum classique et intemporel.
La deuxième référence chyprée, Chanel No. 19, est créée en 1971 par Henri Robert. C’est un parfum chypré floral vert qui associe des notes de galbanum, d’iris, de vétiver et de mousse de chêne, créant un parfum frais, élégant et sophistiqué.
31 rue Cambon est le petit dernier créé en 2007 par Jacques Polge. C’est un parfum chypré classique modernisé par le vétiver et la vanille, pensé pour être mixte et raffiné. Chez l’homme, ce sont des parfums très racés souvent habillés de bois ou de cuir.
Clinique – Aromatics Elixir
Créé en 1971 par Bernard Chant, ce parfum est un chypré floral épicé. Il est composé de notes de rose, de jasmin, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum puissant et sensuel.
Estée Lauder – Knowing
Créé en 1988 par Elie Roger, Knowing est un parfum chypré boisé. Il réunit des notes d’aldéhydes, de fleurs blanches, de patchouli et de bois de santal, créant un parfum sophistiqué et élégant.
Hermès – Bel Ami
Créé en 1986 par Jean-Louis Sieuzac, Bel Ami est un parfum chypré cuiré pour homme. On y retrouve des notes de citron, de cardamome, de cuir et de patchouli, créant un parfum racé et sophistiqué.
Guerlain – Héritage
Créé en 1992 par Jean-Paul Guerlain, c’est un parfum chypré boisé. Il associe des notes de lavande, de cèdre, de patchouli et de mousse de chêne, créant un parfum élégant et sophistiqué.
Yves Saint Laurent – Kouros
Créé par Pierre Bourdon en 1981, « Kouros » est un parfum chypré aromatique marqué par la fraîcheur des agrumes rehaussée par des notes aromatiques de lavande et de laurier. Il évolue vers un cœur contrastant mêlant bouquet floral et épices. Ses notes de fond boisées cuirées ambrées ainsi que la mousse de chêne et le patchouli dégagent une aura chaleureuse et charismatique.